28 février 2015

Petit cas d’école (Krystel)


De bois et de métal,c’est ainsi que je suis constitué.

Pour me fabriquer,le menuisier mit du coeur à l’ouvrage,il me voulait solide et tendre au service des tout-petits.

Dans le couloir d’une école,je fus installé et la plus belle des vies me fut donnée.

Les jours se succédaient,enchantés par les comptines,les rires cristallins des petits chérubins.

La rentrée était le meilleur moment de l’année.

Ces longs mois d’été à patienter,espérant le retour de mes écoliers,même si je savais que pour certains,les premières  heures les verraient chagrinés,et que mes bras trop courts ne pourraient les consoler.

A l’heure de la récrée,tous leurs noms m’étaient dévoilés,par des étiquettes fraîchement élaborées avec toute leur créativité:des fleurs,des papillons,des bonshommes patates, des poissons volants,tout ce qui fait leur monde merveilleux,pour m’en mettre plein les yeux.

Je devenais le gardien officiel de cette exposition ludique et colorée,fier de recevoir tous leurs effets.

Ils se hissaient sur la pointe des pieds,pour atteindre mon cou courbé,et de leurs petites mains potelées,se dépossédaient de tous leurs trésors:cartables,manteaux,casquettes et doudous m’étaient confiés,et digne de leur confiance je savais me montrer.

Quand la cloche avait sonné le retour des parents tant attendu,je faisais mes adieux sans trop m’épancher.

Le soir venu,tapi dans le noir je sommeillais,et au son de leurs voix,le lendemain, m’émerveillais.

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21 février 2015

Participation de Krystel

 

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14 février 2015

Tolstoï, sous le joug de Palpatine (Krystel)


David Hamilton  alias Wintersixfour, photographe, peintre écossais s’adonne à son art avec talent, dans la reproduction de grandes peintures; en geek passionné de la saga Star Wars il a l’audace du mélange des genres, de son imaginaire créatif de nouvelles compositions voient le jour, comme ce tableau, d’Ilya Repine, représentant Léon Tolstoï aux labours sous le regard d’un Clonetrooper.

Probablement, il se trouvera des intellectuels bien pensants, qui à défaut d’avoir la fibre artistique auront la critique loggorhéique!
Les férus de la série Star Wars apprécieront, à sa juste valeur, cette pépite de l’expression de l’art moderne et contemporain.

Cette rencontre improbable, entre ces deux univers fondamentalement aux antipodes, suscite la réflexion de l’opposition permanente, entre deux notions: la guerre et la paix, l’oppresseur et l’opprimé.
L’opprimé, personnalisé par ce vieillard souffreteux et gauche, qui péniblement mène son attelage sous la férule du Clonetrooper, sbire de l’oppresseur, bras armé des Forces Impériales Terrestres; à travers le soldat plane l’ombre malfaisante de l’Empereur Palpatine, le seigneur noir des Sith, incarnation du mal!

Pour flatter son ego de dimension impériale, le dirigeant despotique, constitue un cercle des Artistes à Moscou, dans l’expectative de se délecter d’oeuvres à sa gloire; s’entourant de l’élite représentative de l’art de la peinture, de la sculpture et de la littérature; intéressé au plus haut point par la phraséologie de l’écrivain Léon Tolstoï, il le sollicite et lui adjoint la transcription de ses mémoires.

Pour ne pas transgresser ses propres règles de conduite, et rester vertueux, Tolstoï brocarde l’ouvrage; Palpatine en conçoit une rage terrible, il le chasse du cercle et le fait embastiller dans son domaine campagnard, à Iasnaïa Poliana, où il le contraint au servage sur ses propres terres.
Tolstoï, réduit à l’esclavage, alors qu’il prônait, la libération de l’individu de l’esclavage physique, mais, aussi mental...
Étrange et obscur; comme cette vision télépathique du Jedi Yoda, s’étiolant dans son repère du marécage de Dagobah, qui lui souffle avec force:
«Libre, pour vivre, du côté obscur, être, tu ne dois pas...»
Cette période de captivité, d’épreuves physiques et psychologiques, inspireront à Léon Tolstoï son oeuvre littéraire La Guerre et la Paix.

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07 février 2015

Comment se dire adieu (Krystel)


Cette coutume est réservée aux collègues qui quittent l’entreprise, histoire de voir si le soleil brille mieux ailleurs!
Pour le futur candidat au départ, c’est loin d’être une surprise puisque en général il assure ses arrières, et pour se prémunir de toute catastrophe, il aura prit le soin de laisser dans son vestiaire tout ce qu’il a de plus précieux!
Ni voyez là, ni règlement de compte ni acte de cruauté, juste une façon bien à nous de fêter le démissionnaire ou plutôt de lui faire ‘sa fête’  (gentiment bien sûr!)
Imaginez-vous un service de rééducation d’hospitalisation complète, les journées peuvent être longues pour certains résidents, aussi pour rompre la monotonie un peu d’animation est la bienvenue.
Ils sont des complices redoutables, ils connaissent bien les lieux, le personnel, des affinités se sont créées au cours de leur séjour ponctué par des soins avec différents intervenants.
Nos amis vont se prêter au jeu de l’appât, quoique de plus normal pour eux d’appeler le personnel en cas de besoin dans l’exécution d’un acte de la vie quotidienne.
Les membres de l’équipe sont réunis dans le poste central infirmier autour d’une table, et se livrent aux transmissions d’informations sur leurs patients, la séance se termine.
La sonnette stridente de l’appel malade retentit.
Un sourire de connivence s’affiche sur les lèvres des conspirateurs.
On donne un coup de coude discret à son voisin, les hostilités vont pouvoir commencer!
L’un d’entre nous demande: «Tiens Sylvie, c’est Rémi qui appelle, tu vas le voir?»
Étonnée du ton directif, Sylvie qui se sait bientôt partie, fait bonne figure et obtempère.
Elle répond à l’interphone, tranquillement: «Oui Rémi, que se passe-t-il?»
«J’ai besoin d’aide pour mon transfert au fauteuil, tu peux venir s’il te plaît?»
Sylvie se fait la réflexion que la voix de Rémi est un peu étrange, comme étranglée!
Bien sûr elle ne le sait pas mais Rémi s’étrangle de rire sur son lit, tout à la joie du bon tour qu’il s’apprête à lui jouer.
En professionnelle consciencieuse, elle se dirige en direction de la chambre de Rémi.
Elle frappe à sa porte, réajuste sa blouse blanche qui malgré sa tenue informe flatte ses douces courbes juvéniles.
A l’invitation d’entrer, elle pousse la porte, enjouée.
Son regard balaie la pièce, méthodique. A sa droite la télévision fixée au mur, éteinte, les portes coulissantes du placard mural, fermées.
En face d’elle, deux grandes fenêtres donnant sur des sapins séculaires qui ravissent la vue du patient comme du visiteur toute l’année.
Sur sa gauche une table adossée au mur, et dans la continuité bien au centre le lit électrique, haute technologie (quand il ne tombe pas en panne) et enfin la table de nuit couleur sable.
Le fauteuil roulant manuel posté prés du lit, attend sagement son conducteur, qui observe à la dérobé sa visiteuse.
Il l’apostrophe gaiement: «C’est pas trop tôt, j’ai failli prendre racine ma petite Sylvie!»
Elle riposte avec humour: «Vous avez oublié que dans une heure, je ne fais plus partie du personnel?» «Vous avez de la chance que je vienne m’occuper de vous.»
Le jeune homme blond opine du chef et la gratifie d’une magnifique grimace, qui laisse transparaître une rangées de dents impeccables.  
«Mon petit rayon de soleil!» S’exclame-t-il: «Comment vais-je faire sans toi?»
Elle fait un pas vers lui et bloque les freins du fauteuil, lui saisissant les jambes elle répond avec malice:
«Vous en trouverez un autre de soleil...»
Les effluves capiteuses de son parfum chatouillent agréablement les narines du paraplégique, qui s’empresse de faire son transfert, histoire de cacher à sa gentille aide-soignante, son trouble et quelques scrupules naissants.
Sa voix se fait rauque pour murmurer : «Merci Sylvie.»
La porte de la chambre s’ouvre avec force et une nuée de blouses blanches font irruption, Sylvie a juste le temps de lâcher un : «Oh non!» de surprise que déjà elle se retrouve le postérieur vissé sur un fauteuil douche, sans autres formes de procès!
Son coeur bat la chamade, le visage agité de rictus, partagée entre la peur et l’ excitation.
Ses mains se crispent nerveusement sur les accoudoirs verrouillés, pas moyen d’échapper à ses ravisseurs!
A moins de les implorer?
Elle risque un: «Les filles, je n’aime pas jouer avec l’eau...»
Peine perdue,pas de réponse, les rires fusent, l’atmosphère est à l’amusement, on ne va pas s’arrêter en si bon chemin!
En avant dans le couloir, ou le chahut fait sortir les résidents de leur chambrée, qui poussent une olé effrénée sur nôtre passage.
Les festivités commencent avec une soignante qui déverse scrupuleusement le contenu sirupeux d’une poche de nutrition sur la chevelure brune de nôtre Sylvie, offusquée!
Suit le déversoir de toute une série de produits colorés, visqueux, collants, sur la blouse blanche.
Le teint rougi par certains liquides, le cheveu poisseux dégoulinant, Sylvie prise de fou rire reprend son souffle et nous confie: «La misère, je colle de partout!»
Hilare, le cortège rejoint la salle de bains, ou l’eau salvatrice froide au début puis tiède arrose copieusement toute la troupe.
Puis enfin, on relâche nôtre victime consentante, qui a pris l’apparence d’un épouvantail trempé, l’oeil humide.
Une larme perle délicatement à la racine des cils, l’assistance s’inquiète: «Pourquoi tu pleures?»   
Sylvie se blottit contre l’épaule de Camille et entre deux hoquets nous avoue:
«Les filles, je vous aime.»
Et oui, chez nous aussi on pleure deux fois, quand on arrive et quand on part.

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31 janvier 2015

Sur le pont (Krystel)

Une brume hivernale épaisse, flotte sur la forêt tourangelle.

Tout l’espace semble engloutit dans une masse cotonneuse et froide.

Les premières lueurs du jour tentent une percée timide, mais les caprices de Dame Nature ne permettent pas aux rayons du soleil de

déchirer son dense manteau.

Cela n’empêche pas les hôtes de ce bois, de poursuivre paisiblement le cours de leur existence.

Au détour d’un chemin, à l’abri des regards, une laie étendue sur la mousse allaite ses petits.

Ils mettent du coeur à l’ouvrage, manifestant leur plaisir par des grognements rythmés par les gorgées de lait chaud.

La tête massive de la mère se redressa, un bruit venait de l’alerter, rapidement elle se remit sur ses pattes, sur le qui-vive!

Les marcassins devenus silencieux, se rapprochèrent de leur mère en tremblant.

Trouant le mur brumeux, un jeune fox-terrier surgit aboyant furieusement, sur sa proie énorme prête à en découdre.

Les soies hérissées, sa queue pinceau dressée, on pouvait lire dans son regard noir la colère.

Elle chargea son agresseur d’un pas lourd, le piétina, lui assenant un coup mortel.

La bataille fût brève, la robe blanche mouchetée de tâches de sang, le chien s’écroula sur le sol, un frisson parcourait son échine, le

souffle coupé, il agonisait.

Le danger n’était pas pour autant complètement écarté, la laie savait par expérience que la meute devait être sur ses traces, il fallait fuir!

Nul besoin de langage , pour faire comprendre aux marcassins la nécessité de jeter toutes leurs forces dans une course effrénée, traverser

des cours d’eau, enjamber des fossés, galoper dans des champs encore et encore.

Complètement désorientée la laie et ses petits s’approchèrent de la civilisation, d’habitations, d’un village, l’écho de leurs sabots jusque là

sourd, résonnait sur l’asphalte.

Deux faisceaux lumineux couleur blanc froid, transpercèrent le rideau opaque, éclairant faiblement le pont et ses occupants!

En l’espace d’une seconde, par les caprices de la destinée, dans un bruit monstrueux de tôles déchirées, telle une poupée de chiffon, la

conductrice fût secouée aux rythmes des soubresauts du véhicule, qui s’immobilisa dans un parapet luisant du pont.

Un long frisson traversa son corps, langage probable de l’onde de choc, dans ses yeux immenses on pouvait lire la stupeur!

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10 janvier 2015

Le miroir (Krystel)

Miroir,oh mon beau miroir!

Qu’elle est donc cette vieille femme qui me scrute de son regard sombre et triste?

Les cernes sont soulignées par le Rimmel ,qui n’a pas résisté au rythme effréné de cette fin de matinée.

Mon visage au teint olive semble suspendu dans les profondeurs du miroir.

Sur mon front, je repousse une mèche blonde qui tente de s’échapper de mon chignon.

Une ébauche de sourire s’élance sur mes lèvres fines,comme si personne ne pouvait résister à l’emprise de ce grand réfléchisseur.

Sa tendre complaisance à mon égard efface en un instant toute mélancolie.

Quel ami sincère!Usant de son empathie,il se penche sur nos vies,reflète nos états d’âmes pour révéler nôtre inconscient à celui qui veut bien voir.

Derrière moi,une voix impatiente s’élève: «Mais enfin Maryléne,que faîtes-vous?»

Je fais un clin d’oeil à mon complice,et m’en retourne auprès de Blanche.

J’observe la carnation pâle de son joli minois,encadré par ses longs cheveux bruns,ses yeux noisettes m’interrogent.: «Si vous ne vous pressez pas ,m’implora-t-elle,je vais être en retard à ma séance!»

«Allons,la rassurais-je,vous avez rendez-vous à onze heure,nous avons le temps il n’est que dix heure.»

Elle haussa les épaules et pivota sur le bord de son lit,ses longues jambes nerveuses pendaient mollement.

Je me saisis de sa paire de baskets et la chaussait rapidement.

Elle se leva,dépliant son long et frêle corps,liane vacillante que je soutenais fermement.

Je l’accompagnais dans la salle de bain,pour elle, chaque pas est une épreuve d’équilibriste.

Elle s’assied face au miroir et mesure le chemin parcouru.

Ses mains fines se tendent vers ce destin perturbé,ses doigts s’immiscent dans le creux de la cicatrice qui orne sa tempe droite,sous la peau du crâne semble battre un coeur,fragile sans sa carapace osseuse.

Son apparence a tellement changé,ses petits anges oseront-ils l’enlacer,l’embrasser?

Calmement elle attrape sa brosse à cheveux.

Tenter un geste rationnel pour appréhender l’irrationnel.

Je pose une main amicale sur son épaule,je suis très impressionnée par son courage.

«Vous êtes une femme magnifique Blanche!»Murmurais-je.

Miroir,oh mon beau miroir,vous êtes donc cette femme qui veille sur moi!

 

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