La jarre (EVP)
J’ai mis dans la jarre.
Tous les mots qui ne devaient pas être dit.
Les petites mesquineries et les grosses jalousies.
J’en avais sans doute marre,
Des couardes hypocrisies, des maousses flagorneries.
Mais d’une sincérité urticante, le commun a frémi.
J’ai rempli la jarre.
Des gaudrioles en sempiternelles litanies.
D’urgences en pisse-copies, le vide est si vite rempli,
La règle neuve est à part.
Alors qu’on ne veut que le moyen, l’ordinaire, le petit,
Tenant l’emmerderesse pour prétention bouffie.
J’ai bien enterré la jarre.
Pour oublier vite, tous ces tristes faux-amis,
Sous le sable ocre d’un très lointain et lumineux pays.
A présent c’est bizarre,
Qu’on veuille ressortir ce qui est enfoui.
Parce qu’on découvre que le silence est bavard aussi ?
J’ai retrouvé la jarre.
Elle était pleine de temps passé, chiffonné, blessé.
Elle était pleine de cette pulvérulence toute rose-doré.
Il était bien trop tard,
Il n’y avait rien d’autre que du vent léger, léger.
Et les friselis de l’inconséquence d’une fragile humanité.
Tempêtes (EVP)
Quand au cœur de ma nuit aux mâchoires écumantes,
Je cherche, pantelante, ta main sous le drap,
Dans la percale fraîche de ta tendresse aimante.
Je la saisis comme on s’accroche à un mât.
Là, dans le creux de nos paumes jointes,
Tête à tête,
Cœur à cœur,
Par la longue ligne de notre vie ensemble,
Tu me ramènes aux rivages du jour,
Vers la terre ferme et si consolante
De ton indéfectible amour.
Chanson de la malcontente ! (EVP)
Musique Maestro !
Tu vas nous la rejouer souvent,
Ta symphonie du joli printemps
Cette guimauve de trop bons sentiments,
De princesses et de princes charmants
De violons tout sanglotant !
Moi, je préfère le tango.
Musique Maestro !
Encore et toujours le même solo,
Sur les trilles de ton gentil pipeau,
La ritournelle du bon z’héros,
Venu sauver les sombres idiots,
Clarinette et trémolos !
Moi, je préfère le tango.
Musique Maestro !
Ça rutile toute ta clique,
De jolis mots bien sympathiques,
De politesses mécaniques,
Celles qui tant encaustiquent,
Unisson et harmonique !
Moi, je préfère le tango.
Musique Maestro !
Fais chialer ton bandonéon,
Fais gueuler les accordéons,
La milonga où les jupes tel des torchons,
Viennent essuyer les déceptions,
En exaltant la déraison !
Moi, je préfère le tango.
Musique Maestro !
Les corps collés et puis la sueur,
Amour à mort et puis ta peur,
Qui titube les pas et chahute ton cœur,
Tu t’en fous tu danses tes propres couleurs,
Ça te chavire, tout ce bonheur !
Moi, je préfère le tango la java
Et voilà !!
Théodule (EVP)
Il s’appelait Théodule, ce crabe tellement minuscule
Qui squattait une moule des bouchots de Charente.
C’était un pinnothère d’une taille vraiment ridicule
Qui se posait des questions pas du tout évidentes.
La vie, la mort, l’au-delà des bulles, pourquoi si petit ?
Pourquoi sa moule hôtesse, pourtant bien plus grande,
S’était accrochée volontairement, un samedi juste par défi,
Sur ce cétacé géant, cette baleine pas très franche ?
On lui avait raconté, mais fallait-il le croire,
Que sa taille était prodigieuse, pour tout dire inouïe.
Comme il ne pouvait l’imaginer, encore moins le savoir,
Il l’appelait mon Dieu pour simplifier sa théorie.
Il entendait souvent le chant mélodieux des anges,
Et cette fois où le bivalve entrouvert, il vit,
Que l’on n’était plus dans l’eau, c’était étrange.
On lui a dit le ciel, c’était peut-être là le paradis ?
Un jour, un tremblement formidable, l’Armageddon.
La moule qui se détache, se casse et puis se meurt.
Théodule, le minuscule se retrouve vivant au fond.
Lui, si petite particule, en est quitte pour une frayeur.
Châtiment pour tes péchés ? Colère du très-haut ?
Les promesses d’après trépas, tu parles mon n’veu,
Si tu te retrouves à poil, SDF dans l’abîme des eaux,
C’est juste ton Dieu, galopin, qui a secoué sa queue.
Métamorphose (EVP)
Fini les griffes noires des arbres lacérant un ciel de perle.
Fini le givre endiamantant le bas du carreau de la vitre.
Fini le vent coulis rougissant le nez, mouillant de cristal les yeux.
Ça a commencé à bas-bruit, une brume de pétales blancs sur l’amandier.
Ça a continué par le rose insolent du prunus endimanché.
Ça s’impatientait en bourgeons, en chatons tumescents et fébriles.
C’est là, explosion jaune des forsythias, mauve des glycines, violine des
Grappes de lilas.
C’est là, ramures d’acajou, bouquets délicats des cerisiers, céladon des
Jeunes feuilles encore froissées.
C’est là, l’herbe drue et tendre éclaboussée de pâquerettes, où le merle
Bravache, gobe le ver gigotant.
Métamorphose enchanteresse des saisons.
Dans la glace, une saison de plus sur mon visage.
Le temps a plissé ici, affaissé là.
La maladie a raviné ici, creusé là, boursoufflé ailleurs.
J’essaye d’être indulgente à ce que je vois.
Si la vie a quelque prix, c’est la monnaie qui me reste que voilà.
Pour le reste, l’éclair dans le gris-vert des yeux,
Fulgure toujours contre l’injuste, le cupide, l’ambitieux
L’égoïste et l’insincère.
Métamorphose bien incomplète d’une vieille pas encore sage !!
Dimitri (EVP)
Sur ma tête y’a un beau chapeau
Dans ma tête y’a des tas d’oiseaux…
C’est ma p’tit chanson, celle que je chante si bien dans ma tête, oui parce que je la chante pas en vrai, ça serait affreux.
Je m’appelle Dimitri, j’ai dix ans j’habite à Poligny, la grande et belle maison au début du village. Mon papa c’est le médecin. Je suis un I.M.C., I.M.C. léger précise papa, toujours.
Moi je trouve ça plutôt lourd mon corps qui ne veut pas faire ce que je veux et puis j’aimerais tellement papoter, causer avec mes copains, c’est si difficile d’articuler de me faire comprendre et pourtant, si vous saviez comme je suis bavard en dedans !
N’empêche, tout allait plutôt bien pour moi avant qu’ils n’arrivent…Ceux du petit lotissement neuf au bout du village.
Au début c’était juste des insultes « gogol » « débile », après il y a eu les bousculades, les croche-pieds et bien vite les claques. Je pouvais pas en parler, Maman, elle aurait eu peur, elle m’aurait retiré de l’école…J’voulais pas aller en institution.
Alors, je me recroquevillais et je parlais aux oiseaux bleus dans ma tête.
Ce soir, ils m’ont traîné jusqu’au petit bois. Ils ont les yeux fous de haine. Ils me brûlent avec des cigarettes, ils tapent ma tête contre une racine, un coup de pied terrible dans les reins, j’ai si mal, tout est rouge derrière mes yeux…
Les oiseaux ?...Où sont les oiseaux ?
Sur …ma tête y’a un…beau chapeau
Dans…tê…tas…d’oi…
………
Je suis un oiseau…
C’est beau…Tout blanc,
Si tu voyais Maman,
Je vole, je vole si haut, si haut,
Tout là-haut.
La Mosca conjonéra (EVP)
Comme c’est beau ce que l’on peut voir comme ça
A travers le sable, à travers le verre
A travers les carreaux….
Disait la mouche.
Bzzzzz…Bzzzzzzzz…Bzzzzzzz…………..
Comme c’est beau ce que l’on peut voir comme ça
A travers le sable, à travers le verre…
Disait la mouche.
Bzzzzz…Bzzzzzzzz…Bzzzzzzz………… .
Comme c’est beau ce que l’on peut voir comme ça
Disait la mouche.
Bzzzzz…Bzzzzzzzz…Bzzzzzzz…………..
Mais bon sang qu’est-ce que c’est enquiquinant !!!
Bzzzzz…Bzzzzzzzz…Bzzzzzzz……………
Bzz..Bzz…Bzz…Bzzzzz…Bzz Bz Zzzzz Bz………
R.I.P. Mosca .
Qui s’assemble se ressemble (EVP)
Ah le mesquin, le piteux adage,
Qu’ai-je besoin encore à mon âge,
Qu’on me tende un miroir à mon image.
Ce n’est pas la vanité qui m’encourage.
En vieillissant devient-on sage ?
Non, au vrai je préfère l’incongru, le farfelu,
J’aime que l’autre me soit inconnu,
Une découverte, comme impromptue,
Rien qui soit à moi-même, archiconnu.
Dussé-je jouer les ingénues.
Bénie soit l’altérité, vive la différence,
Qui secoue nos petites intelligences,
Les soumettant aux incidences
Des us et coutumes qui balancent.
Me surprendre est élégance.
Le presque pareil est certes rassurant,
Mais les clones pas très intéressants,
Tel ou telle peut être bien dérangeant,
Je m’améliore en le comprenant.
A tout le moins, en essayant.
Très peu pour moi, la grégarisation,
Je goûte bien mieux la dérision,
Me méfie des foules à l’unisson,
Cultive mon côté polisson
Voire même un peu con-con !!
Gurbuz Dogan Eksioglu (à vos souhaits !) (EVP)
Et au bout…
Dame Souris Goriste moustache raide, museau pointu,
Faisait à Dame Souris Golotte leçon de sage vertu.
Voyez comme on est serré dans ce wagon bondé,
Et l’odeur, une infection, quelle horreur la promiscuité !
Allons voisine, soyez plus alerte, nous sommes en vacances,
Bientôt, le jardin et l’herbe qui chatouille, quelle chance !
Voyez ces rustres qui prennent la voiture-bar d’assaut,
Ces souriceaux qui courent du bas jusqu’en haut.
Il leur faudrait quelques vilains coups de cravache,
Au moins juste une bonne claque sur la moustache !
Regardez-les comme ils s’amusent, tout est nouveau pour eux,
Peuvent bien faire un peu de raffut, ce n’est qu’un jeu !
N’empêche, que sera leur avenir s’ils n’apprennent à se tenir,
La vie ce n’est pas un amusement, à la discipline il faut obéir.
Etre prêt à tout instant, à affronter les mauvais vents,
Chômage, maladie, trahison, c’est là notre tout-venant.
Les sourires ? Les amitiés ? Sont aussi choses de tous les jours,
Et aussi, pourrions-nous l’oublier ? Le grand, le bel amour.
Votre naïveté m’inquiète et pour tout dire m’agace un peu,
Le devoir n’est pas chose de fête, il faut y mettre du sérieux.
Je vois que vous ne serez jamais prête à rendre compte à Dieu,
Il saura bien effacer vos risettes et punir les trop joyeux.
C’est vrai que je n’y pense guère, je veux rire et plus qu’un peu.
Vous êtes vraiment trop amère, demain sera sans doute heureux !
Cette conversation s’arrêta là, et on ne sait qui l’emporta,
Car quand le bout du tunnel arriva, le chat, illico, les croqua !!
Les bottes de six Béries (EVP)
- Ah ! Et vous êtes fiers de vous ?- ….
- Bon c’est ça, prenez-moi pour un jambon, c’était pas une allusion peut-être ?- ….
- Les bottes rouges…Comme l’armée là-bas…Comme de par hasard ?- ….
- Il faut s’es-crimée encore pour vous dire qu’on a compris ?- ….
- Bon, alors je vous chante ma petite chanson :
Petit cochon, cochon fripon
Prends garde, prends garde
Petit cochon, cochon fripon
Ferai de toi du saucisson.
Petit goret, goret de lait
Fais gaffe, fais gaffe
Petit goret, goret de lait
Le bon pâté que je ferai
Petit nourrain, petit malin
Méfiance, méfiance
Petit nourrain, petit malin
Des rillettes pour mon pain.
Quant à tes bottes de caoutchouc,
Alors là, mon petit chouchou
Tu peux bien les mettre au clou
Parce que j’en f’rai rien du tout !!
- Sinon, le goulag ? Ça vous dit ?- ….
- Défiants, dissident c’est bien du pareil au même !!!