Ordalies pourtant abolies
Abolies les ordalies
Odieuses vilainies
Terminées les tortures
Horribles forfaitures
Finies les flagellations
Infâmes lacérations
Pour hommes et femmes
Si depuis la Révolution
Elles sont illégales
Hors la loi de la nation
Profondément immorales
Pourtant les duels
Se sont perpétrés
Entre tel ou tel
Se sentant outragé
Déshonnoré
Diffamé
Ordalies
Pourtant abolies
Jusque dans notre langage
Elles restent en héritage :
Qui, voué aux gémonies
Qui, cloué au pilori...
Si mis sur la sellette
On n'y risque plus sa tête
Au pire on videra son sac
Sera au bout du rouleau
Mais on ne sera pas mis en sac
Pour subir le supplice de l'eau
Tel François Villon
Mauvais garçon
Avec ses bas ses hauts
A connu outre la prison
Le bannissement, l'exclusion
L'ordalie de l'eau
Si l'on a lu et entendu
Sa Ballade des Pendus
Dans Le Lais (*)
Ainsi se définissait :
"Je ne suis homme sans défaut..."
Loin s'en faut
On pourra au pire être tenu
Pour gibier de potence
Certes mis à nu
Mais gardant son droit à la défense
Jurer qu'on en mettrait sa main au feu
Et garder la tête sur les épaules
Dire ce que l'on veut
Jouer plusieurs rôles...
Certains mots ne restent-ils pas en travers de la gorge
Ce n'est pas pour ça qu'on vous égorge
Et l'on peut enfin baisser les bras
Sans se retrouver la tête en bas
Alors pourquoi ne pas faire amende honorable
Trouver une solution amiable
Sans encourir le coup de grâce
Et pouvoir encore pouvoir se regarder dans la glace
Enfin se faire tirer l'oreille
Ne gâchera guère le sommeil
Et le code de Hammurabi
D'ailleurs ou d'ici
La loi du talion
(Oeil
Pour oeil
Dent
Pour dent...)
Ne nous empêchera pas de tourner rond
Si les ordalies
Sont abolies
Elles teintent toujours nos paroles
D'allusions à des atteintes folles...
(*) Le Lais, VIII (Le Petit Testament, François Villon)
(Illustration issue de :
je regardais la France,
J'y vis mes compagnons
À l'ombre d'un, vous m'entendez
J'y vis mes compagnons
À l'ombre d'un buisson
Tes vers me rappellent cette chanson que j'aimais tant chanter dans le temps.
Et Villon, didonc, mon vieux prof de français au lycée nous a raconté ses neiges d'antan, waouh !
J'aime aussi les rimes et tes variations, surtout au début. Merci pour cette madelaine littéraire, ma'am Kate.
L'autre chose : toi qui connais des langues, tu n'es pas sans savoir que "ordalie" est directement descendu de l'ancien anglais qui a offert "ordeal" (supplice) à ma langue natale à moi que j'ai. Yup.
Avant de terminer, faudra que je le dise tout haut : BRAVO et merci !