Nous ont composé un nocturne...
Laura ; Keizono ; TOKYO ; Vegas sur sarthe ;
Lecrilibriste ; Walrus ; Kate ; Yvanne ; Emma ;
Joe Krapov ; petitmoulin ; joye ; Cavalier ;
Ô que j’eusse aimé être papillon bleu (Cavalier)
Ce printemps est si beau toujours,
Et les papillons tourneboulent.
— Constance est chimère d’amours
Par tous ces nectars qui me saoulent …
Et les papillons tourneboulent
Les tourtereaux sous le jasmin.
— Par tous ces nectars qui me saoulent,
Je ne veux pas savoir demain …
Les tourtereaux sous le jasmin
Clament leur flamme dessillée.
— Je ne veux pas savoir demain,
En noctuelle mal rhabillée …
Clament, leur flamme dessillée
Et puis le vent dans les pruniers.
— En noctuelle mal rhabillée,
Il sort de l’eau de mes paniers …
Et puis le vent dans les pruniers
Prendra des fleurs comme oriflamme.
— Il sort de l’eau de mes paniers
Quand feu de paille trop s’enflamme …
Prendra des fleurs comme oriflamme,
Ce papillon en bleu velours.
— Quand feu de paille trop s’enflamme,
Ce printemps est si beau toujours ...
***
Ne t’inquiète pas petite noctuelle
Sortant de ta chrysalide
Tu te sens petit canard
Parcheminée, chiffonnée, toute enchifrenée
Mais bientôt entourée de ces mâles
Même pas bleus
Aux bois dormants, si jolis …
Tu seras princesse !
(*** Cavalier, Pantoum Malais)
— Ay me, Gloomy, doff thy name, and for that name
Which is no part of thee ...
Take all myself!
Saisons (petitmoulin)
Au matin d'un avril
Elle avait écouté l'oiseau
Ouvrir un jour nouveau
Comme on ouvre une promesse
Dans le rire
D'un enfant
Au midi d'un été
Elle avait regardé le ciel
Embraser l'espace
Tout l'espace
Comme le désir
Sur la peau
Des amants
Entre les blés
Et le premier verglas
Elle avait défié
La tyrannie de l'évidence
En buvant jusqu'à l'ivresse
Le sucre des dernières
Vendanges
Au minuit du jardin
Quand le regard tremble
D'effroi
Elle a reconnu
Une improbable noctuelle
Sur l'arbre nu
Comme on reconnaît
La mort
Sur le drap blanc
Des ténèbres
Quand la vie manque d'ocelles (Joe Krapov)
Nous autres les noctuelles, les papillons de nuit et les autres lépidoptères, nous serions en droit d’avoir une dent contre vous, les humains – et contre vous aussi, les humaines -. Déjà, nous en voulons énormément à celui d’entre vous qui s’appelle Edouard Philippe ou Doudou !
Vous rendez-vous compte que nous passons beaucoup moins de temps que vous sur cette planète ? Sans parler des éphémères qui ne vivent qu’une journée sous forme d’imago, notre espérance de vie est de quelques semaines, au mieux de quelques mois.
Mettez-vous à notre place un peu ! Vous pourriez, vous, en seulement trois semaines, apprendre quelque chose sur le monde qui vous entoure, vous plier aux codes imposés par votre modèle social et vivre pleinement votre vie ? Intégrer, en trois semaines, la manière de calculer la surface d’un triangle rectangle, survivre au service militaire, supporter un chef de bureau, une D.R.H., Florent Pagny, un démarcheur téléphonique, monter un meuble Ikéa, faire du vélo, déclarer vos revenus en ligne, lire Télérama de la première à la dernière page, vous enquiller plus de trois pages de Proust d’affilée sans vous endormir, allumer un barbecue malgré la présence parmi les invités de Madame Sandrine Rousseau, retirer la languette de la Vache qui rit sans vous mettre du fromage mou sous les ongles, trouver une compagne, obtenir son consentement, copuler, être là au moment où elle pond son œuf, élever les mômes qu’elle vous a fabriqués et auxquels vous souhaitez transmettre votre collection d’images Panini de footballeurs des années 1990, même et surtout si ce sont des filles, réparer un lavabo qui fuit, ouvrir un PEL ou un pot de confiture sans adjuvants extérieurs, commander un billet de train sur SNCF-Connect, manifester contre le report de l’âge de départ en retraite ou contre la disparition de la biodiversité ?
Parce que c’est bien cela qu’on vous reproche ! C’est vous qui bousillez le climat et la planète et c’est nous que vous accusez, lorsque nous sommes de mignonnes petites chenilles, de manger juste ce qui suffit à notre croissance en piochant parmi vos plantations ! Et alors zyva que je te nous pesticide, que je te monoculture, que je t’empêche de polliniser en rond, que je te flytoxe et te dététise tout ce qui vole et n’est ni un drone militaire ni un ballon chinois ni la fusée d’Elon Musk en route pour faire subir le même sort à la planète Mars !
Mais le pire n’est pas là. Ce qui nous tue, nous les noctuelles et les autres papillons naufragés de la jeunesse, c’est votre ignorance totale de notre religion. Si nous supportons aussi bien ce passage par quatre stades d’existence, le Roudourou (l’état d’oeuf), le Parc des Princes (la larve puis la chenille qui redémarre), la Baujoire (la chrysalide) et le Chaudron (l’état de papillon) c’est que nous sommes portés par l’Espérance.
Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi nous sommes attirés par la lumière au point quelquefois de nous y brûler les ailes ? Vous êtes vous seulement une fois demandé pourquoi vous trouviez autant de nos cadavres sur vos phares avant de véhicules polluants ?
Eh bien, sachez-le, nous ne sommes pas différents, les insectes et les hommes. Vous-mêmes vous vous rendez dans ces lieux sombres qu’on appelle églises ou temples et vous priez pour qu’à l’issue de votre vie vous puissiez gagner le paradis. Vous savez que Dieu dans son immense bonté vous pardonnera tous les péchés que vous avez commis sur cette terre. C’est pourquoi vous ne craignez pas la mort et la répandez autant autour de vous.
J’ignore ce qu’il en est réellement de votre lieu de séjour éternel et il paraît que vous non plus ne savez pas très bien où allez mais vous y allez à grand pas.
Eh bien ce que nous promet notre foi, c’est un monde de vie infinie, au bord d’un grand océan, dans un bonheur toujours renouvelé par la sensation de ne plus rien devoir à personne et le sentiment du devoir accompli sur cette terre. Mais pour y accéder, il y a une condition : nous devons mettre un terme à notre existence en nous suicidant contre un phare de véhicule automobile roulant au minimum à 90 kilomètre à l’heure !
Et voilà-t-il pas que votre premier ministre a fait baisser la vitesse à 80 kilomètres heures, attirant ainsi sur les ronds-points, à notre place, des nuées d’insectes jaunes qui ont bousillé l’arc de Triomphe et fait dépenser ensuite dix milliards à l’État !
Y’en a, j’vous jure ! T’es qu’un vilain doudou, Edouard ! Na !
Illustrations réalisées sur demande par Deep Dream Generator.
Les noctuelles (Emma)
Toujours aussi fainéante, j'ai posé la question suivante à ChatGPT (après ça, promis, j'arrête de causer aux robots!)
- peux-tu écrire un sonnet romantique sur les noctuelles ?
Et, cha alors, la machine a répondu ceci dans la seconde :
- Bien sûr, voici un sonnet romantique sur les noctuelles :
Quand le soir vient et que le ciel s'assombrit,
Les noctuelles dansent dans l'obscurité,
Leurs ailes délicates brillent de mille feux,
Et leur douceur me transporte vers les cieux.
Leur vol gracieux me fascine et m'émeut,
Leur silence enchanteur me fait rêver,
Je les regarde avec émerveillement,
Et dans mon cœur se réveille un doux sentiment.
Les noctuelles, ces créatures de la nuit,
M'évoquent la beauté d'un amour interdit,
Un amour secret qui ne peut s'exprimer.
Mais dans leur vol lent et majestueux,
Je perçois la promesse d'un amour heureux,
Et mon cœur s'emplit d'espoir et de douceur.
Ainsi, les noctuelles me font rêver,
Et je laisse mon cœur s'envoler,
Vers un avenir rempli de bonheur,
Où l'amour sera roi et la nuit sera douceur.
Je n'ai pas jugé utile d'entamer la discussion sur la structure du sonnet, ni sur sa propension à accumuler les clichés les plus éculés, mais j'ai bien aimé son petit clin d'œil à Brel.
J'ai voulu savoir s'il (il ?) était plus à l'aise avec les sciences. Et, oui en fait, et même dans la structuration d'un article en paragraphes prêts- à- l'emploi
- mais les larves de noctuelles ravagent les cultures, que sais-tu sur le sujet ?
Effectivement, les larves de noctuelles peuvent être considérées comme des ravageurs agricoles, car elles se nourrissent des plantes et des cultures, causant des dommages importants aux cultures. Voici quelques informations sur le sujet :
- ·Les larves de noctuelles appartiennent à la famille des Noctuidae, qui est l'une des plus grandes familles de papillons de nuit. Certaines espèces sont considérées comme des ravageurs agricoles importants, telles que la noctuelle des moissons (Agrotis segetum) ou la noctuelle terricole (Agrotis ipsilon).
- ·Les larves de noctuelles se nourrissent principalement de feuilles, tiges et racines de plantes, et peuvent causer des dommages importants aux cultures comme les céréales, les légumes, les fruits et les plantes ornementales. Les dégâts sont souvent plus importants dans les champs où les cultures sont densément plantées.
- ·Les méthodes de lutte contre les larves de noctuelles peuvent varier selon les régions et les cultures concernées. Les agriculteurs peuvent utiliser des pesticides chimiques, des méthodes de lutte biologique (par exemple, l'utilisation de parasitoïdes ou de bactéries), ou des techniques agronomiques (telles que la rotation des cultures ou la gestion des habitats) pour limiter les dégâts.
- ·Cependant, l'utilisation de pesticides chimiques peut avoir des effets négatifs sur l'environnement et la santé humaine, et les méthodes de lutte biologique peuvent être plus coûteuses et plus complexes à mettre en œuvre. Il est donc important de trouver un équilibre entre la protection des cultures et la préservation de l'environnement.
En résumé, les larves de noctuelles peuvent causer des dommages importants aux cultures, mais il existe différentes méthodes de lutte pour les contrôler. Il est important de prendre en compte les conséquences environnementales et sanitaires des méthodes de lutte avant de les utiliser.
Quant à l'IA image deep dream, ma requête
- " a ghost town where moths fly, in the style of paul delvaux "
logiquement, ne l'a pas plongée dans l'euphorie
Au fil de l'eau (Yvanne)
Gamine, à l'école primaire de mon village, je fouillais dans la modeste bibliothèque à la découverte de romans ou d'ouvrages se rapportant à l'histoire de ma région. Cela me tenait à cœur étant profondément enracinée à mon lieu de naissance. C'est ainsi que j'ai appris que les Gaulois qui peuplaient ma Corrèze natale et au-delà tout le Limousin à qui ils ont laissé leur nom, se nommaient les Lémovices. J'avais des ancêtres riches et puissants. Il n'en fallait pas plus pour enflammer mon imagination et chercher par tous les moyens à connaître ce que fut leur existence.
Oui, ils étaient riches comme en témoigne le site de Tintignac, tout près de chez moi où d'importantes découvertes d'objets mythiques et uniques dans le monde ont été mises à jour. J'ai déjà évoqué ici Tintignac, haut lieu de commerce et de culte. D'où venaient leur richesse ? De mines d'or qui étaient multiples sur le territoire. On estime que les Lémovices ont extrait entre 80 et 160 tonnes d'or ici. Il se trouve que l'une de ces mines était proche d'un ruisseau courant dans un pré de mes parents.
Pendant que mes vaches paissaient tranquillement sous la garde vigilante de Carlette, ma chienne, je parcourais la rivière aux multiples méandres en quête du précieux métal. J'étais orpailleuse sans matériel aucun. Simplement, je scrutais attentivement le fond de l'eau transparente, prenais à poignée un petit tas de gravier que j'examinais un à un et rejetais ensuite. Mais ceci en vain. Tout ce qui y brillait hélas n'était pas d'or. Juste quelques petites feuilles de mica dit « or de chat » assez abondantes et scintillantes pour me faire croire un instant que j'avais trouvé le graal. Déçue, j'abandonnais ma prospection pour m'intéresser à des choses moins utopiques et tout aussi passionnantes dont je ne me lassais jamais.
Rêver en regardant glisser l'eau sur les galets colorés et polis, façonnés par des siècles d'érosion. S’abîmer dans la contemplation de la rivière qui chante et danse, libre et pressée. Imaginer sa course interrompue quand elle rencontre l'océan qui l'engloutit. Respirer à pleins poumons son odeur si particulière d'humidité mêlée du parfum des herbes qui s'y inclinent et aussi celle que l'on perçoit et que l'on n'oublie jamais de la truite qui s'y abrite.
Se pencher pour admirer la lente progression de l'écrevisse autochtone, à la carapace d'un beau vert bronze qui file en reculant si on tend la main, pour se cacher dans les replis de la berge en bougeant avec frénésie ses antennes sensorielles. S'émerveiller du vol souple et combien délicat d'un papillon qui batifole d'une feuille à l'autre. Ces papillons dits « de jour » aux couleurs chatoyantes, exubérantes même, je jouais à les poursuivre mais ils m'échappaient sans cesse. Rien à voir avec leurs cousines les noctuelles qui vivaient dans les aulnes. Ces insectes lourdauds, ternes et trapus qui, au crépuscule se manifestaient et parfois s'abattaient de façon inopinée sur votre tête. Ceux-là personne ne les aimait car leurs chenilles étaient la terreur des jardiniers de la famille.
Apprendre les dures lois de la Nature quand brusquement surgissait la libellule aux ailes de dentelle et au corps vitrail mordoré ou bleu métal qui fondait sur l'insouciant papillon pour le dévorer en vol. Mais le prédateur de la demoiselle filiforme n'était jamais très loin et à son tour, le bec acéré et victorieux d'un martin-pêcheur criard ou d'une vive hirondelle emportait pour son festin l'élégante éphémère.
Je ne trouvais pas d'or mais qu'importe, j'étais riche des beautés de la Nature. Je me nourrissais de la vie qui palpitait autour de moi et, étourdie de soleil, de silence, de sérénité j'allais m'asseoir à l'ombre des aulnes. Je lisais tranquillement jusqu'à ce que mes bêtes me rappellent à l'ordre pour m'inciter à revenir à la ferme : c'était l'heure de la traite. Je quittais à regret mon petit paradis mais je savais que le lendemain ou plus tard je reviendrai profiter de son calme et surtout de ma solitude, source de ma liberté, propice aussi à l'éveil de mes sens et de mes émotions enfantines et adolescentes.
Sans chenille sans papillon (Kate)
Sans chenille sans papillon
Ce soir cherchons la noctuelle... Facilement trouvée sur le site jardiner-malin.fr : "La noctuelle, un papillon inoffensif, une chenille vorace" : un vrai dilemme !
Nous obtenons : papillon, chenille.
Oublions "Le papillon" de Lamartine,
et ne retenons pas "La chenille" d'Apollinaire
C'est qu'ils parlent
Tous les deux d'eux...
Un et un deux
Et non d'oeufs !
Listons les quatre stades :
1) l'oeuf,
2) la larve (chenille),
3) la nymphe (chrysalide),
4) le papillon
Les points 1, 2, 4 considérés comme abordés,
Evoquons la chrysalide (point 3)
Et bien
Lautréamont dans "Les Chants de Maldoror" l'évoque (Chant II, 10).
juste après la sage citation du Chant II, 9 :
"L'éléphant se laisse caresser. Le pou, non."
Mais laissons les poux là et sautons, pour ainsi dire, du coq à l'âne, dans ce bestiaire qui se termine en chansons :
"Sans chenille sans papillon"
Vous me permettrez sans façon
De vous présenter ma chanson
Sans chenille sans papillon
Puisque l'on vient au monde tout nu
Tout le reste est du superflu
Les chenilles les papillons
Sont là des êtres mineurs
Qu'on ignore c'est un malheur...
Ça serait un timbre ? Merci Joe !)
Récapitulons :
1) l'oeuf,
2) la larve (chenille),
3) la nymphe (chrysalide),
4) le papillon
Un timbre... Et pourquoi pas un cours de philo phyllo ?
Les noctuelles sont-elles nyctalopes ? (Walrus)
Noctuelle ! Mais qu'est-ce qui m'a pris ? Moi qui n'ai jamais de toute ma (trop ?) longue existence classifié les papillons de nuit, ces bestioles qui croient intelligent de se déguiser en écorce d'arbre pour essayer de passer inaperçus sur les murs beige-pâle de mon living, qu'en plus gros ou plus petits...
Le dernier qui nous ait visités se situait dans les plutôt gros. Noctuelle ou pas : mystère ! Je ne sais même pas à quoi on reconnait une noctuelle.
Ce que je peux affirmer par contre, c'est qu'il faisait partie de la classe des hyperactifs (très à la mode les hyperactifs aujourd'hui) : il ne se posait que quelques secondes (sans doute pour souffler un coup) avant de reprendre son vol vrombissant autant qu'affolé. On aurait cru avoir affaire à une escadrille de hannetons ("balouges" en wallon, "prinkère" en bruxellois).
Comment ? Les hannetons, ça ne vous dit rien ?
M... ! J'oubliais que je parlais à des djeunes !
Ben oui, je vous parle d'un temps... (vous connaissez la suite...)
Rencontrer un hanneton aujourd'hui, ça relève du miracle, ma dernière rencontre de ce (troisième) type c'était le 9 juin 2012 si j'en crois les métadonnées de la photo et l'animal ne semblait pas au mieux de sa forme (ni de ses formes, vous avez vu le coup dans sa carrosserie ?) :
Bon, ben si vous n'avez pas connu les hannetons, je doute que, comme beaucoup de jeunes d'aujourd'hui, vous compreniez où je voulais en venir dans un des posts de mon premier blog.
Une autre époque n'est-il pas ?