Élucubrations (Flamm Du)
Clic, clac
Chapeau chic
Chapeau claque
Chapi, Chapo
Le chapitre des chapeaux
Chapo, Chapi
Un chapeau par ci
Un chapeau par là,
Gibus
Dans un autobus
Melon
Dans un grand salon
Trilby
Dans un wagon-lit
Chéchia
Sous un acacia
Béret
Sur un parapet
Stetson
Près de Chariton
Bachi
Le soir à minuit
Suroît
Par vent de noroît
Calot
Sur un paquebot
Bonnet
Pour un paltroquet
Colback
Dans un cul-de-sac
Bicorne
Près de Malicorne
Chapi, Chapo
Le chapitre des chapeaux
Chapo, Chapi
Un chapeau par ci
Un chapeau par là,
Un chapeau
Une main
Le chapeau à la main
Salut
Une main
Un chapeau
La main sur le chapeau
Salut
Mais,
Une main
Un chapeau
La main dans le chapeau
Handicap
Chapi, Chapo
Le chapitre des chapeaux
Chapo, Chapi
Un chapeau par ci
Un chapeau par là,
Et puis
Un melon
Deux melons
C’est la danse des melons
Qui en sortant sous la pluie
Se secouent le bas du feutre
En faisant flic floc….
Ne soyez surtout pas neutre
Car la danse des melons
C'est le tube sous la pluie
Flic-floc, flic-floc
Gardez bien la forme,
Sans dessus-dessous
N’soyez pas sans formes
Pas super raide
Ni extra-mou...
Chapi, Chapo
Le chapitre des chapeaux
Chapo, Chapi
Un chapeau par ci
Un chapeau par là,
Maintenant
Pour ne pas le porter
Tout en en travaillant
Sans en baver des ronds,
Ni vouloir le manger
Fin de mes élucubrations.
Son grand manteau noir…. (Flamm Du)
J’ai peur, j’ai froid et je suis trempée comme une soupe.
Depuis tout à l’heure, il m’oblige à le suivre, il ne lâche pas ma main, qu’il serre fermement.
Baombadaboom baoumbaoum !
Mon dieu, je ne sais pas de quoi j’ai le plus peur.
De lui, ou de l’orage. J’aime pas l’orage mais lui, je ne sais pas qui c’est. Je ne sais même pas, si je le connais. En tout cas je ne l’ai pas reconnu. Avec la pluie qui tombe en trombe, je ne l’ai même pas entendu, ni vu arriver.
Depuis le début de l’après-midi, il fait gris, et il pleut. Puis d’un coup, les nuages sont arrivés. De gros, noirs qui viennent des montagnes. Il faisait presque nuit, en plein jour. Avec ce qui dégringolait, je n’y voyais rien du tout. Impossible de rentrer à la maison. Je me suis abritée comme j’ai pu.
D’un coup, j’ai vu devant moi, son grand manteau noir. Juste son manteau, rien d’autre. Une masse noire, c’est tout. J’ai pas eu le temps de voir sa tête. Il m’a pris la main et m’a tirée d’un coup, pour me lever. Et m’a emmenée sous la pluie
J’ai essayé de lui dire non, de me dégager, rien à faire, il a beaucoup plus de force que moi. J’ai du suivre.
Baombadaboom baoumbaoum !
Et voilà l’éclair.
A chaque fois, je sursaute et il resserre un peu plus sa main sur la mienne.
Je ne sais pas où il m’emmène
On ne voit pas à dix pas.
Baombadaboom baoumbaoum !
Et ce tonnerre qui n’en finit pas.
L’éclair. Encore un. C’est au moins le dixième depuis tout à l’heure.
Il me fait courir plus vite, j’en peux plus.
Baombadaboom baoumbaoum !
Et ça devient presque continuel.
L’éclair ! Tout près, celui-là.
J’ai peur !
Je ne sais pas où on est, je ne peux plus rien voir.
Mes cheveux se plaquent sur mon visage et dégoulinent, ma capuche est partie.
Il ne veut pas s’arrêter, j’arrive plus à suivre.
Je tooombe !
Mais qu’est-ce… ?
Nooon !
Il m’a attrapée comme un paquet sous son bras.
Il court encore plus vite.
Je crie et je me débats. Il ne s’en aperçoit même pas.
Je veux descendre.
Baombadaboom baoumbaoum !
Vlan ! Vlan !
Qu’est-ce qu’il fait ?
Deux grands coups de sabots dans la porte pour l’ouvrir.
Vlan !
Un autre pour la refermer.
Il me pose là par terre.
Il fait noir. Je grelotte.
De froid. De peur.
Baombadaboom baoumbaoum ! Scraaaitchh !
Tonnerre et éclair, les deux presque en même temps
Là , il a fait plus clair qu’en plein jour.
Je vois où on est, dans le casoun de l’Émile
Craaaaacccccck !
Qu’est-ce que c’est ?
Une espèce de lueur orange envahit la fenêtre
« —Eh ben ! Sacridiou, la pitchoune ! On l’a échappé belle !
Viens voir ! »
Il m’attire à la fenêtre.
Des flammes !
Là-bas, le grand pin sous le quel je m’étais abritée n’est plus qu’une immense torche géante.
Je me remets à trembler de plus belle.
S’il ne m’avait pas obligée à le suivre….
« — Maintenant, reste plus qu’à attendre la fin.
Et c’est pas pour tout de suite ! »
Il ne lui faut que peu de temps pour allumer un feu.
A la lueur des flammes, je reconnais enfin Jean le plus jeune frère de ma mère.
Il n’a pas compris pourquoi, d’un coup je me suis mise à parler, parler sans pouvoir m’arrêter, à lui donner des nouvelles de tout le village.
J’étais tellement contente que ce soit lui, j’avais eu tellement peur !
Ils nous a fallu attendre jusqu’au matin pour rentrer à la maison.
Et là, c’est moi qui lui ai donné la main.
Petit Loup Fantasque (Flamm Du)
Quatre jours.
Il ne lui reste que quatre jour avant que cette lune-là ne meure. Sinon, tout ce qu’il a entrepris depuis la mort de la dernière lune ne servira à rien. Il ne sera pas digne de devenir un Manicouagan et devra encore rester, pour une année, un enfant. Et ça il ne le veut à aucun prix ! Ce serait la honte pour lui et ses parents.
Petit Loup Fantasque vient d’avoir douze ans et, comme tous les autres enfants de son âge dans la tribu Manicouagan, il a du partir, s’éloigner des siens, prouver qu’il était capable de survivre seul, sans dévoiler sa présence, en harmonie avec la Nature, et accomplir un exploit pendant la durée de vie d’une lune, celle des mûrissements.
D’abord, suivant les conseils de son grand-père Ours Sage, il s’est appliqué à s’éloigner le plus possible du territoire de la tribu sans laisser aucune trace. Il a marché deux jours, pour franchir la montagne, puis il a cherché comment franchir la rivière, un barrage de castors, plus loin en amont, lui a grandement facilité la tâche. Il a encore marché toute une journée pour atteindre l’orée de la forêt qui se dessinait au loin. Le soir du quatrième jour, assis près d’un ruisseau, il a contemplé le ciel étoilé et longuement écouté la Nature.
Et il a compris.
Bien gravées au fond de sa mémoire, les paroles de son grand-père, lui sont revenues, comme murmurées par le souffle du vent et le chant de l’eau : « C’est au jour où mourra la lune du temps des mûrissements qu’un jeune loup fou conduira la tribu à l’Homme-Arbre. »
Trouver l’Homme-Arbre, pour y conduire Ours Sage et Faucon Nerveux, voilà son exploit !
Il a si souvent entendu Ours Sage lui conter cette légende, comme le faisait déjà son grand-père. Personne, dans la tribu des Manicouagan, ne sait vraiment qui est cet Homme-Arbre. Mais depuis des années, chaque garçon, espère secrètement, être celui qui réussira à le découvrir. Hélas, pour l’instant personne n’y est arrivé, et cela reste simplement une légende qui fait rêver les plus jeunes.
C’est décidé, demain il partira à sa recherche. Il passe une bonne partie de la nuit à se demander comment y arriver. Au matin, il se mit en route, attentif au moindre signe.
Ce fut d’abord une plume de geai bleu qui le fit changer de direction, plus tard, trois aigles dans le ciel et il suivit leur direction. La rencontre avec un ours brun, puis des cygnes s’éloignant sur la rivière le firent encore bifurquer. Tant et si bien qu’il se retrouva bientôt, à son point de départ, devant la même plume de geai bleu.
Il avait tourné en rond pendant tout ce temps. Comment était-ce possible ?
Il ne peut pas s’être trompé.
Il y a une raison, à lui de réfléchir, de comprendre.
Un peu découragé, il se laisse glisser au pied d’un arbre. Adossé au tronc, il regarde devant lui, cette plume et brusquement, pfft, une seconde et voilà un écureuil qui vient de filer avec, vers un bosquet.
Un autre signe ?
Il reste quelques secondes interloqué avant de se bondir sur ses pieds.
Il vient de comprendre. Il n’a pas tourné en rond.
Il a délimité une petite partie de cette immense forêt. La zone qui contient sûrement l’Homme-Arbre. Il le sait, il est sûr qu’il est là, pas très loin, il le sent. Il ne lui reste plus qu’à parcourir toute cette zone pour le découvrir.
Et il le parcourut, de fond en comble. Il y eut de nombreux moments de fatigue, de lassitude, comme les soirs où il n’a rien mangé, ayant épuisé ses réserves et oublié de les reconstituer, ou celui où il n’a pas trouvé de source pour se désaltérer, trop fatigué pour en chercher une autre plus loin. Un grand moment de découragement aussi, hier soir, quand il a réalisé que les jours qui restaient avant la mort de la lune, se comptaient maintenant, sur les doigts d’une seule main.
Mais surtout, il y a eu ce moment extraordinaire, tout à l’heure, quand, fatigué et désespéré par des jours et des jours de vaines recherches, il l’a aperçu, dans les rayons du soleil couchant, à quelques mètres de lui.
L’Homme-Arbre, étrangeté de la nature qui a dessiné sur le tronc de cet arbre une tête d’homme. L’Homme-Arbre, qui, selon la légende, apportera la prospérité aux Manicouagan.
Il est heureux et épuisé, mais rien n’est fini. Encore une dernière chose à faire, pour être digne de devenir un Manicouagan, il lui faut retourner dans la tribu. Il regarde la lune, elle va bientôt mourir, son croissant est de plus en plus mince. Il ne reste que quatre jours. Aura-t-il le temps nécessaire ? Il avait mis quatre journées de marche pour atteindre cette forêt. Et là, il est au cœur de la forêt, il devra sans doute courir presque tout le long du chemin pour rentrer. En aura-t-il le courage ? Dire que ces quatre jours furent pénibles, serait très en-dessous de la vérité, mais qui a dit qu’un exploit était facile ? Il fut le dernier à regagner la tribu, juste avant que le dernier rayon du soleil ne s’éteigne pour laisser place à la nuit sans lune.
Depuis Petit Loup Fantasque, devenu un Manicouagan respecté par tous, a reçu son nom d’adulte, Loup Avisé.