Dimanche soir 22 mai (Adrienne)
Dimanche soir 22 mai (Adrienne)
Un petit bout de bougie bleue, trois centimètres de minuscule chandelle torsadée qui restent de précédents anniversaires. La seule différence, c’est que cette fois-ci on ne la piquerait pas dans la petite fleur à pointe puis dans un gâteau.
Ce qu’il aimait, c’était qu’elle lui fasse une tarte à la crème d’amandes. Parfois il soufflait si fort que des gouttelettes de cire se retrouvaient sur le gâteau.
Combien de temps a-t-elle pour laisser vagabonder ses pensées ? Combien de minutes de sa vie ? De ce précieux temps qui coule et s’écoule et ne revient pas.
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Justement, en ce dimanche soir, c’est son anniversaire. Elle a été un peu fêtée, c’est vrai, elle n’a pas à se plaindre. Des amis ont pensé à elle. Elle a eu des cartes, des mails, des fleurs, des chocolats. Même l’ex-homme-de-sa-vie se manifeste ces jours-là.
Mais dans cinq jours il y aura un autre anniversaire, infiniment plus triste. La vie, la mort. Panta rhei.
La mèche de la minuscule bougie est tout à coup très longue et la voilà qui se consume à un rythme d’enfer. Oh serait-ce prémonitoire…
Le temps s'en va, le temps s'en va ma Dame,
Las ! le temps non, mais nous nous en allons,
Et tôt serons étendus sous la lame
+++
Non, ça ne me vaut rien de regarder se consumer un petit bout de bougie d’anniversaire en ce soir de mon anniversaire.