Les mots impactants (AlainX)
Cette fois-là, il l'avait mitraillée de propos désagréables. Il serait temps qu'elle reconnaisse que, comme d'habitude, elle ose élever le ton en premier.
Cet autre jour, il l'avait bombardée d'injures. Une fois encore elle était à l'origine de l'agression, prétendait-il.
Ça s'est passé à ce moment-là, il lui a asséné violemment des phrases inadmissibles, elle fut touchée un peu partout à la tête. Elle devrait faire attention à ses comportements éhontés, fit-il remarquer.
Lorsqu'il multipliait les joutes verbales, il faisait plus souvent mouche qu'elle. Elle n'était pas capable de se défendre comme il conviendrait.
— Madame je vous invite à vous déshabiller s'il vous plaît, je dois procéder à l'examen de votre corps, c'est indispensable et légal. Mon compte rendu médical doit figurer au procès-verbal qui sera remis au juge.
Le légiste constata que le corps était criblé d'impacts de mots. Les blessures étaient plus ou moins profondes, certaines encore saignantes et purulentes.
Déjà il avait remarqué celles à la tête et son intuition fut bonne de lui demander de se déshabiller. Il s'est mis a inventorier les impacts de mots. Il en dénombrera 147 et donna à chacun d'eux une note entre 1 et 10 selon la profondeur de la blessure. C'était la manière officielle et légale de procéder.
— Madame, vous devriez vous soigner, vous savez certains mots peuvent tuer. Et dans votre état de faiblesse, je crains pour vous des dégâts irréversibles aux conséquences tragiques à terme.
— Docteur, je vous assure, ce ne sont que des blessures d'amour. Cet homme je l'ai dans la peau, partout. Je l'aime démesurément. Que voulez-vous. C'est comme ça !
L'encyclopédie improbable (AlainX)
Extrait du dictionnaire encyclopédique « Littré très intelligent, [bien plus qu'Émile] ». Édition de toujours.
HOQUETON : subst. masc. singulier lorsqu'il ne se trouve pas à plusieurs.
[Médecine] : instrument à base de tissus, imaginé par Gallien qui n'eut malheureusement pas le temps de les coudre, parce qu'il devait sans cesse en découdre avec les charlatans de son temps.
Il faut attendre l'âge moyen du Moyen Âge pour que soit créé un véritable hoqueton d'une manière tunique, par un lointain ancêtre du Barbier de Séville, qui ne supportait pas les hoquets de ses clients lorsqu'il prenait soin de leur barbe. C'est à lui que l'on doit la célèbre exclamation : « Ah la barbe ! Je vous en supplie ne hoqueton plus ! »
[ajout pour la section variétoche] Le hoqueton basique est une sorte de camisole de faible, en veau la peine, et en casquette à galons dorés, et capote à boutons dorés, qu'on appella vulgairement le Debout-Jean-Jacques. ( À notre époque on en voit encore le long des murs des vieux orphelinats).
[thérapeutique] Il s'agit du premier traitement contre le hoquet réfractaire comme la brique. Il s'agit de comprimer à donf la poitrine du patient, sans recourir à des comprimés, jusqu'à étouffement final, ce qui garantit l'éradication définitive du hoquet.
[époque contemporaine] Le hoqueton haut-de-gamme, plus récent, utilise la technique plus moderne du congélateur. Il est particulièrement efficace chez les sportifs pratiquant le hockey sur glace. Il congèle définitivement le nerf phrétique en le plongeant dans la nappe phréatique surgelée. L'effet est immédiat, le patient ne hockeytera plus jamais.
[section prospective] Le hoqueton d'avenir est à l'étude. Il sera issu de la récente recherche spatiale. Thomas Pesquet en a fait quelques essais tout récemment. Cette version en propylène de pois de senteur diverses et variés avec ajout d'un amalgame dentaire permettra d'empêcher le hoquet de se glisser entre les dents. On atteint enfin une très haute technologie, infiniment novatrice, issue du génie français, qui dans le temps était sans bouillir, mais depuis l'arrivée de la capsule à la fois détergente et spatiale, le hoquet n'a plus qu'à bien s'agripper à l'œsophage et rester en place sans moufter.
Nous ne manquerons pas de vous tenir informés de l'évolution dans notre prochaine édition. Si toutefois un éditeur inconscient veut bien poursuivre l'aventure.
Galipettes verbales (AlainX)
En ces temps troublés, il me semble nécessaire de vous faire part, de naissance, de mariage ou de mort de la situation telle qu'elle se présente, à la porte d'entrée, au téléphone, à l'entretien d'embauche ou qu'il s'agisse de ses hommages. N'oublions pas que lorsqu'elle se présente la situation n'est pas toujours bien accueillie. Trop souvent elle prend une attitude désespérée, ce qui ne donne pas le moral à celles et ceux qui en ont pourtant grandement besoin parce qu'il doit être remonté comme une pendule à poids, qu'ils soient de senteur ou à écosser.
Personnellement, si je puis me permettre de parler de moi comme si on était à tu et à toi, je dois bien reconnaître que l'autre jour il m'a fallu remonter le moral du fond de la cave. Ça m'a épuisé comme une baignoire qui se vide ou comme un bidet qu'en revanche on ne vide plus puisqu'il est devenu inutile désormais, l'hygiène n'est plus ce qu'elle fut. La conséquence fut immédiate : un lumbago, qui paraît il doit être traité en adoptant la posture du chat bien connue des kinésithérapeutes. Or, je n'ai pas de chat. Et je n'ai pas l'intention d'aller voler celui du voisin qui de toute façon n'est ni angora ni en poil de chameau.
Revenons au moral dans une situation désespérée. Un de mes amis, dont je tairai le nom, parce que je ne veux pas le perdre comme j'avais perdu la tête lorsque j'avais vu Suzette, lui, le moral il le laisse tomber dans ses chaussettes. Et franchement je ne trouve pas que cette idée confère un avantage à la plante des pieds, qui n'est pas médicinale comme chacun s'accorde à le reconnaître . Elle ne peut donc pas guérir le moral déficient.
Puisqu'il est question de pied, abordons cela de front. Dans une telle situation, peut-on prendre son pied ou faut-il le mettre dans le plat. J'ai posé la question à une spécialiste qui malheureusement ce jour-là, n'était pas dans son assiette. Elle a pris la chose de haut, croyant que je voulais lui faire du plat. « La question est tranchée depuis longtemps », m'a jeté à la figure, cette effrontée nationale. Les gens sont bizarres et tranchent dans leur pain de vie beurrés comme des tartines.
Bien entendu il serait préférable que je me taise avant que nous arrivions à la frontière de l'ennui, d'autant que vous n'avez pas de laissez-passer ni de visa pour visiter le Galimatias, ce curieux pays pour les étrangers qui ne comprennent pas les subtilités de cette langue, qui fourche principalement chez les agriculteurs.
Tant pis ! Ce sera peut-être pour une autre fois…
covidus-gratus (par AlainX)
Autant vous le dire clairement, rien que sa vue en photo, ça me grattait déjà les bronches.
J'ai tenté de lui faire savoir par quelques toussotements discrets qu'il n'était pas le bienvenu, mais il faisait la sourde oreille de celui qui ne l'a jamais prêtée à personne.
C'est dire s'il était de mauvaise foi.
On m'avait dit qu'il ne fallait rien attendre de bon de sa part.
J'en ai fait le constat amer.
Ah mère ! Si je t'avais écoutée, qu'il ne fallait pas fréquenter n'importe qui ! N'importe où et n'importe comment !
Hélas, jeune imbécile d'alors, je haussais les épaules en pensant :
— Arrête de me souffler dans les bronches ! De l'air que diable !
Il peut arriver que les gens s'infiltrent en vous comme des virus. Si on n'y prend garde ils vous contaminent, vous envahissent de la tête jusqu'au bout de l'urticaire et vous irritent. Après ça vous gratte de partout, surtout à l'intérieur. Bientôt ça vous étouffe. Et là vous vous dîtes :
— J'aurais dû prendre mes précautions. Ne pas me laisser contaminer. Je croyais pourtant être vacciné contre les casse-pieds. Mais il n'en est rien.
Il a fallu m'hospitaliser. Et là franchement j'ai trouvé ça exagéré.
Je leur ai crié : — Bas les masques !
Ils ont répondu : — Ne vous inquiétez pas ! Tout ira bien !
Après ? Je ne m'en souviens plus. Il paraît que je me suis fait entuber. Cela ne m'étonne pas. Ces gens-là ont tout le virus de la magouille.