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Le défi du samedi
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5 septembre 2015

Kithara (par joye)

M57 est parmi les objets les plus connus du catalogue Messier. – Wikipedia

lyre

Appelez-moi M57, je vous expliquerai pourquoi.

Je pourrais vous parler des étoiles, mais je ne suis pas assez brillante.

Je pourrais vous parler de la musique, mais je n’ai pas assez noté.

Je pourrais vous expliquer pourquoi le gars sur la photo de la consigne est tout authentique, sauf pour son Samsung qu’on voit juste derrière lui sur la table, mais ce serait méchant et cynique, et aujourd’hui, je n’ai pas envie d’être méchante.

Non, aujourd’hui, j’ai envie de parler de tout sauf de cette image.

J’ai envie de parler des claques et des tracteurs et des cadavres des gamins cruellement rejetés sur la plage.

J’ai envie de parler des flots sur l’océan, des flots d’individus désespérés. Je veux parler des continents de plastique qui se trouvent sur la surface de l'eau, des continents où personne ne peut vivre mais où toute personne a vécu. J’ai envie de parler des montagnes disparues sous les pieds des hommes. Mais c’est trop triste. Peut-être quelqu’un d’autre pourrait-il en tisser de beaux vers fleuris, beaux comme des tapis, parsemés de l’espoir des rires. Pas moi.

J’ai envie de parler de la pluie et du beau temps. Tiens. L’automne arrive, doré. C’est la saison la plus épatante, la plus philosophique, la plus sage. L’automne ne nous ment pas, comme nous fait le printemps. Il ne nous punit pas, ne nous fiche pas de gelures et de brûlures comme font l’hiver et l’été. L’automne nous berce si nous le lui permettons. Et si l’on s’endort dans ses bras, on peut dormir pendant les mois  et les mois de neige et de glace, afin de se réveiller juste avant l’arrivée du printemps avec ses petites duplicités qu’on apprend à pardonner.

Mais aujourd’hui, je ne dors pas. Je ne pardonne pas, et je ne demande pas à être pardonnée.

Aujourd’hui, je veux rire et pleurer, parler et me taire. Je veux aimer et haïr, comme bon il me semble.

Aujourd’hui, je veux marcher, trébucher, tomber, me relever, et marcher encore en rêvant.

En fait, aujourd’hui, le monde entier vient vivre dans ma tête, tout sauf l’homme sur cette image, habillé comme au passé, avec son instrument et son smartphone.

Appelez-moi donc M-57,  car aujourd'hui, je suis bien la nébuleuse de la Lyre.

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29 août 2015

Photo-Roman, le film (par joye)

22 août 2015

Couikapédie (par joye)

Talon aiguille

Pour le film de Pedro Almodóvar, voir Talons aiguilles.

 

talon petitChaussures à talon aiguille.

Le talon aiguille est une forme de torture mince et haute, généralement attribuée aux chaussures et aux bottes, et d'autres godasses, quoi,  habituellement portées par les folles maso. Elles (les godasses, pas les meufs) varient originellement entre 2,5 centimètres (1 pouce) et 25 cm (10 po) voire plus lorsqu'une semelle épaisse comme celles des écrase-merde portées par Frankenstein est incluse dans la fabrication. À la fin des années 1950 et au plus tôt des années 1960, la forme de leur pointe, conçue par des cordonniers italiens, ne dépassait pas 5 mm (les talons, pas les Italiens…quoique…) mais il faut admettre que les gens étaient plus raisonnables à cette époque-là. Cet accessoire de mode a toujours symbolisé la misogynie éhontée. Les talons aiguilles modernes sont fabriqués à base d'un plastique moulé et possèdent généralement une tige ou un alliage en métal pour le renfort – ce qui n’est pas à confondre avec le confort, qui est inexistant. N'importe quel vendeur qui vous prétend qu'il y en aura est un sacré  menteur.

Le talon aiguille possède sa propre histoire, démontrée par des dessins fétichistes datant des années 1800 comme un fantasme sexuel. Toutefois, on est ici sur un forum classieux de bon goût et on n’a aucune intention de vous raconter des histoires comme font les gamins boutonneux à la récré, à quelques rares exceptions de près.

On prétend que ces instruments de torture donnent l'illusion optique d'une jambe plus longue et plus mince, ainsi que d'un petit pied, et une plus grande hauteur. Ils modifient également la posture, la démarche, la flexion des muscles du mollet. Ils font aussi un buste et des fesses plus proéminentes, car l’on sait bien qu’une femme sans buste ni fesses proéminentes n’a aucune valeur dans la société d'aujourd'hui.

deformityParce que les talons aiguilles transmettent une grande quantité de poids dans un espace restreint, la grande pression transmise par un tel talon peut causer  cause (il faut être bien crétin pour croire l’autre formulation) des dégâts physiques aux pieds qui sont condamnés à les porter. Mais puisque la santé physique n’a jamais été importante pour la race féminine, on continue à les fabriquer, à les acheter et à les porter comme si rien n’y était.

15 août 2015

La clairière lointaine (par joye)

Le ciel était bleu clair et les bananiers balançaient dans la brise tropique.

Deux individus, inconscients des autres, et en train de se parler, s’éloignaient, les yeux sur le chemin pointillé par les ombres des feuilles au-dessus de leurs têtes. Plusieurs minutes passèrent. De temps à autre, il pouvait sentir son parfum ambré ; de temps à autre, elle sentait la chaleur de son corps impressionnant.

Elle était d'une fraîcheur jeune et belle. Lui possédait une présence mûre et attirante. Une passion fougueuse les attendait sans qu'ils s'en rendirent compte.

Après un moment, ils arrivèrent à une clairière où une petite source babillait. Les deux se penchèrent en unisson pour s’y rafraîchir. Ils burent longuement, pendant que les oiseaux et les grillons leur chantonnaient une musique palpitante, destinée exclusivement à leurs oreilles.

Une irrésistible chaleur émanant du sol les enveloppa. Quelques papillons de couleur éclatante flottaient ci et là. Enfin un, d’un jaune superbe, se posa sur son épaule à elle.

Il regarda avidement sa peau étincelante. Elle, consciente de son regard insistant, frissonna et eut un geste pour s’écarter de lui, mais, finalement, ne put y résister, et, le moment d’après, sa bouche pulpeuse tremblait de désir…

Ne pouvant plus, il la saisit brusquement et la serra contre son cœur.

-  Non ! Non ! murmura-t-elle enfin, bien qu’elle fondât dans son étreinte. On ne peut pas !

-  Si, on peut, insista-t-il d’une voix étranglée. 

-  Non !  C’est trop fou, tu es père de famille !

Soudain, il revit sa ravissante petite femme et puis il pensa à leurs quatre bambins adorables.

Secouant la tête, il relâcha à contrecœur sa compagne irrésistible. Après quelques instants, il put encore parler.

- Eh bien, tu as bien raison, mon beau bijou. Je te désire comme pas possible, mais,  il faut penser à ma femme ! Je ne pourrais jamais – au grand jamais -- la tromper.

- Voilà, ­­­­­prononça-t-elle, hochant la tête. Tu ne peux pas la tromper, Babar.

8 août 2015

Hier soir (par joye)

Musique par Mélanie Safka

Paroles par Moi !

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1 août 2015

Barreaux (par joye)

En souvenir de ma grande compatriote, la très regrettée Dr. Maya Angelou.

edit

 

25 juillet 2015

Deuil (par joye)

en deuil

18 juillet 2015

Une Histoire à options (par joye)

Mode d'emploi :

Faites votre choix d'histoire en cliquant sur les images.

Chaque choix vous fera une histoire différente.

Pour commencer, cliquez sur l'icône magique

en bas de la première page.

petite magique

~*~*~~*~*~~*~*~

11 juillet 2015

Oui ou non (par joye)

4 juillet 2015

Il était bien temps que je l'écrive ! (par joye)

click

L’heure, c’est l’heure;

Avant l’heure, c’est pas l’heure;

Après l’heure, c’est plus l’heure.

reverse clock

 Jusqu’à l’heure, ce ne sera pas encore l’heure,

Et bien après l’heure, c’était l’heure à l’heure.

 

(l'heure iowanienne)

À partir de l’heure, ce sera l’heure jusqu’à ce que ce ne soit plus l’heure.

Demain, dès l’heure, ce sera l’heure, mais demain ne sera plus demain demain,

Ce sera aujourd’hui.

 

(l'heure française)

Aujourd’hui était demain hier, mais il n’est plus demain, car demain est demain,

Et aujourd’hui sera hier demain.

moi

(vous êtes ici)

Hier était aujourd’hui hier, et même demain avant-hier, mais aujourd’hui ne sera pas hier avant demain.

D’ici deux jours aujourd’hui sera l’avant-hier, mais avant-hier aujourd’hui était le surlendemain.

(tic tac les aminches)

 Un jour le futur sera le passé,

 Mais ce n’est pas encore l’heure.

repentir

27 juin 2015

Parmi mes lectures... (par joye)

20 juin 2015

Mind the Gap (par joye)

Quand je raconterai la perte d’un bouton,
Et gai élève, et collègue moqueur
Seront tous en fête !
Les gars auront la folie en tête
Et moi du soleil aux seins !
Quand je raconterai la perte d’un bouton
Rira bien mieux les lecteurs moqueurs !

Mais c’est embarrassant, la perte d’un bouton
Où l'on s'en va deux recoudre en rêvant
D’épingles de nourrice...
Boutons manquant aux chemisiers

Libérant à la vue des bouts de sein...
C’est humiliant, la perte d’un bouton,
La vue de dentelle qu'on recouvre en fuyant !

Quand vous en serez de la perte d’un bouton,
Si vous n’avez pas peur des chagrins d'amour-propre,
Evitez les miroirs !
Moi qui ne crains pas les peines cruelles
Je ne vivrai pas sans souffrir un jour...
Quand vous en serez de la perte d’un bouton
Vous aurez aussi des chagrins d'amour-propre !

Je craindrai toujours la perte d’un bouton,
C'est de ces temps-là que je flashé à la classe
Une décolleté ouverte !
Ce stupide chemisier, en m'étant offert
N’aurait jamais été taillé correctement...

Je craindrai toujours la perte d’un bouton
Et le rouge d’humiliation que je garde aux joues !

bouton 2

13 juin 2015

Ismee Djara... (par joye)

ismee djara

الجرّة

viens écouter mes secrets

je suis née dans l’argile de l’antiquité

la terre cuite est mon héritage

depuis des millénaires

je prends forme

sous les mains de l’homme

je lui sers

je porte ses essences et ses vivres

son eau, son huile, ses graines

l’homme aime mes rondeurs

ma beauté,  mon utilité, mes mystères

mes ancêtres sont prisées

recherchées, vendues, gardées

mes contemporaines sont jetées

brisées, abandonnées, méprisées

moi, je m’appelle djara

et mes secrets sont

les tiens

6 juin 2015

Diable ! (par joye)

30 mai 2015

Vous n'allez jamais deviner qui vient de me faire un coucou-surprise ! (par joye)

Eh oui, je n'en reviens pas !  Seul problème, il a mal écrit mon prénom. Oh well...(gros clin d'oeil pour l'amie Venise aussitte)

 

23 mai 2015

En avoir marre, cela arrive à tout le monde (par joye)

16 mai 2015

Instruzione al dente, ne fût-ce Al-Jazeera (par joye)

Obsession-Eau-de-Parfum-SprayQuelques jours après, et non pas avant…

avoir pris possession, ne fût-ce Obsession…pour mieux vous mettre au parfum...

 

mme Pancho Villa

 

de sa somptueuse villa, et non pas la somptueuse madame Pancho Villa,

qui ne portait pas de parfum, dit-on…

 

 

 

Ernst Kazirra,à ne pas confondre avec Al-Jazeera…

aljazeera

rentrant chez lui, et non pas chez Luigi…

luigi 

 

un_chien_andalou01aperçut de loin, parce qu’on n’aperçoit pas de près, même quand ça crève les yeux…

un homme, si c’est un homme, vaudra mieux demander à Primo Levi…

Primo-Levi-007

qui sortait...(c’était son sort, cette sortie)…

une caisse – qu’est-ce, vous pouvez vous le demander…

 

 

 

 sur le dos, de sa clarinette, cela va de sol...

 

zik

 

d'une porte secondaire, car une porte au primaire, c’est élémentaire…

holmes

 

 

pregnant wall du mur d'enceinte, et ça de neuf mois, au moins,

 

et chargeait la caisse maintenant cassée parce que caisse cassée est une question de base…

sur un camion. Un seul, voyez-vous, car c’est en camiant que nous camions. CQFD

 

 

Il n'eut pas le temps de le rattraper avant son départ.

Eh oui, on dit ça…c’est comme écrire « J’aurais mis ci-joint les vingt euros que je te dois,

mais j’ai oublié de le faire avant de sceller l’enveloppe…

 

Alors il le suivit en auto, car l’auto Pilote…

pilote

Et le camion roula longtemps – bah oui, c’était un camion Bontan, et tout le monde sait qu’il faut laisser rouler le Bontan…

jusqu’à l'extrême périphérie de la ville – c’est ça, le Front National, plus extrême que ça, tu crèves un pneu, voire beaucoup…

et s'arrêta au bord d'un vallon…car s’arrêter plus loin au milieu du vallon aurait été trop tard...

***

P.-S. :

Oh dis donc, je viens de m'arpercevoir que je devais terminer l'histoire...

Mais, hélas, trop tard !

J'aurais mis ci-joint ma fin, mais j'ai déjà scellé l'enveloppe...

9 mai 2015

Pour joindre l'outil à l'agréable (par joye)

Vous me connaissez peut-être, j'étais une journaliste internationalement connue avant de devenir inspecteur dans le nouveau service spécialisé de renseignement en France, c'est-à-dire, Valls' Défense Mondiale, ou la VDM

Non, c'est vrai, vous n'avez pas encore entendu parler de mon nouveau département, enfin, j'espère que non parce que tout cela est encore top-secret  (pour ceux qui ne maîtrisent pas l'anglais, je vous le traduirai : top-secret, c'est le secret de toupie). 

Et si je vous dévoile tout cela, c'est d'abord parce que la France doit rester laïque...plus rien de voilé, même les voiliers. Deuxièmement, c'est pour vous rassurer que vous pouvez avoir toute confiance en moi.

Alors, vous avez peut-être déjà deviné qui je suis.  Mantheur-Defoir. Bonnie Mantheur-Defoir. À votre service.

J'ai eu mon plus grand succès investigateur à la Foire de Dijon en mai 2015. Je faisais semblant d'être une touriste américaine - une certaine Candy Cotton -  pendant que j'essayais de savoir pourquoi tous les marteaux du monde avaient disparu, je me mettais ça en tête, voyez-vous.

Tous ces marteaux ! Ceux des ouvriers, ceux des pianos, ceux des océans, ceux des portes (et toc !), ceux qui se trouvaient dans les oreilles (ce qui serait une autre raison pour laquelle vous n'avez pas entendu parler de moi, mais passons...)

C'était un grand scandale international. Même l'Américain Mike Hammer avait disparu !

Bon, si vous êtes abonnés au journal Le Monde, vous avez certainement appris ce qui s'était passé. L'Interpol a pu retrouver le responsable de la disparition de tous ces outils, ces gens, ces poissons, ces autres [sens que nous sommes censés mentionner dans le texte cette semaine, NDLR], grâce à mon enquête ! Et j'ai des preuves ! Les voici !

Journal

Eh ben oui, hein ?  C'est moi qui ai écrit tout cela ! Hein ? C'est pas pour rien que je porte le nom Bonnie Mantheur-Defoir !

Qu'est-ce que j'ai découvert lors de mon enquête ? Vous voyez, mes amis, c'était très simple : les outils et les poissons avaient été volés !

Oui, volés !  Évidemment !

Bah, non, ces gens n'avaient pas été volés, non, c'est vrai, on kidnappe  les gens, mais veuillez patienter, je vous expliquerai. 

Bon, comme je disais, tous ces objets - et ces gens, ne pinaillons pas - avaient été volés.

Mais par qui ?

Pour moi, c'était comme une évidence !

Logique comme pas possible !

Ils avaient été volés par...

...un marteau-piqueur !

2 mai 2015

Brisons là (par joye)

"Quand j'ai connu M. Hartz, il était marchand naturaliste et faisaittranquillement ses affaires en vendant, aux amateurs de collections, des minéraux, des insectes ou des plantes. Chargé d'une commission pour lui, je m'intéressais médiocrement aux objets précieuxqui encombraient sa boutique, lorsque, tout en causantavec lui de l'ami commun qui nous avait mis en rapport,et en touchant machinalementune pierre en forme d'oeuf qui s'était trouvée sous ma main, je la laissai tomber."

Bien sûr que l’œuf se cassa en mille morceaux.

Mortifiée, j’étais sur le point de présenter mes excuses à monsieur Hartz quand je vis un mouvement parmi les débris.

Je dus chausser mes lunettes pour bien voir que c’était un petit homme qui agitait vigoureusement ses bras.

- Hallo ! cria-t-il.  Hallo !

Je me tournai vers monsieur Hartz.

- Qu’est-ce qui se passe ? lui chuchotai-je. J’hallucine ou quoi ?

- Non, non, c’est bien un petit homme, madame. Je vous signale que ce n’est pas la première fois que ça arrive.

- Ah ?  dis-je, encore étonnée, mais avant que le marchand ne pût me répondre, le petit homme nous interpella encore.

- Bonjour !  Je m’appelle Pierre !  Comme je suis content d’être enfin libéré ! Je vous serai pour toujours reconnaissant, madame !

- C’est mademoiselle, lui répondis-je…

Eh oui, comme vous aurez pu deviner, je craquai, moi aussi ! Pierre et moi nous mariâmes et allâmes vivre au Côte d’Opale. Là, nous eûmes trois cailloux : Roch, Silex et Pierrette.  Ils sont petits et solides, comme leur père.

Histoire improbable, vous dites ?  Eh bien non !

Après tout, vous savez bien qu’on ne se fait pas d’hommelette sans casser des œufs !

25 avril 2015

Tout n'est pas perdu, parfois c'est retrouvé (par joye)

Travailler dans un bureau d'objets perdus n'est pas toujours évident.

Tout d'abord, je suis tellement entourée de parapluies, de chapeaux, de serviettes, de livres, de manteaux et j'en passe qu'il est souvent impossible que j'y passe !

En revanche, c'est un boulot qui a ses récompenses.

Par exemple, quand je peux rendre un bambin à sa jeune mère ahurie - ne riez pas, cela arrive assez souvent - la joie est perceptible. Cela dit, j’ai fait des bêtises. Au début, puisque l'objet retrouvé n'avait pas de valeur calculable, je n'ai pas obligé la première à payer pour récupérer son bébé. Erreur ! Bien sûr que je devais ensuite changer de règlement, parce que, après que la nouvelle a circulé,  j'avais, dès l'ouverture, plusieurs « inventeurs » ou parfois une « inventrice » qui venaient déposer un enfant "perdu" et miraculeusement, la maman venait toujours le jour même, juste avant la fermeture, pour récupérer l'enfant  « perdu ».  Eh oui, j'ai commencé à avoir mes doutes quand lesdits « inventeurs » arrivaient en pyjama le bébé sous le bras et avec un biberon tout chaud prêt à donner...je veux dire, quelle coïncidence, hein ?

Alors, je dois maintenant être beaucoup plus stricte. Mais cela n'empêche pas que j'ai encore des clients intéressants.

Mardi dernier, vers 13 h 42, un vieux s'est présenté pour m'annoncer qu'il avait perdu l'ouïe. J'ai dû crier très fort pour lui faire comprendre - enfin ! - qu'il s'était trompé d'adresse et que le cabinet de l’ORL se trouvait en face.

Mercredi, une jeune nénette qui avait de ces rondeurs est venue pour me dire qu'elle voulait perdre quelques kilos. Malheureusement, quand je lui ai expliqué que mon boulot était de lui rendre ce qu’elle avait perdu, elle s’est fâchée et s’en est allée en claquant la porte.

J’avoue que c’est plus intéressant quand il y a quelqu’un qui a perdu quelque chose de facile à remplacer, comme la patience, par exemple. Je garde une petite bouteille de Xanax sous le comptoir qui marche toujours dans de tels cas. Le charpentier qui m’a dit qu’il avait perdu la main s’est calmé quand je lui ai passé une tronçonneuse oubliée chez une dernière victime par un tueur inattentif.­­­­­­ Et pour ceux qui ont perdu une bonne occasion de se taire, j’ai toujours quelques rouleaux de sparadrap pour éviter qu’ils répètent l’erreur.

Donc, oui, c’est un travail fascinant, mais ce n’est pas pour tout le monde, non.

Ce matin, par exemple, il y avait encore une fois du sang partout et je devais sortir ma serpillière et le flacon d’eau de Javel avant d’aller prendre mon café. Qu’est-ce qui s’est passé, vous demandez ?

Vous allez rire quand vous voyez à quel point c’est facile. Voyez-vous, c’était le corps d’une jeune femme qui est entrée -- le sang jaillissait encore de ses artères et ses veines exposées à l’air.  Pas besoin qu’elle m’explique, j’ai tout de suite compris ce qui s’était produit.

C’était encore une nénette de retour de St-Jean, qui avait été, la veille, serrée dans des bras audacieux. Comment ne pas perdre la tête, hein ?­­

J’ai alors pris un entonnoir, je l’ai mis dans l’œsophage grand ouvert et j’y ai remis un litre de sang-froid. Ensuite, je lui ai retrouvé une jolie tête blonde que j’ai recousue sur ses épaules avec un bon fil blanc solide, et elle est repartie, en fredonnant.

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