Double tranchant - tiniak
X est le signe d'airain croisé dans son dos
que le marin lèche au couchant, chargé de sel
lui seul peut y porter le poing avec brio
homme aussi sombre qu’aguerri et sans autel
Il est le guerrier que se paient les bourses grasses
et son pas s’en trouve alourdi plus que son cœur
à jamais perdu pour la vie, ses joies, ses grâces
n’ayant ni rêves ni projets, que le malheur !
Pour sûr, il connaît les festins d’orgues princières
qu’offrent soudain la “ville prise !” et le retour
vers le palais qui l’a mandé, lui, Mercenaire
à porter partout, par sa main, l’Ombre du jour
“Hallali ! Hallali, Parias ! Ce monde est mort
pour les beautés qu’avons quittées, un soir d’orage !
Qu’après nous, nul poitrail n’aimât aimer encore
et que le cuir à nos poignets disent nos rages !”
Où va-t-il…? Vers la nuit absorbant sa trace
autant qu’un ciel sans aucun pli qui l’enveloppe
avec, au dos, sa croix d'airain, d’éclats fugaces ?
Ou rentre-t-il ? Embrasser quelque Pénélope ?
Seul, fatigué, n’ayant plus goût pour les négoces
il va, pesant de son pas lent sur cette terre
presque une larme à la paupière - au goût de sang !
autour de lui ses bras ballants, pleureux, pas fiers
il marche droit, vers l’occident, jusqu’à la mer