Porte-bonheur au poil (Vegas sur sarthe)
Aujourd'hui Germaine s'est mise en tête de nous cuisiner des pâtes de lapin au prétexte que ça porterait bonheur.
Je comprends vite qu'il s'agit en fait de pattes de lapin.
Je lui rétorque que les pattes de lapin portent bonheur sauf aux lapins mais elle n'a pas l'air de comprendre car elle renchérit : »Si ça ne te convient pas, je te fais des rouflaquettes ! »
A mon avis elle confond culinaire et capillaire aussi je lui suggère de nous mijoter une queue de cheval.
« Où veux-tu que je trouve une queue de cheval ? » lance t-elle depuis sa cuisine tandis que raidissent quatre patounettes de léporidé.
Je réponds « Sous le sabot » et j'ajoute « comme dirait mon coiffeur ».
« T'as déjà mangé de la queue de cheval, toi ? » questionne t-elle.
«Bien sûr» dis-je effrontément et comme je suis en verve, j'ajoute «c'est mon plat favori ».
Germaine semble larguée.
J'insiste « C'est mon plat favori, Germaine … favori ! »
Seul me répond le crépitement des quat'pattes.
Une odeur de poil roussi envahit le salon ; sans le vouloir je viens de soulever un lièvre : « Tu les as dépecées au moins, avant de les faire cuire ? »
Contrite, Germaine émerge de sa cuisine : »Dépecer des porte-bonheur ? Ça n'a aucun sens » et elle ajoute « tu as une idée pour le dessert ? »
J'en ai une qui me vient, en effet : »Fais nous donc une coupe au bol »