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Le défi du samedi
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18 août 2012

À chacun son pain quotidien… (Mamido)

Mamido207

 

Chez nous on appelle «flûte » le pain de 400 g, chez d’autres « restaurant », « pain long » ou « pain de deux ». Bref, chacun reconnaîtra le sien ! Si vous avez d’autres appellations, je suis preneuse.

Souvent les pains portent des noms imagés en fonctions de leur forme ou de leur grosseur : la miche, la baguette, la ficelle, le bûcheron, le polka, le bâtard… Celui-là, du même poids que la baguette a la section de la flûte. Ni l’un ni l’autre, il porte bien son nom donc, tout comme le pain épi ou la marguerite

A chaque région, ses pains traditionnels : La faluche des Flandres, la fouée de Touraine, la gâche de Normandie ou de Vendée, la fougasse du Midi, le pain Napoléon de Cherbourg, le crestou de l’Aveyron… Là encore faîtes-nous connaître vos spécialités !

Dans les pays, même chose : Les gressini italiens rivalisent avec les Bagels allemands. Les pains suédois sont croquants, les viennois très moelleux mais tous les deux nous régalent au petit déjeuner. Wiki me signale le pain Mantou de Chine et le pistolet bruxellois… Jolis noms exotiques qui donnent envie qu’on les connaisse.

Ils sont blancs ou noirs, bis également.
Fabriqués à partir d’une farine de seigle, de maïs, d’épeautre, de châtaigne, d’orge, aux cinq céréales, au son.
On les nomme d’épice, de mie, de campagne, au lait, en fonction de la recette employée… Pour les fêtes, on les farcit aux figues, aux noix, au fromage, au citron, à l’ail, à la citrouille et bien sûr, plus traditionnellement,  aux raisins ou au chocolat…

Ils sont au levain ou alors azyme.

Il y en a pour tous les goûts, de toutes les couleurs, pour toutes les occasions et nous les français, on adore ça.
D’ailleurs, c’est bien connu, il n’y a pas plus long qu’un jour sans pain !

 

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11 août 2012

Inventaire cordonnier. (Mamido)

Les « Babybottes » que je portais bébé.

Chaque matin, ma mère les blanchissait pour qu’elles soient immaculées, impeccables. Je garde encore le souvenir olfactif du produit dont elle se servait.

 

Les sandalettes qu’on m’achetait chaque printemps, enfant.

Toujours de forme identique, seule la couleur changeait : cuir naturel, bleu marine, vert criard, jaune « caca d’oie » et mes préférées, rouge.

 

Les « Clark’s » en vachette de mon adolescence.       Mamido206

   

Je complétais ma tenue avec un jean « pattes d’éph » et un pull de laine ultra court et très moulant, pour ressembler aux copains de ma génération, me fondre dans la masse des ados du début des années soixante-dix.

 

A peu près à la même époque, les chaussures à semelles compensées, aux larges talons carrés.

Elles allongeaient mes jambes, tout comme la minijupe, ou le short que je portais avec un chemisier aux manches et au col largement volantés. Les yeux cachés derrière de larges hublots carrés, aux verres légèrement bleutés et les cheveux relevés en un charmant chignon mille neuf cent, dont s’échappaient quelques boucles savamment tirebouchonnées au Babyliss. Coiffure quelque peu branlante, sur laquelle je passais des heures en prenant modèle sur un cliché de Bardot en couverture de « Match » ou « Elle » pour la promotion du film « Les pétroleuses» avec Claudia Cardinale.

 

Les fins escarpins en vernis noir de mes fiançailles.

Ils brillent de mille feux sur la photo « officielle », où l’on se tient gauchement, côte à côte et main dans la main, ce 25 Décembre 1974.

 

Les sandales blanches de mon mariage.

On n’en voyait que la pointe dépassant de ma longue robe blanche. Je n’ai jamais remis la robe mais j’ai porté les chaussures plusieurs étés de suite… Le long voile de tulle a terminé en moustiquaire sur le petit lit cage familial, protégeant le sommeil estival de mes deux enfants.

 

Les talons aiguilles de dix centimètres, eux aussi en vernis noir, en tout point identiques à ceux de ma meilleure amie.

Nous nous les étions offerts dans une boutique chic du Cap d’Agde. Puis nous avions fait tout le chemin, le long du port, sur les larges dalles grises, haut perchées sur nos chaussures neuves, jusqu’au camping municipal où nous attendaient nos deux maris énervés gardant nos quatre enfants en bas âge. Tous néanmoins béats d’admiration devant les si radieuses jeunes femmes que nous étions alors. Nous nous sommes pavanées devant eux à l’arrivée. Je ne voulais pas que ça soit le dit mais j’avais les pieds en sang et je souffrais le martyr.

Je n’ai jamais reporté ces talons par la suite. Mais je les ai gardé… longtemps.

 

Au fil des années, mes goûts se sont assagis. Désormais le confort prime sur la mode et l’élégance. J’aime porter des chaussures souples et légères avec des talons les plus plats possible. J’ai de la chance, de nos jours, les progrès technologiques permettent aux fabricants d’exaucer mes souhaits. La dernière paire que je me suis acheté est légère comme deux plumes et lorsque je marche, j’ai l’impression d’être sur un nuage.

 

C’est l’avantage de prendre de l’âge… on a enfin le privilège d’être à l’aise dans ses charentaises !

 

4 août 2012

Participation de Mamido

 

La clé

Papa, je n’ai pas retrouvé la clé du vieux pigeonnier. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé

Tu l’avais si bien cachée que même toi, tu ne savais plus dans quel endroit la chercher. Il faut dire, que ces dernières années ta mémoire te jouait des tours, elle s’était quelque peu … comment dire… embrumée.

Il y a longtemps, tu avais trouvé que l’endroit était devenu dangereux. Le plancher était vermoulu, ses planches disjointes, posées sur une charpente qui menaçait de s’écrouler. Tu nous en avais interdit l’accès et peu confiant en notre capacité à t’obéir, tu avais enfoui la clé quelque part. Et puis les années s’étaient écoulées, jusqu’à oublier ce qu’il pouvait bien y avoir dans ce vieux pigeonnier.

 

Lorsque cet hiver tu nous as quitté, il a bien fallu aller voir.

Ce n’est pas sans un certain émoi que j’ai grimpé la petite échelle de fer qui menait au palier du petit pigeonnier. Je me suis penchée sur la grosse serrure dont on a perdu la clé et par le trou, j’ai regardé. Tout était comme dans mon souvenir, rien n’avait changé et j’ai cru un instant que le temps s’était arrêté, j’ai soudain été projeté à la période d’avant que tu en ais perdu la clé. Un temps où j’avais douze ans et où j’allais me réfugier dans le vieux pigeonnier, comme toi avant moi lorsque tu étais enfant.

J’ai vu le grand fauteuil d’osier placé sous la lumière du petit cafuron* où je m’installais pour lire les livres que tu avais lu avant moi, au même âge et qui étaient rangés là sur l’étagère : tous les Jules Vernes, les Alexandre Dumas mais aussi HG Wells, E Rice Burroughs, Jack London… Et encore les illustrés : Zig et Puce, Les Pieds Nicklés, Le petit vingtième avec Quicke et Flupke… des trucs de garçons mais que je dévorais avec passion dans la douillette pénombre du petit pigeonnier.

 

Comme il fallait bien entrer, Simon, ton petit-fils a donné un grand coup de pied dans la porte et la vieille serrure a cédé. Nous nous sommes avancé avec prudence, chacun notre tour, sur le vieux plancher qui, malgré tes crainte, a tenu bon et supporté notre poids. Quand j’ai voulu les feuilleter, les vieux illustrés se sont effrités et mon cœur s’est fendu. C’était comme si tu t’effaçais un peu plus encore. Soudain, le courage m’a manqué. J’ai tout reposé pour m’en aller et là contre le mur près de la porte, j’ai vu le petit vélo blanc que tu m’avais offert, pour mes cinq ans. Je me suis souvenu de mon ingratitude à ton égard ce jour-là. Je n’avais pas pu cacher ma déception car j’avais imaginé qu’il serait rose…

Et alors là, au seuil du vieux pigeonnier, elles se sont enfin écoulées, toutes les larmes que je n’avais pas pu répandre au moment de ton décès.

 

*Cafuron : lucarne (parler régional, Rive de Gier, 42)</p

21 juillet 2012

Miroir, gentil miroir!!!‏ (Mamido)

Le miroir de l’impasse de la soif.

Mamido203


C’était la veuve d’un capitaine au long cours, qui passait en mer le plus clair de son temps et ne rentrait chez lui que pour y rêver et y préparer sa prochaine campagne.

Jadis, durant son enfance, son père avait imaginé pour sa fille un tout autre chemin, jonché de roses. Il la rêvait mariée à un homme de bien, influent et riche. Il la voyait vivre avec insouciance, dans le confort cossu d’une magnifique villa, au bord de la mer. Dans le sud de la France, peut-être… En tout cas, dans une région où la chaleur du soleil baignait le paysage à longueur d’année.

Au lieu de cela, elle avait épousé un modeste capitaine de la marine marchande et vivait dans la ruelle obscure d’une petite ville, battue par des vents marins humides et froids les trois-quarts du temps. Elle demeurait dans la modeste maison de pierres grises héritée de son défunt mari, parcourue de courants d’airs glacés qui l’obligeaient à faire du feu été comme hiver. Sans parler des trombes d’eau, giclant sur ses carreaux presque tous les jours. Un vrai déluge !  Elle ne sortait que très rarement, principalement le matin de bonne heure, lorsque la marée était basse et découvrait les rochers. Elle se rendait alors sur la grève pour y dénicher des coquillages.

Elle passait le reste de son temps dans le salon de sa vieille maison, avec pour seule compagnie, un chat gris, taciturne et sauvage, rebelle aux caresses. Tout en brodant, elle regardait par la fenêtre. Elle avait vue sur le port et pouvait apercevoir les mats des navires qui y étaient ancrés et les voiles gonflées de ceux qui rentraient et sortaient. Avant, du même endroit, elle avait guetté, le cœur rempli d’allégresse, le retour annoncé du capitaine. Maintenant, c’est d’un œil distrait qu’elle suivait au-dessus du va-et-vient des bateaux, le vol criard des goélands.

Mais elle n’aimait rien tant qu’observer les scènes de famille qui se déroulaient sous ses fenêtres. Aujourd’hui, elle surveillait les allées et venues de ses voisins d’en face qui quittaient une masure de briques rouges, toute délabrée. Un départ  définitif si elle en croyait les ballots de linge et de vaisselle que l’homme empilait dans une petite charrette à bras. Pour finir, il y fit grimper sa femme portant, comme un précieux fardeau, un enfant dans une corbeille à linge en osier. Celui-ci était emmitouflé sous plusieurs couches de couverture d’où seul son visage ravissant émergeait.  Il vint à l’esprit de la veuve, alors qu’elle suivait du regard la charrette jusqu’à ce qu’elle disparaisse au coin de la rue, qu’elle n’avait jamais eu d’enfant avec le capitaine et que maintenant il était définitivement trop tard.
Pour éviter de s’enfermer dans des regrets inutiles, elle reporta son attention sur les bruits qui montaient, juste devant chez elle. Elle entendait des litanies de mendiants, au pied de son immeuble. D’un ton geignard, ils réclamaient la charité et, visiblement, les passants semblaient se laisser apitoyer par leurs plaintes.
Amusée, elle pensa que c’était parce qu’ils n’assistaient pas quotidiennement au départ de ceux-ci, à la tombée de la nuit. Ils ne voyaient jamais le paralytique se dresser sur ses deux jambes et partir en marchant, en dansant même, quelquefois, si la journée avait été bonne. Ni le muet interpeler l’aveugle à grands cris pour aller boire en sa compagnie l’argent qu’ils avaient soutiré aux gens durant la journée. Et encore moins celui-ci le suivre, d’un pas décidé, sans lunettes et sans canne. Leur entrée dans l’estaminet faisait luire la vitre de la porte d’un éclair dans l’azur du ciel, créé par le soleil couchant.

C’est d’ailleurs souvent à cette heure de la journée, entre chien et loup, alors qu’elle abandonnait son poste face à la rue désertée, qu’il remontait à la mémoire de la veuve des souvenirs de sa vie d’avant, du temps du capitaine. Elle se remémorait les longues soirées devant la cheminée durant lesquelles, blottie contre son épaule, elle l’écoutait lui raconter ses voyages et lui promettre de l’emmener un jour.
Sans cesse, lui revenait à l’esprit, la dernière journée qu’il avait passé à la maison, avant de retourner en mer. Il ne s’était produit aucun évènement marquant, ce jour-là, sinon que, boudeuse à l’idée de sa longue absence, elle s’était enfermée dans le silence et l’avait laissé partir sans un adieu.
Elle se souvenait que pour tenter de l’amadouer et de la consoler, mais en vain, il avait promis de lui ramener ce grand miroir, à l’entourage doré, dont il lui avait si souvent parlé et qui lui faisait envie. Il avait repéré celui-ci dans une petite boutique de l’impasse de la soif, à Santiago… Elle s’était contentée alors de lui sourire tristement et de soupirer, sans un mot. Il était parti, elle avait couru derrière lui, mais trop tard.

Et il n’était jamais revenu. On n’avait jamais retrouvé trace ni du navire, ni de son équipage, ni de sa cargaison, tous disparus lors du voyage du retour.
Maintenant, pendant ses longues nuits d’insomnie, elle se plaisait à croire que le miroir était intact, au fond de l’eau et qu’il se trouvait, peut-être, quelque sirène pour venir s’y mirer à sa place et, qui sait, tenir compagnie au fantôme du capitaine.


Rive de Gier, le 3 Décembre 2011

14 juillet 2012

Réflexion autour de l’épicerie (Mamido)

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Ce Noël dernier, Louis, notre petit-fils avait commandé une épicerie. Nous l’avions fait venir spécialement du grand Nord via un magasin d’un de ces pays froids aux vastes forêts où l’on vend des meubles en pin à monter soi-même.

Papy Christian s’est collé au montage le soir du 23. Ayant une grande expérience de ce style de meubles et vu la taille de celui-ci, il pensait n’en avoir que pour une heure à tout casser. Comme d’habitude, alors que celle-ci s’achevait, il m’appela à la rescousse afin de l’aider à comprendre le plan de montage et à repérer les différents éléments de la petite épicerie. Nous y avons passé l’heure suivante. Il a fallu encore deux bonnes heures pour assembler le corps du meuble et une cinquième pour monter les portes et les tiroirs… Finalement, à deux heures du matin, nous contemplions notre œuvre enfin achevée. Echevelés, courbatus, suants, énervés et épuisés par une engueulade telle que nous n’en avions pas eu depuis bien longtemps (peut-être bien depuis le jour du dernier montage d’un meuble de ce style dans la chambre d’étudiante de la mère de p’tit Louis, oui peut-être bien)…
Mais très fiers de nous et du résultat finalement.
Le lendemain, le Père Noël a fait sa livraison à domicile et P’tit Louis joué à l’épicier toute la journée devant le cercle de famille extasié et attendri.

P’tit Louis adore jouer à l’épicier et si le meuble offert ne lui est pas toujours indispensable, l’autre jour, c’est la planche de la balançoire qui lui servait de comptoir, la participation active d’un client lui est nécessaire. C’est souvent moi qui m’y colle, avec un plaisir non dissimulé. Mes trente années de carrière en maternelle et sept autres en tant que rééducatrice dans l’éducation nationale passées à m’amuser très sérieusement avec les enfants n’ont pas réussi à tarir le plaisir que j’éprouve à jouer avec eux. Elles montrent également combien j’accorde de l’importance à ces jeux.
Mon mari dit que je cautionne ainsi le fait que je n’ai jamais perdu mon âme d’enfant. Il n’a pas complètement tort.

C’est vrai que j’adore jouer avec les enfants, mais surtout j’adore les regarder jouer et se construire en jouant. La créativité et l’imagination des situations qu’ils inventent, l’imitation et l’assimilation des codes sociaux, le développement du langage, l’utilisation intuitive des mathématiques… Tout ça m’a toujours épatée…
Les enfants remarquent tout de suite l’intérêt que je porte à leur investissement dans le jeu… Du coup ils adorent me prendre comme partenaire. P’tit Louis n’échappe pas à la règle. Il me manipule, m’instrumentalise : « Mamie fait ci…, mamie fait ça…, maintenant tu serais… » Et je fais et je suis, puis je deviens… Quelquefois, je me révolte ou je fais semblant de ne pas comprendre pour voir comment il va réagir. Il ne faut tout de même pas que je lui facilite trop la vie !!! Et le jeu rebondit, P’tit Louis s’adapte à la situation nouvelle, résolvant ou détournant le problème que j’ai créé.

Ces moments partagés avec mon p’tit loup sont pour moi la source d’un bonheur irremplaçable et précieux.
J’ose espérer que, jour après jour, ils s’inscrivent dans son souvenir et que, dans quelques années, lorsque je ne serai plus là, il s’en souviendra et les chérira à son tour.

 

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7 juillet 2012

A la fête foraine (Mamido)

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Il y a fort longtemps, à la foire de Chazelle
Qui, si je m’en souviens bien, se déroule à Noël
Elle m’a dit : « Allons-y, prends donc un peu de flouze
Je me suis faite belle, et j’ai quitté ma blouse
Viens mon gentil toutou, sors un peu de ta niche
J’ai peint mes lèvres en rouge et fait mes yeux de biche
Sens-tu la bonne odeur de frites et de saucisses ? »

Elle sait mettre en valeur le bleu de ses iris
Et prononcer les mots pour que mon cœur s’envole.
Elle y met le paquet pour rester mon idole.

« Du temps que tu y es, prends-moi des berlingots ! »

Un gars qui passait là, prend pour lui, le gogo
Les paroles en l’air, le sourire si mignon
Il la suit, il la colle et m’oblige, le con
Pour m’en débarrasser à lui filer un gnon
Alors que, soudain, la neige tombe à gros flocons.



Poème composé à partir des bouts rimés proposés à l’émission « Les papous dans la tête », décembre 2011 : Chazelle/noël, flouze/blouse, niche/biche, iris/saucisse, idole/s’envole, berlingot/gogo, mignon/gnon.
Rajoutés par moi : con/flocon

30 juin 2012

Participation de Mamido

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16 juin 2012

Le Zéro et le Néant (Mamido)

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9 juin 2012

Au rythme de mes pas… (Mamido)

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Ombre, lumière,
Ombre, lumière,
Au rythme de mes pas,
Jusqu’à la porte, là-bas…

Ombre, lumière,
Ombre, lumière,
Lentement,
Je prends mon temps,
Mes pas me portent
Jusqu’à la porte
Du potager, là-bas.

Entre chaque prière,
J’abandonne mes frères
Pour travailler la terre.
Je suis le jardinier
De la communauté.

Ombre, lumière,
Ombre, lumière,
Lentement,
Je prends mon temps.
Je savoure chaque instant
De cette traversée.
Je ne suis pas pressé
D’aller piocher, bêcher, biner
Ce grand lopin de terre
Qui nourrira les frères
De ma communauté.

Ombre, lumière,
Ombre, lumière,
Au rythme de mes pas,
Jusqu’à la porte, là-bas…

26 mai 2012

la légende de la mer (Mamido)

MER

Ecoutez l’histoire de Jéjé, ce tout petit enfant

Qui, un jour, grimpa sur la digue et défia l’océan.

 

Jéjé avait cinq ans et n’était pas plus grand qu’un petit bout de zan…

Ce jour-là, la mer, en colère, tenait en respect tous ceux qui l’approchaient.

Elle se ruait sur les rochers, se fracassant contre eux comme pour les briser.

Ça faisait un moment que plus personne n’osait même la regarder…

Comme ça la rendait fière ! Toute en gerbes d’écumes, elle se faisait mousser.

 

Et voilà que Jéjé, sans peur, s’est avancé.

Ce tout petit bout d’homme, sur la digue, s’est campé.

En attendant ses cris ravis, la mer s’est fâchée,

De ses plus hautes vagues, elle l’a submergé,

Puis elle l’a secoué comme un jeune prunier.

Pensant l’avoir vaincu, elle s’est retirée

Pour découvrir l’enfant trempé, tenant encore debout

Les bras levés au ciel et riant comme un fou.

19 mai 2012

Visite au musée (Mamido)

Le musée 

J’ai toujours rêvé

D’être seule au musée.

De pouvoir admirer,

Sans être dérangée,

Les œuvres exposées.

Contempler la Joconde

Plus de quelques secondes,

Pouvoir s’en approcher

A presque la toucher…

Pouvoir déambuler,

Sans être bousculée.

Errer de salle en salle,

Dans un silence total.

N’entendre résonner

Que le bruit de mes pieds…

Avoir le privilège

D’échapper au cortège

Des touristes entassés

Devant les œuvres d’art

Comme sur un quai de gare

A dix-huit heures, le soir…

 

On peut toujours rêver,

C’est pas prêt d’arriver

En tout cas, pas au Louvre

Ni au musée d’Orsay !

 

Rive de Gier, le 12 Mai 2012.

12 mai 2012

Sur la terrasse abandonnée… (Mamido)

DSCF1869

C’est la fin de l’été
Sur la terrasse abandonnée
Les herbes folles ont poussé
Quelques pétales échappés
D’une rose fanée
Jonchent le sol.
Avant de prendre leur envol
Pour des cieux plus sereins
Les hirondelles sur le fil
Forment la gamme sans fin
D’un doux chant aux accords subtils :
Celui de la fin de l’été
De la terrasse abandonnée
Où la rose a jeté en corolle
Sa jupe sur les herbes folles…

28 avril 2012

Le vieux grimoire (Mamido)

 

 Le vieux grimoire

D’où elle était Loona ne parvenait pas encore à déchiffrer totalement ce qu’il y avait d’écrit sur la première page du livre. Elle n’en distinguait que des bribes, au fil des pages qui se tournaient et retournaient, comme agitées par un souffle invisible : « Le… Fa… Mo… Magi… »

Pourtant, ce déchiffrage partiel la remplit d’allégresse. Elle l’avait enfin retrouvé, le fameux grimoire que la Société recherchait depuis des années. La bible des magiciens ! Les écrits du Maître, disparus avec lui lors du grand chaos.

Malgré les interdictions et les poursuites, les magiciens n’avaient jamais renoncé à exercer leur talent. Ils s’étaient contentés de disparaître, de rentrer dans la clandestinité, exerçant leur art en cachette et le transmettant à quelques rares initiés afin qu’il perdure, dans l’attente de jours meilleurs. Le roi Fredj avait dissout leur Société mais une autre, souterraine s’était peu à peu constituée, prête à rejaillir, à tout instant. Il ne manquait plus que le Livre !

Celui-ci flottait doucement dans les airs, émergeant à grand peine de l’Invisible dans lequel le Maître l’avait dissimulé, il y a si longtemps. La voix basse et rauque de Loona tremblait, hésitante. Elle butait sur la longue et difficile formules ancestrale que les Vigilantes se transmettaient de mère en fille. Mais au fur et à mesure qu’elle la prononçait la voix de la jeune fille se raffermissait. Les Vigilantes avaient été choisies par le Maître et chargées de ramener le Livre quand elles jugeraient le temps venu. Et le temps était venu !

Avec la mise au ban des magiciens, l’assistance médicale et l’éducation que ceux-ci prodiguaient gratuitement aux plus démunis s’étaient raréfiées pour peu à peu s’éteindre. Au début, pourchassés, ils devaient se cacher et de moins en moins de gens avaient su où les trouver et osé leur demander de l’aide. Puis, le temps passant, leurs anciennes pratiques étaient passées au rang de légendes que l’on racontait aux enfants le soir avant qu’ils s’endorment.

Mais, après un long temps de soumission à l’ordre établi par Fredj, le despote, puis par ses successeurs, tous aussi terrifiants, ici et là, des individus commençaient à se révolter et se soulever.

Avec le Livre et tout le savoir qu’il contenait, les Magiciens pourraient reprendre leur noble tâche et aider le peuple à sortir des temps obscurs. Loona ne devait pas faillir à sa tâche.

Dès les derniers mots de la formules prononcés, le vieux grimoire vint gentiment se poser entre les mains de Loona et celle-ci put enfin lire de ses propres yeux le titre qu’elle avait entendu prononcer maintes et maintes fois par ses mères, dans le plus grand secret de leurs réunions : « Le Fabuleux Monde Magique ».

Les initiales « LFMM », gravées sur des pierres, dans des cryptes, comme un symbole de leur grandeur passée et de leur future renaissance, fleurissaient depuis quelques temps comme un slogan sur les murs, tracées hâtivement par des insoumis de plus en plus nombreux, pourchassés par un régime usé qui ne tiendrait plus très longtemps.

Celui ou celle qui brandirait le Livre et prononcerait les bonnes paroles soulèverait le peuple en lui apportant l’espérance de jours meilleurs et d’une liberté retrouvée.

Loona savait que ce serait une lutte longue, difficile et dangereuse mais elle ne doutait pas que, tous ensemble, ils y parviendraient.

21 avril 2012

Avec des "si"... (Mamido)

Mamido190

Avec des « si », on peut refaire le monde
Avec des « si », on peut refaire sa vie
Pour qu’elle corresponde
A toutes nos envies.

Mais voilà, on a beau mettre des « si »
Il est souvent trop tard
Nos décisions d’hier, on ne peut les ravoir
On voit son existence ternie d’une voile gris.

Alors, à quoi servent les regrets
Puisqu’on ne peut rien changer ?
Assumons nos erreurs, continuons à avancer
Tout cela en tirant les leçons du passé.

A cette condition, les « si » se rendent utiles
Et viennent élargir le champ de nos possibles!

14 avril 2012

Participation de Mamido

 

Alice 2012 ou le pays des merveilles existe-t-il encore ?

 Alice 2012

  • Pff, pfff, pfff

  • « Fumer nuit gravement à la santé. » Et même si vous n’avez que faire de la vôtre, pensez à ce que j’endure de votre part en tant que fumeuse passive !!!

  • - Je vous avais connu plus aventureuse et surtout moins politiquement correcte, chère Alice…

  • Les temps changent, chenille bleue, les temps changent.

 

7 avril 2012

Rêverie autour d’une paire de lunettes de soleil. (Mamido)

 

 

Lunettes 

J’aimerais être une paire de lunettes de soleil pour me promener sans fatigue, juchée sur un nez mutin, les jours de grand beau temps.

Visiter de magnifiques paysages, profiter des beaux jours… Forcément… On ne me sort pas les jours de pluie ! Voir la vie à travers le filtre  heureux de mes verres fumés.

Elle est belle et joyeuse, la vie d’une paire de lunettes de soleil. Toujours en vacances, oisive, profitant de la mer et de la plage ou de la neige à la montagne… Sans soucis…

 

Sans soucis ?… Celle qui me porte cache ses yeux rougis par les larmes derrière mes gros hublots opaques. Elle n’est pas heureuse, son mari la bat et régulièrement, c’est un œil au beurre noir que je sers à dissimuler… La vie est beaucoup moins drôle, moins glamour, tout d’un coup…

 

Moins glamour ?... Hé, qu’est-ce qu’ils ont tous à me mitrailler sous toutes les coutures ?! La lumière des flashes m’éblouit et me fatigue, j’en ai assez d’être bousculée, harcelée par des photographes.

Ouf, enfin, elle et moi, nous sommes réfugiées dans notre belle limousine, à l’abri des curieux. Sa tête s’enfonce dans les profonds et moelleux sièges de cuir, elle ferme les yeux, elle me quitte, m’allonge sur la couche douillette et élégante en satin de mon étui doré. Claquement sec du couvercle qui se referme sur moi, fondu au noir… Je goûte le silence et l’obscurité, c’est si lassant la vie de star !

24 mars 2012

Maille après maille, au fil du temps… (Mamido)

Mamido


Je suis issue d’une longue lignée de tricoteuses.

Mon arrière-grand-mère tricotait, à la fin du dix-neuvième siècle, de délicats ouvrages à l’aiguille ou au crochet dont il me reste quelques pièces pieusement conservées dans une boîte, pliées dans du papier de soie.
Flo, ma fille, les a découvert il y a peu et a crié au scandale : « Comment ! A quoi bon tenir cachées de telles merveilles ? Ne pas les rendre à leur usage premier relève du crime !... »
Sur ce, elle s’en est emparé et les a emmené chez elle, tous ces jupons aux fines dentelles, ces caracos aux bretelles brodées, ces couvre-lits finement ajourés et ces rideaux aux délicats dessins dentelés. Sauf que les lits d’il y a deux siècles étaient bien plus petits que ceux de maintenant et que les fenêtres d’aujourd’hui sont bien plus grandes que celles d’hier et du coup, rien ne va plus pour ces vieilles dentelles ! Sans compter que les volumineux jupons ne sont guère pratiques ni bien adaptés à la vie moderne. Restent les caracos…

Ma grand-mère tricotait des chaussettes et des chemises de laine ou de coton, selon la saison, avec des aiguilles si fines qu’elle s’usait les yeux à l’ouvrage. C’était magnifique à voir, de vrai chef-d’oeuvres, vaporeux et légers comme des plumes. Mais les chemises de laine, à même la peau, qu’est-ce que ça grattait ! Et les chaussettes, non seulement elles grattaient mais impossible de les faire tenir haut sous le genou, elles tirebouchonnaient toujours lamentablement au-dessus des chaussures et on avait en permanence les jambes glacées.

Maman a toujours tricoté utile : pulls, robes, vestes et manteaux de laine. Mais elle y joignait l’esthétique en créant des modèles originaux, en variant les formes et les couleurs, en utilisant des points compliqués tels que le jacquard ou les torsades. Des ouvrages magnifiques, confortables, solides et intemporels que plusieurs générations se sont transmis. Ainsi les pulls tricotés pour mon frère Jean-Louis (cinquante ans à l’automne dernier) sont actuellement portés par mon petit-fils Louis (quatre ans au prochain printemps). Entre-temps, ils auront réchauffé d’autres épaules, celles de mes enfants et de mes neveux et nièces également.

Je me considère comme une piètre tricoteuse. Pour moi, petits ouvrages, points les plus simples possibles. Je me cantonne dans le point mousse et le jersey et quelques-unes de leurs variantes, les plus basiques. Je suis la reine des mailles endroits et envers et l’adepte du tout droit, sans augmentation ni diminution, ou le moins possible.
Côté taille, j’en reste à la layette et ne me risque jamais au-delà du trois ans. Quelques écharpes ou plaids tricotées avec les plus grosses aiguilles possible. Faut que ça aille vite !
Mais, je suis la championne du chausson, tricotés à quatre aiguilles, s’il vous plait ! J’en ai plusieurs modèles très « mimi » et cela reste mon cadeau de naissance préféré.

Flo a découvert le tricot sur le tard après avoir longtemps refusé de s’y intéresser. Elle a appris toute seule dans les livres et m’a d’ailleurs reproché à cette occasion de ne pas lui avoir appris. Reconnaissons là la mauvaise fois caractérisée des enfants et leur ingratitude à notre égard !
Comme moi, ma fille est une tricoteuse qui a du mal à terminer ses ouvrages. Chez elle, c’est le manque de temps qui en est la cause. Chez moi, ce serait plutôt de manque de velléité : je me lasse vite.
Le dada de Flo, ce sont les longues écharpes multicolores, qu’elle offre à Noël à toute la famille. Chaque année un modèle original. Belles-sœurs et belle-mère, frère, neveux et nièces, grand-mères et mère tout le monde y a droit. Et tout le monde les attend.

 

3 mars 2012

Souvenirs, souvenirs… (Mamido)

Mamido

Chimène et Rodrigue (acte III, scène 4)
« Va, je ne te hais point… »


Aux vacances de printemps, l’année de mes quatorze ans, je suis partie avec mes parents dans un châlet-hôtel à St Jean d’Arves, en Savoie.
C’était une maison chaleureuse où l’on accueillait des groupes de jeunes et des familles qui désiraient passer des séjours peu onéreux. Comme dans les gîtes d’étapes, on y dormait en dortoir, les sanitaires étaient communs et on mangeait, assis sur des bancs autour de grandes tablées qui se remplissaient au fur et à mesure de l’arrivée des convives.
Il régnait dans ce lieu une atmosphère joyeuse et bon enfant cultivée par des hôtes conviviaux,  à la bonne humeur communicative.
Le soir, on veillait autour de jeux de société. Il y avait toujours quelqu’un pour sortir un instrument de musique et entonner quelques chants repris par l’assemblée. Des moments inoubliables pour l’adolescente que j’étais à l’époque.

Nous avions pour voisins de chambrée deux garçons d’une quarantaine d’années. L’un était libraire, l’autre comédien.
Le premier ayant remarqué ma passion pour la lecture, alimenta celle-ci en m’incitant à découvrir des auteurs « au-dessus de mon âge ». C’est lui qui le premier me poussa dans le monde des lecteurs adultes. Il m’apprit l’exigence  et l’éclectisme en littérature. Grâce à nos discussions, je parvins à puiser les idées dans les livres et à me forger mes propres opinions.
Le second me fit travailler le rôle de Chimène dans la scène quatre de l’acte III du Cid de Corneille que je devais apprendre par cœur pour le réciter en classe à la rentrée (et oui, à la fin des années soixante, on pratiquait encore ce genre d’exercices en troisième, au collège !). Il avait aménagé, dans un recoin d’un petit salon de l’hôtel un endroit pour répéter : un fauteuil, un guéridon, un lampadaire, devant un fond de rideau cramoisi tiré sur une fenêtre donnant sur la montagne, à l’arrière du bâtiment.

Dans ce décor feutré, il m’apprit à me tenir correctement, à placer ma voix, la faire porter loin, avec assurance, et sans la fatiguer. Inlassablement, tenant lui-même le rôle de Rodrigue, il me faisait répéter, m’enseignant comment scander les vers pour les faire sonner. Il me donna des trucs pour comprendre et mémoriser ce texte, obscur  et difficile pour l’ado que j’étais. Ce travailleur acharné, professeur exigeant me fit appréhender toute la pénibilité laborieuse qui se dissimule derrière la flamboyance du métier de comédien. Très vite j’ai compris que je n’étais pas douée ni très motivée pour ce jeu-là. Non, je ne deviendrais pas une Isabelle Adjani, et même si j’étais née la même année et le même mois qu’elle, c’est tout ce que nous aurions jamais en commun !

Ces deux hommes intelligents, charmants et cultivés, que je n’ai plus jamais revu, après ces quelques jours passés au même endroit, ne se doutent pas de l’importance qu’ils ont eu dans ma jeune vie. Leur disponibilité, leur charisme, leur humanité et leur savoir ont contribué à structurer ma personnalité. Le hasard a fait que je les rencontre juste au  bon moment afin qu’ils puissent me donner ce qui m’était alors nécessaire pour grandir.
L’un m’a appris la curiosité. Il m’a surtout donné des clés d’accès à la culture et aux idées et le moyen –inépuisable- d’enrichir ma réflexion et mon esprit.
L’autre m’a permis de surmonter ma timidité, de prendre confiance en moi afin de pouvoir laisser s’exprimer tout mon potentiel.

Je pense souvent à eux deux, au détour d’une lecture, d’un spectacle… Et la photo de ce décor de théâtre a immanquablement déclanché en moi le souvenir de cette période de ma vie.
Merci à vous donc de me permettre de rendre aujourd’hui à ces deux belles personnes cet hommage tardif mais sincère.  

25 février 2012

La balançoire (Mamido)

 

Mamido182

La balançoire, l’escarpolette … Mots au parfum d’enfance, réminiscence de sensations éminemment vertigineuses, premiers émois du corps et du cœur…

La sensualité est au cœur de ces objets où l’on retrouve la sensation du bercement maternel, où l’on éprouve pour la première fois une griserie et un vertige équivalent à celui du sentiment amoureux ou de la liberté.

Cette impression que l’on va s’envoler, que le cœur va s’échapper de notre cage thoracique ! Le premier des manèges, le plus primitif et le plus merveilleux …

Le romantisme au jardin dans le plus agréable des accessoires pour courtiser :
« Poussons, poussons l’escarpolette
Poussez pour mieux me balancer… »

C’est ce que déclare la belle dans l’opérette « Véronique ».

Tandis que dans la chanson de Montand, « une demoiselle sur une balançoire se balance à la fête un dimanche… » et ses « jambes blanches sous son jupon noir » affolent le garçon qui croit qu’elle a des ailes et désire l’épouser.

Mais finalement, dans l’opérette comme dans la chanson, ce que semblent préférer à la perspective de l’amour les deux jeunes filles c’est le plaisir quasi hypnotique de se balancer…
« Si ça me fait tourner un peu la tête
Tant pis ! Je veux recommencer
. » déclare l’une.

Tandis que l’autre ne fait que répondre aux proposition de l’amoureux transi : « J’vous remercie mais j’préfère retourner là-bas » insensible aux cadeaux, aux compliments, aux baisers et même à la demande en mariage !

… Est-ce que de nos jours, à l’heure d’internet et de facebook, il est possible d’imaginer que l’on puisse encore draguer sur les balançoires ?!

 

18 février 2012

« Zen, restons zen ! »* (Mamido)

   

Maman Mamido

En ce moment, ma vieille maman est hospitalisée et j’apprends, grâce à elle, à rester zen en toute occasion.

Passés les premiers jours d’une légitime inquiétude au sujet de l’évolution de son état de santé, je subis, maintenant qu’elle va mieux, le chaud et le froid de son humeur changeante qu’elle fait souffler, du fond de son lit,  au gré de mes visites quotidiennes.

 

D’abord, elle a refusé toute visite, ne souhaitant pas que l’on vienne, selon ses propres dires, « assister à sa décrépitude ». Elle a même fort mal accueilli une cousine qui, ayant appris par hasard son hospitalisation, avait voulu profiter de son passage dans la région pour la saluer. Celle-ci, tellement refroidie par cette mauvaise réception, n’ose même plus lui téléphoner de peur de subir encore ses remarques acerbes!

Mais quelques jours plus tard, bien pomponnée et discrètement parfumée, ma mère dissertait avec amertume sur l’indifférence de ses proches et amis qui avaient tôt fait de l’oublier et de l’abandonner dans la difficulté.

 

Zen, je me dois de rester zen !

 

Son séjour hospitalier se prolongeant dans une maison de repos,  peu à peu, elle me fait déménager son appartement pour avoir auprès d’elle ce qui lui manque : un réveil, un châle, une jupe, une lampe électrique, des biscuits à la cuillère, une veste, un rouleau d’essuie-tout, du scotch, du sirop de fraise, un anorak, des bottes, un calendrier, du pain de mie, un rouleau de scotch, des ciseaux, du champagne, un bonnet, du papier, un pull, des bigoudis, une écharpe… viennent s’ajouter, jour après jour, aux traditionnelles revues et confiseries que l’on offre aux malades. Chaque matin, environ vers dix heures, j’ai sa commande par téléphone et je suis toujours surprise par ce dont elle peut avoir besoin.

 

Zen, je me dois de rester zen !

 

Son transfert de l’hôpital vers la maison de repos lui ayant occasionné une intense fatigue, elle a décrété à son arrivée qu’elle ne voulait pas que je communique son nouveau numéro de téléphone « à qui que ce soit ». « Tu sais, les gens sont pleins de bonnes intentions, mais il ne se rendent pas compte ! Ils te parlent, te parlent, te posent des questions sur ta santé, toujours les mêmes et c’est épuisant de leur répondre… » Message reçu.

Pas plus tard que le lendemain, elle s’étonnait du silence radio qu’elle subissait et me fournissait une liste substantielle de personnes qu’elle souhaitait entendre lui parler au téléphone.

 

Zen, je me dois de rester zen !

 

Un jour, on lui donne trop à manger, un jour pas assez et elle me demande de lui apporter des réserves qu’elle dévore en catimini la nuit, enfermée dans la salle de bain !

 

Un jour, le personnel soignant est dévoué, « charmant » et aux petits soins pour elle, le lendemain il est indifférent et brutal.

 

Un jour, le médecin lui a sauvé la vie, le lendemain c’est un incompétent qui ne comprend rien à son cas si spécial.

 

Zen, je me dois de rester zen !

 

Et je le reste, malgré tout ! Parce que ma mère est là, bien vivante, avec son caractère bien trempé et même si elle me fait souvent tourner en bourrique, j’emmagasine en mon coeur tous ces moments précieux passés à la dorloter.

Nous ne sommes dupes ni l’un ne l’autre, le temps nous est compté.

Ce que Maman traduit à sa façon, dans son langage imagé :

« Tu sais, ma fille, tout ça ne durera pas autant que le marché de Villefranche !!! »

 

 

 

*Refrain de Zazie

 

 

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