Aux arbres et cetera (Yvanne)
Comme la Corrèze est appelée « le pays vert » principalement à cause de ses forêts, le Limousin est dénommé « pays de l'arbre ». Et l'arbre-roi local est naturellement le châtaignier. D'ailleurs sa feuille figure sur le logo régional. L'on nommait autrefois le châtaignier « l'arbre à pain » tant il est vrai que ses fruits, produits en abondance, nourrissaient nombre de familles pauvres dans les campagnes. Pas seulement les humains d'ailleurs mais aussi le cochon que chaque foyer se devait d'élever afin d'avoir de la viande. Celle-ci constituait pratiquement l'unique apport carné avec la volaille et les lapins de la basse-cour. La châtaigne est redevenue à la mode aujourd'hui et s'invite dans les assiettes des grands restaurants.
Le chêne figure en très bonne place dans nos forêts ainsi que bien d'autres espèces dont le hêtre que l'on appelle aussi fayard. Je connais une hêtraie absolument remarquable qui me fascine chaque fois qu'il m'est donné de l'emprunter. Une allée, constituée d'une soixantaine de feuillus plus que centenaires conduit à un haut lieu pourvu de richesses naturelles, culturelles et historiques : le Mont Gargan. Mais oui il paraît que Gargantua passa par ici ! Ce site avoisine le plateau de Millevaches et offre des paysages magnifiques de landes de bruyère, de forêts, de vallées verdoyantes jusqu'aux montagnes d'Auvergne dont le Sancy que l'on voit très bien par temps clair.
Quand je marche dans cette hêtraie splendide en automne surtout avec ses couleurs pourpres et or je suis troublée par ces arbres étonnants, aux racines tentaculaires qui s'agrippent au sol pour s'y enfoncer profondément, aux troncs trapus et vigoureux malgré leur âge. Les branchages tordus, noueux, violentés par un climat rude en hiver partent de très bas et dans tous les sens. On ressent ici un vent de liberté régnant sur le monde végétal. Mais pas seulement. Il y a eu au Mont Gargan des combats menés contre l'ennemi par le colonel Guingouin lors de la dernière guerre. Mais c'est une autre histoire où le mot « liberté « prend tout son sens.
J'aime marcher entre ces arbres majestueux dont les ramures en été forment une cathédrale de verdure où il fait bon flâner. Les oiseaux s'y égayent et s'égosillent, les écureuils furtifs donnent de ci de là des touches rousses qui allument les frondaisons. Il n'est pas rare d'apercevoir un chevreuil s'éclipsant, rapide et léger comme la brise qui agite mollement le feuillage. Ce lieu est vraiment magique.
Et au bout de cette allée superbe s'élevant jusqu'au plateau m'attendent d'autres trésors ensorcellants dont les ruines de la chapelle Notre Dame du Bon Secours, une fontaine cachée dans les genêts et des panoramas grandioses que je ne me lasse pas d'admirer. Mais c'est encore une autre histoire...