Légère panique à l'X

Le vingt mai

J'y étais

Pour de vrai

Belle comme un trophée

Là-bas

Au bras

De mon cavalier

Rêvé

Xavier

De la Gambille

En place pour le quadrille

Que nous avions répété

Et tant dansé

Avec les quinze autres couples

Parmi les plus souples

Port altier

Sourire léger

Maquillage appuyé

Souliers cirés

Grande soirée

Nos familles assemblées

Mon père Félix

Anxieux pour son Alix

Ma mère Elena

Si heureuse d'être là

Les parents de Xavier

Qu'on n'avait pas rencontrés

Mais en coulisses

Xavier dérape

Et glisse

Un cri s'échappe :

"Ma cheville !"

Vite de la glace

Plus de quadrille

Je te remplace

S'écrie François

J'ai la même taille que toi

Vite il s'habille

Et prévient Alix :

"En place pour le quadrille

Du bal de l'X !"

Allez François

Les dés sont jetés

C'est toi et moi

Tenons-nous prêts

Sa main

Serre la mienne

Et soudain

Transportée à Vienne

Plus rien ne me sert

De croire être amoureuse

De Xavier

Je suis trop heureuse

Même si je tentais de l'en dissuader

Il voulait se déclarer

Ce soir à sa mère Consuelo

Directrice de Sup de Co

À son père Angelo

Responsable de Sciences Po

J'aurais été obligée

De tergiverser...

Mais François

Surgi du bois

Comme ça

Ce gars

Trouvé trop bien pour moi

0-1

Qui nous avait récité

Avec facilité

La tirade de Pantagruel

Qui questionne

Sur mariage

Et cocufiage

Et auquel

Ne lui répond personne

Il nous avait transportés

De rire

Et je ne peux m'empêcher

Encore d'en sourire

0

 (extrait de

0, Rabelais, Le Tiers Livre, chapitre 36)