La parenthèse (Joe Krapov)
Il est vraiment dommage que je ne sois pas ici pour raconter ma vie !
Parce qu’aujourd’hui, j’aurais pu ouvrir une parenthèse dans mon récit pour vous relater l’épisode de notre parenthèse.
Notre parenthèse à nous est constituée des années que nous avons passées à Samfou-les-Boules, une localité du Sud de la Sarthe, un petit royaume (la Sabolie !) tout à fait à part dans notre grande République française. Dans notre trajet d’Est en Ouest, de Paris à Rennes, ce séjour a duré de janvier 1985 à août 1997.
Une parenthèse de douze ans quand même, donc conséquente. Dans ce jardin extraordinaire qu’est le département n° 72, j’ai mené la vie de château et, soit dit entre parenthèses, j’ai planté deux petites graines qui ont bien poussé depuis et sont toujours chères à mon coeur, même si je n’en parle pas souvent et pour ainsi dire jamais par ici.
C’est ça, la vie privée, ça ne regarde que nous. Par contre je n’ai aucun scrupule à vous conter ma vie de château, d’autant plus que je viens de décider cette semaine de mettre mon blog entre parenthèses et de m’en servir pour partager « les Trésors de papier » que j’ai empruntés à la Bibliothèque nationale.
Cet établissement possédait (possède toujours mais plus pour longtemps), dans cette ville de Samfou-les-Boules, un « hôpital pour livres » où l’on envoie les documents en péril des collections parisiennes afin qu’ils y soient photographiés, chimiquement traités, thermocollés puis reliés ou mis sous pochette de papier permanent. Mon travail s’inscrivait dans cette chaîne de traitement. Cela a eu pour effet que j’ai vu passer pendant tout ce temps des documents pour le moins inattendus : le fonds 8° Y2 de littérature romanesque du XIXe siècle avec les premiers ouvrages de la Bibliothèque rose, « Télémaque » de Fénelon qui semble avoir eu à l’époque le même succès que "Harry Potter" de nos jours, la palanquée de prénoms de Madame Gyp (Sibylle-Gabrielle-Marie-Antoinette de Riquetti de Mirabeau, comtesse de Martel de Janville), les œuvres complètes du chanoine Schmid (totalement oubliées depuis leur parution !), la totalité des ouvrages publiés en Indochine de 1922 à 1954, le fonds Ln27 consacré aux pamphlets divers et variés parus avant et pendant la Révolution française, des cartes géographiques, des affiches électorales…
Tout ce travail de sauvegarde et de microfilmage a été récupéré plus tard sur la plate-forme en ligne Gallica mais je n’y ai pas retrouvé l’ouvrage « Cach dung khai tri ban » de M. Nguyen Ba Xuong paru en 1933 dont j’avais photocopié (ce n’est pas bien du tout, je l’avoue), pour usage personnel ou plutôt pour mémoire, deux pages très intéressantes. On trouve là en effet le plan d’un jeu de tangram à 29 pièces que je me fais fort de reconstituer en cartonnette ce week-end pour occuper le temps libre dont je dispose désormais (mais en quantité plus que réduite) à imaginer de nouvelles formes graphiques (les puzzles de mille pièce avec « que du ciel » ne me suffisent plus!).
Comment ? J’ai déjà rempli une page ? Alors je vais arrêter là (je ne suis pas ici pour raconter ma vie !) et vous faire cadeau de deux objets relatifs à la Belgique : une carte ancienne du royaume et une publicité surréaliste et magrittéenne avant l’heure (c’est le cas de le dire !).
P.S. Merci à l’oncle Walrus de ne pas nous proposer « Quoc ngu » la semaine prochaine, je viens de donner dans le genre aujourd’hui et je n’ai pas envie de recopier les accents à la main ( comme je l'ai fait pendant deux ans ! Je ne l’ai pas fait, du reste sur le titre mentionné dans ce texte !).