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Le défi du samedi
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7 février 2015

Loreille et Lardu ethno-folkoristes (Joe Krapov)

 

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- Ce sont des choses que l’on sent bien, Lardu, surtout ces temps-ci.
- De quoi, Loreille ? Le Munster ? Le Vieux-Lille ?
- Tout le monde est d’accord pour dire qu’être intègre est une qualité.
- Tu parles de quoi, là ? Tu ne vas pas nous faire tout un fromage avec ces histoires d’intégration ?
- Mais par contre l’intégriste est vu d’un sale œil.
- Alors que c’est lui qui nous lance des regards noirs !
- Tout le monde s’accorde aussi sur le bien-fondé du bien-fondé.
- Par contre pour le bien fondu, il faut prendre de la raclette.
- Ainsi on ne peut pas discuter avec quelqu’un dont la pensée est sans fondement.
- Alors là je reste sur le cul ! C’est pour moi que tu dis-ça ?
- Et pourtant les fondamentalistes sont mal considérés.
- Et donc ?
- Et donc, si je te dis que j’aime la musique traditionnelle, il ne va pas se passer cinq minutes avant que tu ne me traites de traditionnaliste.
- Si c’est une tradition, c’est certain que je vais la respecter. Genre fromage et dessert. Et verre de vin qui va avec.
- Remarque je peux toujours m’en tirer en disant que je suis un folkeux.
- Moi je suis un rockeux. Le rock fort, il n’y a que ça de vrai
- Je peux dire aussi "fan de musique ethnique".
- Ca ne va pas plaire ni à ta mère ni à Dominique. Elles ne sont pas coulantes côté vocabulaire et rimes pourries. De toute façon ta sœur a rarement le sourire !
- Et pourtant il me semble qu’en écoutant la musique traditionnelles des pays autres que le mien, je fais preuve d’ouverture d’esprit, non ?
- Personne ne te reproche rien, Loreille ! Tu peux écouter toute la world music que tu veux et même dormir sur tes deux, si tu veux ou plutôt si tu peux ! Du moment que tu ne préfères pas les nains sectaires au saint-Nectaire, moi ça me va !
- Alors ça ne te dérangera pas si je mets des images de coiffes bretonnes avec de la musique du Brabant dans un diaporama sur le thème de la tradition ?
- Qu’est-ce que tu boirais avec un Chaource, toi ? Un Saint-Nicolas de Bourgueil ou un Chardonnay ?
- Je n’ai pas de religion là-dessus. Dis, ce n’est pas le tout de causer philosophie en latin de cuisine. On passe à table ? Qu’est-ce que tu nous as préparé ?
- Ca !
- Ah non ! Pas encore un repas de fromages ! Sans apéro, sans entrée, sans plat de résistance ! Pas de dessert non plus, je parie ? T’es chiant, hein, Lardu !
- Dis-donc, Loreille, ce n’est pas pour dire mais toi t’es vraiment du genre à mettre les petits plats dans les grands et les pieds dedans ! Qu’est-ce que tu peux être traditionaliste, finalement !

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24 janvier 2015

Amné-drôle de mu-sique ? (Joe Krapov)

02 A Oncle armand 02 1

Comment ai-je pu oublier l’oncle Hubert ? Aurais-je trop bu de vodka polonaise au petit-déjeuner ? Je n’ai pourtant jamais forcé sur le Beaujolais avec le camembert !

Qu’est-ce que c’est que cette histoire de cours d’anglais ? J’ai fait allemand 1ère langue, russe en deuxième et latin sans messe en supplément !

J’aurais eu un oncle Armand ? Et il se serait produit à l’Olympia ? Moi qui pensais être le seul artiste de la famille avec mon frère William ! Et encore pour gagner ma vie j’ai été obligé de bosser sous pseudonyme dans un restaurant mexicain !

Oubliée aussi la tante Louise ! Mais par contre je me souviens bien des Loiseau. Non, pas ceux qui oeuvrent dans Tintin – Le Secret de la Licorne – mais ceux bien plus sympas qu’on a connus en Auvergne quand on allait là-bas pour des vacances forcées – on peut oublier Palerme mais pas La Bourboule ! Ils étaient apparentés avec Bernard Loiseau, le célèbre restaurateur de Saulieu. Mais pourquoi aurait-il donné à son restaurant parisien le nom d’une tante mienne ? Oui, je sais, Louise est un prénom de plus en plus répandu.

Quant à tante Jeanne, aucune trace dans ma mémoire d’un mélange de macédoine et de tiramisu. Ou alors j’ai oublié, ou j’étais parti à l’opéra voir les p’tits rats, mi soûl, Mitsou, Missouri un soir où ça sentait le roussi.

 

DDS 334 Hélène

J’ose à peine me souvenir que je suis descendu dans le gouffre de Padirac. La photo de la famille dans la barque a longtemps trôné sur le buffet dans la cuisine de mes grands-parents. Qu’est-elle devenue ? Maintenant qu’ils ne sont plus là, elle est peut-être chez Tonton Georges ? Mais à part ça, je n’ai rien fait d’autre en matière de spéléologie. Et surtout pas en galante et russe compagnie ! J’eusse été bien en peine de folâtrer avec une Natacha car je n’en ai jamais connu aucune ! Tout juste ai-je retenu le patronyme de Natacha Lindinger qui jouait le rôle d’Hélène Châtelain dans les premiers épisodes de Nestor Burma.

Alors ? Pourquoi ai-je les prénoms de cette famille inconnue dans la tête ? Pourquoi aurais-je rendu visite à ces ancêtres à l’époque où j’étais au lycée Franklin à Lille ? J’habitais à vingt kilomètres de là et je n’y connaissais personne chez qui aller aux intercours, à part le Furet du Nord vers qui je courais-courais pour y lire des bédés.

M’aurait-on implanté, comme dans un roman de Philip K. Dick, des faux souvenirs ? Pour obtenir quoi ?

Ou alors… Ne devrais-je pas me rendormir pour oublier ce drôle de rêve ? Il est six heures du matin. J’ai encore droit à une heure de sommeil. Oui c’est ça. Je suis au lit, c’est mon inconscient qui délire. Je replonge.

Et puis le réveil a sonné. Je me suis levé, l’air maussade. J’ai posé le pied sur la feuille aux six paragraphes de texte avec à droite les accords de guitare et de ukulélé.
Avant que je parte au boulot, Marina Bourgeoizovna m’a dit :
- Tu ne t’es pas foulé, pour le prochain Défi du samedi, avec ta chanson hôn !

Le matin elle est comme ça, pur jus, la vérité crachée en face, franche du collier, comme toujours.

- Attends, que je lui ai dit, j’ai quand même composé la musique ! Et puis vous avez bien rigolé avec Anita hier soir quand je vous ai fait écouter l’enregistrement, non ?

FillonC’est vrai, les paroles sont de Vegas-sur-Sarthe. Et, oui, c’est un mélange de mémorisation triviale et de poursuite de nostalgie, mais quoi ? C’est drolatique, on est dans la même veine, quelque part, lui et moi, à aller au charbon chaque jour en écrivant et moi ça me fait bien marrer cette polyphonie d’un jour pondue à l’instigation de tiniak. Un vrai défi, bien relevé, bien piquant, non ?

- Tu ne vas quand même pas prétendre que c’est François Fillon le plus grand comique de la Sarthe ? ai-je demandé.
- Je n’ai pas dit ça ! a-t-elle répondu. Allez va bosser ! Oublie !

Oublier ? Je ne peux pas ! Je suis hypermnésique ! Et c’est de pire en pire ! La preuve : maintenant je me souviens même de la famille des autres ! Je la connais par cœur la chanson !  

17 janvier 2015

Salut, vieilles branches (Joe Krapov)

DDS 333 branches

Dans le hamac le soleil te caresse
Tu t’ la coules douce tu te tournes les pouces
Tu y cultives le droit à la paresse
La flemme aiguë t’en fiche pas une secousse

Qu’il est donc doux de rester sans rien foutre
Tandis que tous s’agitent autour de vous
Davy Crockett affronte les hommes-loutres
Tandis que tous s’agitent comme des fous


Poil dans la main incroyab’ comme tu glandes
L’hiver dehors envahit les jardins
Il y a du givre et d’la brume sur nos landes
Dans la ch’minée tu remets un rondin

Dans l’rocking chair c’est vrai que tu t’en balances
Du froid dehors du gel sur le chemin
Poil dans la main, tu l’ regardes en silence
Et tu t’étonnes : c’est plus du poil c’est du crin ! 

3 janvier 2015

Je me souviens de l'an 2000 (Joe Krapov)

- Je me souviens que le prénom d’Alzheimer est Aloys.
- C’est bien, c’est suffisant pour qu’on ne t’enferme pas et qu’on te laisse libre de tes mouvements !
- Je me souviens que le prénom de Pérec est Georges et qu’il avait une tête de marin-pêcheur breton.
- Je confirme, aussi vrai que je m’appelle Jean-Emile Rabatjoie.

2015 01 02 Scan collage Pérec


- Je me souviens qu’on disait « Je vous souhaite une année bonne et heureuse » et qu’on répondait : « Une longue et vigoureuse ! ».
- Aussi vrai que je m’appelle Jacques-Henri Casanova, je confirme !
- Je me souviens que ma nièce, Isaure Chassériau, avait reçu un ukulélé rose à Noël !
- Aussi vrai que je m’appelle Joe Krapov, je confirme. C’est moi qui le lui avais offert !

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- Je me souviens que j’ai toujours eu horreur de jouer à ce jeu de « Je me souviens »! A partir d’un certain moment ça devient le carnaval des animaux autofictionnels ! Voire la Danse macabre des années qui passent !
- Alors, aussi vrai que tu t’appelles Camille Cinq-Sens, oublie ça et sers-nous une autre tournée ! Et souhaitons une bonne année 2015 au Défi du samedi de la part de Rennes-en-Délires !

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20 décembre 2014

99 dragons : exercices de style. 99, Apostrophes (Joe Krapov)

Apostrophes de Saint-Georges au dragon et vice-versa :

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- Te mesurer à moi ? Qui t’a rendu si vain
Toi qu’on n’a jamais vu, lézard, missel en main ?
- O homme, unique objet de mon ressentiment
Entre les grands R que tu te donnes
Et la vanité que jamais tu ne T
L’histoire ne retiendra de toi que ta petite S !
- En garde, manant, cauchemar rémanent, baudruche de cinéma permanent, ta vie ne tient plus qu’à un fil et l’heure est venue d’en découdre !
- Recule, virgule, ou je t’apostrophe !
- Tiens, maroufle, prend ce coup d’estoc dans ta bedaine rustique, et si ça ulcère ton estomac tant pis pour toi ! Je ne suis pas du genre à mettre des moufles avant d’envoyer mes mornifles, ou alors ce sont des gants de boxe, Cassius Clay à la manque !
- Goûte à ma flamme, l’allumé ! Je vais faire griller ta robe en alu, mon Alain, que tu m’en diras des nouvelles au roman ! Fais gaffe, petit-Breton à la tournoi de coco, de ne pas terminer en galette-saucisse sur la place des Lices !
- Arrache-toi de là, baba cool cradoque, t’es pas de ma bande, casse-toi, tu pustules et Ides of march à l’ombre !
- Toi aussi mon fils, tu en veux ? Sois pas impatient, biloute : dins deux minutes té vas r’simbler à ch’paquet d’ cassonad’ !
- Attrape, satrape ! Prends, sacripant !
- Prends ce coup de pompe dans l’écu, espèce d’Argentin de Carcassonne !
- Chope la soupape, vieille mule du pape ! Crève, charogne !


Apostrophes du narrateur au lecteur et à une copine d’Offenbach :

Lecteur, toi dont l’âme est sensible et la patience limitée, je m’en vais t’épargner la suite des invectives et la narration de la fin du combat. Si tu rêvais de sang, de sueur, de larmes et de têtes coupées, sache, internaute de mon cœur, qu’il y en eut autant qu’à la bataille d’Hydre-de-Lerne et bien plus encore que ce que toi-même peux trouver en surfant sur ton Internet !

Et donc, toi, Fatalité, fille par PMA-GPA des trois Parques, tu fis comme toujours ou presque triompher le héros Disneyen et distrayant de l’affreux dragon Baudelairien, souffleur du mal, qui avait dans cette version-ci désir de paradis artificiel, croyance au Seigneur et spleen de parti.


Derniers mots du dragon pour confirmer le dernier jeu de mots :
- Si près de voir mon feu récompensé, ô Dieu, l'étrange peine !


Apostrophe du narrateur à Vénus (Tu la connais, Joe ? T’as son phone ?) :

- Et toi, Vénus , callipyge que dalle déesse de l’Amour, tu as présenté au vainqueur le présent qu’on lui a promis, la fille du roi, en espérant qu’ils sacrifiassent ensemble à ton culte que tu as fort joli ma foi.


Apostrophes du chevalier Saint-Georges à la princesse et vice-verseau :

- Belle reine, et pourquoi vous offenseriez-vous ? Viens-je vous demander que vous quittiez l’empire ? Que vous m’aimiez d’amour ? Que nenni, ma bergère, c’est le troupeau des ponts qui bêle ce matin aux pieds de Toureiffel qui m’appelle ! Homme libre, toujours tu chériras Paris ! Mon enfant, ma sœur, songe à la douceur de rester libre de tes choix…
- Jamais je n’eusse imaginé, preux chevalier, que vous pussiez refuser de m’y accompagner !
- Où cela, gente demoiselle ?
- Au pucier, imbécile ! Et en plus bougre d’âne, vous ne connaissez ni l’argot ni l’humour fondé sur l’homophonie. C’est dingue ! Mais finalement, c’est mieux comme ça, banane ! Allez cass’toi, pauv’ con !
- Adieu Madame !


Apostrophes de Saint-Georges à son cheval et lycée de Versailles :

- Ne répondons pas à cette hétaïre. Allez, viens, Rossinante ! D’autres moulins de mon cœur nous attendent.
- Hey, poor lonesome cow-boy Georges, j’étais bien plus heureux avant quand j’étais cheval de Ben-Hur !

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- Alors, c’est vrai, Joe Krapov ? Tu as enfin terminé tes 99 exercices de style ?
- Oui !

 

P.S. Cher, vénérable et vénéré oncle Walrus, je te remercie d’avoir ranimé la flamme de l’hagiographe iconoclaste chrétien qui sommeillait en moi en me faisant cadeau de cette image portugaise qui était ensablée dans tes archives ! Je lève mon verre de Porto à ta santé ! Et à celle de Miss MAP qui nous pousse au mensonge littéraire éhonté. Et surtout : Joyeuses fêtes de fin d’année aux Défiant(e)s !

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13 décembre 2014

Prêtez l'oreille, braves gens ! (Joe Krapov)

Octobre touchait à sa fin. Les arbres perdaient déjà leurs feuilles. C’est alors qu’un étrange phénomène se produisit. Un mimétisme végétal gagna les livres et les hommes. Des feuilles de livres jaunirent puis se détachèrent, des oreilles aussi.

Pendant que les hommes s’occupaient à ramasser les feuilles mortes à la pelle les oreilles allèrent traîner ici et là de par le monde.

Certaines, très discrètes, intégrèrent des murs pour qu’aucune information ne se perde.

D’autres qu’on appela ennemies entreprirent de devenir espionnes : elles exercèrent ce métier avec la rage et le désespoir de la vieillesse.

Certaines grandes décidèrent de vadrouiller par paires. Elles se glissèrent sous les oreillers pour recueillir des secrets d’alcôves plus ou moins goûteux. Elles en furent pour leur frais : les gens qui dormaient sur elles ne pipaient plus aucun mot : ils s’endormaient illico, ronflaient et sciaient du bois dans un sommeil des plus profonds.

Des oreilles trop indiscrètes mais trop peu discrètes se firent repérer et furent taillées en pointe.

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D’autres retournèrent à l’école, se souvenant qu’elles avaient mal écouté les leçons des maîtresses. Mais le naturel revenant au galop elles oublièrent à nouveau de qui était le silence de Ludwig Van Mozart qui suit les œuvres de Wolfgang Amadeus Beethoven et elles se greffèrent à des bonnets d’ânes. Elles allèrent au coin coiffer les mauvais élèves, ceux qui disaient non avec la tête, rêvaient des oiseaux porte-plumes, du grand chemin de fer en sortant de l’école et des oiseaux qui ne saluent plus le képi dans la cage et les ratons-laveurs.

Pendant ce temps, l’hiver était arrivé. Plus un seul petit morceau de Scaramouche ou de Georges Feydeau ! Dans le théâtre de verdure, il faisait sombre sous la ramure. Sans oreilles les gens ne s’entendaient plus, ils tapaient comme des sourds sur le sol gelé pour qu’on leur rende l’ouïe, n’importe lequel des seize ou dix-sept, les grenouilles adorent demander un roi. Elles le font en coassant, comme la Lune. Et c’était cocasse vraiment toute cette angoisse de gens qui coassent et réclament à l’agence Tass que l’hiver se casse.

Cela dura jusqu’au printemps qui pour revenir cette année-là se fit tirer l’oreille. Gorgées de sève, de fèves, de galettes, de galéjades, de boutades, de salades, de fadaises, de coquecigrues et de carabistouilles les oreilles s’en revinrent vivre à la colle avec leur propriétaire.

Les miennes m’ont raconté l’histoire à peine croyable d’un gars qui était heureux parce que sa femme avait des amants. Elles étaient remontées là-dessus et avaient vu Bernard Dimey à Montmartre. Fariboles, leur ai-je dit, il est mort en 1981 !

De leur fable, je n’en ai rien cru ! Je n’en ai pas cru mes oreilles !

Mais plus tard j’ai descendu dans mon jardin et j’ai constaté avec elles que dans le John Le Carré de légendes où j’avais enterré ma bibliothèque avait poussé une chansonnette. 

6 décembre 2014

... ou alors demain (Joe Krapov)

Je n’ai pas eu le temps de finir celui-là :

Toujours ils PRESCRIRONT rectitude et devoir, ordre et ponctualité. Mais à quoi bon TRANSPIRER, PRONATRICES CRISPANTES, sous nos blancs CANOTIERS ? Laissez nous CONSPIRER et opposer au STRESS les ANTICORPS vaillants de l’aujourd’hui peut-être ou bien alors demain ! SPRINTERA qui voudra dans la chasse aux CORSAIRES à TRICORNES ! On CROISERA les bras plutôt que s’étriper ! Nous nous REPAITRONS de ne rien glander. Nous RETRAIRONS la vache à lait de l’oisiveté et tant pis, mère, si CROIT le vice ! Arrêtons-nous pour PACTISER avec la Paresse à la POTERNE du rire, salle des pas perdus et TAPONS le CARTON aux tables du temps mort ! PIANOTONS ! PICORONS ! PATINONS ! POTINONS ! Pestons contre le devoir RASOIR ! Allons plutôt PIONCER, les COPAINS !

Du coup je livre mes tweets… en temps et en heure : côté procrastination c’est donc chou blanc (mais côté tweet c’est Schubert !)

Les rois fainéants n’emmerdaient personne alors que les présidents qui ne manquent pas d’air nous les gonflent ! 

DDS 327 the-chariot-of-one-of-the-rois-faineants

- Aï Aï Aï ma mère ! dit le paresseux. C’est quoi-là ?
- C’est l’automne, répond Poutine.
- Déjà ? J’ai pas vu passer l’été !
- Pourtant j’ai chanté ! commente la cigale.

DDS 327 koala poutine

Il voulait inventer la guillosecotine afin de recoller la tête des uns sur le corps des autres. Il n’y parvint jamais. De cette idée notée sur un ticket de métro il fit une chanson puis une autre puis une autre. Si bien qu’il ne devint jamais ni peintre ni inventeur mais chanteur.

 

Il manquait tellement d’ambition en arrivant à Paris que son ami Balzac l’appela Procrastignac

DDS 327 BalzacOldGoriot02

 De par la Madone, il y a maldonne ! Tu mérites badine ! Que tu procrastines en Aston Martin, ça m’étonne, Martine !

DDS 327 Aston-Martin

C’est bon de remettre à deux mains ce qu’on ne peut pas faire en se tournant les pouces.
Car on n’a, comme il se doi(g)t, que deux pieds et l’énergie en rêvant s’taille !

Cossards écossais que le dédain bourre, soyons avares de nos efforts : rendons à Mac ce qui appartient à Mou-staki !


Dans mon hamac - GEORGES MOUSTAKI par Laura_VB

 

Centon de Provence :
- Venez donc par ici, monsieur le sous-préfet ; pour composer votre discours, vous serez beaucoup mieux sous mes arbres…
- Aujourd’hui peut-être, ou alors demain ?

 

29 novembre 2014

Au décrochez-moi ça, articles de voyages (Joe Krapov)

Que ne ferais-tu pas pour séduire Artémise,
Homme, présomptueux ver de terre, qui boîtes ?
Depuis la nuit des temps tu m’admires et convoites,
Tu voudrais m’accrocher aux pans de ta chemise

Mais c’est plaisanterie, ce sont carabistouilles,
Ballets de mots passants, contes de la bécasse,
Forfanteries de Cyrano ou de Fracasse,
Orgueil de fanfaron enivré de chatouilles !

Si tu veux me toucher, entre dans la cabine,
Espèce d’animal ! Fais vrombir le delco,
Promets-moi de l’amour, du miel, Acapulco !
Approche-toi de moi, montre-moi ta bobine !

Parcours cette distance en petite foulée !
N’oublie pas de m’offrir, en guise de pastis
Un bouquet de poèmes ou de myosotis
Mais surtout pas de valse, encor’ moins d’azalée. *

Ah, te voilà enfin, sortant de ta nacelle,
De ton petit module enfin posé chez Diane.
Emu par ma tranquillité si océane
Tu as fait un grand pas… Patatras ! Tu chancelles !

Un petit Papou l’homme,
Un grand Papou Lune habitée !

DDS 326 Vocaline

 

* Parce que "l'azalée c'est une valse" ne rajeunit personne
et surtout pas les vieilles lunes !

22 novembre 2014

Cahier de correspondance de l'élève Lafronde Thierry (Joe Krapov)

Technologie (M. SUCAT)

 

DDS 325 professeur

On a l’impression que Thierry ne suit plus les cours que de très loin ! S’ennuierait-il en classe ? Pourquoi ne comprend-il plus rien à des énoncés aussi simplistes que :

1. Pourquoi le $P01 devient un $6z01 à l'export ?

2. Pourquoi ce qui correspond à l'export format RDA :

181 ‎$6z01‎$ctxt‎$2rdacontent
182 ‎$6z01‎$cn‎$2rdamedi

est mieux compris par nos SIGB que ce qui correspond à l'export format ISBD ?

181 1‎$6z01‎$ai#‎$bxxxe##
182 1‎$6z01‎$an

Des modifications de paramétrage sont-elles à faire dans nos SIGB ?

3. Comment un 181 ##$P01$ctxt dans le Sudoc devient-il un 181 1‎$6z01‎$ai#‎$bxxxe## en format ISBD ?

Comme l’année dernière, je propose le redoublement.

 

Grec moderne (Mme COLNOT)

 

DDS 325 The-Teacher-Was-Teaching-Coloring-Pages

On a l’impression que Thierry ne suit plus les cours que de très loin ! S’ennuierait-il en classe ? Pourquoi ne sait-il plus traduire ce texte du philosophe enflammé Sergicos Quintinos dans un français compréhensible ?

xœ₯]έ³d•Q―ΰ]g³NyΉŽ―? Ξ^' {&xŽΎ₯@ μ  ¨}‹y
U©2Uα� [:Rw¬υ™Ή Ό/Χ3ηH-©?~ύ₯ωΣΓΊ ϋ°βΏώΗ-Ύ}Ύ>όχσ?=Ο‹Γ�κ‡όο?|ϋπυλη_ώ{z€7^�Χσu)₯xSΏ3 &εΕϋ‡”ά’ύΓλoŸ�ώτ³±KL>ώ �Jf5§•Ξ γ g}8=9Η%ζδNOΟaΙ!•pz Ύ΅ψ-₯oΏ{ΎψΕΈόιΩω οš Νι{g pυV|�Ν�ΐϋ‹uqΝπ@Ÿς ψ0,Φδrϊ>ΎeΓ9ρ-ŸJ<}σΏη‹]¬O0« Φ-Ρ'“Nοβχ)ϋ ΰS 5¬&ž^œ/ 6'†xϊKx)šh
§εnL γ§% xŸΟJ3=i«*Ω R— λ‚ i~Zί{ψΎ]“|ώ¬Τύ‹k:½Oγ³ωοω¦[άU Ε Ύ
TΓ D ͺYΐ±ϊ¨b)au�ρϊwΟαμΧΥ™‡‹ρ°u ―� ˜ΰ x#-!ΪΣ‡•Žu•ϋΔVO3~Ώ.Ξ&ά…K‚—LL§πΓ`c9}LοΌsφK*6'ώ$ν� iΞΏ „|@-ώ5žτΚΦfY=qφj7Φπb|HΞ.knœύΙω ΟΨδ" — ƒ/ΐδx`f-u έβawΆSΔ ŸœaWŠΟ

C’est pourtant simple, non ? Comme l’année dernière, et bien qu’il soit beaucoup plus âgé que ses petits camarades, je propose le redoublement.

 

Conduite (Mme Liard)

 

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Hello!
pour moi il faut créer une notice autorité au pseudo collectif et c'est cette autorité là qu'il faut lier en 700 dans la notice bibliographique (-> respecter leur choix de publier sous un pseudo et non en leur nom propre). La notice d'autorité fera, elle, le lien vers les autorités de chacun des auteurs puisqu'ils sont connus. (Mais je n'y mettrais pas ma main au feu.)
Plusieurs pistes si tu n'obtiens pas de réponse plus formelle/précise : le GM sur la zone 200 et sur le $5
Ils citent quelques cas identiques (eg Marie et Joseph PPN 026940353), et on voit que pour une publication du pseudo Mammette (PPN 067283942) le catalogueur a trouvé utile de préciser en note : 304 ##‎$aA. Mammette : pseudonyme collectif d'un groupe d'enseignants de microbiologie des facultés de médecine, auxquels se sont joints des spécialistes des facultés de pharmacie et des grands organismes de recherche (cf. 4e de couv.)
Je ne saurais dire si c'est une bonne idée de le faire redoubler encore. Agé de 25 ans en CM2, ça fait beaucoup, non ? La législation interdit qu’on l’expulse avant la date de péremption. Alors on fait avec !

 

DDS 325 professeur SUCAT

Commission interdisciplinaire (la directrice, Madame Lakène-Vienne)

Thierry Lafronde est un excellent élément. Il accomplit trois fois plus de travail que tous ses camarades, rend ses devoirs en temps et en heure, travaille chez lui le soir et le dimanche, c’est propre, net, carré et je ne comprends pas pourquoi le cours naturel des choses voudrait qu’on se sépare d’agents aussi dynamiques et efficaces dans un établissement comme le nôtre. Sans compter qu’il forme un excellent duo musical avec son collègue de l’étage du-dessus lors des fêtes de fin d’année de la maison. Quand il ne fait pas sa mauvaise tête, c’est un excellent arrondisseur d’angles. C’est pourquoi je préconise son redoublement.


Réponse des parents :

Thierry redoublera d’efforts encore l’année prochaine mais après, on ne répond plus de rien !

Post-scriptum 1 de Joe Krapov :

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Post-scriptum 2 de Joe Krapov :

Merci aux collègues qui ont déposé dans ma boîte à lettres électronique les parties de couleur Bordeaux dont je me suis servi pour fabriquer ce cahier de... correspondance !

15 novembre 2014

Chaman bouche un coin ! (Joe Krapov)

Personne n’a jamais courtaudé le Malin mais tout le monde tire le diable par la queue. C’est sans doute que ventre affamé n’a pas d’oreille. La faim justifie que les moyens aillent se vendre tandis que les grands se gobergent. Ce que les petits gagnent, n’en parlons pas. Pourquoi les appellerait-on gagne-petit, sinon ? Tout ça pour dire qu’à cette époque plutôt opaque et peu épique je faisais le vigile dans un supermarché. Hé, quoi, il faut bien vivre ! S’il n’était de mâchicoulis, que ferait la colichemarde ? Que les péronnelles mutissent, peu me chaut : du début à la fin de mois, je croûte. Crise !

Tout était calme ce matin-là. J’ouvrais un oeil numillitique et surveillais les caisses et les têtes de gondoles pas assez vénitiennes à mon goût quand la cliente chic est entrée. Choc !

Elle avait le type asiatique, était coiffée d’une drôle de toque. Elle n’avait ni balantine, ni sacvuittone, ne poussait nul Caddie ®. Elle semblait un cadeau, ça semblait du gâteau, un carton. Trop facile, trop gracile, trop belle pour être honnête ! Claudiquant, Cafougnettesque, Roubaisien, je la pris en filature, j’emboîtai le pas à sa mise.

Je la filai à provisions car, c’est peu de le dire, elle avait avantages à foison. Elle avait beau être toute seule il y avait déjà bien du monde au balcon. Tout en lui filant le train, je surveillais ses arrières en même temps que César Franques mais elles n’étaient alors que Gauloises et partirent enfumées. N’allez pas pour autant faire de moi une freloche car plutôt que par les siennes, à Madame Bellepaire, j’avais été séduit par son allure fière et bien intrigué je le jure par cela qu’elle jurait et semblait intrigante. Oui, professionnellement j’aime que l’on me hameçonne, que Madame me sonne pour que je la soupçonne. J’adore savoir ce qui se trame et suis pour cela capable de suivre le fil d’une histoire jusqu’à son travoul même ! Et voilà le travoul, m’exclamé-je souvent quand la cliente un peu dinde vite son sac de New Delhi pour dévoiler le corps dudit. Délicieux délit, adorable larcin pour Larsan, chambre jaune, dame en noir, détective au parfum, rapine qui n’alla pas plus loin qu’aux arpents du magasin.

Mais là, bizarrement, non. Pas de poches à sa levantine, pas d’emplettes, pas d’embrouilles, pas même de farfouille au rayon des chaussettes. Pas même l’air d’être en repérage, la perruche. Je commençai à me dire que je faisais fausse route, allais vers la déroute, pédalais dans la yourte ou même dans la choucroute. J’allais m’en retourner à mon poste de guet pas gai quand la fille aux yeux bridés, aux pommettes mongoloïdes et à la toque toquée pivota sur elle-même et me dit :

- Cessez de me suivre ou j’appelle un agent !
- Allez-y, je suis là, répondis-je en exhibant mon badge.
- Eh bien quoi ? me fit-elle. Vous avez un problème ?
- Vous… Vous m’attirez ! bredouillai-je. Vous scintillez comme une étoile, vous allez sans bile comme une comète. Oh ma chourie, chourie ! Voulez-vous Philéa l’anglaise avec moi ?

Elle haussa les épaules, me traita de vermisseau et s’en fut tandis que, Fu Manchu déconfit et confus, je regagnais mon poste de vigile près des caisses.

Cinq minutes plus tard je la revis qui faisait sagement la queue pour payer son achat. Ca ne manquait pas de sel : elle avait acheté un puchoir, la Messaline des steppes de l’Asie centrale. J’avais juste oublié que quelquefois le cow-boy Marlboro dîne. Elle ramassa sa monnaie et sortit, me jetant au passage un dernier regard méprisant : « Un coup de dédain jamais n’anoblira le bazar » a dit le poète.

Je la suivis des yeux. Elle traversa la rue, s’arrêta sur le trottoir d’en face, se retourna et regarda le magasin. Elle répandit le sel en cercle autour d’elle. Elle posa le bout de ses doigts écartés les uns des autres de chaque côté de sa tête, contre ses tempes, elle ferma les yeux et se concentra.

D’abord il ne se passa rien. Puis petit à petit un brouhaha sembla s’élever depuis le fond du magasin. Délaissant ma sorcière bien aimée, bien haineuse voire vénéneuse, je me tournai vers le foyer d’agitation. Les clients s’étaient tous immobilisés, surpris par le phénomène. Au début c’est venu depuis le rayons chips et puis ont suivi les gâteaux apéros et les friandises en sachets. Les paquets se sont gonflés d’air, émettant une série de bruits secs mais restant rebondis à la limite de l’éclatement. Puis un premier paquet s’est élevé dans les airs entraînant les autres à sa suite. Lentement ils se sont approchés des caisses, sont restés suspendus à trois mètres de hauteur et ont attendu là tandis qu’ici et là, tous les autres articles du magasin, dryades, acétabules, vol-au-vent, boîtes de conserves de concert gagnaient l’oblast des monts célestes. Bientôt les surgelés entrèrent dans la danse et gagnèrent l’Altaï. A la fin le magasin ne fut plus qu’un désert de Gobi sans plus rien à gober pas même le boulgour et clients, caissières et vigiles sidérés assistèrent à ce vol à flanquer le bourdon. A quoi ça rime si le Nesquik hisse l’écorce à Coffe (J.-P.) ?

Enfin tout le fourbi, rangé en file indienne se mit à zonzonner par-dessus les portiques antivol qui n’avaient jamais si mal porté leur nom que ce jour-là. Les premières marchandises s’engouffrèrent dans la porte à tambour qui devint un manège plus coloré encore qu’un medley de chansons de Walt Disney. Dehors, stupéfiés, les passants du Centre commercial regardaient hébétés la boutique se vider sous les yeux du videur qui bientôt le serait lui aussi, vidé, de la boîte.

Le patron sortit de son bureau et, comme si je n’étais qu’un costume, m’alpagua :

- Mamadou Lambatar ! Qu’est-ce que c’est que ce foutoir ?
- C’est un hold-up, patron ! Un casse de haut vol !
- Qui a fait ça ? Et pourquoi personne n’a prévenu la police encore ?

Je regardai dehors. Avec toutes les marchandises à sa suite, la Mongole fière s’était envolée !

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8 novembre 2014

Faire son cirque (Joe Krapov)

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 Dans mon costume de couleur
J'attends qu'ait fini l'écuyère
Pour m'élancer dans la lumière,
Dans le cercle du projecteur.

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Voilà qu'on lance la musique
Et que déboule Triboulet.
Le clown travaille sans filet
Son numéro tragi-comique.

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Le défilé des éléphants,
Une fois qu'ont barri leurs trompes
N'est rien à côté de ses pompes
Qui font bien rire les enfants.

 

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 Nez rouge, cheveux en bataille, 
Visage blanc, sourcils charbon,
Il cabriole, il fait des bonds,
Il se fait courser, il se taille

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Puis il grimpe sur une échelle,
Annonce qu'il va s'envoler.
Tout un chacun de rigoler
Mais soudain, scène exceptionnelle,

Joe Krapov pour timbre

Il devient la femme canon,
Il traverse le pavillon
Et se transforme en papillon !
Quel magicien, crénom de nom !

***

Oui, la prestation est truquée !
Il y a forcément un complice
Malle, rideau, autre artifice,
Substitution alambiquée.

Afin de lever le mystère
Visitez la ménagerie,
Découvrez la supercherie :
Une cage à lépidoptères !

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1 novembre 2014

Confondu en remerciements (Joe Krapov)

Je me suis confondu en remerciements :
J’ai dit « Merci Tintin » au capitaine Haddock !
J’ai dit Deo gratias dans un congrès d’athées !
J’ai chanté « Merci patron » de Pierre Perret et « Les jolies colonies de vacances merci papa merci maman tous les ans on voudrait qu’ça r’commence » des Charlots !
J’ai dit « Merci Garrett » alors que ce n’était pas Pat mais bien Billy the Kid !
J’ai lu « Merci pour ce moment » de Claude Chabrol au lieu de regarder « Merci pour le chocolat » de Valérie T. si je mens.

Après toutes ces gaffes je me suis fait un sang danke mais pas longtemps car après je me suis perdu en conjectures : Etais-je pris de boisson ? Confit en dévotion ? Entré en déliques-adoles-cence ?


Ce qui a mis un terme à mes tergiversations c’est que l’armoire normande – mais n’était-ce pas en fait un placard breton ?– m’est tombé sur le buffet. SPLATCH !


Alors auprès de tous ceux que j’avais mal remerciés et auprès de tous les autres à qui je n’avais pas dit merci je me suis excusé. Platement.

 

13 septembre 2014

Un drôle d'oiseau (Joe Krapov)

S’il y a bien sur cette terre un animal aux us et coutumes étranges, c’est l’Homme.
Oui, je sais, la Femme n’est pas mal non plus.
Bien que j’aie mis une majuscule à Homme, mettons-les, l’homme et la femme, dans le même panier et gageons qu’ils y feront des petits ensemble.
Reprenons.
Disons « nous »…
Disons-nous que nous allons dire « nous » par la suite puisque l’objectif de ce texte est de mettre tout le monde, y compris moi-même, dans le même sac même pas à malices.

Nous allons donc tous à l’école. On nous y apprend à lire, à écrire, à compter pour autre chose que du beurre, on nous enseigne l’histoire, la philosophie, les langues, la littérature et on nous donne en exemples des gens qui ont pensé et passé leur vie à pondre des bouquins d’importance : on est très honorés d’apprendre que Balzac est l’auteur de 93 volumes de Comédie humaine, on découvre qu’Emile a pondu vingt volumes de Rougon-Macquart ou dans ces eaux-là, on s’étonne que Marcel Proust… Non, pas Marcel Proust, oncle Walrus va encore faire une jaunisse !

Résultat des courses, une fois apprise la leçon, on est un homme, mon fils ! Une fois ingurgités les codes moraux et culturels de la société contemporaine, munis de ce bagage exemplaire et admirable des gens qui, face à la barbarie primitive, ont conquis la liberté de penser, de raisonner, d’écrire, de partager, de dénoncer, de délirer même parfois alors, irrémédiablement, comme tout le monde,… nous nous affalons devant un écran et nous regardons des conneries !

Les plus évolués d’entre nous, ceux qui ne se laissent pas prendre au piège des glandes mammaires de la Miss Météo du moment, celles qui trouvent stupide de s’exciter une bière à la main devant vingt deux crétins sportifs qui courent après une baballe, celles et ceux que laissent indifférent(e)s les millions de photos de chatons qui font tout et n’importent quoi et surtout gangrènent l’Internet, ceux-là et celles-là qui ont retenu quelque chose du bel enseignement de l’école continuent à écrire et y prennent grand plaisir. Grâces leur soient rendues : ils, vous, toi, moi, participent à des ateliers d’écriture et à mon bonheur présent et je les vous te me en remercie.

MAIS !

Mais comment expliquer qu’au sein de cette communauté résistante de gens sensés un type puisse arriver et imposer sa loi stupide sans que personne ne moufte plus que ça ? Avant que cette chronique n’atteigne sa 23e ligne ou ne la dépasse, nommons le type M. Twitter ou appelons-le M. Loiseau et rendons-nous à l’essentiel car ça traînouille un peu, je trouve, ce jour d’oui mais des Panzani !

M. Loiseau nous dit : « C’est très bien les gars les filles ! Vous avez commencé à raconter votre vie sur un blog ! Vous savez intéresser lecteurs et lectrices de manière à ce qu’ils vous suivent dans vos récits du quotidien au moins jusqu’à la 23e ligne ! Mais maintenant, avec moi, vous allez faire plus fort ! Vous allez ouvrir un compte chez moi, comme ça je saurai tout de vous, j’envahirai vos boîtes mail avec ma pub mais ça c’est rien. Surtout vous allez avoir des tas de fans de vous, des « followers » à qui vous raconterez où vous êtes, ce que vous faîtes, qui vous êtes, ce qui vous plaîtes ou vous déplaîtes, vos histoires de zézettes ou de pensées pas nettes… Tout ça, vous allez le faire à longueur de journée chez moi. MAIS ! Mais chacun de vos message ne devra pas dépasser 140 caractères d’imprimerie !".

Le croirez-vous ? Chez cet individu aux mœurs bizarres autant qu’étranges, l’homme, la femme, nos « contemporains c’est dire si j’contemple rien », cette proposition stupide a marché et marche encore. Tu demandes aux gens de se contenter de cinquante mots de vocabulaire, de consulter leur courrier sur une plaquette en plastoque de 5cm sur 10, de n’exprimer qu’une phrase à la fois pour que la toute faune cacophone et ils le font ! Ils écoutent leur discothèque dans deux boules quiès maintenant ! Moi je dis que ça mérite des baffles !

Ce besoin panurgien de suivre le troupeau et les nouveaux gourous armés de la technologie est tel que j’ai moi-même ouvert un compte Twitter il y a deux ou trois ans. A ma décharge publique, je n’y ai publié que six ou sept haïkus et c’est tout. Comme je suis un individu aux us et coutumes encore plus étranges que les vôtres, un drôle d’oiseau en fait, je me suis aperçu qu’au lieu de cuicuitweeter j’allais faire (le) coucou chez les autres et que je déposais, dans la zone de commentaires de mes blogami(e)s, de véritables formulettes à -140 ! Je les ai baptisés gazouillidiots parce qu’au début j’écrivais cela « twits ». Joye m’a expliqué que ça voulait dire quelque chose comme « crétin » en anglais.

Et donc ce jour, ayant décidé de rentrer dans le rang – c’est là le lot commun des brebis égarées du troupeau du Seigneur ! - je les rassemble ici pour que vous puissiez juger par vous-même qu’en matière de bêtise et de méchanceté, face à Nadine M. et Valérie T., j’ai encore des progrès à faire ! Ou pas !

La vie est dégueulasse. John Lennon est mort. Georges Brassens est mort. Jean Ferrat et Georges Moustaki sont morts. Et Michel Sardou chante encore !

Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard. Bien ! Alors vivons vite! On apprendra plus tard !

Qu’Elsa crie « Olé Olé ! » Et aussitôt Aragon grimpe aux rideaux !

Aller au cinéma voir « Le Jour le plus long », « la 25e heure » ou « L’année des méduses », ça prend du temps !

Chez nous on ne nettoie le lustre que tous les cinq ans

On a conservé « les riches heures du duc de Berry » mais pas « les laborieuses journées du pauvre Martin, serf ».

- Qu’as-tu fait de tout ton temps sur cette terre ? demanda Dieu à Dostoïevski.
- « L’Idiot » …
Mais avant même qu’il eût pu citer d’autres titres, Dieu se tourna vers moi et demanda :
- Et toi, Joe Krapov ?
- -Pareil !


Tu vas pas nous chier une pendule parce que t’as perdu ta montre, non ?

Les déchus du Sarkozysme ne seront pas tombés de bien haut (C’est petit, ça, Joe Krapov !)

Si j’étais un bouquet de fleurs, j’aimerais bien être six roses, ma foi !

Si j’étais une fleur, je serais jacinthe ni touche !

Proverbe chinois : Un potage au nid d’hirondelles ne fait pas le rouleau de printemps !

Les chiens de Vannes aboient et la carapace

Parce qu’ils ont bonne mémoire et commettent rarement des erreurs les éléphants n’aiment pas qu’on les détrompe.

Je ne sais jamais si le concerto de Rodrigo est d’Aranjuez ou s’il est du silence qui suit l’exécution d’une œuvre de Mozart !

C'est quoi le risque professionnel majeur pour un photographe qui n'aurait pas de trépied et photographierait un même port belge sous le même angle à différentes heures de la journée ?
Attraper une Ostendinite !

Un commentateur c'est quelqu'un qui commentâte de la critique littéraire mais qui est bien embêtâté quand ce n'est pas de la fiction !

Comme ces gazouillidiots sont en général suivis d’un « OK je sors », estimant avoir assez « twité»sur le Défi du samedi pour aujourd’hui, je m’en vais effectivement sortir et retourner dans la vraie vie. J’y ai là aussi des us et coutumes très étranges : je m’y fiche pas mal de Twitter et de la marche du monde, j’y aime des gens, j’y photographie des lieux et j’y joue et chante sur une guitare à douze cordes, avec la voix de Guy Béart, des chansons de Georges Brassens !

 

6 septembre 2014

La douane des souvenirs du bassin d'Arcachon (Joe Krapov)

 

J'ai rapporté dans ma valise
Un peu de la lumière grise
Qui baignait le port de Parros
Où l'on ne roule pas carrosse
Mais où, bien à l'abri des tuiles
On dit que tout baigne dans l'huile

Je vous offre quelques bricoles
Venues des ports ostréicoles :
Des hippocampes, des pinasses.
Près de Notre-Dame des passes
Des prix qui sont loin d'être en baisse
M'ont laissé tout nu à la caisse.

Dans le fond de ma Samsonite
J'ai déposé pour ma pituite
L'étiquette et quelques bouchons
De vins du bassin d'Arcachon
Et d'une ou deux autres potions
Auxquelles je fis dévotion

Dans un' poch' de mon sac à dos
J'ai mis la ville de Bordeaux,
Les grands chevaux de sa fontaine,
Montaigne le croquemitaine,
Deux têtes coupées, médusées
Et le Picasso du musée.

J'n'ai pas déclaré à la douane,
De peur qu'on me mette en cabane,
Le grand pyjama à rayures
Qu'à Biganos, port d'envergure,
j'ai volé avec la manière
Et planqué dans l'fond d'ma glacière

J'ai glissé dans mon réticule
Le pénis amputé d'Hercule
Qu'un iconoclaste nocturne,
Sorti cagoulé de sa turne,
Fit tomber d'un coup de massue
Au sein de la cité cossue.

J'n'ai rien pris d'autre au Parc mauresque
Bien qu'je sois kleptomane ou presque
Et j'ai même oublié, crétin
De m'acheter un sacristain,
Pâtisserie comblant les creux
De tout voyageur religieux.

On trouvera dans mon baise-en-ville
- Oh Sympathy for the devil ! -
La pierre qui roule sa bosse
Sur la route de Biscarosse
Et la dune qui m'ensabla
Quand j'escaladai le Pilat.

J'ai ramené dans mon bagage
Une impression de fort tangage
(Les bas ? Les hauts du cap-Ferret
Qui ne m'ont pas fait trop marrer ?),
De séjour teinté d'hérésie
Au pays de Grand'bourgeoisie.

J'ai ramené dans ma besace
Une magnifique rosace
Prise au bout de la jetée Thiers
Dans le plancher devant la mer,
Rose des vents de la Gironde
Qui invite à rêver le monde.

Et j'ai mis dans mon havresac
Le clapotis et le ressac
De la mer immortalisée,
De la mariée irisée
Dont le voile volait dans l'air
Un soir sur la plage Pereire.

Dans la grande malle d'osier
J'ai mis le soleil, ce brasier
Qui incendia nos soirs d'été
Et dispensa sérénité
Aux marcheurs rêvant d'aventure
En pays de villégiature

Mais je mens comme je respire :
Dans ma besace du bas-Empire
N'étaient que batteries vidées,
Saturations de cartes SD,
Livres lus, chaussettes salies,
(Et billets de mono poli ?)

Car dans mon vieux sac à malices
Chacun sait quels sont les délices
Que je rapporte des voyages :
Des palanquées "tchanquées" d'images !
Faites en votre miel ou pas :
Je butinerai jusqu'au trépas !

30 août 2014

Le Domaine de Chatterley ? (Joe Krapov)

DDS 313 paysage de début

- C’est mâtines de Pâques, ma douce primevère !
- Il suffit !
- Les cloches sonnent de bonheur ! Din ! Ding ! Dong !
- Il suffit !
- Courons, légers comme cabris, faisons des bonds ensemble et des gambades en l’honneur de la nature, de Dieu…
- Il suffit !
- Laisse-moi jouer guilleret l’aubade à la mousse, à l’herbe, au coquelicot, au royaume de la tarentelle… Laisse-moi croire que tu préfères le berger qui souffre sans le dire au sonneur en velours et dentelles…
- Il suffit !
- Coucou, fais le guet ! A cueille-fleurettes je t’emmène visiter le danger et l’enfer ! C’est péché de cacher ton dedans ! Rien n’est mieux pour s’aimer que blottis sans galoches ni sabots avec elle que, entre tou’s les belles, je saurai tant tenir comme pique, chardon ménager pied voici ton tout passer patte pendant personne devine jetons dents semble ton tes ton tes tes ton petits fleuris tenir tenir tenir vois tout tout Bon !
- Il suffit !

Devant l’incohérence du discours et l’impudence des gestes de l’homme au souffle court, la châtelaine s’échappe. Elle franchit la passerelle en courant.

Il la regarde fuir vers le château au loin et, ressentant au plus profond de sa chair un sentiment d’échec lié à leur différence de classe sociale il se tourne vers Dieu et lui demande de faire disparaître cet épisode de sa biographie, voire même, s’Il le peut, à la faveur d’une révolution à venir, de faire en sorte que ces murs roses et ces tourelles pointues disparaissent de la surface de la planète.

Alors, le miracle se produit. Dieu apparaît entre deux nuages dans le ciel, il passe un coup d’éponge et repeint un autre paysage par-dessus Sa création.

DDS 313 paysage de fin

- Seigneur ! Qu’as-tu fait là ? demande la châtelaine avant de disparaître dans un autre espace-temps où les bergers Fragonardiens n’ont plus rien de libidineux.
- Ben quoi ? Tu ne connais pas la chanson ? Il supplie d’effacer le fond, c’est tout de suite la peinture ! 

16 août 2014

Ferme ta boîte ! (Joe Krapov)

Sur la petite place de ce petit village il n’y avait personne. Et pourtant je n’avais pas rêvé. Une petite voix m’avait interpellé et elle continuait de me parler.

Boîte aux lettres MAP DDS 311

- … Et c’est vrai que maintenant il n’y a plus besoin d’entrer dans une cabine téléphonique pour appeler du dehors le 22 à Asnières ? C’est ça que ça veut dire tous ces gens qui se promènent en se tenant l’oreille droite et qui causent tout fort dans la rue comme des débiles sans plus rien regarder autour d’eux ? Au début j’avais cru à une recrudescence d’idiotisme de village cumulée avec une épidémie d’oreillons ! Et les courriels, c’est quoi exactement ? Vous tapez un message sur votre clavier, vous tapez « envoi » et il arrive instantanément dans la boîte de votre destinataire ? On est en pleine science-fiction, là ! Comment ça fonctionne ? C’est un facteur factice sur un vélo virtuel qui pédale pour faire passer le pli dans les tuyaux ? Vous n’écrivez vraiment plus sur du papier ? On m’a même dit qu’aux Etats-Unis ils allaient arrêter d’apprendre aux mômes à écrire avec un stylo ! Vous vous rendez compte ? Qu’est-ce qu’on va devenir, nous ? Des pièces de musée ? Déjà qu’il n’y a plus qu’une levée par jour ! Et vous, vous écrivez encore ? Vous avez envoyé des cartes postales cet été ?".

C’était bien de la boîte aux lettres archaïque que la voix sortait. C’était bien la boîte elle-même qui me questionnait. Je n’ai pas eu le cœur de lui parler de Skype, de Facebook, de Twitter, des SMS ni de la blogosphère où je suis très actif.

Et puis j’ai paniqué. Jeanne d’Arc aussi a commencé par entendre des voix et puis après son destin a basculé tragiquement parce qu’elle est allée bûcher dans un autre domaine que le sien. Alors j’ai eu pitié de la boîte aux lettres jaune et verte et j’ai fait un truc idiot. Dans la fente réservée aux lettres et aux cartes j’ai glissé mon baladeur MP3. Si elle farfouille un peu dedans elle y trouvera, avec les petites merveilles d’Emmylou Harris ou de Cécile Corbel, la carte postale virtuelle et sonore de mes vacances à A…
 

5 juillet 2014

Céleste est mal barrée ! (Joe Krapov)

(E-specially dedicated to my dear oncle Walrus)

Quand il commençait à se battre avec son oreiller, à constater qu’il s’était mis au lit trop tôt, à décortiquer les phases de son endormissement et ses impressions de rêve éveillé ou pas, elle arrivait pour le soutenir, pour l’abrutir, l’embrouiller, l’embrumer mais elle faisait pis que tout car malgré son homosexualité, elle voyait bien qu’il ne voulait pas se laisser aller dans les bras de Morphée et c’est donc elle qui, hachée de points-virgules, souillée de subjonctifs plus que parfaits mais fortement chargés en miasmes et en chiasmes, étirée jusqu'à plus soif en vue de perturber la compréhension du lecteur éventuel, récupérait les symptômes de l’écrivain asthmatique et se trouvait comme aspirée dans le tourbillon de la douche mémorielle projetée à jet continu sur les parois du souvenir et la nostalgie crasse se détachait par bribes, l’encalminait au point que tout un univers de jeunes filles en fleurs, de barons, de causeurs, d’aristocrates, de salonnards et de gloseurs, avec un art certain de ventiler le snobisme et la pseudo-modernité au sein d’un classicisme verbeux et pédantesque l’envahissait, lui donnait le tournis, lui faisait oublier sa justification première, à savoir la joie de communiquer simplement une idée, une émotion, une douleur, une banalité, un échange de politesses, du genre « Si le nez de Cléopâtre avait été plus long on n'en s'rait pas là !», « Tiens tiens tiens c’est le printemps qui vient !» « Et l’on dit merde en se pinçant les doigts », « Tout va très bien madame la marquise », «Vous permettez que j’déballe mes outils ? Oui mais faites vite qu’on lui a dit» et c’en était au point qu’elle avait des velléités grossières de soulager son maître, son auteur, de lui suggérer les mêmes pratiques physiques que celles qu’il faisait subir à l’intellect patient de ses lecteurs intellectuels et elle riait sous cape en imaginant que le petit Marcel eût pu, plutôt que de perdre son temps à s’agiter les neurones dans le noir, étrangler frénétiquement le borgne, recourir à la veuve Poignet, dessiner dans ses draps fins une carte de France animée sur laquelle le hasard lui eût fait disposer, d’un jet ou de plusieurs, Jouy-en-Josas, Gif-sur-Yvette, Bourg-la-Reine et Tremblay-les-Gonzesses dans un même alignement géographique surréaliste mais elle savait bien que chez ces gens-là, monsieur, ça ne se fait pas et que cet humour de garçon boucher ou de troisième mi-temps de match de rugby qu’elle tenait de son mari chauffeur de taxi, s’il avait eu sur l’insomniaque l’effet d’endormissement béat souhaité, n’eût pas été goûté de la postérité admirative pour qui elle-même, tirant à la ligne, usant de ficelles grosses comme celles qui soutiennent au-dessus de la rue populeuse le funambule somnambule, faisait tout son cirque ce soir, bien qu’elle ne fût qu’une modeste servante dévouée à l’accomplissement de l’œuvre majeur, se fatiguant au bout du compte de ce qu’on pût passer ainsi sa vie à causer, gloser, dégoiser sur un monde si étriqué alors que l’on sortait d’une énorme boucherie, 14-18 qui eût dû logiquement faire agir, réagir et lutter contre le même système qui avait permis cela, et rêvant du moment où, à la phrase alambiquée, tortueuse et finalement très amusante qu’elle était, Marcel, malgré qu’il en ait, consentirait à mettre un terme en posant, à l’issue d’une dernière aspiration d’air frais à la fenêtre ou au terme d’une énième relecture, son stylo et un point final qui lui eût permis à elle-même, pauvre phrase céleste égarée dans un océan de papier prétentieux comme une humble prolétaire ne comptant que pour beurre dans un magma de sept milliards d’individus, de se terminer à sa façon, ou plutôt à celle de Charles Trénet qui chantait que « Les jours de repassage, Dans la maison qui dort, La bonne n'est pas sage Mais on la garde encore : On l'a trouvée hier soir, Derrière la porte de bois, Avec une passoire Se donnant de la joie".

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Céleste Albaret par Jean Claude Fourneau (1957)

28 juin 2014

Légende urbaine de la campagne et java bleue avec chapeaux (Joe Krapov)

Edinburgh, le 24 juin 2014, de notre envoyé spécial :

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Un drame affreux a failli se dérouler tout au fond du Loch Ness où une équipe de scientifiques de l’Université de Rennes 3 opérait des recherches autour du soi-disant « monstre » qui sévirait ou aurait sévi par ici.

Deux hommes-grenouilles se sont en effet violemment querellés en cours de mission sous-marine. D’après les premiers éléments recueillis auprès du commissariat de Drumnadrochit il s’agirait – Ah, ces Froggies ! - d’une rivalité amoureuse qui aurait pu très mal tourner si le professeur Denis D'Eglise-Trouée, responsable de l’expédition, n’avait pas fait appel à la brigade internautique locale commandée par Mlle Imogène Mc Carthery.

Nos agents ont fourré les deux Frenchies au bloc au motif d’envoi de pêches en eau trouble. On peut donc affirmer sans aucune Nessie-tation que le « monstre du lac » court toujours mais que l’aura négative qu’il projette sur notre pays a encore fait des victimes.

Il n’y aurait pas là de quoi en faire tout un plat si quelques membres facétieux de cette université de Rennes 3 n’avaient tiré de cet incident une chanson qui tourne sur les campus et fait un carton (-pâte) monstre sur Youtube. 

N.B. "La Java des hommes-grenouilles" est une oeuvre du formidable Ricet Barrier.

14 juin 2014

Hallucination auditive (Joe Krapov)

J'hallucine ou quoi ? Je le croate pas, ça !!!

Voilà que je chante en serbo-croate ? en bosniaque ?  en yougoslave !

Et ces bâtiments aux formes bizarres qui m'entourent ? Où suis-je ? 

Qu'est-ce qu'on a renversé sur ma moquette ? Au secours, j'hallucine !

 

7 juin 2014

La cure de repos d'Isaure Chassériau (Joe Krapov)

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Situé en lisière d’un bois, l'hôpital psychiatrique était un vaste complexe gris comme notre immeuble. La procédure d’admission dans l’établissement fut relativement simple. On enregistra son nom et son prénom, Chassériau Isaure, sa date de naissance, 1er avril 1818 et les raisons de son admission pour une cure de repos : « hallucinations inexplicables ». On lui donna une chambre agréable avec une fenêtre sans barreaux. Elle se mit tout de suite à la fenêtre, contempla l'immensité bleue du ciel et ne rêva plus de sortir pour partir à la recherche de « sa ville idéale».

Dans un cahier à petits carreaux, elle se mit à noter ses rêves, à parler de ce monde à elle qui l’avait envahie et lui avait fait perdre le sens des convenances nécessaires à la vie bourgeoise en cet an de grâce 1845. Dans le premier cahier elle parle d’un établissement nommé « Le vieux Saint-Etienne », sis rue de Dinan dans une ville nommée Rennes-en-Délires. Derrière le comptoir de ce mastroquet imaginaire, il y avait le patron, un type nommé Camille Cinq-Sens, son « oncle », chez qui passer un samedi sans rire relevait du défi pur et simple. Là en effet se réunissaient de drôles de clients qui jouaient aux cartes en philosophant à haute voix sous forme de « brèves de comptoir » ou de dialogues plus ou moins absurdes.

- Il ne faut pas oublier que dans « Brèves de comptoir, il y a « toir » !
- Et il faut songer que c’est hasardeux d’aller à Thouars !
- J’y suis allé, moi, l’année où j’ai participé au Festival des jeux de Parthenay. Il y avait une jolie fontaine à laquelle il ne fallait pas dire « je ne boirai pas deux tonneaux ».
- Tout ça, c’est une histoire de capacité. Pour un poète ne pas avoir de capacité en droit est moins gênant qu’avoir une incapacité en vers !
- Et contre tous !

D’autres fois Camille Cinq-Sens, Jacques-Henri Casanova et Jean-Emile Rabatjoie s’asseyaient autour d’une table et découpaient des images dans des magazines illustrés.

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- Encore un que les clients du coiffeur ne liront pas, disait l’un en jetant le périodique désossé dans la grande corbeille amenée à cet effet !
- Ils ne risqueront pas, c’est un « Télérama ». Je l’ai piqué chez le dentiste.
- Dis donc, il y a longtemps qu’on n’a rien découpé avec les carrés verts ?
- Ah oui, le jeu des douze images en 4x4 ! Mais ça c’est pour écrire et là vous découpez pour que je puisse faire des collages.

D’autres jours, il y avait des animations musicales dans l’établissement. Un guitariste et un accordéoniste venaient s’exciter sur « La Java bleue », « Tel qu’il est » ou « Quitte-moi pendant la coupe du monde » et sur leurs instruments respectifs tandis que deux chanteuses blondes et une rousse papotaient plus qu’elles ne vocalisaient. De toute façon les deux musiciens russes, Krapov et Kaïrakovsky, n’en finissaient jamais de ne pas se mettre d’accord sur la tonalité du morceau, le nombre de croches que le pianiste à bretelles modifiait sur la partition commise par le gratteux à ceinture sur Noteworthy Composer.
- C’est des noires ! Rechante- le pour voir!
- Chanter c’est pour écouter, c’est pas pour voir !

Cette équipe-là, plus jeune, avait un travail et de ce fait ils semblaient plus épuisés et épuisants que les papys découpeurs et fendeurs de cœur.
- Un jour, je serai libre à jamais ! lançait parfois Joe Krapov. J'ai fait tout le chemin qui va de l'école au collège, du collège au lycée, du lycée à la fac, de la fac au travail, j'ai changé plusieurs fois de boîte et pour la première fois on me laissera sortir pour ne plus revenir. Je ne sais pas ce que j'aurai gagné. Un aller simple pour un voyage chez Kirikou l'Ankou ? Le droit de réécrire en phrases courtes la « Recherche du Temps perdu » ? Ou le plaisir du temps retrouvé et des apprentissages aussi tardifs que les vendanges ? Apprendre la sculpture, le dessin animé image par image avec des statuettes en pâte à modeler, faire du théâtre et jouer avec une robe et des chaussures à talons hauts un rôle travesti ? J’ai toujours rêvé d’interpréter le répertoire de Fréhel avec une perruque de Sabine Azéma, un collier de perles et du rouge aux lèvres !
- Maintenant que ce sont des femmes à barbe qui remportent le concours de chant de l’Eurovision, tu peux faire ce que tu veux, tu ne surprendras plus personne ! De toute façon, en Ille-et-Vilaine, tout le monde s’en fout de la musique. Le plus important, c’est de bagouler avec sa voisine et avec une galette-saucisse à la main !
- Je sais ! Je sais ! Je sais que je ne suis pas là pour surprendre le monde mais j’avoue que le monde, lui, me surprend ! Avant on avait le droit de cracher dans la soupe : elle était vraiment mauvaise. Maintenant il n’y en a plus assez pour tout le monde et plus personne ne dit rien. Pire que ça, les gens s’en vont élire des cracheurs professionnels qui seront payés onze mille euros par mois pour foutre le feu à la cuisine !
- Arrête donc de parler de tes glaires, Krapov, on va passer à table d’ici peu, nous ! l’interrompt Camille.
- C’est sûr qu’avant, c’était mieux, commente Kaïrakovsky. Je me souviens que Gabriel, mon frère, piquait des pinces à linge à maman. Il s'en servait pour attacher un bout de carton sur le cadre de son vélo. A chaque tour de roue, cela faisait un bruit de pétarade. Il jouait à faire de la mobylette en gueulant par-dessus ça comme un Apache jusqu'au carrefour. Mais c'est vrai qu'on est devenus tous un peu fous depuis la disparition d'Isaure Chassériau.
- La dernière fois qu'on a eu de ses nouvelles elle était dans le petit village de pêcheurs de Trentemoult, près de Nantes.
- Est-ce qu’elle s’habillait toujours en rose ?
- Paraîtrait que non.

L’oncle Camille s’immisçait volontiers dans la conversation du Club des cinq.

- Avant ça, il y a d'abord eu un autre événement, majeur, primordial en ce qui nous concerne. Nous avons refusé de lire « La Bicyclette bleue » et nous avons préféré fréquenter les filles des forges, dont la fameuse Régine, celle qui avait un boa. Il faut toujours préférer la vie aux livres car les jouissances sont plus diverses et l’exercice ça ne fait pas plus de mal aux gens que de manger cinq fruits ou légumes par jour, même si chez nous c’était plutôt bidoche, patates et charcutaille, histoire d’alimenter sans le savoir notre taux de cholestérock’n’roll !
- Moi je n’en ai pas eu longtemps de cette maladie-là ! répond Krapov. J’ai supprimé le beurre et l’argent du beurre c’est Marina B. qui le dépense quand elle promène son QI sur les remparts de Varsovie ou son quant-à-soi sur les ramblas de Barcelone. Mais c’est vrai, quand Isaure est partie de chez nous, j’ai bien profité de ses archives pour alimenter un site web nommé Rennes-en-Délires. Il fallait faire montre de fantaisie, visiter la cité avec un regard neuf, y piocher de quoi rire ou sourire, réécrire l'histoire de cette ville d'art et de bizarre qu’est Rennes.

***

Isaure neige

Elle prit vite ses habitudes à l’hôpital. Le personnel était gentil et l’effet des cachets qu’on lui donnait ne se faisait sentir que le soir. Comme si, dans la journée, les infirmières s’étaient trompées de médicament. Ou bien, comme quand, après une longue marche, on a les endorphines qui travaillent encore et on se sent prêt à embrayer sur un autre exercice physique.

Comment se faisait-il qu’elle soit autant inspirée ? Au fil des jours les cahiers, car il lui en fallut plusieurs, se remplissaient. D’où venaient tous ces personnages bavards qui coupaient la parole à sa plume, avec lesquels elle semblait tout à fait complice alors que d’habitude, le regard presque éteint, l’apparence toujours réservée, elle semblait posée là, discrète et immobile, comme une cousine de province en visite à Paris, comme si elle était habitée par la peur de déranger un grain de poussière de la surface du monde, comme si elle veillait à ce que, du bouquet d’églantines de sa coiffure, aucune fleur ne tombât jamais ?

- J’ai la réponse, ricanait l’oncle Camille. C’est comme quand ils m’ont donné du Fludex pour mon hypertension. C’était marqué sur la notice ! Ca faisait le même effet que l’EPO en intraveineuse à un cycliste qui planque du fric en Suisse et qui regarde le Tourmalet et Isaac et l’Aubisque de homard les yeux dans les yeux en disant que, sans mentir, c’est Zigomar et Pussomar qui m’ont tuer ! Tes cachets, ma pauvre Isaure, ce sont eux qui font tout le boulot ! Comme le chapeau d’Amélie Nothomb. Retire-le lui et il n’y a plus d’écrivaine. Ou comme celui de Neil Young ! A croire qu’ils dorment avec la nuit ! Des chapeaux de magiciens dont il sort des lapins à profusion et certains ne valent pas un pet.
- Putain ! Et il s’y connaît l’oncle en cuniculiculture !
- En même temps, dit une des deux blondes, ca doit pas être top d’épouser un presti-digi-tâteur ! On ne doit avoir droit qu’à des coïts furtifs !

Fallait-il y voir un signe du destin? Lorsque la nuit tombait les nuages s'assombrissaient, leurs formes devenaient inquiétantes et un enfant apeuré ou un être trop imaginatif y auraient vu peut-être 99 dragons aux aguets attendant Saint-Georges de pied ferme, la gueule prête à cracher le feu. Quand ses paupières devenaient lourdes, Isaure, apaisée, sereine, reposait la plume dans l’encrier et allait se mettre au lit. Elle s’endormait alors très vite et toutes les nuits, elle rêvait qu’elle allait visiter un musée. Elle passait devant une chasse au tigre, des oiseaux hollandais, une jeune mère et son nouveau-né, une scène biblique et lorsqu’elle arrivait devant le tableau ovale avec le magasin de magie, elle entrait dans le tableau, poussait la porte  et elle oubliait tout.

 

DDS 301 isaure et la boutique de magie

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Le défi du samedi
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