10 janvier 2009

Sac de patates et Baskets Roses (Camille)

Les histoires d'amours ça paraît bien souvent mièvre quand ça nous concerne pas.
 
Je n'ai pas l'âge d'avoir les mots assez affinés pour paraître à portée des plus endurcis. Paraît-il qu'il faut avoir l'âge pour avoir vécu. Dans ce sens-là, 22 ans, ce n'est sûrement pas assez d'âge.

   

basketroseSurtout quand je vais vous dire que mon histoire à moi commence avec un sac de patates. Ce n'est pas sérieux. Pourtant il est arrivé, dans ce minuscule appartement, ses yeux cherchant quelque chose. Moi, je ne pouvais voir que lui. Ce jour-là, on devait se ressembler un peu. J'étais habillée tout en blanc et les cheveux longs attachés comme une petite fille. La seule chose qui prouvait que je n'étais pas une gamine sage, c'était mes baskets roses. Elle était là, ma malice. Sage, moi ? Regardez plutôt mes chaussures et mon sourire. Ai-je l'air d'un ange ?
Lui aurait pu avoir l'air aussi. Un tee-shirt blanc bien repassé et la stature bien droite. Mais regardez ses cheveux. Il leur a peut-ête chuchoté avant de partir de faire ce qu'ils avaient envie. C'est l'impression qu'ils donnent. Et comme moi, son sourire. Prenez-vous une porte dans la figure que ça vous ferait le même effet. En plus doux malgré tout.
 
Nous n'aurions pu jamais nous revoir. Il n'était pas malicieux avec les filles. Il a fallu que j'y mette du mien. Je n'avais rien à perdre. J'ai pris ma malice à deux mains. J'ai chuchoté à ma copine de me donner son adresse. Quelques jours plus tard. Je m'asseyais dans ce grand appartement que j'habitais à l'époque. Avec des grandes baies vitrées qui surplombaient Besançon. Et j'ai écrit. J'ai écrit une lettre qui ne me ressemblait pas vraiment. Ou alors qui donnait tout de moi. Il n'existait comme souvenir que ce sourire et ses yeux qui n'avaient pas de couleurs. Tout pouvait encore être gommé. Je n'avais rien à perdre.
 
    Je n'ai rien perdu. Mes mots et moi, on avait tout gagné.
 
    Mes malices amoureuses ont toujours été mes mots. ça ne voit pas beaucoup. Mais ça laisse beaucoup plus de traces.

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27 décembre 2008

Histoire pour adultes ronchons (Camille)

Elle a 25 ans. 25 ans qu'elle fête ces nouvelles années qui tournent inexorablement. Les toutes premières, évidemment, elle ne s'en souvient pas. Quoique... il y a bien cette photo d'elle, où elle a un an, un soir de réveillon, un chapeau rouge à élastique rouge qui lui cisaille la gorge. Déjà à cette époque là, ça n'avait pas l'air d'être la joie.

Et puis toutes les autres années, ça n'avait fait qu'empirer. Le nouvel an la faisait sentir seule. L'année dernière, elle s'était même couchée avant minuit. Elle entendait dans sa tête tous ces "bonne année, bonne santé et blablabla" et l'année  n'avait pas débuté dans le bonheur le plus total. Et c'était toujours comme ça. Elle s'ennuyait, pleurait, rageait, finissait par maudire le monde entier et encore plus ce présage de nouvelle année qui commençait le nez bien bas. Le plus énervant, c'est que quand elle faisait le récapitulatif de ces années, elle ne pouvait jamais dire "quelle mauvaise année, vivement qu'elle se termine". Non la plupart du temps, elle avait accompli un petit chemin et ça lui suffisait. Quelques cata, par ci par là. On s'en remet.

Mais ces réveillons, quel enfer !! Non, cette année, il fallait qu'elle fasse quelque chose pour que ça change. A quoi cela servait-il de changer d'année ? Rien. Aux bonnes résolutions ? C'est une bonne blague. Elle, elle se les faisait 5 fois l'année ses bonnes résolutions. Une liste dans sa tête, hop, on passe à autre chose. Non vraiment cette année, ça allait autre chose, elle se l'était promis.

Cette année, on ne passerait pas à 2009. 2008, c'est bien comme chiffre. Et puis ça ne changera rien à la crise, ou encore au nombre effarant d'acteurs morts tragiquement. (Oui, cette fille est d'un égoïsme insurmontable). Et ce que vous ne savez pas, vous, adultes broyant du noir, parce que tous les ans, c'est le même bazar, on se résout à ça, puis ça et finalement, rien, nada, on change rien. Ce que vous ne savez pas, c'est que cette fille de 25 ans est en fait une princesse-sorcière (catégorie à part des espèces magiques et très rare en plus).

Et voilà, la jeune princesse-sorcière arrêta le temps au mercredi 31 décembre 2008 à 23h59. Ce qu'elle n'avait pas prévu, parce qu'elle inconsciente et aussi très égoïste (je l'ai déjà dit, mais quand même), c'est que tout s'arrêta autour d'elle. Les gens aussi avaient arrêté de vivre. Sur pause. Plus de bruits, plus d'odeurs, plus de sensations. Juste ses émotions à elle, qui tourneboulaient dans tous les sens... Elle qui ne voulait pas de solitude, elle se mit dans une colère noire, alors qu'elle ne voulait pas de colère, ce qui l'enragea encore plus, et elle se rendit compte qu'elle ne voulait pas non plus de rage, et alors elle se sentit très triste, de plus en triste et se dit que ça non plus, ce n'est pas sur la liste des émotions autorisées pour le nouvel an. Finalement, elle pleura et se fut le bouquet final.

Et puis il se passa quelque chose de très étrange. Elle n'avait plus personne à maudire. Elle était réellement seule. Ce n'était plus juste un sentiment de petite fille gâtée, c'était la réalité. Et pour la première fois depuis 25 ans, elle se mit à se maudire, elle. Elle toute seule et sa bêtise. Son égoïsme si superbe, qui la mettait au dessus des gens. Elle se sentit toute petite et surtout, toute ridicule, parce que si elle se souvenait lucidement, elle avait toujours passée ces fins d'années avec les gens qu'elle aimait. Et que tout ça avait disparu... Par un coup de baguette de caprice magique.

Alors la princesse-sorcière qui était égoïste, inconsciente, seule, gâtée et ridicule, mais aussi un peu débrouillarde (un peu) décida d'être encore plus égoïste et de redémarrer le temps, pour les gens qu'elle aimait, c'est à dire pour elle.

Il était 23h59. Bientôt, il fut minuit. Elle ouvrit grandes toutes ses fenêtres qui donnaient sur les quais, éteignit les lumières. Elle attendit quelques secondes. Les cris, les acclamations ne tardèrent pas à fuser. Elle s'assit dans son grand fauteuil et écouta tout ces bruits. Elle était toujours seule. Mais dehors, le monde était plein de monde. Elle n'était donc pas seule. Bientôt, son amoureux rentrerait et la vie continuerait. Demain, elle ne prendra pas tout de suite de bonnes résolutions.

Elle venait d'en prendre une bonne et cela suffisait. Les fins d'années seraient maintenant comme les autres jours, c'est à dire différents et jamais comme on les attend. Mais ce n'est toujours que la suite des choses, car en réalité le temps ne s'arrête jamais....

Posté par valecrit à 22:33 - - Commentaires [14] - Permalien [#]
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