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Le défi du samedi
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21 mai 2011

LORSQUE L'ORDI PARLE (Joye)

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14 mai 2011

FRAGILE (Joye)

- Mais attention ! Môman est trrrrrrrrrrrrrès fragile ! me cria le monsieur dont nous accueillions la mère à Brix-les-Eaux, la maison de retraite où je travaillais depuis déjà trop longtemps.

Je regardais Fiston de travers. Fragile mon œil au beurre noir, sa Môman  pesait au moins cent cinquante kilos !  Déjà mon lumbago me jouait du tambour aux reins en voyant cette prépondérance fourrée dans le siège à passagers. J’avais mal aux pieds, comme d’habitude, car depuis le début de mon service ce jour-là, je n’avais pas eu le temps de m’asseoir.

Je lui fis mon meilleur sourire de diplomate, et puis je l’effaçai. J’avais encore oublié que la dent - cassée la semaine dernière par un résident en délire - se voyait. Je fis donc vite pour cacher mon embarras.

- Mais bien sûr, Monsieur. Madame votre mère sera ici comme chez elle, un trésor chéri pour tout le monde.

Fiston me fit un air de hibou coupable, mais je hochai la tête pour le rassurer. Ma C-1 me faisait encore mal, je m’étais cogné la tête plus tôt ce matin-là après avoir glissé dans une flaque d’urine devant la porte d’un monsieur qui avait hardiment arrosé ses quatre-vingt-douze ans.

Je reconnus tout de suite Fiston, le genre est assez commun : petit homme frimant la cinquantaine, jamais marié, dévoué à sa Môman, qui fut pour lui une sainte. Mais leur martyre mutuelle s’approchait à sa fin. Peut-être la fiancée de Fiston était-elle fatiguée d’attendre ces derniers vingt ans, pour que Môman  l’accepte, ou qu’elle crève.

C’était souvent ainsi. Et les femmes fragiles comme Môman  vivaient parfois trrrrrrrrrrrrrrrès longtemps, voire trrrrrrrrrrrrrop longtemps pour les femmes comme Huguette qui attendaient tragiquement que leur future belle-môman les embrasse…

- Mais attention ! hululait le hibou dans mon oreille. Vous allez la laisser tomber !

Je ne répondis pas, il me fallait tout mon souffle pendant que je tirais sur les gros bras de Môman, gluée comme une sardine géante dans la Mégane. Et puis, pop ! elle se retrouva miraculeusement dans le fauteuil roulant.

Je vis déjà des reproches inquiets aux yeux ahuris de Fiston.

- Vous avez trop tiré sur ses bras, monsieur ! me reprit-il. Elle aura certainement des bleus ! Sa peau est délicate et…

- Fragile, oui, monsieur, je sais, je lui répondis, tout en me frottant mes propres bras qui brûlaient de l’effort nécessaire pour sortir Môman de son char. Je vis encore la vieille morsure au poignet gauche, faite par une résidente qui s’était souvenue pendant que je lui brossais les cheveux qu’elle avait encore deux ou trois dents…tout naturellement, elle avait voulu voir si ses quenottes d’autrefois marchaient encore…

Je me penchai vers le fauteuil.

- Mais je crois bien que Madame n’a rien eu. N’est-ce pas madame ?

En guise de réponse, Môman lâcha un gros pet spectaculairement dégueu. Même un ado en colonie n’aurait pas su mieux faire.

- Vous voyez, monsieur ?  lui souris-je. Votre mère pète la santé !

Fiston resta muet. Pour me reprendre, il aurait été obligé de reconnaître que la flatulence de sa môman n’avait vraiment rien de fragile. Je revis pendant quelques instants dans ses yeux une vieille lutte entre le devoir et la liberté avant que Fiston ne la maîtrise.

Nous repartîmes vers la chambre qui attendait. Fiston grommelait consciencieusement derrière nous pendant que je me débattais contre le poids impossible du fauteuil.

7 mai 2011

rien à faire... (Joye)

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30 avril 2011

Une Histoire émouvante (Joye)

 
 
 
 Germaine, le manager d’un manège déménagé, gémit et rangeait ses rangers, sans manger, au ménage dément du manège. Déménager des manèges démange des managers âgés qui mangent aux ménages  déments.  Et démanger les déménageurs démentent les démangeaisons des managers déments que gêne le drame et que la merde gêna.

Dan, un gendarme de marge, géra le ménage dément  de Germaine, et aménageait des grenades au manège du ménage du manager.  Démangé par le déménagement et ses démangeaisons,  Dan demanda à ménager les rangers du manager.  La rage démente de Germaine mena à sa mort, et Dan, en danger, se déménagea.


Moralité :


Déménager les rangers des managers dérangés mène au danger géant.


 

23 avril 2011

ECHOLOGIQUE (Joye)

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16 avril 2011

HUIT PETITS COEURS ET UN GRAND (Joye)

9 avril 2011

QUE VOYEZ-VOUS QUAND VOUS FERMEZ LES YEUX ? (Joye)

Denis et Diane étaient des jumeaux. Ils avaient les mêmes yeux noirs, les mêmes cheveux gras, la même peau cireuse, les mêmes joues creuses. Ils vivaient au bout d’un long chemin, vraisemblablement dans une maison, qu’on ne pouvait pas voir depuis l’autoroute.  On disait que c’était quelque chose d’affreux, avec des trous dans les murs, et des poules se promenant dans la cuisine, des cochons faisant leur sieste dans le living.

Ce n’était pas la robe de Diane qui allait nier cette rumeur. Elle en avait peut-être d’autres, mais elle portait toujours la même, une petite affaire immonde, à carreaux, avec une mince ceinture usée autour de sa taille incertaine. Ses socquettes grisâtres tombaient toujours aux talons, se réfugiant dans ses chaussures noirâtres avec leurs lacets effilochés. Lorsqu’elle souriait -- et elle souriait beaucoup lorsqu’on la regardait -- on voyait que ses dents de devant avaient été cassées. Maintenant, je sais que cela dut faire très mal, l’accident qu’elle put avoir, mais à l’époque, je n’y pensais pas. C’était laid, c’est tout.

Un jour de printemps à la récré, quelques copines parlaient des feux d’artifice. Je n’en avais jamais vu. Sans vouloir admettre que mes parents se levaient tous les jours avant l’aube pour traire les vaches, ce qui faisait qu’ils n’avaient ni le courage ni l’envie de nous amener en ville tard le soir pour voir cela, j’écoutais les autres témoins, avec déférence et sans me prononcer.

Soudain, nous entendîmes la voix rare et graveleuse de Diane, qui avait osé s'approcher.

-  Si l’on ferme les yeux et les frotte très fort,  on peut en voir, des feux d’artifice.

Silence. Personne ne la regarda. C’était comme si elle n’avait rien dit.

Elle attendit un peu, et lorsqu’on ne répondit pas, elle s’éloigna, ses godasses éraflées faisant un bruit solitaire dans le gravier.

Après cela, elle n’essaya jamais de nous parler.

Je ne sais plus ce qui arriva à Denis. À un moment donné, il arrêta de venir à l’école. Cela ne dérangeait personne. Il était vite oublié. Il est morti il y a quelques années, mais je ne sais pas comment.

Sa sœur continuait à être là, toujours au fond de la salle, chétive, invisible dans sa robe honteuse, ses dents cassées luisant dans un sourire constant,  jusqu’au jour où son ventre commença à s’arrondir. Elle ne venait plus aux cours de gym. On se chuchotait en rigolant que c’était Denis le papa. Je reconnais aujourd’hui que c’était peut-être vrai.

Sans trop savoir pourquoi, j’aimerais la retrouver et lui demander comment elle va, si elle se maria. J’aimerais lui parler de la méchanceté inconsciente et abominable des enfants qui ont parfois la chance de grandir moins cons.

J'aimerais lui dire qu'à chaque fois que je ferme les yeux en les frottant très fort, je peux la revoir, au plein milieu des feux d’artifice.

2 avril 2011

J'ARÊTE ! (Joye)

 

POISSON D’AVRIL, QUOI-T’EST-CE ? VOUS ETES TOUS FOUS OU QUOI ?

JE N’AI RIEN COMPRIS DE CETTE CONSIGNE ! aLORS, JE NE PARTICIPERAI PAS CETTE SEMAINE. MERCI.

26 mars 2011

Au fond de l'encrier (Joye)

 

Au fond

De l’encrier

Tous ces mots

Déjà oubliés

Je vois

Le noir

Où se noie

Tout mon désespoir

Na na na na na na na

Silence

Ébène

Où demeurent

Tous mes mots de peine

Ils restent

Muets

Tous ces mots

Jamais exprimés

Na na na na na na na

Les mots qui restent cachés

À chaque fois que je me tais…

Au fond

De l’encrier

Vivent les mots

Que j’ai rejetés

Des mots

Subtils

Pour absoudre

Mon cœur inutile

Na na na na na na na

19 mars 2011

COUP DE TÉLEF (Joye)

Allô, Dieu, c’est moi, Bat-Chen à l’appareil.

Pardon ?  Tu ne te souviens pas de moi ?

Bah si, tu sais, la femme de Lot…

Hein ?  Qui c’était ?

Ben, c’est vrai que ça fait déjà un moment ! Lui, c’était le neveu d’Abraham ! Lot, le seul homme honnête à Sodome…et moi, sa femme, qui n’a jamais eu de nom dans la…

Ouais, voilà, tu y es.

Pardon ?

Pourquoi je t’appelle ?

C’est que cela me tracasse depuis des siècles, et là, je pense qu’il est temps que tu reconnaisses ton erreur !

Oui, j’ai dit « erreur ».

Non, il n’y a pas de fritures sur la ligne.

Tu ne t’en souviens pas ? Alors ! Permets-moi de te rafraîchir la mémoire...c’était quand tu étais un dieu jaloux et assez dur…bah oui, depuis Adam et Eve, quand même ! Alors, à l’époque où tu te fâchais tout le temps…ouais…et tu voulais tuer tout le monde, et Abraham t’a trouvé quatre gens bien…ouais, nous-mêmes ! Et tu as envoyé des anges chez nous. Merci pour rien, Dieu, t’as vu manger les anges ? Il n’y avait plus rien du tout à la baraque ! Bah oui, hein ? Et puis les voisins sont venus les voir, c’est sympa, non ? et mon homme, tu sais, Dieu, c’était pas le mec le plus brillant du monde, hein ?  Il a dit aux voisins que nos deux filles étaient vierges, et que les voisins pouvaient faire tout ce qu’ils voulaient avec elles, mais qu’il ne fallait toucher aux anges…

Bah non, c’est toi qui y avais pensé !

Non, je t’assure !

Alors, comme je disais…et puis, tu as dit à mon homme de nous mener dans la montagne, et qu’il ne fallait surtout pas regarder en arrière…

Alors, d’abord, c’est malin, ce truc, on dirait que tu l’avais volé chez les Grecs, hein ? L’histoire d’Eurydice.

Eurydice. E-u-r-y-d-i-c-e.

Ah bon, au moins tu reconnais…Mais Dieu, tu sais le pire ? C’est que ce crétin de Lot ne m’en a rien dit !

Non, je te le jure ! Pas un traitre mot ! Et c’est comme ça que j’ai été transformée en pilier de sel.

Tu parles que c’est dingue ! Et tu ne veux pas savoir ce que ce con a fait avec ses deux filles dans la montagne, hein ?

Non, non,  j'peux pas te le dire, c’est trop dégueulasse…

Alors, oui, merci. J’accepte tes excuses.

Ah oui ?  Tu peux ? Refaire l’histoire afin que ce soit Lot le puni ?

Oh, après tout ce temps, ce serait trop cool, merci beaucoup !

Ben oui, faudra que tu passes à la maison, un de ces beaux quatre, on trinquera à ça.

Okay, Dieu, merci beaucoup pour ta compréhension! 

Oui, oui, tout plein de choses à Marie aussi, oui !

Allez, bisou. À bientôt !

12 mars 2011

LES PETITS OISEAUX DU PRINTEMPS (Joye)

C’était son dernier billet et tout ce qui lui restait à part quelques pièces. Philippe le refourra dans la poche de sa veste démodée et un peu sale aux pans effilochés.

Demain, il irait encore chercher du travail, faire sa demande, regarder droit dans les yeux tous ceux qui le refuseraient encore, le mépris à peine caché dans leurs yeux.  

Mais aujourd’hui, un beau dimanche de printemps, il allait manger.

Manger. Rien que le mot lui mettait de l’eau à la bouche.

Il se souvint de son dernier repas, il y eut deux ou trois jours, à un resto de cœur dans un autre quartier. Philippe n’avait plus le courage d’aller à celui à deux pas du grenier où il logeait. À ce resto-là, on commençait à l’appeler par son prénom. Il ne supportait pas ça.

À l’autre, il y eut du cassoulet et du bon pain. Une bouteille d’eau. Une poire un peu brunie, certes, mais douce et fondante sur sa langue. Et même, un exprès correct.

Philippe n’osa plus penser au café, le café était trop cher. Le matin, il but un bon verre d’eau du robinet et s’en félicita. L’eau remplissait son estomac vide, s’il en buvait assez.

Il toucha le billet encore dans sa poche et fit des calculs. Il pourrait prendre un steak frites dans un vrai bistro, et l’arroser d’un ou deux  modestes ballons de rouge. Il mangerait comme un homme, quoi. Pour la première fois depuis longtemps...

Il avala et marchait un peu plus vite. C’était le printemps, oui, mais le vent lui mordillait un peu les oreilles, et les rendaient une couleur qu’on appelait rouge furieux. Heureusement que ses cheveux les recouvraient. Personne ne penserait qu’il venait de prendre une cuite.

Arrivant jusqu’à la brocante du quartier, près de la gare, Philippe ralentit ses pas. Il aimait regarder. Les choses ne lui donnaient pas faim. Il pouvait les regarder sans envie et avec une curiosité naturelle et impartiale. Passer devant une boulangerie, par contre, c’était bien plus difficile. Ça, c’était de la torture.

Donc, il prit son temps, flâna délibérément, comme s’il avait l’intention d’acheter. Quelques meubles poussiéreux, des assiettes ébréchées, une drôle de cloche qu’il imaginait fraîchement arraché du cou d’une vache par des larrons campagnards…

Philippe sourit.

Il n’aurait pas dû.

D’un coup, il sentit que quelqu’un tirait sur son pantalon. Il se retourna et la vit, une très petite fille brune, habillée d’un grand sweat troué, d’une jupe crade et des tongs usés.

- Oui ? lui dit-il, enfin.

- Acheter.

Sa petite voix n’était pas plus forte que celle d’un oiselet dans son nid.

Irrésistible.

- Acheter quoi, ma petite ?

Elle lui tint un petit poing crasseux.

- Qu’est-ce que t’as là, ma belle ?

La petite fille ouvrit lentement sa main. Sur sa paume restait une bille bleue et verte.

- C’est quoi, ça ? Une bille ?

Elle hocha la tête, le fixant avec ses grands yeux noirs.

- C’est très joli, tu sais.

Philippe se retourna pour repartir. Son estomac lui rappelait cruellement le steak-frites promis.

- Acheter ! vint encore le pépiement.

- Oh, je voudrais bien, ma chérie, mais, tu vois, je n’ai pas d’argent !

Il se pencha et la regarda dans les yeux, où il vit quelques larmes prêtes à s’échapper et jaillir sur ses petites joues maigres. Il l’examina de plus près. C’était évident que la petite crevait lentement de faim.  Combien de temps faudrait-il avant qu’une petite fille meure de faim ? Un mois ? Deux ? Combien de temps lui restait avant que ses petites jambes ne la portaient plus ?

Philippe se redressa encore. Après tout, il n'en était pas fier, mais lui aussi, il avait faim...

Il rentra quelques heures plus tard. Un crachin fin avait mouillé sa veste, ses souliers et ses cheveux grisâtres. Il enleva la veste et la drapa sur la chaise cassée près de l’évier.

- Ah oui, un bon verre d’eau, pensa-t-il.

Il chercha son verre sur la table, à côté du vieux bocal qui contenait ses dernières pièces.

Son verre rempli d’eau, Philippe sortit la bille bleue et verte de la poche de sa veste et la plaça doucement dans le bocal.

Et puis il but goulûment, le chant des petits oiseaux du printemps plein les oreilles.

5 mars 2011

LE DICORDINAIRE ENCYLOPHONIQUE (Joye)

 Claves.  Voir Princesse de.

Congas, (Jèmsée), danseuse étoile de l’orchestre de Xavier Cugat.

Cymbales, quantité d’argent.  Voir aussi Torépa.

Mailloche, moutarde vivement épicée d’Asie. « Y a que la Mailloche qui m’arrachent les amygdales » (slogan publicitaire des années 90).

Maracas, capitale du Vuvuzuela.

Tam tam, 1. ancêtre amérindien de l’Internet  2.  Mat-mat pour les dysléxiques. 3. Boisson forte qui cause des élancements dans les oreilles

Timbale, 1. grand plaisir de manger. « Ça timbale ? » - Mme de Lafaillence, La Princesse de Claves.   2. petite quantité d’argent. Voir aussi Torépa.

Triangle, instrument vestimentaire qu’utilisent les forts pour rentrer dans leur short bermuda.

Vibraphone, instrument ancêtre du taser qui paralysait tous ceux condamnés à l’entendre.

Xylophone, instrument ancêtre du vibraphone. Le xylophone de mon oncle se trouve sur le vibraphone de ma tante. Voir aussi Torépa.

26 février 2011

ADIEU‏ (Joye)

franchir

Un jour, toi aussi, tu passeras par ce portail.

Tu repartiras, sans regarder en arrière,
ton col défait,
tes cheveux ébouriffés par la brise chaleureuse.


Tu traverseras le pré ensoleillé.
Il y aura des trous de verdure, quelques haillons,
un ruisseau,
mais tu ne les verras pas.

Le soleil sera chaud sur tes épaules,
tu respireras l'air d'un après-midi d'été,
le chant des alouettes
t'accompagnera
et nous entendrons, de loin,
les échos de ton rire qui s'éloignera peu à peu.

Nous ne t'attendrons pas, mon amour,
car tu ne seras pas de retour
avant que la nuit ne retombe sur nous tous.

19 février 2011

TRADUTTORE, TRADITORE (Joye)

- Blédurt !

- Oui, monsieur !

- Traduisez-moi ça, voulez-vous ?

- Euh, moi ?

- Oui ! J'ai vu sur votre CV que vous maîtrisez plusieurs langues, comme l’anglais, n’est-ce pas ?

- Euh, yes..

- Bien ! Traduisez-moiTraduisez-moi ça, il me le faut pour la réunion de treize heures.

- Mais, on est midi vingt, là. Je n’ai pas encore man…

Il me coupa la parole, l’urgence dans sa voix.

- Bah non, mais bon, le texte n’est pas long. Allez, Blédurt, on compte sur vous et vos compétences !

Rien à faire, je filai à mon ordi et je fis traduire le texte par BabelfishBabelfish !

Alors, la consigne de cette semaine est à propos des machines. Saviez-vous que les machines peuvent faire de la traduction maintenant ? On n’a plus besoin d’apprendre une autre langue ! Les machines le feront pour nous ! Elles sont nos bonnes amies !

Ce qui devint, en quelques secondes :

Then, the instruction of this week is in connection with the machines. Did you know that the machines can make translation now? One does not need more to learn another language! The machines will do it for us! They are our good friends!

Midi vingt-quatre, je présentai le docu au chef qui ne le regarda pas, mais qui dit « On vient de me signaler que Mr. Jones amène son collègue d’Amsterdam. Faites-nous une copie en néerlandais, vous avez largement le temps. »

Gulp. Bon, ce fut rebelote chez BabelfishBabelfish. Je filai le docu à mon chef.

Dan, is de instructie van deze week met betrekking tot de machines. Wist u dat de machines vertalingvertaling kunnen nu maken? Men heeft geen meer nodig om een andere taal te leren! De machines zullen het voor ons doen! Zij zijn onze goede vrienden!

Il ne put pas cacher son plaisir. Je repartis, prêt à aller manger, mais pas deux minutes plus tard, la secrétaire de mon patron vint en courant.

- Désolée, monsieur, mais votre document a été déchiré par le Xerox, pourriez-vous nous en refaire un en français ? 

Je lui souris. C'était une jolie nénette. Ce serait bien qu’elle me soit un peu obligée. Mon pote BabelfishBabelfish retraduisit le document du néerlandais vers le français :

Alors, l'instruction de ceux-ci est a cédé en ce qui concerne les machines. Vous avez-vous sus que les machines peuvent maintenant faire la traduction ? On ne doit pas apprendre aucun davantage nécessaire pour une autre langue ! Les machines le feront pour notre ! Ils sont nos bons amis !

Pour éviter d’autres désastres et pour pouvoir enfin aller manger, je décidai de les épater tous en faisant une version du néerlandais vers l’italien en repassant par l’anglais  :

Then, l' instruction of these has yielded regarding blots some to them. You have them sus that he blots some can now make the translation to them? The necessary one for un' does not have to be learned; other language! It blots some will make it for ours! They are our good friends!

Ce qui devint :

Allora, l' istruzione di questi è ha ceduto per quanto riguarda le macchine. Li avete sus che le macchine possono ora fare la traduzione? Non si deve apprendere il necessarionecessario per un'altra lingua! Le macchine lo faranno per il nostro! Sono i nostri buoni amici.

Et enfin, cerise sur le gâteau, une dernière en français.

Qu’est-ce qu’il allait être content, mon boss ! J'allais prendre mon temps à table, je l'avais mériter. Je pris alors quelques minutes pour ranger...personne ne se plaindrait si je prenais le reste de la journée... Hélas, même avant d'avoir le temps de penser à comment dépenser l’augmentation qui ne devait pas tarder, je vis le boss à la porte de mon bureau, son visage rouge comme un homard.

Il me fallut quelques secondes pour comprendre que j’étais renvoyé. Mais beaucoup plus pour saisir le sens du dernier document que j’avais filé au patron juste avant son grand meeting…

Puis, l' ; l'instruction de ces derniers en a rapporté concernant des taches leur. Vous les avez sus qu'il en éponge peut maintenant leur faire la traduction ? Le nécessaire pour un' ; ne doit pas être instruit ; l'autre langue ! Elle en éponge la fera pour le nôtre ! Ils sont nos bons amis !

Bah ouais, avec des amis comme ça, on n’a aucun besoin d’ennemi !

12 février 2011

THE AMAZING TRAVELS OF FOOTSWORTH SCHOEMAKER, Volume 1 (Joye)

On volait déjà à dix mille pieds dans le petit coucou et mon compagnon, Pedro Ortega, tapait des pieds d’impatience.  Lui qui tomba aux pieds d’une belle Italienne l’été dernier voulait bien remettre les pieds dans le Piedmont, histoire de se jeter encore à ses pieds (à la nénette, pas au mont) et lui déclarer son amore et son désir de vivre de grand pied avec cette ragazza pour toujours !

C’est qu’il me cassait les pieds avec de tels histoires, je me raidissais sur mes pieds à chaque fois que je l’entendais, j’avais envie de lui filer un coup de pied dans ses stupides fesses.

Oui, ça volait bas dans ce coucou, trop bas ! Je voulais bien que le pilote mette son pied sur la pédale, comme on dit (il fallait plutôt retirer sur le joug, pour ceux d’entre vous qui prennent les histoires au pied de la lettre et se connaissent en aviation, mais bon, c’est mon histoire, n’est-ce pas, alors je la raconterai comme je veux, même si ça sent des pieds, merci, vous n’avez pas à vous y emmêler les pieds, hein ?  Merci. Non, je ne me suis pas levée de pied gauche ce matin, non, merci, non, tout va bien. Parce que je vous le dis hein ? Bon ! On ne se mettra pas sur le pied de guerre pour si peu, hein ? Bon. On se comprend !).

Alors, où en étais-je ?  Ah yes…l’avion qui volait trop bas. S’il ne s’élevait pas plus rapidement, on allait devoir sauter à pieds joints. Ce pilote volait comme un pied ! J’allais devoir le remettre à pied.

Je me levai.

- Où tu vas, Footsworth ? me demanda Pedro.

- Aux toilettes.

- Y a pas de toilettes dans ces petits coucous, Footsworth Shoemaker, tu es bête comme mes deux pieds !
Bon. Il avait raison pour les toilettes. Je me rassis.

- T’as un Kleenex ?

- Pourquoi ?

- Parce que je ne me mouche pas du pied !

Pedro me regarda avec de grands yeux, comme si j’avais les deux pieds dans le même sabot. C’était clair qu’il ne savait pas sur quel pied danser.  Alors, je lui fis un petit pied à nez, et il se mit à rire.

L’avion montait un peu plus correctement, et je me sentais enfin plus à l’aise.

Le reste du voyage eut lieu plus ou moins normalement, même si je ne veux jamais plus remettre le pied au pied du Piedmont où Pedro souhaitait enfin prendre son pied avec sa bella, Punta Grassa.

5 février 2011

LA MALADIE MALGRÉ ELLE (Joye)

- Bonjour madame.
- Bonjour docteur.
- Et pourquoi consultez-vous ?
- C’est pour une phobie.
- Très bien. Laquelle ?
- C’est pour une hippopotomonstrosesquipedaliophobie.
- Pardon ?
- Une hippopotomonstrosesquipedaliophobie.
- Ah bon ?
- Oui.
- Depuis longtemps ?
-  Oui.
-  Et pour cette …euh…
- Hippopotomonstrosesquipedaliophobie.
-  Oui…j’étais sur le point de le dire….quels sont vos symptômes ?
- Panique.
- Et…
- Je tremble.
- C’est tout ?
- Je ne dors plus.
- Ah ?
- Oui.
- Pourquoi ça ? Vous faites des cauchemars ?
- Oui.
- Et qu’est-ce qui se passe dans ces cauchemars ?
- Je cours.
- Pourquoi ? On vous poursuit ?
- Oui.
- Qui ?
- Eux.
- Qui eux ?
- Giscard d’Estaing.
- Oh ? Et qui d’autre ?
- Beaucoup d’autres, mais je ne sais pas qui c’est.
- Et ils vous menacent ?
- Oui.
- Comment ?
- Avec des mots !
- Avec des mots ?
- Oui, c’est horrible ! J’ai jeté  mon Grand Robert à la poubelle, je ne pouvais plus supporter de le voir.
- À cause d’Alain Rey ?
- Non, à cause de mon hippopotomonstrosesquipedaliophobie.
- Mais…si vous avez peur des hippopotames, quel rapport avec les dicos et Giscard d’Estaing ?
- Docteur…
- Oui ?
- Vous savez ce que c’est, n’est-ce pas ?
- Eum…non, pas vraiment.
- Mais quel escroc ! Je m’en vais !
- Soit, madame. Mais avant de partir, éclairez ma lanterne. C’est quoi votre phobie, au juste ?
- L’hippopotomonstrosesquipedaliophobie, monsieur, est la peur des mots trop longs !

29 janvier 2011

DU BANC EN BAS (Joye)

Le parfum de ces roses me fera toujours penser à elle, ma puce.

Je sais que je te l'ai déjà racontée mille fois, mais je prends plaisir, comme tu le sais si bien, à me rappeler…

Le matin, lorsqu'elle ouvrait discrètement les volets, je la devinais en train d’étirer les bras. La jeune veuve baillait, soupirait, et peu après, je sentais son café, prêt à boire. J’imaginais la fumée autour de sa tête, ses tendres lèvres posées prudemment au bord du bol.  Quelques minutes après, elle venait fumer une seule cigarette au balcon, calmement, délibérément, avant de commencer vraiment sa journée.

Le dimanche, en bas de sa fenêtre, et ensuite sur le même banc en face,  j’attendais sentir le parfum de ses cheveux, fraîchement lavés, qu’elle faisait sécher au soleil. Parfois, en les peignant, elle fredonnait légèrement une petite mélodie insouciante.

Dans la fraîcheur exquise du soir,  je pouvais encore l’entendre à l’intérieur, parfois chantant, parfois riant. La musique de sa voix s’évadait comme un joyeux réchappé d’un pénitencier, se faufilant et tombant sur mes oreilles avides et solitaires dans l’obscurité. J’aurais volontiers pris leur place auprès d’elle, tout près de cette bouche convoitée…

Chaque soir, le crépuscule s’annonça dans le doux claquement de ses volets.

Mais moi, enveloppé par le velours nocturne, restais toujours encore un peu en bas, à revivre tous ces petits moments de la journée, illuminés de plaisir…

- Et elle était comment, Papy ?  murmura la petite fille à mes genoux.

- Je n’en sais rien, ma puce, tu sais bien que je ne l’ai jamais vue.

- Oh, soupira-t-elle, c’était alors après…

- Oui, ma puce, bien après.

Je lui caressais la tête. Ses boucles lisses sous mes doigts faisaient répandre une vieille, douce chaleur dans ma poitrine. J’entendis sa respiration régulière qui me disait qu’elle s’était endormie. 

Déplaçant un peu son peu de poids doux et chaud de son petit corps, d'un genou à l'autre, sa tête bouclée  pressée encore contre ma poitrine, je pensais aux autres comme moi, aveuglés, pas par l’amour d’une femme, mais par la haine des hommes.

22 janvier 2011

L'EMBARRAS DU CHOIX (Joye)

Chaque samedi vient le défi d'écrire un joli texte.

La consigne, elle, est toujours belle et  nous sert de contexte.

Cette semaine, c'est une scène de la nature en joie

Et à nous d'en écrire un texte. C'est l'embarras du choix !

paysage

Peut-être un texte nouvelle vague ?

swirl

Ou bien un texte flou ?

blur

Un bel écrit tout en folie ou juste un peu trop fou ?

Fisheye

Je peux me proclamer prodige...

painting

Ou bien filer un grand vertige...

spirale

Peut-être un schéma narratif...

sepia

Un point de vue très négatif...

negatif

Assez absurde ou factuel...

newsprint

Pourquoi pas tous ?

Yeah ! What the hell !

tous

Vous voyez donc le résultat de m'avoir mise dans cet état

De choisir comment réagir. Pour limiter, c'est le délire !

Merci alors pour l'embarras de m'avoir offert tant de choix !

Bravo à vous, et re-merci ! Mon texte est maintenant fini !

15 janvier 2011

À L'ÉPICERIE D'ART (Joye)

Nina, en Petitjean, son Cabat et sa bourse.

Qui Seurat bien fidèle, Lhermitte convoitée,

Au rendez-vous Degas, son amour à Vouet.

Cette belle artiste fait l’art de toutes ses courses.

Pinceaux, palette, et huiles, comme l’eau de la source

Pour cette jolie fée. Tant de charme É. Manet,

Son si tendre Bouquet, un parfum pour Monet,

Hélas ! de Bonnefoit, j’oublie toutes mes courses !

Si j’étais son Poussin ?  Elle sourit mais Baille…

J. Restout Clouet, mon pauvre cœur chamaille…

Son regard trop Léger rend bien Gros mon chagrin !

Je me Courbet pour faire signe Delacroix.

Perdant la Battaille, je suis resté pèlerin

À l’épicerie d’art, c’est là où Vanina.

8 janvier 2011

Le jeu (Joye)

Trouvez le cyclope MOLOCH et assassinez-le au rez-de-chaussée, tout en sauvant Atlante, l'étudiant avant la suspension du jeu ! Mais attention ! Il est bien protégé par un assassin pince-sans-rire  : Le Walrusator !! Pour commencer, cliquez sur "PLAY GAME". Utilisez votre souris, visez le Walrusator  - qui aura un ou deux mots à vous dire - et cliquez pour tirer. Souvenez-vous que si l'on vous prend ou vous tue, les Défiants du Samedi nieront leur complicité dans vos actions. BONNE CHANCE !

 

 

 

 

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Le défi du samedi
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