Mots zappés (Cavalier)
"Ma Page Blanche est vide ..."
Du feu dans l’âtre. Elle est sous le banc de parole
- Comme à six pieds - On la voit dans le flux moqueur
Des poutres du grenier. Du plancher qui m’engeôle.
En mots zappés ma table fissurée émiette
Au fond d’un coffre clos des écrits de sapin,
Glisse tous feux éteints l’encre sous ma palette
Et fait hurler au vent les branches du destin.
L’arbuste descellé flotte sur la douleur
De ma plume transie, et sous son auréole,
Las je m’assieds à terre, abattu et songeur,
Fixant sans un mot dit ma flamme qui s’étiole.
Ce soir obscur, ma chandelle morte est muette,
Ma plume est endormie à l'ombre du chemin.
Ma Page Blanche et vierge en tambour ni trompette
A su zapper mes mots et m’en taire la fin
...
"Tant qu'y'aura des mots à zapper ..."
Et zappe et zappe
Et zappe sur ton faire-vouloir
Et zappe et zappe
Tu dormiras mieux plus tard …
Des textures imagées tant qu’y’aura
On fumera des cigarilles
Sous la lumière blafarde
De ta lampe qui grésille
À vouloir le faire, illusoire
Dérisoire, tu babilles en coquilles
Et fendilles des cés cédilles …
N’assiège plus les touches du farfelu !
Zappe et re zappe
Le dessous de tes doigts gourds
Lors ne plombera plus son œuvre
En vinaigres aigris par la bouche fumante
Amarante dans tes vases clos …
Je vois tes lèvres pincées au fin feu des tempêtes
Étreignant tes journées héliocentriques
Sous ta main morte étriquée
Qui écrase en gravité des pivoines fanées …
Zappe et zappe sur ta vie
C’est un récit que tu crieras
C’est une histoire que tu reliras
C’est une histoire que tu écriras
Comme il est bon qu’elle soit écrite
Et telle image sera-t-elle peinte ?
Qu’il faudra se l’entendre dire
Sur le clavier de tes chimères
Alors sans bruit tu t’égosilles
Et tu zappes zappes
Aux méandres saurs de tes mots dits
...
Et vous ? Êtes vous plutôt ?
Ou ?
Ou même quand bien même ?