yeuse (joye)
Il y a quelque chose qui n'aime pas les yeuses,
Qui fait qu'elles meurent le coeur brisé,
Leurs branches tordues par La Nature, bourreau
Qui envoie des pestes pour terminer son travail.
Le soleil les brûle, la sècheresse les étrangle,
Le froid les mord cruellement tout l'hiver.
En été, elles oublient leur tourment, poussant
De grandes feuilles vertes pour nous protéger du soleil,
Pour nous laisser respirer dans leur ombre miséricordieux.
Leurs glands amers attirent les dindes sauvages
Et les geais bleus en hiver qui essaient de prendre du poids,
Une assurance-tous-risques contre les gelures de la mort.
Les yeuses sont habillées des écorces rudes
Qui défavorisent les écureuils et d'autres voyous sylvains
Et voleurs. Leurs robes noires rappellent le deuil ancestral.
La verdure de leurs cimes est le signe avant-coureur
D'un printemps doux et chaleureux comme une demoiselle.
Les yeuses font de bonnes amies, mais pourquoi ?
Parce qu'elles sont belles et drôles et tendres et soucieuses
De notre confort ici dans les grandes espaces.
Il ya quelque chose qui n'aime pas les yeuses,
La jalousie, le dépit, la convoitise des non-initiés
Aux délices des bois, de leurs profondeurs généreuses.
Je renifle leur parfum doux mais acride et je tâte encore
Le velours de leurs feuilles, un cri du coeur
De l'arbre qui s'éclipsera devant la cruauté des hommes.
Et je me le redis, à moitié endormie dessous, contre un tronc :
Il y a quelque chose qui n'aime pas les yeuses.