Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le défi du samedi
Visiteurs
Depuis la création 1 050 343
Derniers commentaires
Archives
22 avril 2023

Ustensiles à deviner (Joe Krapov)

Ami·e·s cruciverbistes, bonjour.

Pressé par le temps et absent de mon domicile ces derniers jours, je vous livre dix-sept définitions d'objets que l'on pourrait appeler des ustensiles.

Je n'ai pas eu le temps de les disposer dans une grille où leurs lettres se seraient croisées ni de les diviser en horizontalement et verticalement.

La première et la dernière lettre de chaque mot sont indiquées mais l'ordre de la grille ne correspond pas à l'ordre des définitions !

A vous de remplir les cases et de me dire si c'était facile ou pas !

***

1. Pour que la tête à Louis finisse dans le son

2. Ce coupeur de légumes vaut bien un concerto

3. Jean-Christophe Averty en usa pour bébé

4. Fait progresser le mélange huile-vinaigre chez Boris Vian

5. Moins tranchant quand il est second

6. Arme préférée du cavalier au jeu d’échecs

7. Ne vient pas forcément à bout de tout embouteillage

8. Les lettres du boucher

9. La petite ramasse aussi les effondrés d’après nuit de bamboche

10. Tamise les feuilles d’Orient pour le five o’clock

11. Moins il enlève de peau plus il mérite son nom

12. Retient le haut des jours chez Boris Vian

13. Apprécié des bonnes pâtes un peu masochistes

14. Ce goal n’arrête pas les buteurs mais les nouilles

15. Sert la soupe même à ceux qui ont son air ou souffrent d’un strabisme convergent

16. Doux agneaux ! Sont mal aimées de Sandrine Rousseau

17. Pour que les têtes d’œufs se tiennent bien à table

DDS 764 grille de mots à deviner

Publicité
15 avril 2023

Monsieur Lepetit le chasseur (Joe Krapov)

C'est trophée-noménal comme je peux me souvenir de chansons drolatiques oubliées par tout le monde !

J'espère que je n'en ai pas trop fait dans l'interprétation !
 

8 avril 2023

Ça n'a pas traîné (Joe Krapov)

Ça n’a pas traîné !

Dès l’incipit, je m’écriai, tout en pestant :

- Sapristi ! Comment cela ?! Pas de trace d’un féminin pour « sacripant » ? Elles sont passées à la trappe, ces sacrées traîtresses à appas si chères à l’oncle Georges ? Tous les coups en douce des Sainte-Nitouche à nattes ne vaudraient pas tripette ? Quid de la parité en matière de piraterie ? Diane la chasseresse et ses parentes n’auraient qu’une seule corde à leur arc ?

DDS 762 Fifi Brindacier

C’est vrai ! Qu’est-ce que c’est encore que ce mauvais trip ? Elles se sont carapatées où les Fifi Brindacier, Lucy van Pelt et la Léna de Pim Pam Poum ? Elles jouent à la crapette dans la petite maison dans la prairie ? Elles font sagement de la pâtisserie, du pain d’épices et des crêpes puis nettoient les moules à tarte au Paic citron ? Elles font (de la) tapisserie et battent carpettes et tapis ? Quel épatant tableau mais, par pitié, quel imbuvable pastis à la mode très Ille-et-Rance Travail Famille Patrie vous nous proposez-là !

Pendant ce temps les Patrice, les Eric, les Ernest et les Hippolyte accapareraient pour eux seuls les rôles des pieds nickelés qui patinent, des trouble-fêtes qui ricanent et qui tirent à la sarbacane, des sacrés garnements qui opèrent des rapines, volent le raisin et les tapas dans la cuisine, s’étripent, se traitent de tapette puis se tirent en traçant comme des lapins quand tante Patricia demande qui lui a fait la crasse de pisser sur son massif de pensées ?

Quelquefois les nièces aussi sont saisies d’une envie pressante ! M’est avis qu’Anna, Aricie, Tina et Rita ont elles aussi plus d’un tour dans leur sac. Peut-être sont-elles juste plus aptes que les trépanés du bulbe à testostérone pour dissimuler leurs caprices, cacher sous une carapace de train-train serein leur capacité à faire des bêtises, à licher le picrate en douce ou à voler des nippes au Prisu !

Il apparaîtrait bien étrange aux lecteurs et lectrices de la comtesse de Ségur de l’égalité hommes-femmes qu’aucune petite fille modèle ne tirât jamais la langue aux bons petits diables, ne se payât une pinte de bon sang en commettant force farces, ne rendît la monnaie de sa pièce au cousin à crête de punk, ne s’étripât avec sa pire ennemie, ne se montrât crispante pour son amoureux transi, ne fût capable de coups de patte ou de griffes.

Il faudrait être spartiate ou sacristain – encore un mot sans féminin ! - pour regarder comme du haut de la roche tarpéienne le monde en crise et faire semblant, sans cesse racée et toujours riante, de ne pas voir l’horreur des mercenaires de Wagner qui tapinent dans le craspec, de snober la rapacité des milliardaires et les exercices circassiens de leurs valets zacravates.

Pour danser sur le cratère du volcan, y a-t-il plus habile qu’une Isadora Duncan ?

***

Voilà, j’ai terminé ! Je n’ai pas été rapiat pour ma part. L’air de rien, en passant, j’ai quand même truffé, sans que ça ne fasse trop prise de tête, ce satané pensum hebdomadaire de quatre-vingts anagrammes du mot « sacripante » !

Voilà, cher Monsieur Ponge, ô Francis, mon parrain, tout le parti que j’ai pu tirer du sacripant !

Je suis bien conscient que mon écrit n’est pas la panacée, que vous n’entrerez pas en transe à sa lecture et que je vous offre peut-être cette semaine une bien pâle pitance tardivement sortie de mon crâne d’oeuf. D’autres participant·e·s feront sans doute, certainement même, mieux que moi. Pour cette raison-là je ne serinerai pas que la consigne n’était pas inspirante. Simplement, en toute sérénité, je proclamerai que, pour moi seul peut-être, « Sacripant » est un mauvais sujet !

DDS 762 Katzenjammer Kids [Knerr] 021 - Il a l'oeil

1 avril 2023

Coup de tafia dans la rue Surcouf ! (Joe Krapov)

Ah quel raffut sur le raffiot
Quand le loufiat, Félix Gaffiot,
Annonce qu’il n’y a plus de ratafia
Et que tous ses buffets sont vides !

Lorsque la fontaine est tarie
Tu ne trouves plus un affable ;
Tous les affreux se donnent le mot :
C’est révolte sur le Bounty,
Les rats de cave se rebiffent !

DDS 761 Révoltés du Bounty

C’est vite une mêlée touffue
Dans laquelle tout le monde s’engouffre,
Une affolante offrande
De gnons et de bourre-pifs !

Il pleut des baffes, des coups de gaffes,
On se bouffe le museau
On entend « Bing ! » et « Paf ! »
A en perdre le souffle.

On s’arrache des touffes de tifs
Même à ceux qui n’ont plus
De poils sur le caillou !
Ca chauffe au culot des bouffardes !

DDS 761 Pepito 1

On se traite de joufflu, de bouffi,
De pâte à pouffe, de maroufle,
De mauvais mataf, de mafflu,
D’échappé des bat’d’Af,
De va de la moufle,
De manque d’étoffe,
D’efféminé,
D’avocat commis d’office,
De schizoSuffren,
De rien dans le coffre
Et si c’est ça qu’est-ce qu’on bouffe ?
Comment on étanche sa soif ?
Maffieux ! Tafiole !
Raffarinade !
Bretonne en coiffe !
Bouffon ! Ruffian !

DDS 761 Pepito 2

On se bat comme chiffonniers
On s’accroche le taffetas !
Sur le pont quelle effervescence !
Ah dis-donc mon Enée
C’est à donf qu’on défonce ici !

Les sabres affûtés ressortent la rengaine
Des joyeux bouchers de la Villette.
On ne fait pas que s’effleurer,
On ne bluffe pas
Quand les affamés crient famine :
Quand on la saute, on n’fait pas mine
De souffleter çui qui nous mène :
On va l’zigouiller, l’officier,
On va lui faire son affaire !
On va moucher cet effronté
Qui nous inflige tant d’affronts !
On va pas rester sans moufter
Comme le mufti de la rue Mouffetard
Devant son extrême suffisance !
On n’est pas des souffre-douleur !
On va t' filer des coups d’riflard !
Jeune effronté enchifrené,
Tu vas kiffer nos rebuffades !

Puis la bagarre s’effiloche
On affiche ses positions,
Surtout celle du démiffionnaire
A qui l’on fendit lèvre
Et briva finq ratiches

Et l’on ne voit plus sur la nef
Que fieffés coquins à coquards,
Soutiers effarés,
Souffreteux, éclopés,
Offensés.

A la fin on suffoque, on s’étouffe
Et on aspire – pas qu’une taffe ! - à la retraite,
Au grand silence des giraffes
Dans des pays sans orthographe !

2023-03-25 - 285 20

25 mars 2023

Soudain dans sa vie il fit moche. 5 (Joe Krapov)

- Waoouh ! Ce quadrille des homards m’a tuer ! déclara Alice en se rasseyant. 

Et puis, tout étourdie encore par la cavalcade, elle s’aperçut que le voisin à chapeau qui lui avait galamment proposer de gardé son sac pendant la danse n’était plus là. 

Son sac non plus du reste. Comment allait-elle faire pour rentré au pays des merveilles sans sa clef ?

Le Quadrille des homards (recadré)
Ce petit dessin colorié à l'encre est signé d'Ilarion Pavlovitch Krapov.

Publicité
18 mars 2023

Con post (Joe Krapov)

DDS 759 modifié

On pourrait prendre le parti, s’agissant de la pistache, de faire un pastiche de Ponge. Mais quel apostolat ce serait que cette chose ! On a beau être plus pisse-copie que le regretté Fausto, on dit « Passe ! » devant la tâche et on pense qu’à la place du pastiche on ferait mieux de se tourner vers l’acrostiche, plus fastoche.

DDS 759 Fausto Coppi

Car la pistache est dure : dure à ouvrir, dure à cuire et dure à dire. Si on en sert dans ta cantoche, fais attention à tes ratiches !

Ce fruit à coque nous cherche des niches, il nous rejoue la mouche du coche. De même qu’on ne prête qu’aux riches, il a la dureté de la roche et pourrait remplacer l’aimable petit pois – il a même couleur ! - sous la pile de matelas de la princesse moche et revêche qui se fâche dès qu’on se fiche de sa chevelure filoche ! Il paraît que plus tard, allant à la pistoche, on la vit, la Sissi, qui portait des postiches et un gros classeur de partoches, essentiellement des chants malgaches assaisonnés de triples croches !

Mais de quoi me mêlé-je ? Et Patrick Modiano, potache, était il surnommé Patoche ? Était-il du genre plutôt lâche et recevait-il des taloches ?

De tout cela, Dame Pistache n’en a cure. Madame joue la détachée, sachant qu’à l’apéro, son entretien d’embauche, elle sera toujours là, comme la vedette à l’opéra.

Sache qu’on en trouve partout ! Elle se vend sur la place Hoche, aux Appalaches ainsi qu’à Binche, Avranches, Antioche, Loches et Greenwich, au magasin de la mère Idien.

La pistache a du bol : elle joue à cache-cache et s’y colle en gros tas. Aucune ne se détache du lot alors on pioche, on écarte les coques, croque puis mâche, et tel Marcel Amont avec son bulletin de naissance, on avale.

Peu chaut à la pistache que l’on jette un grand froid dans cette cérémonie. Qu’on aille au clash ou que ça cloche, qu’on traite la belle-doche à moustache de vieille ganache bancroche, qu’on reproche à Eustache, le peintre du dimanche de gaspiller la gouache, ça l’indiffère. Elle s’en moque si on dit à Blanche qu’elle a pris de la brioche, qu’elle fait trop la bamboche et si on lui rabâche qu’il serait temps qu’elle s’attache à un trader bravache si elle veut faire un môme avant que ses jolies loches ne tombent sans panache et que son ventre n’affiche « relâche » !

C’est fou comme avant le repas, quelquefois autour du grenache ou du guignolet-kirsch surgissent les anicroches et les empoignades franches ! Voilà qu’en lieu et place de la galoche roulée on se fâche, on s’accroche, on s’embroche, on se démonte le museau, on se taquine comme à la pêche à l’épinoche, on se décoche des flèches, on se traite de patache, de vieille vache, on recrache sa haine mais toujours c’est sans panache qu’on se cravache ou qu’on se poche avant qu’au tournebroche, autour de la bidoche, tout le monde un peu plus gris se réconcilie « con carne », comme chez Carné (La Belle équipe ! Rocco et ses frères ! Non ? Plutôt Drôle de drame chez les Visiteurs du soir à l’Hôtel du Nord, alors ?).

DDS 759 PifouPoche92_06062004

Pendant ce temps les mioches colorient Pifou-poche et les pistache se fendent la gueule, pareilles à des « British smileys ». Sauf une, et c’est un rite qui m’irrite car c’est toujours à moi qu’on la laisse, l’inouvrable au visage fermé d’ouvreuse de cinoche !

Ô, dernière pistache ! Pour faire encoche en ta caboche où elle manque, je n’irai pas chercher ma hache ou ma mailloche. Tu vas visiter la poubelle ou finir enterrée dans la terre du jardin si je te balance au compost. Et je m’arrête là, le mien est terminé.

11 mars 2023

99 dragons : exercices de style. 76, Interrogatif (Joe Krapov)

Qui aurait pu imaginer qu’il s’agissait là d’un commissariat de police installé à côté d’une douane ? Cela ne ressemblait-il pas plutôt à un alignement de tentes de Romains tout droit sorties d’un album d’aventures d’Astérix le Gaulois ? Est-ce que vous trouvez normal que Caïus Maigretus, le responsable de la brigade locale, ne ressemble ni à Jean Gabin, ni à Bruno Cremer ni même à Rowan Atkinson ?

Aucune lampe n’est braquée dans les yeux du suspect, aucun coup asséné avec brutalité ne vient endommager le crâne du gars qu’on vient d’arrêter et qu’on cuisine à petit feu, on n’entend pas de questions-réponses cinglantes et saignantes signées Michel Audiard, ça vous étonne ? Ça vous gêne ? Avez-vous oublié qu’on est en 303 après Jésus-Christ, quelque part dans ce qui deviendra plus tard la Libye alors que le légionnaire arrêté n’en a pas, d’alibi ?

st-george-slaying-the-dragon

- Vous permettez, citoyen Da Lydda que je vous fasse part de mon étonnement et de mes questionnements sur votre situation ? N’êtes-vous pas, positivement, ce qu’on appelle un déserteur de l’armée romaine et, simultanément, un adepte de cette nouvelle religion chrétienne ? Est-ce au nom de votre croyance que vous vous êtes mêlé, sans ordre de votre hiérarchie et sans arguments autres que votre prestance de cavalier et vos armes de combats, à une affaire de règlement de comptes entre autochtones ? Ne pensez-vous pas que nous avons autre chose à faire, alors que l’Empire romain, frappé de décadence et de réchauffement climatique, s’en va petit à petit, inexorablement puisque dépourvu de sèche-linge, vers ce qu’on appellera son déclin et sa chute, que l’armée d’occupation n’a rien de plus urgent à accomplir que de compter les moutons du père Mathurin comme vous l’avez fait et d’endormir les enfants avec des sornettes ? N’avez-vous pas l’impression de vous être occupé de ce qui ne vous regardait pas et d’avoir agi de façon droit de l’hommiste, expéditive et inconsidérée dans ce qui relevait de la simple gestion municipale ?

saint-georgesAlors c’est réellement ça, le Christianisme, des considérations du genre « Aide ton prochain comme s’il était ton frère » « Interviens pour faire régner sur terre la justice et la paix », « Chasse les marchands du temple » et « Bousille la nature et les animaux comme tu veux, ils n’ont pas d’âme » ? Est-ce que ces éléments de doxa justifient le meurtre, fût-il celui d’un animal pas très joli - et quand je dis « fût-il » alors que je devrais dire « serait-il » ou « même si c’est celui d’un animal » c’est sans doute aucun de ma part un lapsus linguae car je pensais « futile » qui est le qualificatif possible de votre comportement, non ? -.

Avez-vous jamais été effleuré par le concept de BIODIVERSITÉ, Georges Da Lydda ? Croyez-vous que la noctuelle doit être éliminée à l’aide de pesticides au prétexte des dégâts qu’elle occasionne aux cultures paysannes ? Pensez vous que « le thon, c ‘est bon » et que de ce fait on peut le surpêcher, quitte à provoquer sa disparition à long terme ? Que le dodo s’en remettra après un petit somme ? Que les abeilles donneront toujours du miel parce que votre Dieu a voulu qu’il en soit ainsi ad vitam aeternam et vas y que je t’envoie mon latin de cuisine, mon santo spiritu dominus meus rundupus ite missa est exoneratus of the futuram generationem aux vieux crabes qui roulent en cycle amen ?

Ce fait d’armes légendifère, ce combat à l’épée et au cheval blanc, cette rose qui pousse dans le sang de la bête vaincue et abattue, ce village de quelques pedzouilles dont le trouillomètre était à zéro et qui, en remerciement de votre « exploit » se sont convertis à votre foi, ce prosélytisme de pacotille, cette hagiographie pour petits enfants friands d’images pieuses et de hauts faits de chevalerie, votre prequel de « Tous à la croisade !» qu’on racontera peut-être par la suite de 99 manières différentes, toute cette fête de la pusillanimité vaut-elle quelque chose vis-à-vis du crime que vous venez de commettre : faire disparaître LE DERNIER DRAGON VIVANT DE NOTRE PLANÈTE ?

Vous imaginez la perte que vous venez de faire subir à la future histoire des sciences ? Cette incurie de pâle freux niais, ce crime contre l’histoire au nom d’une religion noire, cet écocide de corneille, vous ne croyez pas que ça mérite un châtiment exemplaire, une ordalie digne du Salvador, une mise au pilorible, un supplice du tréponème pâle pour le détestable que vous êtes ? Tu pensais peut-être qu’on allait te tendre la joue gauche, te pardonner cette offense au vivant ? Pas question mon pote, tu vas juste finir martyr et pourrir un peu, c’est logique, non ?

waves crashing on beach in the shape of elegant dragon by Crystaldelic

***

Et toi aimable lecteur, bien-aimée lectrice, n’as-tu pas de la chance qu’après avoir pondu un bon paquet déjà de variations stupides autour de ce canevas je t’aie toujours épargné jusqu’à ce jour la description du supplice que l’armée romaine, l’ayant repris, appliqua à celui qui devint Saint-Georges ?

N’es-tu pas bienheureux ou bienheureuse du fait que, personnellement, je ne ferais pas de mal à une mouche et que ces histoires de fer rouge, d’eau bouillante, de gavage au pain complet et à la cancoillotte, ces bûchers, ces garrots, ces supplices de l’eau, ces vierges données en guise de quatre heures aux lions, ces jugements de Dieu, ces castagnes, ces bastons, ces vendetta et ces vent d’états me lèvent le coeur ?

4 mars 2023

Quand la vie manque d'ocelles (Joe Krapov)

Edouard Philippe avec un papillon géant sur l'épauleNous autres les noctuelles, les papillons de nuit et les autres lépidoptères, nous serions en droit d’avoir une dent contre vous, les humains – et contre vous aussi, les humaines -. Déjà, nous en voulons énormément à celui d’entre vous qui s’appelle Edouard Philippe ou Doudou !


Vous rendez-vous compte que nous passons beaucoup moins de temps que vous sur cette planète ? Sans parler des éphémères qui ne vivent qu’une journée sous forme d’imago, notre espérance de vie est de quelques semaines, au mieux de quelques mois.

Papillon multicolore sur parcheminà la façon de MuchaMettez-vous à notre place un peu ! Vous pourriez, vous, en seulement trois semaines, apprendre quelque chose sur le monde qui vous entoure, vous plier aux codes imposés par votre modèle social et vivre pleinement votre vie ? Intégrer, en trois semaines, la manière de calculer la surface d’un triangle rectangle, survivre au service militaire, supporter un chef de bureau, une D.R.H., Florent Pagny, un démarcheur téléphonique, monter un meuble Ikéa, faire du vélo, déclarer vos revenus en ligne, lire Télérama de la première à la dernière page, vous enquiller plus de trois pages de Proust d’affilée sans vous endormir, allumer un barbecue malgré la présence parmi les invités de Madame Sandrine Rousseau, retirer la languette de la Vache qui rit sans vous mettre du fromage mou sous les ongles, trouver une compagne, obtenir son consentement, copuler, être là au moment où elle pond son œuf, élever les mômes qu’elle vous a fabriqués et auxquels vous souhaitez transmettre votre collection d’images Panini de footballeurs des années 1990, même et surtout si ce sont des filles, réparer un lavabo qui fuit, ouvrir un PEL ou un pot de confiture sans adjuvants extérieurs, commander un billet de train sur SNCF-Connect, manifester contre le report de l’âge de départ en retraite ou contre la disparition de la biodiversité ?

Parce que c’est bien cela qu’on vous reproche ! C’est vous qui bousillez le climat et la planète et c’est nous que vous accusez, lorsque nous sommes de mignonnes petites chenilles, de manger juste ce qui suffit à notre croissance en piochant parmi vos plantations ! Et alors zyva que je te nous pesticide, que je te monoculture, que je t’empêche de polliniser en rond, que je te flytoxe et te dététise tout ce qui vole et n’est ni un drone militaire ni un ballon chinois ni la fusée d’Elon Musk en route pour faire subir le même sort à la planète Mars !

Un papillon volète autour de la flamme d'une bougieMais le pire n’est pas là. Ce qui nous tue, nous les noctuelles et les autres papillons naufragés de la jeunesse, c’est votre ignorance totale de notre religion. Si nous supportons aussi bien ce passage par quatre stades d’existence, le Roudourou (l’état d’oeuf), le Parc des Princes (la larve puis la chenille qui redémarre), la Baujoire (la chrysalide) et le Chaudron (l’état de papillon) c’est que nous sommes portés par l’Espérance.

Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi nous sommes attirés par la lumière au point quelquefois de nous y brûler les ailes ? Vous êtes vous seulement une fois demandé pourquoi vous trouviez autant de nos cadavres sur vos phares avant de véhicules polluants ?

Eh bien, sachez-le, nous ne sommes pas différents, les insectes et les hommes. Vous-mêmes vous vous rendez dans ces lieux sombres qu’on appelle églises ou temples et vous priez pour qu’à l’issue de votre vie vous puissiez gagner le paradis. Vous savez que Dieu dans son immense bonté vous pardonnera tous les péchés que vous avez commis sur cette terre. C’est pourquoi vous ne craignez pas la mort et la répandez autant autour de vous.

J’ignore ce qu’il en est réellement de votre lieu de séjour éternel et il paraît que vous non plus ne savez pas très bien où allez mais vous y allez à grand pas.

Eh bien ce que nous promet notre foi, c’est un monde de vie infinie, au bord d’un grand océan, dans un bonheur toujours renouvelé par la sensation de ne plus rien devoir à personne et le sentiment du devoir accompli sur cette terre. Mais pour y accéder, il y a une condition : nous devons mettre un terme à notre existence en nous suicidant contre un phare de véhicule automobile roulant au minimum à 90 kilomètre à l’heure !

Et voilà-t-il pas que votre premier ministre a fait baisser la vitesse à 80 kilomètres heures, attirant ainsi sur les ronds-points, à notre place, des nuées d’insectes jaunes qui ont bousillé l’arc de Triomphe et fait dépenser ensuite dix milliards à l’État !

Y’en a, j’vous jure ! T’es qu’un vilain doudou, Edouard ! Na !

 De nombreux papillons multicolores au-dessus d'une vague d'Hokusai

Illustrations réalisées sur demande par Deep Dream Generator.

25 février 2023

Sinuosités et avanies de la langue française (Joe Krapov)

DDS 756 la_femme_du_boulanger affiche

- Ah, Pomponette ! Pomponette ! Quel fleuve impétueux t’a encore emportée ? Quels méandres as-tu suivis cette fois ? Pour qui enfin ce nouveau safari ? Pour un fourbe amoureux de tes courbes ? Pour un argousin qu’allumèrent ta jupe de satin, tes voiles de mousseline, le parfum de santal et de musc échappé de ta nuque ? Pour un amiral de bateau-lavoir ? Pour un général Alcazar qui t’offrit une limonade en échange de tes œillades ? Par quel truchement les séduis-tu donc tous ?

Sur quel brick as-tu embarqué encore ? Pour quel voyage sinueux, quelles arabesques ? As-tu suivi un nouveau barde à gandoura et à guitare ? As-tu kiffé un fou d’algèbre, un azimuté de l’alchimie littérale, un poète ? Comment décroche-t-on la timbale ? En te parlant d’Aldébaran ? En te promettant un concert de luth au zénith ? En te faisant boire un élixir d’amour chez ce gilet jaune d’Adonis Zetti ?

Pomponette ! Coeur d’artichaut ! Plus je te laisse libre de mener ta vie de patachon et plus tu m’assassines ! Chaque lascar de hasard de plus à ton tableau de chasse cause une sale avarie au vaisseau de mon coeur. Albatros englué dans le mazout de tes frasques, je porte le fardeau de tes noubas cruelles – un quintal de salicornes ! - et reste là prostré en fabriquant mon pain. A toi la baraka, à moi le four qui crame. Calfeutré dans mon appentis, je rame, je calfate les brèches de notre pauvre felouque éventrée par les récifs. Même l’alcool des alambics ne pourrait rien contre le cafard de mes échecs et mat. Les cases de mon échiquier sont plus noires qu’un caoua ch’ti et j’ai roqué côté cimetière ! Je ne suis pas un zéro mais presque. Peut-être un pauvre maboul ? La vie n’est pas coton, l’amour m’est charabia mais le fait est que je t’aime comme on aime le parfum des lilas, le souk des fêtes foraines ou l’eau dans la carafe.

Tes frasques sont-elles seulement sexuelles ? Es-tu maraboutée ? Serait-ce chez toi un besoin de niquer sur un divan, un tabouret, un sofa, un matelas différents ? Qu’est-ce qu’il a qui ne te plaît plus, notre vieux lit à baldaquin ?

Pourquoi vas-tu fanfaronner à toutes les douanes devant ces imbéciles de gabelous ? Qu’ont-ils de plus en magasin, comme camelote, ces zouaves de rencontre et ces clébards des rues, ces caïds de banlieue, ces cadors du Carrefour ?

DDS 756 la_femme_du_boulanger_desordre_des_esprits

- Ma langue aime se frotter à celle des étrangers. J’en ramène de saveurs subtiles et des mots incongrus dont on ne soupçonnait pas qu’ils pussent aussi bien s’acclimater chez nous. Je n’aime des dictionnaires que cette image délicieuse qui suggère que l’on s’aime à tous vents. Mais j’aime plus que tout ton pain, ô boulanger, tes bras puissants, ta force et ta fragilité et ta compréhension. J’adore ta solidité de baobab, ton absence de mesquinerie et surtout ton moka au café, ton fondant à l’orange, ton halva, ta moussaka et tes tajines. J’aime quand tu donnes ton aval à mon dérèglement de tous les sens. Et c’est pour toi et pour cela que, toujours, je reviens. Allons, éteins cette bougie, cesse le décompte arithmétique de mes fugues, mets tes tracas dans ton barda. Retirons-nous dans notre alcôve, mène-moi dans l’azur des sept ciels, mets en route la noria de tes baisers et je ferai de toi mon nabab, mon cheik, mon sultan. Dans le silence de la nuit je serai ton harem. Je te ferai entendre le barouf que peuvent faire toutes les femmes du monde, tout le ramdam de la passion va battre sur ta peau de tambour. Mes massages te rendront fou, tu vas en voir de toutes les couleurs, du chamarré, des camaïeux et du carmin. Je vais t’emporter loin comme fait le Sirocco, je serai ton alezan, tu ne reconnaîtras plus ton zob ni tes glaouis après ma razzia sur ton saroual et ta vertu ! Je vais t’offrir la position du goudron et des plumes, te faire la guitoune acrobate, le minaret cramoisi, le coup de la girafe, le derviche retourneur, le muezzin tarabusté, le bardot à deux dos façon madrague, le sacre du printemps arabe, l’aubergine farsie, la babouche que veux-tu, la cueillette de l’abricot en Basse-Provence par la smala d’Abd-El-Kader, le « Mets ta sourate dans ma savate », le « Comme une crêpe de sarrasin », la grenouille sur le nénuphar, la matraque du mamelouk, la gabardine damasquinée, le baroud d’honneur de San-Antonio, on jouera à la lime en macramé, à massicote-merguez, à « Un chouïa wali-walou », à « Abats tes brêles et mate mon vizir ! », à l’amalgame pentathlonique, à l’enlèvement au sérail, à « Mets du talc sur mes fez » et, en clou du spectacle, je te ferai la planche du fakir !

- Tais-toi, Pomponette, ma gazelle ! Il n’est plus l’heure de parler. Fin des salamalecs, montons dans notre chambre !

***

- Ah, Pomponette ! Quel inti-fada, ce Pagnol !
- En fait, c’est de Giono, ce pitch, boulanger !

DDS 756 la_femme_du_boulanger_3

18 février 2023

Louis M. fait sa réclame ! (Joe Krapov)

A l’heure du streaming et de la musique dématérialisée, c’est sans doute aucun une gageure de lancer un nouveau label sur le marché du disque. Nous prenons le pari que les mélomanes nous suivront dans notre projet conceptuel unique en son genre.

Nous avons en effet choisi de ne publier que des artistes qui se produisent en duo, en quatuor ou en orchestre de dix membres. Nous n’avons évidemment rien contre Barbara Stressante, Raphaël, Renaud, Hervé, Adèle, Angèle, Camille, Régine, Pomme, Poire ou Scoubidou ou contre les auteurs-compositeurs-interprètes, même si le temps du gorille moustachu qui vient se gratter le ventre en chantant des chansons dans des cabarets de la rive gauche où les Parisiens dînent est définitivement révolu.

Nous pensons surtout que la musique, c’est comme l’amour : à deux, c’est mieux ! Qui ne se souvient des jolies paires du passé, Sonny and Cher, Stone et Charden, Sheila et Ringo, Véronique Sanson et Dalida, Villeroy et Bosch, Roux et Combaluzier, Poirot et Serré ?

Pour les quatuors, la comparaison faite ci-dessus ne vaut pas. Il se trouve que les boys bands de quatre garçons ont toujours été dans le vent, que deux violons, un alto et un violoncelle produisent de la jolie musique et que la base du chant polyphonique repose sur la répartition des voix en quatre pupitres : sopranos, alti, ténors et basses.

L’époque des grands orchestres à la façon de Glenn Miller, Count Basie, Ray Ventura ou le Splendid étant elle aussi révolue, et en vue de réaliser des économies de salaires, nous avons choisi de limiter nos formations orchestrales à un effectif de dix membres.

Notre label démarre avec six groupes d’artistes mais nous sommes en pourparlers pour enregistrer bientôt les albums suivants de musiciens très prometteurs :

Siphon et Gare l’uncle – Concert au parc central
Le duo Rateau-Mitsouka – Mars à Bahia
Chantal Gréco et Juliette Goya – La Peinture à l’Hawaïle

Les Quatre lézards – A la queue leu leu
Les Stray Quatre – Rockabilly the kid

L’orchestre James Décameron – Mieux vaut avatar que jamais !
La Fanfare ONAD – Dix de der !
Les Dix gagas - As-tu vu mon nouvel i-EHPAD ?

Dans le document ci-dessous, vous trouverez une présentation des six albums disponibles actuellement dans notre catalogue. Précipitez-vous chez vos disquaires, il n’y en aura pas pour tout le monde ! Bonne écoute à vous !

Louis Marianeau, directeur musical du label 2-4-10

Label 2-4-10


Catalogue 2-4-10 Louis Marianeau

 

11 février 2023

Des Cafougnettes ! (Joe Krapov)

Je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais… il m’arrive, une fois par semaine à peu près, de tenir le rôle d’animateur d’atelier d’écriture.

Cela apporte beaucoup de plaisir et de surprises mais le jour où j’ai demandé à mes écrivantes de raconter Noël en n’utilisant que des mots féminins - et donc sans parler de barbecue ! - je me suis aperçu que je m’adressais en fait, depuis toutes ces années, au fan-club de Sandrine Rousseau ! 

C’est pourquoi je tiens à signaler que le texte ci-dessous n’est pas de mon cru. Il émane d’un certain Patrick Modianeau. A lui d’assumer les risques qu’il prend !

« Tant de temps a passé que tout devient confus, que tout est confondu. Quelle femme ai-je attendue dans ce café, confiant, sachant que je n’aurais droit qu’à des confidences ?

Peut-être n’étais-je alors qu’un fou, confit en dévotion devant ces corps fragiles, incapable surtout de trouver la combinaison du coffre-fort ?

Quand je songe à ces carrefours impossibles, à ces cafouillages des sens, à ces amourachages cafardeux, à cette vie sans confort que je menais alors, j’hallucine rétrospectivement.

J’ai poussé tout ce capharnaüm dans les confins. J’ai jeté le bébé avec le couffin et le lolo du bambin, effacé ces dégoulinures de déconfiture. Je ne suis pas pour autant devenu un champion de kung-fu : je fuis tous les conflits.

En vérité, j’ai peu changé. J’ai juste camouflé, derrière un savoir-faire les choses à la légère, les questions délétères qu’on pose à ses confrères sur le sens de tout ça. Sauf que, pour des raisons qui ne regardent que moi, il m’est difficile de croire à la confraternité des individus de sexe masculin !

Parfois, sous l’effet de la chaleur torride le goudron du parking fond. Même Neil Young qui confond Elvis Presley et Johnny Rotten ne sait plus qui le King fut. Vous-même, êtes vous capable de citer le nom d’un champion de ping-pong français ? Celui de l’actrice qui joue dans King-Kong, frêle ? Que pourriez-vous dire du Sturm und Drang, du Nürburgring et des Nibelungen, du trekking finlandais ou de la circonférence de Hong-Kong la fière ?

Et voilà bien pourquoi votre barbecue flambe ! Et voilà bien pourquoi votre fille est muette ! Voilà pourquoi, Madame, votre mari fréquente autant les femmes et kiffe plus que tout votre DonQuichottisme ! 

Le monde a peut-être besoin de Sancho Pança comme celui-là. Ou, si ce n’est pas ça, c’est qui karatéka, c’est qui qu’a raté quoi ?

***

De fait, si j’avais participé pour ma part à cet atelier d’écriture-ci avec un texte sur le kung-fu, j’aurais simplement écrit :

« Les arts martiaux plient l’ami ! »

Houba !

DDS 754001 Marsupilami kung fu achevé (réduit)

4 février 2023

Belphégor et Jujube (Joe Krapov)

DDS 753 Arthur_Bernède

Cette semaine, ça va être du donnant donnant. Moi non plus, je ne savais ce que c’était qu’un jujube ! Je croyais même qu'on disait une jujube ! Mais vous, savez-vous pourquoi il y a une rue Arthur Bernède à Redon, riante cité du Sud de l’Île-et-Vilaine dans laquelle habitent mes beaux-parents, rue devant laquelle nous passons quand nous allons rendre visite à la famille ?

Arthur Bernède ! Qu’est-ce qu’il a, qui c’est celui-là ? Quel rapport avec le jujube ? Moi je sais de longue date que c’est un romancier et qu’il est surtout connu – s’il l’est encore – pour avoir écrit « Belphégor ».

DDS 753 Belphe´gor-e1666800643397Ca ne va peut-être pas vous rajeunir mais moi, si ! En mars 1965 ce roman populaire a été diffusé sur les écrans de la télévision française sous forme d’un feuilleton en quatre épisodes. C’est peu de dire qu’il a flanqué la trouille à tous les gamins des écoles et collèges. Je me souviens très bien que dans la cour de récréation on vous sautait sur le dos, vous mettait les mains autour du cou et faisait mine de vous étrangler en disant « Ah ! Ah ! Je suis Belphégor, le fantôme du Louvre !».

Comme il n’y avait pas de télé à la maison, le mystère était encore plus grand pour nous et il m’a fallu attendre des années pour que je comprenne le phénomène. J’ai ainsi en ma possession, dans ma collection de dévédés, cette terrifiante série vintage qui en fera rigoler plus d’un aujourd’hui. J’ai également fait l’acquisition du roman original de 1927 que j’ai pris le soin de relire cette semaine : je ne voudrais pas qu’on m’accuse de parler de choses que je n’ai pas lues ou vues ou surtout que j'aurais oubliées ! J’ai aussi souvenir d’être allé voir un film homonyme de Jean-Paul Salomé sorti en 2001, fort tombé dans les limbes lui aussi. 

DDS 753 Jujube autobiographie

Si j’ai proposé le mot « jujube » à l’animateur de notre atelier préféré, - c’est encore plus drôle s’il l’a choisi tout seul - c’est surtout parce que je pensais à « Jujube », le surnom de Juliette Gréco qui, dans le feuilleton « Belphégor » de 1965, tient le rôle d’un personnage nommé Laurence Borel. C’est peu de dire qu’elle irradie dans ce rôle qui est celui d’une très intrigante séductrice.

Ma semaine ayant été fort occupée, je n’ai pu revoir que les deux premiers épisodes de « Belphégor ». Ce qui me fait sourire, c’est la notion de duplicité et le goût du transformisme, de la transformation que l’on trouve à tous les étages. Dans le livre qui est assez grand guignol et dont le style mélo a énormément vieilli il y a un personnage de détective, Chantecoq, complètement pompé sur Rouletabille et surtout Arsène Lupin, qui use et abuse de déguisements divers et variés. Le fantôme du livre n’est évidemment pas un fantôme, c’est un costume endossé, pour on ne sait quelle raison, par une gentlewoman cambrioleuse. Quand on fait un casse pour récupérer un butin, en général on n’attire pas l’attention sur soi avant et pendant ! Mais bon, la fiction n'a jamais peur de l'invraisemblable !

Dans la série, tout est changé. Il y a plus traditore que le traduttore, c'est l'adaptatore ! Le journaliste Jacques Bellegarde se prénomme désormais André et est devenu étudiant en physique. Chantecoq, Simone, la Scandinave, les époux Papillon ont disparu. Il y a une séance digne de Frankenstein, avec seringue et tensiomètre, pour donner vie au fantôme dans une crypte de l’église Saint-Germain L’Auxerrois (des prés ?). On ne cherche plus le trésor des Valois mais la pierre de Paracelse ! Le bossu et l’homme à la salopette ont été remplacés par une inquiétante Lady Phonographe et il y a une séquence d’enlèvement de la fille du commissaire Ménardier avec un simulacre de meurtre en haut de la tour Eiffel. Mais je ne vous en dirai pas plus là-dessus car je hais ce genre de séquences vertigineuses et donc j’ai « zappé » et j'en ai profité pour aller faire pipi. Vous qui avez la télé, vous faites bien ça aussi pendant les pubs, non ?

DDS 753 images (1)Mais je ne vDDS 753 Juliette-greco-68ous ennuierai pas plus longtemps avec Belphégor. Je poursuis juste avec l’idée qu’il y a deux Juliette Gréco : celle, magnifique actrice et chanteuse, qui avait un très joli nez et celle d’avant qui avait un tarin un peu trop gros et trop fort. Par deux fois elle eut recours au bistouri des Frankenstein brothers : à la fin des années 40 et en 1956.

Voici la moralité de cette chronique : comme chante Boby Lapointe dans « Avanie et framboise », « on peut presque tout changer excepté ce qu’on ne peut pas ». Juliette a quand même bien fait de se faire refaire le pif, surtout la première fois : nous avons retrouvé une photo de son appendice nasal initial. Oui, hein, pas terrible !

 

DDS 753Juliette Jujube 2

28 janvier 2023

Les Bonnes lectures de l'oncle Joe : "Le Carnet de bal" de Chris Toul (Joe Krapov)

DDS 752 les-7-boules-de-cristal-fr

Il n’y a pas plus irrationnel que le trouillomètre à zéro. Surtout quand ce qui provoque votre peur n’existe pas ou est issu de l’imagination d’un ou d’une autre.

De Mary Shelley à Bram Stoker, de Frankenstein à Dracula, tous les trafics inimaginables et pourtant imaginés autour de la mort – vampires, zombis, loups-garous, Jean-Pierre Chevènement, etc. - ne m’ont jamais vraiment beaucoup attiré. J’ai préféré me limiter, comme bon nombre de gamins nés après 1948 à cette effrayante momie d’un roi Inca nommé Rascar Capac, à l’histoire de la malédiction des archéologues et journalistes qui ont pillé sa tombe.

C’est – encore et toujours ? - une histoire belge, écrite et dessinée par Georges Rémi dit Hergé et qui a pour titre « Les Sept boules de cristal ». C’est une aventure de Tintin et Milou. De l’irrationnel, il y en a à revendre dans cet album. Il y a une voyante qui prédit à Madame Clairmont que son mari va avoir de graves problèmes et effectivement il est une des victimes de la liste. D’après le professeur Bergamotte, tout ce qui arrive était annoncé sous forme d’un message prémonitoire dans la sépulture explorée.

A heures fixes, les savants mis en léthargie après avoir respiré le contenu d’une boule de cristal se réveillent et protestent contre des tortures qu’on leur infligerait. Mais je m’arrête ici. Soit vous l’avez lu, soit vous irez le lire ainsi que « Le Temple du soleil » qui lui fait suite et dans lequel on explique tout. Avec quelques invraisemblances qu’on pardonne volontiers.

Ce qui est irrationnel aussi c’est que j’oublie toujours ce deuxième tome et que ma mémoire reste donc accrochée aux mystères du premier, à cette scène en couverture d’une boule de foudre entrée dans un appartement, faisant léviter le professeur Tournesol dans son fauteuil au-dessus de la table du séjour et finissant sa course dans la vitrine de la momie qui se désintègre. Plus tard Rascar Capac réapparaît dans la chambre de Tintin, entre par la fenêtre et projette sur lui une boule de cristal. Mais c’est un cauchemar.

Rascar Capac bouscule Tintin

Un cauchemar de papier dont on se remet très vite - ou pas. Soixante-dix ans après sa parution est-ce que ça peut encore faire peur aux enfants d’aujourd’hui, une telle bande dessinée ? Le plus irrationnel de nos jours - et ça, ça fout la trouille à leurs parents - c’est que les vieilles momies sont bien vivantes, qu’elles s’accrochent au pouvoir en usant de tous les coups, y compris les pas permis, y compris les coups d’état, y compris les guerres pour faire le malheur de l’humanité et accroître leur trésor. Vite, vite, un tombeau pour elles ! Ou, à tout le moins, une boule de foudre !

***

Si vous êtes sages et si l’oncle Walrus nous sort « jujube » de son dico la semaine prochaine, je vous parlerai dans une prochaine causerie de Juliette Gréco et de « Belphégor » !

21 janvier 2023

De quelques hurluberlus bédéesques (Joe Krapov)

DDS 751 Haddock

Il faut attendre l’album « Objectif Lune » pour que le mot « hurluberlu » devienne une insulte sortant de la bouche du célèbre capitaine Haddock.

Pourtant, dans les aventures de Tintin, scénarisées et dessinées par Georges Rémi dit Hergé, il figurait déjà un certain nombre de personnages, de Tryphon Tournesol aux Dupondt, de Philémon Siclone à Séraphin Lampion, auxquels cette dénomination pouvait s’appliquer sans aucun problème.

J’aime beaucoup les hurluberlus. J’en suis peut-être un moi-même. Dans les définitions des dictionnaires on lit : « personne étourdie, écervelée qui se comporte avec extravagance, d’une façon bizarre ou inconsidérée. Synonymes : braque, évaporé , extravagant, farfelu ». Ou pas !

Mais je ne suis pas ici pour raconter ma vie et donc je ne vais le faire que très peu. Je vais juste ajouter que j’ai relu ce dernier mois la quarantaine d’albums des éditions Dargaud que je possède dans lesquels sont reprises les bandes dessinées de Charles M. Schulz consacrées à Snoopy et à ces enfants américains qui ont eu la chance (?) de ne jamais vieillir pendant près de cinquante ans. Je me suis régalé à nouveau de tous les éclats de rire nés de cette lecture, de toutes les inventions abacadabrantesques de ce cartooniste.

Car chez les Peanuts, les hurluberlus sont légion et particulièrement dans les gags quotidiens parus entre 1988 et 2000.

DDS 751 Snoopy Sopwith camelIl y aurait une thèse à écrire sur le chien de Charlie Brown, sur le Van Gogh et le billard qu’il possède dans sa niche, sur la claustrophobie dont il souffre, ce qui fait qu’il dort sur le toit de celle-ci. Sur l’amour qu’il a de ses gamelles : il les filme en vidéo pour les revoir ensuite. Sur ses ambitions de romancier - « C’était par une nuit sombre et orageuse » - rejeté par les maisons d’édition et même par sa boîte aux lettres ! Sur sa participation à la guerre de 14-18, ses combats dans son Sopwith Camel contre le baron rouge. Sur sa troupe d’oiseaux scouts, sur Joe Cool, sur la reprise par la légion étrangère de Fort Zinderneuf, sur Woodstock, sur sa pratique de tous les sports.

Autre personnage bien frappé, Linus Van Pelt ne se promène pas sans sa couverture de sécurité ; la nuit de Halloween, quel que soit le temps et il pleut souvent fin octobre, il fait le guet dans un champ de citrouilles pour voir s’envoler la grande citrouille qu’il assimile au Père Noël ou a Santa Claus pour être précis.

Sa grande sœur, Lucy, autoritaire, expéditive n’a qu’une faiblesse : elle est amoureuse de Schroeder, le pianiste qui ne lui prête guère attention et préfère jouer du Beethoven sur un piano d'enfant. Grâce à eux je sais – mais j’oublie toujours de me promener dans la rue avec une pancarte "C'est l'anniversaire de Beethoven !" ce jour-là – que l’auteur de l’Ode à la Joie est né un 16 décembre ! Les gags graphiques muets autour des partitions sont tout simplement sublimes.

DDS 751 Peppermint pattyTout le monde n’entre pas aussi facilement que moi dans cet univers un poil absurde mais pourtant très bien observé. Avez-vous déjà envoyé un cerf-volant dans le ciel sans qu’il atterrisse dans les branches du seul arbre à proximité ? Dans les bandes des dernières années j’adore la façon dont ces pauvres gosses vivent la problématique de l’école et donc du poids des règles sociales. Les démêlés de Peppermint Patty avec les QCM, les vrai ou faux ou les fiches de lectures à rédiger pendant les vacances, la nouvelle nouvelle philosophie de Sally Brown, tout cela m’enchante positivement.

Mais le plus hurluberlu de tous est bien Spike, le frère de Snoopy qui vit dans le désert. Je trouve admirable tout ce que l’auteur a pu tirer comme effets comiques d’une telle situation : un chien civilisé mais un peu bêta vit dans le désert en compagnie d’un cactus, de cailloux et de buissons baladeurs : il porte un chapeau de pêcheur et des chaussures offertes par Mickey ! Andy et Olaf, les autres frères toujours perdus ne sont pas mal non plus !

DDS 751 Spike schultz 3

Le dernier gag, le plus funèbre, est peut-être celui qui s’est déroulé « In Real Life », dans la vraie vie.

Charles Monroe Schulz a décidé d’arrêter de travailler à cette série en 1999. La veille de la parution de la dernière planche, le 12 février 2000, il décède à l’âge de 77 ans.

Quel hurluberlu ! Faut jamais prendre sa retraite ! Faut jamais s’arrêter de travailler ! Pas avant l’âge de 117 ans ! La preuve : dès qu’on arrête, on meurt ! 

14 janvier 2023

Une Élégie pour Pélagie (Joe Krapov)

DDS 750 Galipaux 1

- En fîmes nous, des galipettes !

- Même, nous cassâmes des lattes au lit !

- Quels pliages ! Quels origamis !

- Et quelle gaieté dans nos ébats !

- On était agiles ! On en faisait partout !

- Agités du bocage !

- Sur la plage !

- Sauf si elle était en galets !

- On n’avait pas de galette !

- On se pelait ! On se gelait ! Mais on restait d’humeur égale !

- T’étais ma petite marguerite ! Je t’enlevais les pétales !

- Tu m’as gâtée ! Epatée ! Toujours pliée de rire, avec toi !

- Je ne suis pas du genre qui glapit mais notre palette de couleurs n’est plus aussi étendue !

- C’est vrai. Palette de douleurs, tu devrais dire. C’est une pitié, de prendre de l’âge ! On pâlit, on pâtit, on prend la pâtée au palet, on tombe dans tous les pièges, plus rien ne nous égaie !

- On a toujours un pet de travers, on s’alite pour un rien ! On a des pétages de plombs dignes d’un gilet jaune dès qu’on entend le mot « élite » !

- Arrête de ronchonner, c’est l’heure qu’on descende nos deux étages. Le taxi vient d’arriver en bas. Allez, mets ta gapette et ton manteau, Papi. Et ne t’étale pas dans l’escalier ! Va pas te casser une patte ! Même si ça te ferait une bonne excuse pour ne pas aller jusqu’au funérarium !

- Quelle plaie, les funérailles ! Je déteste ça ! Ça lui faisait quel âge à Tatie Pélagie ?

- 98 ans ! Mais elle était bien tapée, l’ancienne prof d’éducation physique et sportive !

- Elles sont encore plus loin que nous dans le passé, ses galipettes à elle ! Elle est rendue à la dernière étape !

- Elle qui était plus souvent pagée qu’à son tour, à se tortiller dans son lit comme si elle avait attrapé la gale, elle ne bougera plus maintenant !

- Où est-ce qu’on disperse ses cendres ?

- Derrière le gymnase !

roulez jeunesse

7 janvier 2023

La Pêche au rouget de Jacques P. (Joe Krapov)

1
DDS 749 sgt-pepper-album-cover1_0Allons, en sortant de l’école,
Enfants, danser la farandole !
A l’instar de la ribambellle
L’heure est à se faire la belle
Sur de jolis chemins buissonniers

Voyez-vous bien au quai de la gare
Ce train aux wagons colorés
Où joue un orchestre bizarre
Musiciens en tenues bariolées ?

Montons sur la plate-forme !
Mettons un souk énorme !
Dansons ! Dansons
Ronds d’Saint-Vincent
Et laridés huit ans !

(Euh...  je crois que ça s’écrit « huit temps »!)

2
Allons, en sortant de l’école,
Enfants, danser la farandole !
Faisons fi des garde-barrières !
Condamnons les faiseurs de guerres
A se tenir par l’auriculaire !

DDS 749 rouget_lisle_chantant_marseillaise (réduit) 3Comptez vos pas, tyranneaux grotesques !
Sautez, balancez en cadence 
Vos bras, vos allures simiesques
Et suivez le rythme de la danse !

Cessez votre bla-bla !
Dansez la lambada !
Soyez, grands fous,
A no(z)s festou
Bombardés de binious !

3
Allons, en sortant de l’école,
Enfants, danser la farandole !
Le train nous emmène à la plage
Ramasser de beaux coquillages
Et voguer vers les îles parfumées

DDS 749 SUB_SUB_009 drew _0Au Japon des trois mousquetaires
Par quatre descendons au jardin
Faisons le tour de l’Univers
Dans notre sous-marin jaune ou vert

Dansons dans le printemps !
Donnons-nous du bon temps !
Fest-deiz ! Fest-noz !
La vie en rose
Rien d’autre n’est important !

Poil au dents !

 

Cette vidéo n'est semble-t-il visible qu'en France. Pour les autres pays, essayez ce lien-ci :

https://vimeo.com/125800098

En sortant de l'école - collection PREVERT from Tant Mieux Prod on Vimeo.

31 décembre 2022

De l'opérette à la supérette : appel aux dons (Joe Krapov)

Polonaises, Polonais !

Il nous faut de l’amour ! Il nous faut de l’amour ! (Air connu)

Exigez de l’amour qu’il soit inexorable, exagéré, axiomatique et à proximité plutôt qu’approximatif !

Fi des fauteuils relax et des luxures molles à Dax ou à Louxor d’où partit l’obélisque !

Foin du laxisme toxique et des désirs perplexes nécessitant lexique ou excipients pour conjuguer les auxiliaires !

Il nous faut du Mexique, l’exil aux galaxies, pas la crucifixion ou les génuflexions par trop anxiogènes !

Nos locaux sont exigus, le boxon administratif par trop complexe et prolixe ! Nous devons investir dans le dur, dans le pur, dans un sexe de silex, dans une taxinomie marxiste-léniniste excitante plutôt que dans une taxidermie marxiste-lénifiante ex-titiste pour trouver un remède à notre vexillologie érotique en berne !

Polonaises, Polonais, soyez généreux ! Pour aider au maximum à la recherche d’un élixir d’amour, donnez zƚotys !

Adressez vos dons à :

Professeur Wƚadysƚaw R.P. Gaucher
3 rue Calixte Pixar
50-001Wrocƚaw
POLOGNE 

24 décembre 2022

Réveillon(s)-nous, voyons ! Joyeux Noël quand même ! (Joe Krapov)

Vive le boudin blanc, le foie gras, le champagne,
Le gros tas de cadeaux comme un mât de Cocagne ! 
Vivent les serpentins, les cotillons idiots
Et, au pied du sapin, l’amas de croquenots !

Vive le gros barbu, son coffre sur le dos
Débordant de jouets pour les petits enfants !
Vivent tous ces lutins emballeurs de cadeaux
Et les rennes chargés de l’acheminement !

Hourra pour le caviar, le saumon, le chapon,
Les vins fins, les flacons ! Bravo pour le sapin,
Pour le couvert dressé, le faste du salon
Qui se trouve surpris de faire aussi « rupin ».

Louangeons ces migrants d’il y a deux mille ans
Et cet accouchement entre l’âne et le bœuf
Un soir que l’hôpital manquait un peu d’allant
Mais c’est mieux maintenant ! Basta ! Au gui l’an neuf !

Dommage que leur gamin n’ait pas fait de vieux os !
C’est quand même grâce à lui qu’on se remplit la panse
Qu’on se goberge à bloc, qu’on écoute Tino,
Qu’à tire-larigot on s’embrasse et on danse !

17 décembre 2022

J'fais un colloque, j'me réunis (Joe Krapov)

Je ne suis pas ici pour raconter ma vie mais… je pourrais très bien vous parler du fichier des collectivités dont je me suis occupé dans une vie antérieure lorsque je travaillais au Catalogue Collectif des Ouvrages Étrangers à Paris !

En ai-je vu défiler des fiches perforées visant à signaler des congrès, des colloques, des symposia, des réunions, des publications de l’Organisation des Nations-Unies…

Mais le colloque le plus rigolo qui me soit ou qui m’est tombé sous les yeux, c’est quand même celui, découvert tout récemment, de l’Université de Dijon dont on trouve la présentation ici :

https://www.u-bourgogne.fr/agenda/colloque-international-pif-le-chien

Il se trouve qu’avant d’étudier en détails la sociologie des aventures de Pif, les organisateurs de ce colloque ont lancé un avis de recherche en vue de rassembler tous les numéros du mensuel « les Aventures de Pif le chien ». Dommage que je sois arrivé trop tard ! Je possédais quelques exemplaires dont celui-ci qui représente notre oncle Walrus bien attrapé par le pif - et par le Pif.

DDS 746 Pif 08 couverture

Je pourrais faire de longs billets pour vous narrer les gags qui me sont survenus quand j’ai essayé de reconstituer, de mon côté, depuis l’année dernière, la collection complète de ce périodique.

Las, ce n’est pas le sujet et de plus je suis pris par le temps car j’ai été invité, mercredi dernier, à un colloque musical – on n’en sort pas ! - qui a lieu ce vendredi soir à 17 h 45 à l’Opéra de Rennes. A l’invitation des Résonables, on se réunit pour constituer la chorale éphémère des Lutins en lutte en vue de chanter, un joli bonnet sur la tête, des chants de Noël anti-capitalistes et anti-consuméristes !

Je suis ravi de vous offrir, en avant-première, ma contribution à ce colloque bien décalé !

Si vous n’aimez pas l’humour noir, abstenez-vous d’écouter cette chose ! 

10 décembre 2022

99 dragons : exercices de style. 75, Belgicismes (Joe Krapov)

- Le Lumeçon ? Tu veux aller au Lumeçon de Mons qui a lieu pendant le Doudou ? Quelle langue tu causes, là ? C’est quoi, encore, ce mystère que tu nous fais ?

- Justement, c’est un mystère ! La reconstitution du combat de Saint-Georges contre le dragon ! Le dragon s’est accaparé des moutons des paysans...

- Il est très amusette, très amitieux, il veut juste leur faire une baise sur les joues, alléï !

- Non, non, il les grille au chalumeau, les met dans son assiette profonde et les avale en buvant une gueuze Lambic à fond pour éviter d’astruquer ! Tu penses bien que l’éleveur qui s’est fait ainsi arranger, ne reste pas les deux pieds dans ses babys. Il s’en va faire le beideleir chez le baas, le bourgmestre.

- Quel pitch ! Il va déranger le roi pour juste une petite bisbrouille, un simple conflit de voisinage, une brette ? Il va entrer avec ses chaussures pleines de berdouille dans un château où c’qu’y a tout qui blinque ?

- Qu’est-ce que tu viens encore braire, Mathurin ? dit le roi au nuton pelant. Quelles carabistouilles vas-tu nous raconter, espèce de breyoû ?

- Y’a du brol, majesté ! Va falloir lui dire « Coucouche panier ! » à la bibiche qui vient jouer les crapuleux de ma strotje dans votre petit royaume ! Quel goulaf ! Vu son appétit énorme, vos croustillons et votre bloedpens sont menacés par ce dzoum-dzoum qui bâfre !

- C’est bon, retourne affronter la drache, je vais sonner le sauve qui pleut général et rassembler les échevins, on va régler ça vite-fait.

***

Ce qui m’épastrouille dans cette version-là, c’est qu’il se trouve tout un tas de baraquîs, de castards et de dikkeneks pour faire le chipot, aller direct au casse-pipe, mouiller la chemisette (leur marcel !) et chauffer l’encombreur qu’on a déjà surnommé la bête bise de Combray.

Ils sont meilleurs qu’ailleurs les estaminets, les bars à schnick et les caberdouches de Mons ? Les guindailles sont spéciales, par là-bas ?

Toujours est-il qu’ils sont tous partant pour aller filer des calottes à Elliott, le faire tourner en rond et en bourrique comme sur un carrousel, lui faire avaler sa chique Hollywood ! Pas un seul clopard dans la bande, pas un seul qui ait la chite au moment d’en découdre avec le gros fumeur ! Aucun labbekak dans la troupe ! Ils ont mis quoi dans la flamiche pour que ça gaze autant ?

Les voilà tous sur la grand place, excités comme au jeu de balle ! Ah, la kermesse ! Ça vous donnerait la kikkebiche, pour un peu !

Toute la population autour a délaissé son kot, même les ménagères ont posé leur loque et tordu leur wassingue pour venir voir la margaille.

DDS 745 Lumeçon 02C’est vrai qu’il est spittant le Saint-Georges, même si son cheval est noir ! Il ne s’est pas habillé chez un marchand de loques ! Casaque jaune bordée de rouge, chemise bleue, gants blancs, maronne de cavalier blanche et bottes noires, il porte un casque de cuirassier belge de 1845 (en 303 ?) : cimier cuivré, plumet rouge et queue de cheval à la nuque.

DDS 745 Lumeçon 03 ChinchinsAutour de lui il y a douze Chinchins avec des fouffes de tissu écossais et des chapeaux noirs et si on ne voit pas leur kilt avec rien en-dessous c’est qu’ils sont engoncés dans des chevaux-jupons couverts de peau de vache et qui symbolisent des chiens-chiens (qui sont peut-être des chiennes-chiennes).

L’ange gardien de Saint-Georges, le treizième homme, est appelé Chinchin protecteur. Il est un peu comme le sélectionneur de l’équipe qui s’occupe des lances et des relances. Le D.J. des champs de bataille !

DDS 745 Lumeçon 04 diablesEn face il y a onze diables qui brandissent des vessies de porc en faisant croire au public qu’il s’agit de lanternes mais les Belges ne sont pas aussi sot-l’y laisse qu’on le croit et rétorquent du tac au tac « Et mon cul, c’est du poulet ? ».

A côté de ça il y a onze hommes blancs qui manipulent le dragon, huit hommes de feuilles qui soutiennent sa queue dont tout le monde dans le public veut arracher le crin ( ??? Même dans le Kâma-sûtra, on ne lit pas de phrases aussi affriolantes que celle-ci !).

DDS 745 Lumeçon 05 Cybèle et poliade
Depuis 2001 il y a deux sorcières rousses, Cybèle et Poliade, qui ne font pas partie de la diégèse (ce n’est pas un belgicisme, c’est juste un mot savant qui signifie qu’elles n’ont rien à fiche dans l’histoire, qu’elles n’étaient pas dans le storyboard original) et c’est ce qui me fait dire qu’ils sont fous, ces Belges, mais que je ne les remercierai jamais assez de m’offrir d’aussi belles poilades.


Il y a donc du monde, 46 personnes, sur le terrain et l’arbitre ne siffle aucun penalty, ne sort aucun carton, ni jaune ni rouge, n’arrête pas le match qui, dans ces conditions extrêmes, va durer non pas nonante mais trente minutes ! Même qu’à la fin, fait pratiquement inédit dans les annales du sport, le héros sort de sa huche à pain un pistolet du modèle « Verlaine à Bruxelles en 1873 » et assassine son adversaire qui pète voï et s’en va passer quatre saison en Enfer !

DDS 745 Lumeçon 01

Ben oui, il reviendra l’année prochaine. Le mystère n’en est pas un, c’est du cinéma, ou plutôt du théâtre qu’on suit ici avec passion. Ça existe depuis 1248, ça se passe tous les ans à la Trinité sauf quand ce zot de Malbrough et cette folle de Covid reviennent nous faire jouer à carnaval !

La Ducasse de Mons, le Doudou, est même inscrite au patrimoine oral et immatériel de l’humanité. C’est dire si, en vous le présentant ici de manière aussi peu sérieuse que possible, j’ai encore accompli un grand pas dans l’iconoclastie chère au capitaine Haddock !

Mais je suis sûr que les admiratrices et admirateurs de monnonc' Archibald me pardonneront la chose ! 



P.S. Je ne suis absolument pas certain d'avoir fait un emploi correct des belgicismes.
Je les ai relevés ici où, semble-t-il, ils ont déjà fait l'objet de contestations.

Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 > >>
Newsletter
Publicité
Le défi du samedi
Publicité