Si ça tombe...(maryline18)
Si ça tombe, elle s'était vraiment sauvée avec un Belge...Mais alors...Mon père n'était pas mon père et sa mère pas ma grand-mère et mes sœurs et mes frères...(Oh ! oh ! Ce serait le bonheur... eur...! )
_"Balance : Arrête éd t'imberdouiller t' cervelle et tout ira mieux !"
_"Merci José !" (José ché le Ch'ti qui donn' èch'l'horoscope sur France Bleu) .
...Mais si c'était vrai alors tout deviendrait plus clair, notamment toute ces expressions entendues dans l'enfance . Ma "soi-disant" grand-mère n'était pas du genre à berdeller elle, quand on allait la voir, après avoir obéi à mon (soi-disant) père, just'après donc avoir fait une baise ou plutôt in' baisse à sa mère, la journée s'annonçait déjà interminable . Racrapotée dans l'unique fauteuil qui faisait face à l'horloge pendule, je l'observais gletter sur son tablier en vidant son verre de vin . J'avais hate de repartir . Une fois en voiture, si par chance une bonne drache s'écrasait sur le pare-brise, les filés d'eau écartés par les essuies-glaces y dessinaient le rideau de mon petit théâtre, bruyant et silencieux à la fois.
Mais avant il fallait bien dîner et il n'était que midi... J'aurais bien aimé ne manger que du dessert (faire ma goulafre) mais il n'en était pas question . Alors en petite fille sage, je mangeais ma soupe, le steak haché, les frites, avant de pouvoir croquer dans la fameuse tarte èd'ducasse à gros bords, crémeuse à souhait. Par chance ces repas sans surprise nous évitaient d'être obligé d'avaler des plats que je détestais comme le chicon . C'est la peau du ventre, tendu, que je renonçais poliment à une ravette, ou une ziquette de tarte, restée dans la tourtière .
Le < Bonne Année ! > fièrement lançé ne nous rapportait pas "miroule" ni dringuelle et c'est bredouille qu'on était content de rentrer pour tout racuspoter à nôt' mère qui esquivait depuis longtemps l'obligation...Le lendemain, les habits du dimanche enlevés, on remettait nos slachs et on riait, on se spittait, sautant dans les flaques, de la berdouille plein nos pieds . Une chose nous tracassait pourtant : Comment allions-nous nous procurer l'argent pour les jeux d'adresse de la kermesse de l'école ? La canaille serait une fois encore pour plus argentés que nous mais avec un peu de chance on aurait quand même un paquet d'frites aspergées de vinaigre, qui nous blûlerait les lèvres !
Quand on y pense, l'enfance, toutes ces années à pesteller d'impatience, est si vite passée ! Pas besoin d'avoir septante ou nonante années pour s'en rendre compte, hein, une fois ...? ( Je n'allais pas oublier mon belgicisme préféré ! )