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Le défi du samedi
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17 janvier 2015

A travers les rameaux… (Lorraine)

Quand la harpe du vent agite les rameaux

Qui tintinnabulent

Se lève le fantôme altier des jouvenceaux

Dont le chant hulule

 

Ils s’en vont aériens et tout le corps voilé

Dans le crépuscule

Armée d’anciens héros, Pages et chevaliers

Là-bas se bousculent

 

Quand je les aperçois au loin dans la futaie

Mon âme bascule

Comme si, sous mes yeux, l’écuyer que j’aimais

Soudain s’articule

 

Les ombres peu à peu se fondent dans la nuit

Tremblants funambules

Et le vent qui se tait soudain de moi se rit :

Suis-je ridicule !...

 

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6 décembre 2014

LA PROCRASTINATION (Lorraine)

Si j’ai tendance à remettre au lendemain ce que je pourrais faire à l’instant ? Oui. Pourquoi ?

-      Parce que je suis une impulsive sollicitée par quantité d’intérêts aussi divers que disparates : (écrire un poème, un message, nourrir mon chat Milord qui miaule impérieusement, ranger la table du déjeuner, dresser ma liste de courses, décider d’aller à la Bibliothèque dans l’après-midi, écouter à l’instant même « Le 3ème Homme » qui berce si savoureusement ma mélancolie, l’écouter une deuxième fois,  lire la consigne de « Samedidéfi » et commencer à cogiter, dresser ma liste de cadeaux de Noël, repenser à la consigne et aligner quelques mots, répondre au téléphone, relire les quelques mots et les trouver boiteux, barrer, remplir une deuxième fois le bol de Milord, boire un verre d’eau et me demander très sérieusement ce qui m’empêche de continuer à écrire la consigne, puisque c’est ce que j’aime le mieux et que rien, mais vraiment rien, ne m’en empêche !?...

-      Comment je résous le problème ? Le plus souvent comme aujourd’hui : je m’assieds carrément devant l’ordi en envoyant au diable toutes les bonnes ou mauvaises raisons d’écrire ou non et ma procrastination prend les voiles. Je suis, en effet, (d’après Wikipedia) du sous-type Emotif « qui agit seulement quand il est porté par l’enthousiasme et sur ce qui lui apporte des satisfactions immédiates ».

-      Si ces distinctions de la procrastination me conviennent ? Pas vraiment. Quand je pratiquais encore ma profession, je ne me posais aucune question, je n’hésitais pas, je me mettais au boulot, point .Envie ou pas, pluie ou soleil, je n’avais pas le loisir d’être procrastinatrice.  Et c’était beaucoup plus efficace !

-      D’où je conclus que si l’on ne change pas, en tous cas on évolue : la fatigue, la solitude, l’âge influencent la personnalité. Que reste-t-il de mon passé ? L’impulsivité. Voilà pourquoi je termine à l’instant la consigne et l’envoie sur-le-champ à Samedidéfi.

 

22 novembre 2014

LE VIEUX CAHIER (Lorraine)

 

Un cahier de vieux dessins

Me rappelle l’âge des tresses

L’âge où l’on n’a pas de seins

Mais le cœur plein de promesses

 

Un cahier sans fioritures

Evoque les bancs de l’école

Le col blanc à l’encolure

Et l’esprit qui caracole

 

Un cahier au petit point

Brode les leçons d’histoire

On pense au garçon du train

Qui a de si beaux yeux noirs

 

Un cahier d’arithmétique

Prend la fuite à tire d’aile

Loin des calculs hermétiques

Il butine l’asphodèle

 

Un cahier de poésie

Ecrit le bonheur d’aimer

Il a quinze ans et Lucie

Sous son charme a succombé

 

15 novembre 2014

VOL A L’ETALAGE (Lorraine)

        C’est au moment où il glissa le « Dictionnaire des Synonymes » dans son blouson que j’ai compris, Monsieur le Commissaire. Du coup, je ne l’ai pas quitté d’une semelle. Il n’avait pourtant pas l’air nummulitique, mais les apparences sont trompeuses.

        Il marchait un peu de travoul, comme s’il avait bu ; d’ailleurs, il buvait, on est en pleine quinzaine des vins du Midi et je peux vous dire qu’il ne ratait aucune dégustation. Il s’était même muti d’un puchoir, comme je vous le dis !

        Et je te  puche un vin moelleux blanc, et je te puche un verre de muscat doré, il faisait rire les démonstratrices, surtout la levantine avec qui il frelochait, j’en mettrais ma main au feu ! Elle était complice, Monsieur le Commissaire, ça se voyait ; elle lui a refilé sans mutir une fiasque qu’il n’a pas payée.

Je ne fais que mon devoir. Il n’y a peut-être pas de quoi courtauder le voleur, mais, croyez-moi, ça lui servirait de leçon…

 

8 novembre 2014

LE CLOWN (Lorraine)

Il tomba de la lune

Par un beau soir d’été

Sans ami, sans fortune

Le pauvre clown parcheminé

 

Où était Capucine

Qu’il avait tant aimée ?

La jolie ballerine

Un beau jour s’en était allée

 

Qu’est devenu Lawrence

Elégant et racé

Qui sur la corde danse

Dans ses souvenirs angoissés

 

Son cœur perdu renonce

A vivre le passé

Quand une voix prononce

Des mots charmeurs et insensés

 

Relève-toi, ami,

Je suis la fée Mylène

Partons au beau pays

Où l’on oublie toutes les peines

 

Il eut soudain vingt ans

Le corps rapide et leste

Un chapeau de clown blanc

Et un essaim de fées célestes

 

Avec elles il partit

Au rythme de la brise

Un jour (a ce qu’on dit)

Il épousa une marquise

 

Le clown parcheminé

Retrouva sa jeunesse

Moi, je suis arrivée

Au bout du défi.. Quelle liesse !...

 

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25 octobre 2014

Participation de Lorraine


CA ALORS !

Ca alors ! C’est bien toi ?
Ces yeux bleus, ce chapeau, toujours cette dégaine
Cet air de bon aloi
Qui affrontait le temps…Tu m’appelais « Ma reine » !…

Ne dis rien. Tu es là
Le hasard, le chemin qui nous pousse ou nous traîne
T’ont ramené vers moi
Ce n’est plus le printemps…Tu me disais « Je t’aime »

Je vais bien. A part ça ?
Rien. Non. Ou presque rien, tu connais la rengaine
On croit qu’on n’oublie pas
On pleure un peu. Beaucoup. Ça n’en vaut pas la peine..

Et puis – ça va de soi –
On rencontre Kevin, Loïc ou bien Eugène
J’ai rencontré François
J’ai deux enfants mignons. Mais oui, je suis sereine !

Nous revoir ? Et pourquoi ?
Je n’ai pas de regret, pas d’envie ni de gène
Adieu ! Ne reviens pas.
Je veux vivre et chanter sans regret et sans haine

…Même si quelquefois un sanglot se déchaîne…

LORRAINE !

20 septembre 2014

SANG-FROID ? (Lorraine)

        Le chemin de halage s’enfonce dans la nuit tombante. La lumière falote du réverbère cligne comme un œil borgne.

        Dans l’obscurité de sa chambre, l’homme se redresse. Il frissonne. Froid ? Panique ? Il serre les poings. La musique du bar hurle jusqu’à lui .. Il va descendre, nul ne l’entendra.

 Il laissera la valise dans la garde-robe. Ils auront tôt fait de l’ouvrir, de retrouver le tableau de maître espagnol de la jolie infante qu’il a dérobé il y a trois ans. Ce soir, il abdique. Il a déjoué tous les pièges, toutes les poursuites policières, les filatures, la dernière  dénonciation…En vain. Ils le  talonnent, ils seront là bientôt. Une immense lassitude l’étreint. Mais très vite son imperturbable sang-froid refait surface.

Un bref instant sa silhouette s’encadre à la fenêtre. C’est l’heure. La route est déserte. Dehors, le ciel étoilé de septembre lui arrache un soupir. Là, plus bas, la Meuse scintille sous la lune.

L’homme allume une cigarette, sa pointe incandescente troue une seconde l’obscurité.

Il descend vers le fleuve…

 

30 août 2014

LE PETIT PONT DE BOIS (Lorraine)

Non, je n’ai pas rêvé ce petit pont de bois

Ni le ru murmurant qui longe la prairie

C’était un jour d’été et soudain je revois

Mes cousines aux yeux bleus et leur robe fleurie

 

Aline et Nathalie, le petit chien et moi

Allions nonchalamment de jardin en charmille

Aline chantonnait quand, près du petit bois

Trois garçons ont surgi la mine réjouie

 

Ils nous ont dit « Bonjour » d’un petit air narquois

Nous n’avions pas quinze ans mais c’est à la folie

Qu’Aline tout soudain a aimé Jean-François

Un charmant troubadour qui séduisait les filles

 

Nous étions arrivées au petit pont de bois

Qui menait au château et à ses armoiries

Je l’ai franchi d’un bond, j’habitais à deux pas,

Entraînant Nathalie et Aline éblouie

 

Les années ont passé, le temps est un sournois

Aline y a laissé son amour en charpie

Nathalie (qui l’eut cru ?) épousa un chinois

J’élève mes moutons dans une bergerie

 

Non, je n’ai pas rêvé ce petit pont de bois

Qui garde d’autrefois une image attendrie

La vie qui vient qui va ressemble à  un tournoi

L’amour est un refrain d’orgue de Barbarie

 

9 août 2014

RUE DE LA PIERRE HARDIE (Lorraine)

La rue de la Pierre Hardie ? Oui,  je connais, j’y passe chaque jour, j’arrive par le chemin des Etudiants et, en tournant le coin, j’y suis.  C’est à trois pas, venez,  je vous conduis. Vous voyez cette lampe généreuse, elle éclaire bien  les pavés rudimentaires qui  dégringolent vers la ruelle des Trois Fontaines où je respire mieux, je l’avoue..

Pourquoi ? C’est vrai, vous n’êtes pas du pays, vous ne connaissez pas notre histoire locale, qui fait trembler les vieilles gens les soirs d’orage…et un peu aussi les jeunes filles qui tirent vite les volets pour éviter la stridente menace des éclairs.

 Il faut dire que l’orage, dans ce pays entre forêts et collines,  a des allures dantesques. Il dessine des ombres surprenantes dans les vallées et illumine la crête des bois d’une couronne de feu.
Comme en cette soirée d‘été où une bande d’étudiants en goguette sortit de la « Taverne du Chat Noir » en chantant la Marjolaine (et d’autres choses aussi que je ne puis pas dire ici….) Enfin, vous me comprenez. Leurs lanternes divaguaient  autant qu’eux. Il y avait le bel Eloi, le grand et fort Jehan qu’on disait de Gascogne, Arnaud-le-petit, et trois autres, fort éméchés tous tant qu’ils étaient.

On dit –mais que ne dit-on pas ! – qu’ils s’en allaient courir la gueuse. L’air sentait le jasmin qui poussait haut et dur contre le mur du Monastère et attisait la tentation de la femme. On dit aussi que le jasmin est perfide et fouette les sangs. Ils tournaient donc le coin de la rue comme s’en revenait, en sens opposé, la jeune Aube, fille du meunier, tout juste seize ans, belle à mourir. Elle hâtait le pas, pressée par le bruit d’un orage proche.

-     Hôla ! lança Eloi, on ne passe pas…
-     Puis se ravisant, il ajouta, cynique :
-     …ou d’abord par nos mains…
-    ...

Je ne sais que vous dire, mon bon Monsieur. La pucelle se débattit, les assoiffés tiraient la jupe, le corsage. Et ce sui arriva (j’en tremble rien qu’à vous le dire) fit jaillir les éclairs, sabrant le ciel, hurlant l’orage, déchaînant la foudre en une meurtrière avalanche.

Quand les paroissiens osèrent ouvrir leurs persiennes, six corps ensanglantés gisaient sur le pavement disloqué. La jouvencelle, saine et sauve, rattachait en tremblant ses habits déchirés. Près d’elle, une énorme pierre venue du ciel. Une pierre hardie, qui donna désormais son nom à la rue. Cet ex-voto en latin, posé là en remerciement par le père de la jeune Aube, est bien vieux, il remonte à près de deux siècles, il dit que c’est juste là où vous vous tenez qu’on trouva les corps écrabouillés. On dit aussi – mais que ne dit-on pas –que certains soirs d’orage, le fantôme des six jeunes gens vient errer sur la lande et s'arrête en cet endroit même. Ne sursautez pas, ce sont là bavardages de bonnes femmes.

Tiens, il commence à pleuvoir, on avait annoncé l’orage à la TV.. Avec un peu de chance, vous les verrez. Qui ? Les fantômes, pardi !

Monsieur, où allez-vous ?…Ah bah ! On dirait qu’il a peur. Ces gens de la ville, quand même !...

19 juillet 2014

LE FER A CHEVAL (Lorraine)

Le premier devait porter chance

Argent, bonheur et tant d’amour 

Me murmurait le beau Lawrence

Que je fus éprise à mon tour

 

Il avait beaucoup de prestance

Mais dans la vie de tous les jours

Je déplorai son arrogance

Et le quittai donc sans retour

 

Xavier, cavalier de prestance

M’en offrit un, en troubadour.

Il y mit beaucoup d’espérance ;

Ne l’aimant pas, je coupai court

 

L’amour a ses incohérences

Pourquoi, traversant le faubourg

Ai-je vu, quelle extravagance !

Un fer à cheval dans la cour !

 

J’y entrai brûlant d’impatience

Maréchal ferrant à son four

Jean me sourit. A l’évidence

Nous venions de trouver l’amour

 

Et depuis lors sur ma crédence

Trois fers rappellent le parcours

Qui m’a menée à l’alliance

De deux cœurs unis pour toujours

 

5 juillet 2014

POINT (Lorraine)

 

        « Tout vient à point à qui sait attendre »… Satisfait, il se relut, ajouta une virgule, quelques points de suspension, et glissa la lettre dans l’enveloppe.

 

        Même si elle était sur le point de prendre ses cliques et ses claques, elle ne pourrait que comprendre. En somme, il faisait le point et résumait la situation : il l’aimait, mais ses parents avaient d’autres projets pour lui. En patientant encore un peu, il parviendrait à les convaincre.

 

        Mireille lut la missive : c’était bien lui,  toujours à mettre en paroles les points sur les i, en fait incapable de prendre une décision. La crise arrivait à son point culminant. Elle ferma sa valise et calmement lui envoya un SMS : « Adieu ! ».

 

        Puis un autre à Frédéric, son point de chute : « J’arrive ! ».

`       Point à la ligne…

 

28 juin 2014

DES NOUVELLES DE NESSIE (Lorraine)

        Je vous le dis tout net : Nessie, j’y crois . D’ailleurs je l’ai vue.

        Ah ! les lacs écossais, la brume écossaise, le silence qui se pose comme un voile opaque sur les eaux si calmes, les mots qu’on se murmure à l’oreille, la rugosité chantante d’un langage inconnu mais si expressif, le faux pas qu’on évite de justesse sur la terre glissante et la main ferme mais en même temps caressante qui vous évite de tomber sur l’herbe crépusculaire !

        Comment, je m’égare ? Prouvez-moi donc qu’on n’organise pas des excursions et que Nessie n’est pas devenue un objet de pèlerinage ?  Le mien, de pèlerinage, je le fis avec Sir  Robert Mackay, sujet de sa Gracieuse Majesté la Reine, élégamment revêtu comme il se doit du costume règlementaire.  Il portait donc le kilt mais pas  de cornemuse, bien qu’il fût musicien.

        Il m’avait promis de me montrer Nessie. . La lumière rasante, les reflets sur l’eau, semblaient propices. Dans l’émotion, je m’accrochai à son bras. Au loin, le ciel prenait des couleurs d’orage. Il faisait chaud, j’avais soif. Sir Robert  m’offrit sa gourde de Scotch. Le lac bourgeonna.

        Pour bien voir, nous étions dans les ruines du château d’Urquhart. Soudain, un cou émergea de l’eau, long, incontestablement long, se déroulant comme un reptile, soufflant, sifflant, sifflant, sifflant…

        Je m’évanouis.

        J’ai vu le monstre du Lochness. Maintenant, vous me croyez ?

 

7 juin 2014

LA MAGIE (Lorraine)

La magie, si j’y crois ? Entrez donc, je vous prie,

Dans ce comptoir des jeux, où boîtes et écrins

Plumes noires effilées, formes soudain surgies,

Poussière d’argent bleu ou de perlinpimpin

 

Offrent leur dérisoire instant de nostalgie

A tous les sortilèges, enfouis et turlupins,

Je préfère la flamme irréelle et rougie

Du cierge vacillant qui d’un bel escarpin

 

Fait jaillir une fée au bord de la prairie

Ses ailes ont la douceur que le passé dépeint

Et ceux qui l’ont croisée en sa mélancolie

Disent son pied léger par-dessus les lupins

 

Et son chant cristallin, doux comme une élégie

Me hèle quelquefois dans le soir incertain.

Je m’en viens lentement et si j’entre en magie

C’est pour bercer mon cœur au son du clavecin

 

31 mai 2014

UNE ROSE (Lorraine)

Une rose a percé la pierre de la neige

Une rose a percé la pierre de l’hiver

Galopez dans le ciel, chevaux blancs des cortèges

Une rose a percé la pierre de la neige

 

Une rose a souri comme un beau sortilège

Une rose a nargué la pierre de l’hiver

Dansez dans le ciel gris carrousels et manèges

Une rose a souri comme un beau sortilège

 

Une rose a pleuré dans le grand champ de neige

Une rose fanée au souffle de l’hiver

C’est un peu de bonheur que le temps désagrège

Une rose a pleuré dans le grand champ de neige

 

17 mai 2014

LE TRIANGLE DES BERMUDES (Lorraine)

    On dit que le Triangle des Bermudes hurle soudain de toutes ses vagues dressées comme des murs où se fracassent les bateaux.

    On dit que les plus valeureux capitaines  n’échappent pas à  son étreinte d’eau et de fer.

    On dit qu’affronter ce gouffre est une folie de l’homme qui viole depuis toujours l’immensité et que l’océan hostile défend ses mystères.

    On dit aussi que ces mystères sont une légende et que seuls soufflent les vents contraires, entraînant dans des gorges souterraines les insensés qui bravent l’interdit.

    Mais on ne dit pas que le chant des sirènes accompagne le naufrage. Certaines jouent de la harpe et d’autres du flûteau, leur corps aérien sinue et danse quand se tait la cacophonie de l’ensevelissement.

Et on ne dit pas  qu’au fond de l’eau s’ouvrent de voluptueuses cavernes, tapissées de lits de mousses, où s’étendent pour toujours ceux que le bon plaisir des sirènes a choisi.
    
Et on ne dit pas que dès lors, ils ouvrent les yeux dans la douceur d’une vie amoureuse passionnée, mais si définitivement chaste qu’ils connaîtront à jamais l‘indicible tourment du désir…

Certains soirs, dan le Triangle des Bermudes, monte leur chant désespéré qui s’entend jusque sur les rivages. Alors, les femmes se signent et maudissent les sirènes…

3 mai 2014

MUSIQUE MAESTRO (Lorraine)

        Dans la salle de concert, j’écoute de tout mon cœur et je regarde de tous mes yeux. Je vais vivre un moment venu d’ailleurs  et je m’apprête à recevoir les effluves d’autrefois. 

        Dès l’ouverture, je suis portée par la baguette du chef, dont les expressions autant que les jeux de manches guident les instrumentistes : violons, violoncelles,  la harpe, la flûte rieuse, le trombone font dans leur harmonie,  une inoubliable farandole. Leur déploiement me bascule dans une autre époque dont j’entends les galops et imagine les danses.

        Mon enthousiasme peut paraître puéril. Mais le souffle des trompettes, le romantisme des violons, les sons effilés de la harpiste, l’intervention de la cymbale ou du triangle, la nostalgie de la cythare m’imprègnent de cette musique légère comme le bonheur.

        Et je m’envole, face à cette harmonie que partage un public subjugué, plongé dans l’intense silence de l’écoute…

 

19 avril 2014

MINUSCULE (Lorraine)

On est toujours le minuscule de quelqu’un. Moi, je suis le minuscule d‘Alexandre. Le Grand, Ce n’est pas à moi qu’il dira : « Retire-toi de mon soleil », je ne lui fais pas d’ombre, je suis son ombre ! Je trottine derrière lui ou à côté, je passe ses troupes en revue, j’ai le même casque d’airain, la même armure, la même silhouette, mais en minuscule. J’étais accroché à sa taille quand il montait le cheval Bucéphale. Et, pendant les années où il eut Aristote pour précepteur, j’étais présent.

 De même quand sa mère lui assura qu’il était le fils de Zeus.. Un peu incrédule, soit. Etre minuscule ne veut pas dire être niais ! Mais lui, il la crut. Et il exigea bientôt d’être considéré comme un dieu. Sa sœur Cléopâtre tenta de l’en dissuader, par jalousie, je pense.

Quels souvenirs ! Alexandre et moi nous nous battîmes bravement sur les champs de bataille, nous volâmes de conquête en conquête. Nous réunîmes de nombreux pays sous notre domination juste et florissante. Au prix de pas mal d’assassinats ? Je ne m’en souviens pas, c’est si loin ! Et puis, je n’étais pas Alexandre le Grand, simplement son minuscule. Un minuscule qu’on n’a pas réussi à enterrer. Et qui depuis erre par le monde et s’est tant et tant amenuisé qu’aujourd’hui il n’est plus que l’ombre de lui-même.

Un  minuscule de plus en plus minuscule. Autant dire : rien, une ombre, un souffle, une consigne…

 

12 avril 2014

METAMORPHOSE (Lorraine)

Je suis un zèbre, bien campé sur mes sabots, la pelisse ornée de bandes verticales noires et blanches, broutant les pâturages africains, très affectueux, aimant la compagnie de mes semblables…

Non, ceci n’est pas une petite annonce, je ne recherche pas l’âme sœur, simplement je me présente.  Tel que je suis ? Plutôt tel que j’étais…Car le jour du printemps, quand tout le monde dormait, je suis devenu papillon.

Je suis  sur votre épaule. Si vous bougez, je m’envole. Et je me pose avec douceur sur la rose ouverte dont le parfum m’enivre. S’iIl faut longtemps à la chrysalide pour devenir un papillon libre, moi, il m’a suffi d’un instant.   Désormais mon envol se rit des clôtures et des grilles, se roule dans les effluves multiples des jardins fleuris, et dépose au bout de mes ailes une senteur de lilas.

Devenir un papillon m’a été donné comme un cadeau. J’étais las de marcher sous la brûlure du soleil, j’enviais le vol des oiseaux, si légers et prompts à repartir, je virevoltais dans mes rêves. Aujourd’hui, je remercie le génie qui m’a transformé. Grâce à lui j’invente des paysages, je flâne par-dessus les clochers et m’endors dans l’herbe pure de ma méditation. Je change de couleur la nuit, mon bleu se satine, mon œil perce l’obscurité, je rencontre des ombres, je leur parle et elles se confient. Un papillon peut tout entendre. Et j’apporte un peu de miel aux solitaires qui croisent ma route.

Un zèbre, moi ? En voilà une idée ! D’ailleurs, c’est quoi, un zèbre ?...

 

29 mars 2014

BEAU ! (Lorraine)

"Comme c'est beau ce que l'on peut voir comme ça à travers le sable, à travers le verre, à travers les carreaux"

Ce que l’on peut voir à travers ses mains jointes sur le visage quand on prie vraiment ;    ou, tout simplement, couchée dans l’herbe, le papillon surgi entre les  coquelicots, le bleu des bleuets, les tiges enlacées, l’épi tremblant, le lilas par-dessus la haie et la haie où s’adosse une jeune fille en robe pimpante! Tout le printemps danse.

Comme c’est beau, ce qui se cache dans un album pour enfants : le chat ingénu, la fée blonde, un escargot qui prend son temps, une coccinelle parlant à sa voisine, des oies en voyage, un chevreau titubant, le berger, la prairie.

 Comme c’est beau un sourire qui efface une ride, une chanson fredonnée lèvres closes, une menotte dans une grande main de papa, une grand-mère assise sur un banc au soleil, le soleil surpris au détour du sentier dans les branches du chêne et le chêne amoureux d’une mésange et la mésange envolée comme l’hirondelle qui lacère le ciel de son vol noir et le noir du crépuscule qui m prend par la main et…

Comme c’est beau, quelquefois, la vie !

8 mars 2014

LES BOTTES (Lorraine)

          L’ogre du petit Poucet avait de grandes et larges bottes de sept  liues. Mais quand Poucet les enfila, comme elles étaient magiques,  elles le chaussèrent exactement à sa taille et il put galoper vers son destin à son rythme. Nous, nous sommes des bottes roses beaucoup plus ordinaires. Quand c’est le moment de partir, nous allons d’un bon pas, bien cadencé. On se parle.

-         On allons-nous, tu le sais, toi ?

-    

-         Non, on ne m’a rien dit…

-          

        L’autre botte et moi sommes toujours de connivence.  Si elle piétine,  j’assure.  Si je dérape, elle glisse.  Si je chavire un peu, elle aussi. Nous essayons autant que possible d’être « la paire », nous nous sentons un peu jumelles et en tous cas, fort semblables.

         C’est rare que nous sortions le matin.  D’habitude, c’est surtout en soirée qu’on s’exhibe.  Des soirées fréquentées où l’on rencontre d’autres bottes roses ; on fait la causette, debout devant un whisky,  un pernod, un cocktail aux noms incendiaires, on trinque, on bavarde, on rit.  On rit beaucoup, de plus en plus, le 2éme coktail nous met du cœur au ventre, et le 3ème,  je ne vous dis pas…         L’orchestre nous connaît.  Il sait que nous aimons le slow, joue contre joue, le tango mais pas trop acrobatique quand même.  Lever la jambe gainée d’une botte rose, se renverser en arrière en équilibre sur le talon pointu de l’autre, ce n’est pas évident.

         Il m’arrive de me sentir serrée aux entournures, alors on s’assied dans un club bien profond, la lumière tamisée nous détend, nous poussons un soupir de soulagement, deux autres bottes roses viennent doucement se presser contre nous, caressantes,  et nous écoutons ce qu’on nous dit :

         - Mon chou, tu ne trouves pas qu’il fait une de ces chaleurs, ici ?  Et puis tout ce monde…

         - Oui, trésor, allez, je te suis.

         On soulève la tenture rouge qui voile la porte.  L’air frais nous surprend.  Nous ne sommes plus que quatre petites bottes roses qui trottinent dans la nuit.

         Henri et Guillaume rentrent à la maison.

 

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