Chut, j'écoute (Captaine Lili)
Chut !
J'écoute
le silence
bruire
à pas de loup
et mon monde
se dénude
dans la chaleur d'une tasse.
Polaroïds (Captaine Lili)
« Si l’épice rit, c’est qu’elle est joyeuse » fredonnait le grand-père.
Assis dans son fauteuil à bascule, il pensait à grand-mère.
Petite fille, avec son tablier, elle plongeait, tous les jeudis, sa main menue dans le bocal de sucreries. Et lui, le fils de l’épicier, succombait à sa mine gourmande.
La belle au cœur fleuri d’amour. (Captaine Lili)
Il était une belle qui attendait, avec son cœur grand et doux. Elle attendait l’homme qui ne l’écorcherait pas, ce cœur, lorsqu’elle lui offrirait. Elle attendait celui qui saurait voir la fleur à l’intérieur, sans la couper d’un coup de sécateur.
Il était un prince qui s’ignorait, aux mains d’apprivoiseur. Il espérait un cœur fleuri pour lui, un amour coloré et tendre. Il espérait une belle qui ouvrirait son cœur à ce qu’il avait à donner. Il se sentait jardinier.
Il était une rencontre, un jour de hasard. Des yeux, des mains, qui se touchent. Des peaux qui se découvrent. Des cœurs à l’unisson. Il était des heures complices et vives.
Il était une graine d’amour et un jardin serein.
Sorti par la fenêtre (Captaine Lili)
La nuit est au bord de l’aube.
Entre les gouttes, il se glisse. Il est sorti par la fenêtre.
Rejoindre sa belle endormie…
Il arrivera parfumé d’air sauvage. Avec l’envie de se réchauffer.
Elle, elle offrira son corps.
Aux fenêtres, les volets seront clos.
Lorsqu’ils les ouvriront, le soleil sera là.
Vibrant.
Entrant de tous ses rayons par la fenêtre.
Se perdre et repartir (Captaine Lili)
C’étaient des couloirs aux pancartes trompeuses. Nous avancions, tournions, reculions, demandions…. L’arrivée semblait impossible, puis finalement survenait. Sortir paraissait tout autant ardu, si ce n’est plus.
Si vite je plongeais dans le souvenir ! Longtemps j’ai paniqué lorsque, trop souvent - même à pied, mon œil ne retient pas le chemin - je me perdais.
A force de retourner en ce lieu, symbole de toutes mes pertes, à force de m’échapper du labyrinthe, chaque fois, un peu plus vivante, à force de regarder en face le jeu de miroirs déformants, j’ai pris la clef des champs libres. J’ai pu, victoire ultime, me promener dans cet hôpital, m’y sentir un peu chez moi parce que j’avais vécu abondamment là-bas, pas tant en durée mais en jours qui pèsent.
A force de, j’ai pu devenir maitresse des couloirs. Et repartir.
M.U.R.S (Captaine Lili)
Mousse
Sous les doigts
La mousse
Fraichit les pierres
*
Usure
La plus haute muraille
S’émousse
Du temps passé
*
Retenue
Fermé, clos,
Le mur entaille
La liberté
*
Soutènement
L’une sur l’autre,
Les pierres maillent
Un tricot solide
Idéale (Captaine Lili)
Elle est debout et de bois.
Poser mes paumes sur ses veines est comme caresser les traces de vie sur le visage de mon amour.
Elle porte en elle toutes les assiettes, les bols, les couverts, tous les bouquets de fleurs, tous les livres, les stylos, les feuilles de papier… tout ce qu’on a déposé sur son plateau.
Elle sent la promenade en forêt et la cire de la maison.
Assise, j’arrondis le dos, et sur mes bras croisés à plat contre sa douceur solide, j’appuie ma tête.
Actions contemplatives (Captaine Lili)
Marcher, s’élever, tourner le regard,
Donner du champ,
Découvrir l’alentour,
S’appuyer.
F comme… (Captaine Lili)
Faille
Rature
Apreté
Glissade
Inertie
Larme
Incertitude
Tremblement
Et me voici funambule
Participation de Captaine Lili
La chouette n’est pas cigogne, hélas.
Oiseau solitaire, j’aimerais que deux viennent habiter chez moi.
L’une aux yeux doux d’amour nicherait dans une maison vieille à l’âme simple et belle.
L’autre à l’envol sûr emmènerait mes écrits à la rencontre de lecteurs.
La chouette est-elle oiseau guérisseur ?