Demain (Jaqlin)
Nous voilà arrivés à samedi
Depuis dimanche dernier, chaque jour j’ai pensé : « Tiens, je m’y mets, sans atermoyer. »
Puis la journée est passée et pas le moindre mot n’avait noirci le papier.
Lundi, j’ai ouvert mon PC, mais bizarrement, ma souris m’a résisté, mon clavier est resté muet.
Mardi, j’ai tapé « procrastination », je l’ai regardé ce « gros » mot, puis je l’ai effacé.
Mercredi, je me suis dit que j’avais encore bien le temps de m’y atteler.
Jeudi, j’étais fatiguée de réfléchir, j’ai résolu de ne pas me créer d’inutiles difficultés.
Vendredi, je me suis sermonnée, puis renfrognée et je n’ai rien dégotté.
Et puis nous y voilà, samedi est arrivé, ai-je bien procrastiné ??
Des nouilles de toutes tailles (Jaqlin)
Bien que pour moi, ce vocable ait de multiples acceptions, de la nouille alimentaire à l’aspect de certain appendice masculin (dit-on), j’en retiens surtout celle qu’un de mes collègues enseignants galvaudait à souhait, et à répétitions, toujours à l’égard de son fils, qui avait, le pauvret, la malchance de compter au nombre de ces élèves de CM2.
Le collègue en question, qui faisait en même temps office de directeur de l’établissement, ajoutait à une carrure assez imposante un fort accent qu’il tenait de ses origines ariégeoises. Imaginez donc un instant sa réaction, face à ce qu’il jugeait comme une lenteur inacceptable lorsque sa progéniture ne réagissait pas assez vite à son gré, ou bien- situation encore bien plus terrrrible- quand il le prenait en flagrant délit d’une orthographe approximative ou d’un mauvais raisonnement mathématique.
La cour d’école (pas très vaste, il est vrai) séparait ma classe de la sienne, mais régulièrement, surtout aux beaux jours, fenêtres ouvertes, les vibrations tonitruantes des « GRRRAN….DE- NOU….ILLE- » secouaient nos murs. Plus de quarante ans après, j’entends encore ces hurlements qui tenaient, je crois, autant de la frustration de père que du caractère sanguin de celui-ci.
Mes petits CP ne s’y trompaient pas : je surprenais souvent de malins sourires quand la claque verbale : « GRANDE NOUILLE !! » interrompait (ou agrémentait ?) le silence de ma classe.
Participation de Jaqlin
Toute petite enfant, quand j’entendais prononcer « Montbazillac » par mon père, je savais qu’il y avait un évènement marquant à la clé. Je savais bien qu’il était question d’un vin. Qu’avait-il donc de si différent des autres, pour que mon père le prononçât avec un accent de pure délectation ?
Je ne crois pas qu’il fut jamais un grand connaisseur, ni un grand amateur, mais ce vin, moelleux à souhait, convenait tout à fait à son palais essentiellement sensible aux pâtisseries et sucreries en tout genre.
Aucun évènement jugé important, aucune fête familiale n’échappait au partage d’un Montbazillac dont il surveillait scrupuleusement l’approvisionnement régulier.
J’ai eu droit, sûrement encore plus jeune que dans mon souvenir( !), au biscuit trempé dans un verre de ce vin liquoreux à la robe mordorée.
J’y ai sans doute goûté trop jeune, j’apprécie guère le Montbazillac, je consens juste à sa consommation avec un bon foie gras.
Participation de Jaqlin
La belle Loalwa
A fait danser la lambada,
Elle a fait s’agiter bien des hanches
Sur les plages et sur les planches.
La pauvre Loalwa
Ne chantera plus la lambada.
Certains goujats âpres d’appâts
L’ont précipitée vers son trépas.
Participation de Jaqlin
Sur l’air de « Lisette …t’as une drôle de binette.. »
(vedette, fut un temps, des cours de récré que j’ai longtemps fréquentées)
Refrain :
Jobastre, jobastre
T’es le pire des désastres !
Tu gobes tout c’ qu’on t’dit
T’as rien d’un dégourdi.
*****
T’as pas un seul rival,
Tu décroches la timbale,
A tous les coups tu gagnes.
Même gros comme une montagne,
Tu tombes dans l’panneau
Comme un vrai bourricot. Refrain
*********
T’as pas deux sous d’ jugeote,
T as une tête de linotte
Si on d’vait t’ décorer
C’s’rait d’ l’ordre des bras cassés
A moins qu’ce soit, chochotte
D’c’ui des fiers à r’passer. Refrain
*****
T’enfonces les portes ouvertes
Avec tes airs d’athlète
Le miroir aux alouettes
N’a pas d’secret pour toi
On l’sait rien qu’à ta tête :
L’roi des jobastres, c’est toi !
Tous les hobereaux ne volent pas (Jaqlin)
Aujourd’hui, les gros propriétaires terriens parlent toujours de cerfs dix cors qu’ils rêvent de voir au détour d’une laie, de destruction massive des rongeurs qui, disent-ils, saccagent leurs récoltes, de battues au sanglier qui sont parfois risquées – et qui font les choux gras des quotidiens ; mais de celles-là, on ne parle jamais entre chasseurs !
http://www.20minutes.fr/lyon/1963091-20161117-ardeche-chasseur-attaque-enorme-sanglier-lors-battue
On ne voit plus guère de chasse à courre avec force trompes et meutes fébriles, mais dans les campagnes, à la saison autorisée, il n’est pas rare de croiser des panneaux censés attirer l’attention du promeneur ou de l’automobiliste et portant cette recommandation : Attention, chasse en cours !
Les hobereaux ont changé de vêture mais les ragots vont toujours bon train, on ne sonne plus guère de la trompe pour annoncer l’hallali, mais les portables vibrent dès que la bête est cernée, et le tableau de chasse fait la joie des valeureux chasseurs, avant de se le partager et de bâfrer jusqu’à plus soif.
Je n'ai vu (Jakline)
Lueurs
Petit bonhomme de cire, bien droit sur son unique pied, il est là, il m’éclaire, il vacille au moindre souffle d’air mais il m’éclaire… Sa robe de cire, stricte et froide d’abord, s’orne peu à peu de broderies et de festons qui s’écoulent puis se figent en volutes ou arabesques parfois longues et minces, parfois courtes et obèses. Sa flamme qui danse projette sur le mur des ombres fantasques , souriantes ou grimaçantes. Quand on a l’impression qu’elle s’épuise, s’essouffle et va bientôt mourir ; tout à coup, la plus légère brise lui redonne vie et la voilà qui s’étire, se relève et, tel un mourant qui s’accroche à une dernière lueur d’espoir, elle laisse s’échapper un nouveau bouillonnement de dentelles qui recouvre le corps du petit bonhomme un peu plus encore…
Enfin, lorsque, à bout de souffle et de résistance, les derniers vestiges du petit corps de cire s’étalent en un magma informe et fumant, on sent partir avec lui les rêves qui ne se disent pas…
Jaqlin