Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le défi du samedi
Visiteurs
Depuis la création 1 050 282
Derniers commentaires
Archives
19 septembre 2009

Le beurre perdu (Captaine Lili

Chanson-comptine sponsorisée par Les bisounours fondus, le magasin des douceurs de l’enfance (peluches, bonbons, livres et bien d’autres choses encore !)


bisounours_fondus_1


« Le beurre a disparu ! »

Déplore émue

Mzelle Aufray l’ingénue

Intendante, c’est connu,

De l’école des Ptits Lu.

La cuisinière déçue

Ne pourra - sans beurre, c’est exclu -

Fourbir son régal au lait cru,

Jusque là inconnu,

Le soufflé de laitue.

« Un vol, qui l’eut cru ! »

Répètent en chœur têtu

Mzelle Aufray, jeune et menue

Le gardien, joyeux hurluberlu,

Et puis la mère Lulu, la cuisinière fessue.

On soupçonne le dahu,

Et puis le rat des rues,

On enquête, on évalue,

Quel gone ventru

Aurait-pu… ?

C’est alors qu’on trouve repue

De graisse la table en bois nu :

Le beurre a fondu !

Reste une question ardue :

Qu’y-aura-t-il au menu ?



Et en prime (time) la voix de la crémière (ndlr) :


beurre_perdu

Publicité
12 septembre 2009

S’il te plaisait (Captaine Lili)

Une heure

Dérobée à l'habitude

Livrée au coeur

Une heure, seule avec toi

Si courte !

Si pleine !

Une heure entre tes bras

A dévorer

Nos yeux, et puis le reste

3600 secondes qu'on ne compterait pas ...

Une heure

Sans solitude

Prise au temps ravageur

Une heure, sablier d'émois

Si courte !

Si pleine !

Une heure en de beau draps

A décorer

De nos faits et gestes

60 minutes qu'on n'oublierait pas

Une heure ...

Une heure sans faute

Une heure

Et puis une autre.

5 septembre 2009

Le ciel, la poétesse et eux (Captaine Lili)


En un ciel de soir qui tombe sur la ville, je voyais une trainée flamboyante de poudre rose, crachée par une dragonne farceuse.

Elle a dit : « c’est la pollution ».

Entre trois gros nuages de coton blancs et bleus, je voyais des bisounours roses, jaunes et verts, sauter à quatre-moutons, rieurs.

Il a dit : « dans les ciels du sud, le soleil ne se cache pas ».

Le corps au creux des vagues grisées, les yeux dans l’horizon tremblant infini, je voyais des îles aux trésors enchantées de rumeurs, vives.

Tu m’as dit : « c’est fou ».

Sous une brume mauve, transparente et gracile, je voyais un jeu d’ombres dansantes, flammes sombres sculptant, graffant la ville sourde.

Vous avez eu peur.

Parmi les gouttes lourdes d’une averse de pluie d’été, je voyais un tambour oriental m’invitant joyeux à ondoyer, libre et légère.

Elles ont dit : « ciel, mon brushing ! »

En un ciel de nuit tombée sur le monde, je voyais un clin d’œil ardent, rond de lune comme une perle de vie.

Ils ont dit : « c’est un lampadaire ».

16 juillet 2009

L'effleure du mâle (suite par Captaine Lili)

Elle

Lui tend sa bouche
D’une caresse d’aile

Le touche

D’une main s’en va
Cueillir
Les fleurs du gars

En un sourire

Sensuelle
Fille de l’eau
Sa peau étincelle

Sous ses mots

Sur l’envie masculine
Son corps glisse

Diablotine

Ses soupirs, ses délices
Sa chute de reins
Ses baisers et ses seins

Elle les livre
Et délivre

En son jardin

Coquin
Que s’exhale

L’effleure du mâle !

Merci à Tendreman Spice pour son expression « L’effleure du mâle » !

10 juillet 2009

Clef alexandrine (Captaine Lili)


Il a ouvert sa porte, ai franchi le pallier.

Pour le code d’entrée, suffisait de s’aimer !

Il a tourné sept fois sa langue dans ma bouche.

La serrure a craqué, suffisait qu’il me touche !

Approchée contre lui, il eut le mot de passe.

De nos écrits hardis, suffisait qu’il m’enlace !

Il a vu la piste de ma carte du tendre.

Le rossignol savait, suffisait de m’apprendre !

Il a posé les mains sur une de mes clefs,

Il m’a offert de ses dix doigts la liberté.

Publicité
3 juillet 2009

Chapitre 67 (Captaine Lili)

Où, nus, allongés sur le dos, nos deux héros*discourent de la forme des nuages, de la caresse du soleil sur la peau, des petites bêtes qui peuplent la lande et du plaisir, tandis qu’à l’horizon, l’adversité tisse ses noirs desseins.


L’herbe chatouillait et le ciel était paisible. Il avait la couleur du lac. Ou bien c’était l’inverse.
Il faisait très chaud. Autour d’eux : une libellule bleue et deux papillons blanc citron.
Lorsque s’approcha un insecte bourdonnant, elle chuchota qu’elle avait peur. Il lui montra le chevalier qui s’effilochait dans les nues bleues, filant sur sa licorne blanche. Elle sourit, pencha la tête vers lui. A travers les feuillages, le soleil souriait lui aussi.
Le vent troublait leurs peaux.
Dans leurs yeux, l’une et l’autre étaient nus.
Une ombre froissa la surface de l’eau.
Un bruissement glissa quelque part.
Dans la douceur, exactement, ils étaient nus.

25 mai 2009

Une onde (Captaine Lili)

Une onde.
Une onde de choc.
Une pulsation.
Un nerf. Un muscle. Je ne sais quoi. Qui vibre.
Et qui ne vibrait pas. Depuis si longtemps qu’elle a oublié que ça bougeait, avant. Quand elle était petite. Quand elle avait l’âge des boites à musique et des rêves qui tournent.
Un sillon. Une ombre creusée. Une ligne marquée.
Et son cœur qui saute.
Et son cœur qui explose.
D’émotion indicible.
Même pas une joie.
Une onde. Une onde de choc.
Qu’elle n’attendait pas.
Qu’elle croyait perdue. Enfouie dans ses espoirs tués.
Le reflet d’elle qui se dessine. Autre.
L’impossible qui gagne.
Les frémissements qu’elle sentait. Qu’elle savait. Qu’elle a laissés au creux de leurs certitudes.
Son visage enfermé dans la boîte à musique.
Et la danseuse qui se remet à danser. La vie qui calligraphie.
Sur sa joue droite, la commissure des lèvres comme une fossette.
Sur son front, trois plis esquissés, pour une suite à la partie gauche.
Une ombre fugitive. Et pleine.
Des larmes en battements.
Parce qu’elle se souvient. De sa moitié de visage, figée.  Du courant électrique dans ce nerf facial. Qui faisait mal et la condamnait. La musique chuchotait trop bas. On ne voyait que le silence.
Une onde.
Un espoir fou. Comme un galet dans un lac.
La peur aussi.
Le presque trop.
La boîte à musique qui l’affole. Les rêves qui tournent.
Peut-être qu’elle enfermera les douleurs. Une partie.
Peut-être que…
Un nerf, un muscle. Qui se dé-paralysent. Jusqu’où ?
Une onde en question.
Une pulsation.

19 mai 2009

Mireille et Mathilde (captaine Lili)

Gourdon, mardi 19 mai


Madame,

Votre lettre m’a trouvé alors que je venais mettre en ordre les affaires de ma mère. Je dois mettre en vente sa maison. La maison de mon enfance.
Ma mère est morte le 8 mai 2009. Agée de 94 ans. La coïncidence vous trouble-t-elle ? Mais je n’étais pas seul à l’enterrement… nous étions cinq. Avec moi, ma femme et nos deux adorables jumelles, un très vieil homme que je ne connaissais pas. Il m’a dit être inspecteur, devenu ami – caché – de ma mère au fil d’une longue enquête jamais résolue. J’ignore jusqu’où ont été les liens entre cet homme et ma mère, mais courbé devant la tombe fraiche il semblait avoir perdu un immense pan de sa vie.
Vous devez vous impatienter et vous demandez pourquoi je vous raconte tout ceci.  Celle dont vous avez pris soin, c’est Mireille Icks. Pas Mathilde Germaine, ma mère, dont je sais si peu de choses. Le très vieil homme n’a pas voulu me raconter de quelle enquête il s’agissait. Il m’a seulement dit qu’elle était son échec, et qu’il fallait que je reprenne les choses à zéro, qu’ainsi, non influencé par ce qu’il avait cru trouver et ce qu’il avait manqué, je verrai peut-être d’autres pistes. D’autres pistes pour quoi, mystère ! Je ne sais pas ce que je cherche. Ma mère était-elle soupçonnée ? Ma mère était-elle victime ?
J’ai trié la maison. Ouvert les placards, les tiroirs. Tous ceux que je n’ouvrais plus depuis longtemps. Et ceux que je n’avais jamais ouverts. Je n’ai jamais osé fouiller du vivant de ma mère malgré toutes mes questions sur ses origines. Nos origines. J’ignore tout de la famille de ma mère. Mon père est moins qu’un fantôme. La seule réponse de ma mère était le silence, larmes dans les yeux et mâchoire crispée.
J’ai trié la maison et trouvé des carnets. Ma mère y écrit à une sœur jumelle qu’elle appelle Mireille.
Auriez-vous l’obligeance de me partager vos découvertes ? Peut-être y aura-t-il parmi toutes ces adresses celle qui fait le lien entre leurs destinées ? Accepteriez-vous de me rencontrer ?

Bien cordialement,

Olivier Caplin

Ci-joint ma carte avec toutes mes coordonnées. Je vous en prie, j’aimerais tellement en savoir plus… Votre madame Mireille ressemblait-elle à Mathilde Germaine, ma mère ?

25 avril 2009

RupQure (Captaine Lili)



Quitte à quitter, quêtons la quintescence, ma Cunie, ma Cunégonde.
N'enquête pas, je cumule les Q, oui !

Quentin, Cupidon cupide.

18 avril 2009

Le poète (Captaine Lili)

Il est arrivé en retard, le cœur au vent, les yeux ouverts sur tous les paysages… boissons, femmes et hommes compris. On ne donne pas rendez-vous à un poète, on l’attend seulement. C’était dans une rue, au cœur d’une ville de rêve. Ce sera comme quand on a déjà vécu : un instant à la fois très vague et très aigu… Ô ce soleil parmi la brume qui se lève !

Nous étions seul à seule et marchions en rêvant

Il m’a dit : « et les soucis que vous pouvez avoir sont comme des hirondelles sur un ciel d’après-midi, - Chère, - par un beau jour de septembre attiédi. »

Il disait aussi comme nous, les femmes, aimions sentir battre nos cœurs sous nos mantes à des pensers clandestins, en nous sachant les amantes futures des libertins, et comme Colombine rêve, surprise de sentir un cœur dans la brise

Il m’a dit « regardez ! Le ciel si pâle et les arbres si grêles semblent sourire à nos costumes clairs qui vont flottant légers, avec des airs de nonchalance et des mouvements d’ailes. »

Il s’est penché, à mon oreille a murmuré… « L’allée est sans fin sous le ciel, divin d’être pâle ainsi ! Sais-tu qu’on serait bien sous le secret de ces arbres-ci ? »

Il a déclamé : voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches, et voici mon cœur, qui ne bat que pour vous. Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches, et qu’à vos yeux si beaux l’humble présent soit doux. Et puis : écoutez la chanson bien douce qui ne pleure que pour vous plaire. Elle est discrète, elle est légère : un frisson d’eau sur de la mousse !

Il a échappé une confidence… Je ne sais pourquoi mon esprit amer d’une aile inquiète et folle vole sur la mer. Tout ce qui m’est cher, d’une aile d’effroi mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?

Parfois, sur une clef de sol impossible juchées, les notes ont un rhume et les do sont des la

Nous avons marché en silence puis il a repris « Va, sans nul autre souci que de conserver ta joie ! Fripe les jupes de soie et goûte les vers aussi. Les vers, c’est de la musique avant toute chose, et pour cela préfère l’Impair plus vague et plus soluble dans l’air, sans rien en lui qui pèse ou qui pose. C’est des beaux yeux derrière des voiles, c’est le grand jour tremblant de midi, c’est par un ciel d’automne attiédi, le bleu fouillis des claires étoiles. Oui, de la musique encore et toujours, que ton vers soit la chose envolée qu’on sent qui fuit d’une âme en allée vers d’autres cieux à d’autres amours. Que ton vers soit la bonne aventure éparse au vent crispé du matin qui va fleurant la menthe et le thym… »

Il y a lui, il y a moi et tout bruit s’apaise autour. A peine un vague son dit que la ville est là qui chante sa chanson, qui lèche ses tyrans et qui mord ses victimes ; et c’est l’aube des vols, des amours et des crimes. Caché sous les mots, le soir est venu.

La lune est rouge au brumeux horizon et s’en va la chanson amoureuse, la sérénade d’automne.

Dans le vieux parc solitaire et glacé, deux formes ont tout à l’heure passé.

Un papier froissé est resté :

Mes yeux mouillés de vent amer dans cette nuit d’ombre et d’alarmes sont deux étoiles sur la mer. Mes yeux joyeux dans le ciel clair par cette nuit sans plus d’alarmes sont deux bons anges sur la mer.

J’ai la fureur d’aimer.

Prince et princesses, allez, élus, en triomphe par la route où je trime d’ornières en talus, mais moi, je vois la vie en rouge.

* extraits de Paul Verlaine, Choix de poésies, éditions Grasset, coll. Les Cahiers Rouges.

 

11 avril 2009

Soifs conjuguées (Captaine Lili)

Je soiffe de lui
Juteux fruit
Au creux de mes appétits

Tu soiffes de tout ?
Le vin de corps fous
L’eau de chez nous

Il soiffe d’elle
Et tangue la ritournelle
Aux mirabelles

Elle soiffe d’il
Comme le trésor a son île
Les bulles en exil

Nous soiffons
L’ivresse des sons
Des mots dans les flacons

Vous soiffez
L’exubérance de fée
De ma langue décoiffée

Elles soiffent d’ils
Etancher les idylles
Sous leurs cils

Ils soiffent d’elles
Et rêvent de l’hydromel
Des demoiselles

28 mars 2009

Petit-déj, enfance et psychanalyse (Captaine Lili)

Sur le divan, paupières closes, je divague.

Mon vague à l’âme se dissout dans le sifflement de la bouilloire rouge.

L’eau bout, posée sur la vieille cuisinière à bois qui ronronne, qui s’essouffle, qui crache, qui gémit.

La chaleur valse avec les courants d’air clandestins, insinués entre les mauvaises planches du chalet. Et ce n’est pas grave.

L’odeur âcre, de poussière et de bois humide, me grise.

Sur la toile cirée rouge de deux grandes tables, des vases improvisés pour des brassées jaunes de coucous.

Le plancher craque. Les bûches éclatent. La bouilloire chante.

Je sais que tout près, il y a le grand champ à roulades, la forêt, la rivière.

Sur le divan, paupières closes, je joue à la bataille de peluches et je peux toucher le toit avec mes pieds.

Le volet est percé d’un sapin.

« Oui, docteur, vous disiez ? Vous n’êtes pas là pour les images ricoré ? Vous voulez du drame, de la tragédie, des lapsus révélateurs, de l’inconscient croustillant ? Là, ça fait trop cliché de bonheur ? Ah ben je crois que vous vous êtes trompée de patiente… Comment ? Le salon détente, c’est la porte à côté ? Oh pardon… je me disais bien qu’avec votre tête de vieux grincheux… »

21 mars 2009

Parler d’eux ? (Captaine Lili)


Val(érie), Janeczka, Walrus et Papistache entament la deuxième année des Défis du samedi et mon étrange pudeur m’a fait parler de moi pour parler d’eux. Je les découvre depuis si peu…

Filant discrètement Pandora, un jour, un défi m’a happée. Quelques mots de Jules Renard : les femmes sont toujours décrites avec des mots de bijoutiers…

C’était un dimanche, les défis publient le samedi. J’ai laissé mes mots s’écrire, parce qu’il faut toujours libérer des mots qui viennent comme s’ils ne pouvaient faire autrement. Et j’ai doucement frappé à leur porte pour dire, juste dire, que le vent avait semé leur graine d’écriture jusqu’à moi.

Janeczka (dont j’ai toujours peur d’écorcher le nom en mélangeant deux lettres) est venue et m’a dit « il y a toujours une place pour les retardataires ». Alors mes mots sont allés se promener chez eux, et l’accueil a été si doux…

C’est ainsi que j’ai mis un pied chez les Défiants. C’était le 20 octobre 2008. Le 1er novembre, j’y laissais une main, retravaillant avec plaisir un devoir de français datant de 1995. Le 14 février, j’y posais mon cœur. Normal, me direz-vous, c’était la Saint-Valentin. Le 1er mars, je m’allongeais sur leur divan parfait : c’était psychanalyse à base de verbes anciens et rares ! Mais c’est le 8 mars que j’ai perdu la tête, pour leur cinquantième, volant tout ce que je pouvais au temps pour partager leur déluge de folie… euh de défis !

Depuis, j’apprivoise lentement les personnages qui s’y trouvent. Je ne peux décrire chacun d’une phrase, j’aurais aimé pourtant, mais je vous l’ai dit, je les découvre depuis peu et j’apprivoise lentement. Et puis, ce genre de jolis blogs, c’est comme les poupées russes : à chaque fois qu’on ouvre, on trouve un autre univers.

Dans la première poupée, j’ai trouvé humour, liberté, diversité, échange. Et je pense à cet atelier d’écriture « en vrai », où j’ai confronté mes 17, mes 18, mes 19 ans, à d’autres écritures, d’autres voix, d’autres vies. Compagnons de mots pour un temps… avec qui j’ai passé mon week-end d’avant – bac et c’était délicieux.

Délicieux comme le gâteau de mots offert chaque samedi par les Défiants…

_g_teau

14 mars 2009

Flocon de coton blanc… un génie ? (Captain Lili)

Je me lève et je me bouscule… et je reste accrochée à mes rêves de funambule, comme d’habitude.

Dans le vague, j’ai bu mon thé d’agrume. Savouré les tartines mielleuses et moelleuses qui l’accompagnent chaque matin. J’en suis à l’étape maquillage et, bien sûr, je suis en retard. J’ai perdu les minutes sous l’eau brûlante de la douche… Un doux reflet cuivré sur les paupières, la bataille avec le mascara pour le poser sur les cils et non me l’enfoncer dans l’œil, le rose à lèvres… et zip, je déraille !

Un gros flocon de coton blanc s’échappe de la bonde de la baignoire  avec des « blops », des « ouch », des « ziiiiiiiiiiiii » et j’entends une voix bonhomme de gros nounours s’exclamer : « aaaaah, ça fait du bien ! Ils sont vraiment crades ces tuyaux, je n’en pouvais plus ! Je suis sûr que j’ai des tâches grises sur mon bel habit blanc maintenant… Ah, j’aime bien ce boulot mais alors les conséquences… et personne ne nous plaint jamais… Enfin, occupons-nous de vous ! » Et je me retrouve face-à-face avec une grande bouche, fendue d’un sourire qui va d’une oreille à l’autre (si cette forme a des oreilles…). Je cligne des yeux trois fois, puis trois autres fois, les frotte comme une lampe magique… le flocon de coton blanc m’attend, sagement installé dans mon lavabo.

« Bonjour, je suis un génie, alors, c’est quoi tes vœux Mamzelle ? » m’assène-t-il sans sourciller ! « Euh mes vœux quoi ? » balbutie-je… Il s’esclaffe gentiment : « tu habites dans la lune, Mamzelle ? Tu es encore dans les brumes du sommeil ? Je suis un génie, donc j’exauce des vœux. Quatre, pour être précis. Et pour être encore plus précis, c’est deux gentils, et deux moins gentils. » Je me surprends à rétorquer « c’est quoi, des vœux moins gentils ? » Et le flocon de coton blanc, génie de son état donc, se lance dans une longue dissertation sur les vertus comparées des vœux, exemples tirés de son expérience à l’appui… Je suis toujours avec mon maquillage raté et les minutes s’échappent de l’horloge à une vitesse !

« Et si on reparlait de tout ça ce soir ? » est la seule phrase sensée qui me vienne, si tant est que ce soit sensé de parler avec un génie… « Là, il faut que je file, j’ai un rendez-vous important ! » « Plus important que des vœux, Mamzelle ? Impossible ! Mais plus tu tardes à me faire tes vœux, plus je reste à l’air libre, alors ça me va ! On va où ? » On ???!!! « Ben Mamzelle, tu ne sais pas que les génies, enfin surtout moi, c’est ma spécialité, ils ne disparaissent que lorsque tu as fait tous tes vœux ? J’ai apparu, t’as gagné, et tu ne veux pas jouer ? » Gagné, gagné… pour le moment, j’ai surtout un gros flocon de coton blanc qui veut me suivre partout…

« D’abord, je n’ai pas frotté de lampe à huile alors qu’est-ce que tu fais là ? Tu ne te serais pas trompé de route par hasard ? »

Le génie reprend son air sérieux de professeur et je réprime un rire tellement il en rajoute : « Je vois qu’on connaît ses classiques, Mamzelle … Aladin version Disney ou version littéraire ? Moi pour que j’apparaisse, c’est beaucoup plus complexe. C’est un peu technique, c’est une conjonction précise entre le choix du rouge à lèvres, le geste de la main, et l’heure… »

Bon, ben je crois que mon premier vœu moins gentil, ça va être de reporter mon rendez-vous important… « Une grève générale surprise, c’est possible ? Ça fera les pieds au prési-prince pendant qu’on y est ! »

« Tope-la Mamzelle, j’adore mettre la pagaille ! (il y a un POP dans une poussière poudrée) C’est quoi, ton deuxième vœu ? »

Ouh la, il est rapide… Il y a trois choses que je veux dans ma vie. Mais le monde aurait bien besoin de mes vœux aussi…

«  J’ai oublié de te dire, j’exauce les vœux personnels : la paix dans le monde, la vie douce pour tous, tout ça, ce n’est pas mon rayon. C’est beaucoup trop difficile pour un simple flocon de coton blanc de mon espèce ! »

Je m’affale sur le canapé, et le génie aussi. « Alors, alors, c’est quoi tes vœux ? On n’est pas obligé de les faire tout de suite mais tu comprends, je suis curieux ! Ca tourne souvent autour des mêmes choses, les vœux : amour, travail, vengeance… Je fais la liste de ceux qu’on me demande, tu veux que je te la lise ? » Et il sort un long, très long ruban bleu de ce qui doit être une poche-portefeuille. « Euh, ça fait longtemps que tu es génie ? »

Il se met à compter sur ses doigts boudinés comme des cumulo-nimbus… « 10803 vœux exaucés, Mamzelle, et aucune réclamation ! » Hum… pendant qu’il lit, je trouverai peut-être les vœux 10804, 10805 et 10806… Je veux un amoureux, une santé du tonnerre et vivre de mes écrits… Mais dans quel ordre de priorité ? Refiler mes douleurs à quelqu’un d’autre, ce n’est pas un vœu moins gentil, c’est un vœu très méchant ! A moins que je choisisse un dictateur ou un violeur d’enfant ? Demander des douleurs à jours fixes, un quota pour une année ? Ce que je voudrais le plus, c’est… « Dis, on peut faire un vœu pour l’avenir ? »

Epouser machin-chouette… avoir un lave-vaisselle… conduire une Porsche…

Le flocon de coton blanc lève la tête de sa liste, sourit : « oui, mais par contre, je ne peux pas faire tomber amoureux, c’est Cupidon qui a le monopole ! »

… savoir chanter… posséder une Rolex…

Bon, qu’est-ce qu’il me reste ? Ecrire en sachant que je vendrai quoi que je fasse, bof… Etre écrivain, c’est autre chose…

« Oh je voudrais passer mon automne au Canada ! »

«  C’est noté Mamzelle ! »

Oups, il ne me reste plus qu’un vœu gentil et un vœu moins gentil… Une rupture de stock régulière pour de nombreux livres un peu trop exposés, histoire que ça laisse de la place dans les librairies pour ceux qui restent invisibles, que chacun ait une chance sans battage médiatique ? Et puis, ce vœu pour l’avenir… « Je veux une belle histoire heureuse », c’est une formule qui résume un peu tout ?

… avoir tous les bisounours… que je disparaisse parce que je suis vraiment collant…

8 mars 2009

Mots manquants (Captaine Lili)

Thème : La peinture n'avait qu'un défaut
Genre : Poème libre

Les ombres opales
D'un ciel d'ambre
S'élongeaient inégales
Dans la sombre chambre

Les voyageurs du
vent
Etalaient leurs
souvenirs
Sur la table ; montait le chant
De l'enfance et des plaisirs

La peinture n'avait qu'un défaut,
Elle était sans aucun mot.

8 mars 2009

Exotique (captaine lili)‏

Thème : Gâteau vite fait et bon
Genre : Quatrain

Pour voyager exotique
Un tiramisu kiwi cola
C'est savoureux et pratique,
Pas besoin de visa !

7 mars 2009

Sait-on? - Captaine Lili

Thème : A quoi servent les hommes ?
Genre : Sonnet

A quoi servent les hommes
Se demandent les femmes,
Epluchent-ils les pommes ?
Aiment-ils nos états d'âmes ?

A quoi sert-on pour les femmes
Se demandent les hommes,
Est-ce qu'on tient les rames
Pour ces demoiselles guère économes ?

Mais que manque l'autre à l'une,
Et c'est le désert qui cherche ses dunes,
L'homme, c'est sûr, sert à quelque chose...

Il séduit, il amuse, il assomme,
Il dépite, il déplait, il captive en somme ;
Sait-on à quoi servent les épines des roses ?

7 mars 2009

A la fenetre - Captaine Lili

Theme: rideaux pour fenetres arrondies
Genre: haiku

Je lis
Voile sur le hublot
La lune

1 mars 2009

Fleur bleuie (Captaine Lili)

tache_defiFleur bleuie

C'est une fleur

Bleue, dans laquelle mon cœur

Folichonne.

Je vous l'assure, docteur,

Il drageonne !

Je soupçonne la chaleur

De vos yeux, leur ardeur

Le rudente et le godronne.

Il va faire un malheur

Ainsi orné de vos splendeurs…

Oui, mon pauvre cœur

Folichonne.

 

Ne le laissez point sorguer

Comme une belle endormie,

Mon cœur est pris.

Palotez-le, je vous en prie,

Sans crainte de queuter.

Dans son eau bleue, mirez-vous mon ami.

Nul besoin de warranter,

Je vous le régale gratuit,

Veillez seulement à ne pas vétiller.

Mon cœur en fleur bleuie

Est à licher

Tel un élixir de vie.

14 février 2009

« Et si vous me disiez que je vous aime ? » (Captaine Lili)


Et si vous me disiez « je vous aime » ?

Je vous ouvrirais grand les bras et pour un baiser amant, je vous donnerais mes lèvres.

Je rêve de votre main posée sur mes hanches, de votre corps tout près du mien.

Je voudrais entendre votre voix qui rend sexy mon petit nom, lire votre désir de moi dans vos regards qui n’osent pas.

Et si vous me disiez « je vous aime » ? Je le croirais parce que j’en ai l’envie qui se taisait. Parce que votre air de petit garçon dans votre assurance d’homme sait faire battre mon cœur intimidé. Parce que je me souviens de votre bouche sur ma joue pour une bise que vous m’avez demandée comme une faveur. Je le croirais pour le sourire entre nous, pour nos yeux qui s’accrochent parfois comme si rien d’autre n’existait.

Et si vous me disiez « je vous aime » ? J’aimerais que l’on s’apprenne cela, aussi.

.

Le facteur, amoureux, n’avait pas attendu que la petite aiguille dépasse 16h. Il était parti tôt du centre de tri pour ne pas rater son train. Il ne voulait pas perdre une minute pour rejoindre sa belle aujourd’hui, puisque quelqu’un avait décidé que c’était une journée spéciale pour l’amour. Tout à ses désirs d’elle, à ses suppositions de ce qu’elle avait pu préparer (depuis 7 ans qu’ils étaient ensemble, elle lui sortait toujours le grand jeu, ces jours-là), tout à son impatience de découvrir sa joie enfantine devant le cadeau qu’il avait cherché depuis des mois, il n’avait pas vu la lettre glisser dans le sac plastique qui contenait ses achats de dernière minute pour être au diapason de sa douce romantique.

En grimpant dans le wagon aux vitres sales, une bande d’adolescents sauvages, excités de la soirée qu’ils espéraient passer à emballer les filles et aguicher les garçons, le bouscula sans ménagement. Bien trop occupés à parler SMS et codes vestimentaires et plans drague, ils ne virent même pas le facteur amoureux, lui aussi pris dans le filet de ses pensées. Il lâcha son paquet qui glissa jusqu’à l’autre porte en face où il échoua lamentablement.

La lettre que la jeune femme avait osée pour donner suite à cette étrange question posée, « et si je vous disais que je vous aime ? », tomba du sac plastique où elle n’aurait jamais dû se trouver. Elle resta dans ce train de 16h16 jusqu’au soir où il fut nettoyé. Un courant d’air l’emporta et les mots d’amour hésitant s’effacèrent sous les larmes d’une pluie neigeuse.

.

Publicité
<< < 1 2 3 4 5 > >>
Newsletter
Publicité
Le défi du samedi
Publicité