Ne me demandez pas pourquoi (Lecrilibriste)
Ne me demandez pas pourquoi
Le noyer échevelé
Las de sa nudité d’hiver
Sortira de sa nuit
Pour se vêtir d’anis
ou peut-être bien de pistache
pour taquiner ses noix
Et les jonquilles à ses pieds
S’étireront jusqu’à n’en plus pouvoir
Simplement pour voir
barboter les canards
dans l’eau de l’étang vert
autour des nénuphars
Ne me demandez pas pourquoi
Les mots s’échappent
quand je veux les attraper
ils restent sur le bout de la langue
Et jouent à se cacher
Quand je cherche pistache,
Il m’arrive moustache
mais je n’arrive pas à trouver
l’exactitude qui se cache
Et de guerre lasse
Quand je cesse de les chercher
Les voilà qui caracolent
Alors que je les ai remplacés
Ne me demandez pas pourquoi
Les hommes se font la guerre
Epuisés, l’espérance au bout du fusil
Ils traquent, Ils tirent, ils tuent
ils tombent par milliers
Et mordent la poussière
Etreignant dans un dernier sursaut
Leur espoir de victoire et leur mère patrie
Morts, perdus, mais sortis de l’enfer
par-delà la mitraille Ils s’en vont dans les nues
soulagés de n’entendre plus
les bombes qui explosent
Et les cris de misère
Oremus ! (Lecrilibriste)
A Oran, à Orange et à Orleans, ainsi que dans l’Oregon un horodateur marque l’heure de l’ordalie pour les orfèvres chercheurs d’or en barre. C’est l’oracle qui l’a dit et il parle d’or !
L’ordonnateur de l’ordalie, nul en orthographe, mais fan de Dali et fort en orgies - il est sur le livre des records le plus gros mangeurs de rôtis Orloff - donc, l’ordonnateur en ordalie, perché sur un parterre de boutons d’or tourné vers l’Orient et vêtu de ses oripeaux, en l’occurrence sa chasuble d’orfroi, ordonnera avec des cris d’orfraie, que le premier jour d’orage à l’éclosion des oréades, on frotte très fort à l’ortie les oreilles des orfèvres qui ont été à l’origine de la recherche de l’or en barre au milieu de l’or noir alors qu’il fallait impérativement, pour faire régner l’ordre, rechercher les pépites d’or à la batée dans l’Orne! Et il n’y a aucun médiator pour négocier ni ni aucun orpailleur pour ergoter ! Alors l’ordalie aura lieu.
C’est horrible ! C’est l horreur !
Oremus ! frères et sœurs pour que l’or dure et ne soit pas remplacé par le fer blanc par nos mentors et cadors politiques.
Noctambule au midi (Lecrilibriste)
Un papillon de nuit s’est perdu dans le jour
Son domaine est la nuit, il en a les couleurs
Il est né noctambule mais il voulait changer
Il rêvait de lumière, de chaleur et d’été
Par ses frères de couleur d’être considéré
A l’aube, il ne s’est pas caché, il est resté
Mais ses antennes brûlent dans ce bain de soleil
Fragiles, sombres et ternes ses ailes restent closes
Elles sont pourtant plumeuses et douces et veloutées
mais là, dans ce grand jour, ouvrir ses ailes, il n’ose
Il épie fort jaloux ses frères de lumière
Qui déploient largement leurs ailes constellées
Soulignées de dentelles, de coupes festonnées
Avec des couleurs telles qu’il n’oserait porter
Il les voit, papillonnant de fleur en fleur
quand posés sur les fleurs, ils ressemblent aux fleurs
éblouissants, par leur beauté ils rivalisent
Comment se comparer avec ces rois soleil
Lorsqu’on est né nocturne et beige et sans beauté
Sous des pâleurs de lune au profond de la nuit
Lorsqu’on ne distingue plus les couleurs de la vie
Le destin joue parfois des tours abominables
Il regarde tout triste ces stars éphémères
Papillonnant heureuses, joyeuses et légères
Il voudrait se parer de toute leur brillance
Mais suffocant soudain au soleil de midi
Il rêve maintenant d’ombre et de sombre nuit
Etouffant dans cette moiteur, voilà qu’il meurt
Papillon du soir, pour les couleurs, il est trop tard
Papillon de nuit, ton envie a sonné l’hallali
Le méandre de la Queuille (Lecrilibriste)
Tout le long, du long méandre
Léandre doucement se laisse surprendre
Par cet itinéraire curieux que la Sioule a choisi
Pour entourer d’halo un visage de terre
Car il lui a plu d’en agir ainsi
D’en sertir le tour pendant des ères
Pour dessiner ce méandre de Queuille
Elle a caressé les lignes, gommé les aspérités
Travaillé symétrie et curiosité
Comme un peintre peindrait sur une feuille
Cette fille rebelle D’Océan
n’aime ni les remous, ni les courants
elle musarde et lézarde gentiment
Faisant l’école buissonnière
Ou bien l’école des Beaux Arts
Que la nature lui a offerte
Pour créer quelques œuvres d’art
Avant d’aller se noyer chez son père
De subir ses marées et ses tempêtes
Ses navires et ses eaux gris vert
Oubliant la turquoise de ses eaux
A jamais
Charmé, Léandre fera le tour
De ce méandre à pied
Juste le temps de se détendre et d’entendre
La vibration de la rivière qui glisse
Comme une respiration lisse
Et la chanson douce de l’eau
Qui clapote contre la berge
En lui soufflant quelques rimes
Dans les méandres de ses souvenirs
d’un Léandre de Molière
d’un Scapin et ses Fourberies
que par cœur, il avait appris
Et pour scander le rythme
Il trouvera quelques galets
Pour voir s’il sait encore
faire quelques ricochets
qui atteindront l’autre côté
avant d’atteindre le gué
pour traverser
Lecrilibriste
LBB (Lecrilibriste)
Tout l’monde voudrait un label
C’est vrai !
AB = Assez Bien (mais peut mieux faire)
AOC = Avance ou Crève
STG = Sans Totale Garantie
IGP = Inclinaison Grave Polar
Car Le label fait la vie belle
Mais moi j’me suis fait la belle
La belle vie loin des labels
de la Belle de Cadix
de la belle et la bête
de la belle et le clochard
des oscars et des césars
Il me faut le label rouge
Gage de vacances et soleil
Pour me bronzer les orteils
Sur les plages de la belle bleue
LBB, beau label de La Belle Bleue
Sur fond Rouge
Kung Fu panda (Lecrilibriste)
Faut-il être fou
Pour faire du Kung fu
Et pareillement se démener
Pour combler le vide
Déjouer le spleen
Pour aciduler la vie
Et s’évader du gris
Avoir physique d’acier
Et une âme bien trempée ?
Car il faut être martien
Pour pratiquer l’art martial
Et même si tu es gros
Comme un vrai sumo
Tu peux y arriver
C’est ce que fit Kung Fu Panda
Qui triompha grâce à sa graisse
Grâce à son poids
Du féroce Tai Lung
Entrainé par son maître Shifu
Après beaucoup de gong et de gong et de gong
Qui sont travail toujours et toujours et encore
Avec un peu de talent qui ne fait pas de tort
Et toute la foi que l’on a en soi
Pour devenir Fu, l’être accompli chinois
Comme le fut Po le Kung Fu panda
Hubert (Lecrilibriste)
Hubert a bu ou il a la berlue ?
Il s’est cousu un costume de bure
Avec un col de tulle
Qui pourtant fait fureur dans la rue
Quand souffle du Nord la burle
Et au lieu de buller toute la journée
Un frac de Père Noël vert il a cousu
Pour laisser la première place au petit Jésus
Les gens l’ont hué, on le savait pourtant féru
C’est le Secours Populaire qui l’a bien voulu
Dans un stand au marché, pour quêter il se rue
C’est Uber que choisit toujours Hubert
Rapide à se déplacer comme un urubu
Mais comment se fait-il qu’il soit comme ça Hubert ?
Hubert ?
Sa mère est daltonienne, son père hurluberlu !
Comptine (Lecrilibriste)
Pour bien faire des galipettes
Sept roulades et sept cupelettes
Cul par-dessus tête
Enlève tes bigoudis
Mais pour manger d’ la galette
Un deux trois quatre cinq six sept
A la fête d’Epiphanie
Tu as ton permis
Quand Gaston mène la farandole (Lecrilibriste)
Minute papillon !
Attends que Gaston mène la farandole
Avec lui, faut qu’ça bouge, faut qu’ça vole
Que personne ne reste à l’abandon
Pas besoin d’avoir un bristol
Tous les derrières de leur chaise décollent
Les timides s’extraient de leur camisole
Entrainés dans le tourbillon
Et se forme la ronde et volent les jupons
en rythme les guibolles s’affolent
rient les filles et les garçons
ça tourne, ça tourne, ça tourne rond
ça tourne, ça tourne et ça tourne en rond
Tout le monde en perd la boussole
Quand Gaston mène la farandole
Voyage en Dodecasyllabie (Lecrilibriste)
J'ai pris le train de nuit jusqu'au bout de mes rêves
pour explorer le fond de ces sombres contrées
où les ombres à jamais ne laissent aucune trêve
au voyageur curieux qui les a dérangées
Dans une gare sans nom, j'ai posé mes valises
pour aller vers ailleurs, j'attendais le train bleu
mais il était parti tandis qu'avec surprise
je cherchais mon billet qui avait disparu
Sur la route j'ai vu la maison de ma Mère
la porte grande ouverte invitait à entrer
le printemps ruisselait à toutes les fenêtres
dans la chambre au premier, le miroir s'est brisé
j'ai subi mille peines et vécu mille morts
j'ai nagé dans les fleuves et gravi des sommets
prié dans des églises et trouvé des trésors
dansé avec Chaplin quand Molière jouait
J'ai vu Philadelphie, survolé la Louisiane
et serré des enfants inconnus dans mes bras
j'ai joué du banjo, j'ai battu la campagne
écrit des poésies et soigné des soldats
Je prends le train de nuit jusqu'au bout de mes rêves
chaque fois que la vie m'apparaît désolée
enfer ou paradis, l'aventure m‘enfièvre
et n'appartient qu'à moi ce voyage insensé.