13 février 2010

Étreinte glacée (Anthom)

Le ciel, ce soir,
Est d'un noir d'encre

La nuit est tombée
Sur la lande givrée

La bise hurle ce soir
Sur la lande battue par le noroît

Est-ce un hibou
Dont l'aile, doucement,  m'a frôlée?

Et cette forme plus noire que l'ombre
Sur le sentier soudain dressée,
Est-ce moi qu'elle semble guetter?

Dans l'obscurité glacée
Quelle est cette main
Qui sur mon bras s'est posée?

Mais voilà qu'elle m'étreint
Et soudain m'entraîne
Le vent hurle sur la plaine,
On entend à nouveau la plainte du hibou,
Sur la lande est passé  l'Ankou!

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16 janvier 2010

Défi 89 (Anthom)

les zélés


Devant la Cour en ces lieux réunie,
Afin de juger une affaire inouïe,


vous là-bas!


Le Président, lentement, se redressa
Et ces mots prononça:
"Accusée, levez-vous!
Vous devez affronter vos actes debout!"

les zélés

Le procureur déjà s'enflammant
S'écriait: "Voyez ces innocents…
A peine leurs yeux ouverts à la vie
Dans l'obscurité d'un congélateur
Ils furent plongés! Quelle horreur!
Ce sont là âmes qui gagnent le Paradis!


ève


L'Avocat de la défense
Avait tâche bien difficile, je pense!
"Mesdames, messieurs les jurés,
regardez cette femme bouleversée,
cette créature fragile et désemparée!


Eve accuse le serpent


C'est le diable, par sa faiblesse attiré,
qui lui souffla ce déni! Oui, le Diable!
C'est une société toute entière coupable
Qui, au crime, l'a acculée!


Dieu


Mais, alors que, du début jusqu'au soir,
Les débats entre experts
Enflammaient le prétoire
Le Président s'adressa au mari:
"Deux... n'étiez-vous pas deux, dans cette affaire ?
Pourquoi jamais n'avoir rien dit?"


Adam accuse Eve


Et le mari, fort gêné, prenant une mine lasse:
"Que vouliez-vous que j'y fasse?
Comment aurais-je pu comprendre
Et savoir à quoi m'attendre?
......................................
Mon épouse, de tout temps, fut fort enveloppée,
Hélas! Cette fois-là, encore,
-J'en resterai accablé de remords-
Ses formes opulentes m'ont berné!"


c'est pas moi

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19 décembre 2009

La Bougie de l'Avent (Anthom)

Lorsque j'étais enfant les calendriers de l'Avent n'étaient pas encore à la mode, mais il y avait la "bougie de l'Avent" décorée de 24 chiffres et que l'on faisait brûler chaque jour pour se rapprocher un peu plus de Noël.
Sur la bougie que je vous offre, chaque chiffre illustre une épice ou un aromate...Décembre est déjà bien entamé et les quinze premiers ont déjà été consumés mais il reste les neuf derniers à découvrir:

Le 16 est d'un blanc pâle qui coule en larmes de cire: l'ACHE, douce, odorante, dite des marais, cette "plante de la lune" réconfortait les parents affligés en parfumant le festin funèbre antique.
Le 17 dégage une saveur anisée: les ombelles blanches odorantes et les feuilles à la dentelle arachnéenne de l'ANETH parfument le chemin ombragé qui mène à l'océan.
Le 18 révèle un arôme chaud et un peu camphré, celui de la CARDAMOME dont les médecins du Moyen Age parfumaient l'hypocras.
Le 19 a le parfum musqué des contes orientaux, c'est celui de la TRIGONNELLE qui stimule l'appétit et qui accompagnait les mets servis aux femmes du harem.
Le 20 colore la cire de la bougie d'un bleu ardoise ocellé de noir, le GENIEVRE dégage une senteur de résine, un peu sucrée. Il évoque la marinade corsée, le gibier qui mijote doucement et le pâté de lapin qui embaume la cuisine à sa sortie du four.
Le 21 a la couleur jaune intense du crocus dont il est tiré et dont il ne faut pas moins de soixante-six fleurs pour obtenir un gramme du luxueux SAFRAN.
Le 22 est d'un chaud brun rouge, celui de l'oriental GALANGA qui associe les arômes piquants du gingembre et du camphre à la douceur de la rose et de la cannelle.
Le 23 a la couleur éclatante de l'orange dans laquelle, Noël venant, on pique des CLOUS DE GIROFLE pour en faire une odorante pomme d'ambre.
Le dernier chiffre, le 24 est décoré d'une étoile ligneuse dont chaque branche renferme une perle orangée, la BADIANE décore joliment le pôt-pourri et dégage une douce fragance d'anis.

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12 décembre 2009

Words, Words, Words (Anthom)

Offrir des mots, quelle idée séduisante...
Comment choisir?
Quel terme retenir?

Par jeu, je pourrais, pour être de saison,
Articuler clairement le mot CLAIRON,
Emboitant ainsi le pas à Villon:
"Tant crie-t-on Noël qu'il vient"
Chantait-il, si je me souviens...

Un bouquet à la main, hésitant,
Le soupir un peu mièvre, balbutiant,
On pourrait bégayer, tel le soupirant transi,
Le mot AMOUR pour l'offrir à sa mie...

Je pourrais, en ces temps troublés,
- Qui me le contesterait? -
Prononcer le mot PAIX...
Mais aurait-il une chance d'être écouté?

Ne serait-il pas de bon ton
En ces temps de grande inquiétude
Du mot PLANETE  vouloir faire don?
Afin de montrer à la terre notre sollicitude?

Mais ici, point d'offrande désintéressée!
Crier, chuchoter, déblatérer,
Parler, discourir,
Gueuler, demander, interpeller,
Grogner, gémir,
Hurler, marmonner, parlementer,
Celui qui reçoit, de répondre, est bien obligé:
Je ne peux pas soliloquer!

Je voudrais un mot qui soit vraiment un cadeau,
Juste un son, qui n'appelle pas de réplique en écho.
Un son doux que je ferais froufouter,
Murmurer, ronronner, susurrer...
Un son furtif qu'on entendrait bruisser,
Bourdonner, cliqueter, trémuler...

Me voilà bien hésitante!
Quel mot pourrais-je donc offrir?
Je ne sais décidément pas que choisir!

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28 novembre 2009

Nostalgique luminaire (Anthom)

 

Quelle était donc cette tremblante lueur
Eteinte depuis des lustres
Qui brillait sous la lune,
Eclairant faiblement la ruelle lugubre?
Quel était ce rouge lumignon
Se reflétant sur le pavé mouillé,
Fantasque fanal
Vacillant au vent?
Quelle était cette luciole
Feu-follet luminophore,
Balancé par la rafale,
Au-dessus de la lucarne
D'une sombre porte-cochère?
Quel était ce lanterneau lunatique
Signalant de ses reflets rubis
Le discret passage vers un salon lucratif
Au décor luxuriant ?
C'était, mon cher, l'enseigne lunaire
Signalant au passant...
L'entrée du lupanar d'antan!

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21 novembre 2009

REFLECTION... (Anthom)

Miroir, au haut de la tour de quel manoir, accroches-tu l'éclat de lune qui miroite à ta surface?
Quel minois y accroche son reflet que le tain renvoie à son admiration?
N'est-ce pas Vénus qui éparpilla ses multiples miroirs bleus dans le jardin ?
Ou une fée facétieuse qui parsema de délicates ocelles la queue du paon?
Quel ténébreux Narcisse se mire dans l'eau noire de l'étang, aspiré par son tremblant et mortel reflet?
Quelle angoisse plus aigüe peut étreindre la gorge de celui qui sonde d'un regard incrédule la surface aveugle du miroir vide?
Quelle hallucination spéculaire s'échappe du miroir vénitien pour affoler celui qui, dans sa folie, croit soudain voir son image renvoyée par le mur nu, dans un terrible face à face?

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31 octobre 2009

Chimère oulipienne (Anthom)

Document(1) destiné aux élèves de la classe de Première en vue de préparer les épreuves anticipées de Français:

L'épreuve écrite vise à évaluer les compétences acquises par les élèves au cours des années de Seconde et de Première.
Le candidat doit montrer qu'il maîtrise la langue, qu'il est capable d'analyser et d'interpréter des textes,  de mobiliser à la fois les connaissances qu'il a acquises en classe, ses lectures et son expérience personnelles pour répondre à une problématique littéraire et enfin de mener une réflexion argumentée.
 
Les sujets proposés à l'écrou s'appuient sur un corpus de textes donnés au canezou qui illustrent un ou plusieurs objets d'étude du programme. Le corpus(2) peut contenir éventuellement un dodinage iconographique. Les textes sont suivis d'une ou deux quiches portant sur l'ensemble du corpus et auxquelles l'élève doit fournir une réponse rédigée et synthétique à partir de la conglomération des différents textes et de leur mise en pertinence.
 
La peine de mort est ensuite proposée à la communauté qui a le choix entre trois membres de sujets:  la prison de laquelle le candidat exhume une ronde déteinte du texte en l'éprouvant par la solidité  des barreaux, une ménagerie façonnée à partir d'une société misérable et garnie par les bourreaux ou une société de geôliers  visant à produire un châtiment meublé par la vengeance et réfléchissant à un certain nombre de formules qui déforment les criminalistes graisseux inscrits au programme. 
Pour l'épreuve ébréchée, l'individu (qui mesure environ 1 mètre 69) prend ses raisons(3) dans la théorie des exemples ouverts en classe durant le spectacle et propose au criminel un sort qui lui suffira dans son analyse. D'abord le parquet(4) justifie une phrase vide du réquisitoire qui lui permette de nommer la  vieille sensibilité. Ensuite le peuple  brûle un spectacle avec l'exemple à partir de la séquence à laquelle appartient le texte sale , spectacle destiné à éteindre les  sensibilités trouées par le raisonnement, sa capacité à s'évaporer  à l'oral et à consumer des preuves mangées par la boue aux questions flambées(5).


(1)Ce document s'appuie sur le Bulletin Officiel de l'Education Nationale (B.O. du 28 juin 2001)
(2)Terme pédagogiquement correct qui signifie - bêtement- "ensemble de documents"
(3)Celles du coeur, bien sûr, que la Raison ne connaît pas
(4)Il y en a cinq cents en France en 1832
(5)Au Grand Marnier

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24 octobre 2009

Sérénité (Anthom)

Elle est arrivée au port d'embarquement, au petit matin, dans une aube 
grise et froide d'octobre.
Dans le bateau elle a somnolé, un peu assommée par les kilomètres avalés
depuis la veille. Elle est assise à sa place, toujours la même, a calé
le sac entre ses jambes, elle a fermé les yeux. Les a rouverts une
dizaine de minutes avant l'arrivée, a tendu le cou pour apercevoir, à
travers les vitres, la fine bande noire qui ferme l'horizon.
Une fois le bateau quitté, elle s'arrête au milieu des rares voyageurs
qui se hâtent, elle embrasse du regard le port qui s'éveille à la vie,
doucement - on aperçoit déjà les bancs du marché, encore vides, un
semblant d'animation vers le boulanger-.
C'est l'odeur qui s'impose d'abord, acide et fraîche avec une pointe
d'amertume, une odeur verte qui monte de l'eau et des algues, ensuite
c'est la blancheur qui fait cligner les paupières fatiguées.

Le monde autour est aboli, elle est là et c'est bien...

Plus tard, une fois que la maison-lumière sera ouverte, les valises
défaites, le linge rangé, elle ira au bout du chemin ombragé qui sent
les pierres chauffées, elle descendra vers la dune blonde jusqu'à la
frange écumeuse déposée par la vague sur la laisse. Les pieds nus, elle
sentira la fraîcheur incroyablement douce du sable à peine rosé par
l'humidité qui s'attarde.

Une mouette s'envole au ras de la vague qui frémit.

Dans le silence de la plage abandonnée au vent d'automne que vient juste
troubler le frissonnement du ressac, elle ferme les yeux.

Elle est là et c'est bien.

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17 octobre 2009

Une petite fille imprudente (Anthom)

Ma collègue du CM1, toujours soucieuse de proposer à ses élèves des textes dont l'intérêt pour l'apprentissage de la langue puisse se doubler utilement d'une valeur éducative, écrit souvent elle-même les supports de ses exercices. Très fière du dernier qu'elle leur a concocté, elle me l'a fort généreusement donné,avec ses propres commentaires pédagogiques entre parenthèses, afin que je puisse l'utiliser à mon tour.

 

  (Tu peux dicter le texte au lieu de donner une photocopie, cela fera un bon exercice d'orthographe et cela limitera les contacts inévitables lorsqu'on distribue des documents)
 
   Sophie, gentille petite fille de neuf ans, attendait avec impatience (il faudra leur faire découvrir le mot "impatience" quelques jours avant et leur donner les mots de la même famille- c'est une bonne occasion de leur donner la définition du nom  " un patient", ce qu'ils risquent tous de devenir un jour ou l'autre) le week-end (ça, tu l'écris au tableau) de son anniversaire. Ses parents lui avaient promis de l'emmener à Disneyland.(tu pourras à l'occasion leur expliquer que ces parents sont bien imprudents d'envisager une telle sortie au milieu de la foule, en cette période de pandémie...).
  Mais Sophie devait attendre encore quinze longs jours (bonne occasion de vérifier qu'ils font attention à l'accord de l'adjectif placé avant le nom) avant la sortie promise.
  Ce matin-là elle était pressée d'annoncer la nouvelle à son copain François, aussi elle entra dans la classe sans passer par le lavabo où les élèves devaient se laver soigneusement les mains  afin d'éviter d'amener le virus de la grippe à leurs petits camarades. (il faut les faire réfléchir sur l'orthographe des infinitifs) Dès qu'elle l'aperçut, elle se précipita pour lui faire la bise, sous le regard courroucé de la maîtresse. (tu leur auras fait réviser le passé simple)
Quelques jours plus tard, à deux jours de l'anniversaire tant attendu, une forte fièvre et de la toux clouèrent Sophie au fond de son lit. Le médecin était formel: c'était la grippe tant redoutée.(Ce sera l'occasion, pour toi, de leur rappeler les conseils d'hygiène...) Il n'était pas question d'aller à l'école et encore moins d'aller passer le week-end à Disneyland!
  Sophie téléphona à François pour lui raconter sa déception, " A cause de toi,lui dit-il, nous sommes obligés de porter des masques et de rester chez nous! Je suis bien content que tu sois privée d'anniversaire, c'est bien fait! tu es punie!"


Voilà les questions auxquelles ils auront à répondre chez eux (ils pourront ainsi en parler avec leurs parents, ce n'est pas plus mal!):
    * Qu’est-il arrivé à Sophie ?
    * Pourquoi pareille mésaventure lui arrive-t-elle ?
    * Quelles qualités lui manquent encore ?
    * Comment nommer l’attitude de François ?
    * Que prouve la dernière phrase ?

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03 octobre 2009

Nocturne (Anthom)

C'est la nuit à la campagne, ici, pas de pollution lumineuse, les étoiles semblent figées dans une immobilité antique, la fenêtre est ouverte sur la fraîcheur nocturne de cette fin septembre. Devant la fenêtre, passe une petite route qui fut longtemps chemin, deux voitures s'y croisent avec peine. De l'autre côté s'étend le jardin. C'est le silence. Ici on entend véritablement le silence. Dans cette chambre nichée dans un ancien bâtiment de la ferme, séparée du corps de la maison par une cour gravillonnée, on dort dans un silence ouaté. Les seuls bruits qui me parviennent sont ceux de l'extérieur.
      
D    ans l'obscurité, il y a ...
I    l y a l'appel un peu lointain en trois tons d'une chouette, elle doit nicher dans l'un des vieux chênes qui bordent le terrain,
P    lus loin, venant du hameau voisin, les aboiements répétés, un peu étouffés d'un chien,
L    e doux ronronnement de mon chat qui, après avoir longtemps cardé la couette avec un griffement agaçant l'oreille, a enfin trouvé sa place , la tête nichée sur ma main,
O    n entend, tout près, derrière la porte, le froissement fricatif des feuilles sèches dans lesquelles mon chien se ménage une litière comme un nid qui épouse la courbe de son échine,
D    ans le silence qui m'entoure, je peux percevoir, au fond de l'oreille, les pulsations de mon sang, notre corps ne se tait jamais complètement,
O     ù niche cette belette dont le cri jaillit soudain du jardin comme un appel implorant?
C'    est de nouveau le silence rompu seulement par la respiration régulière de celui qui partage ma nuit,
U     n grondement sourd monte  du fond de la nuit, enfle et, à son apogée, fait vibrer les carreaux de la fenêtre, le train de deux heures trente trois passe sur la voie ferrée qui, plus loin, derrière la maison, traverse les champs,
S     ur la campagne obscure, le silence est retombé, le sommeil ne vient pas,j'allume la lampe et reprend ma lecture interrompue.

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