Youyou (1) (TOKYO)
Je voulais faire une tournée dans toute l’Amérique en chantant du youyou.
Mon impresario avait tenté de m’en dissuader.
Tu ne peux pas passer de Molière au youyou !!
Il était borné j’étais obstinée.
Nous les êtres humains dans ce monde moderne nous regardons la vie en essayant d’y voir un sens, or le youyou est le vrai théâtre de l’existence.
Ma part secrète se trouvait dans ce chant
ancestral.
J’étais allée rencontrer des bergers au cœur de l’atlas à la recherche du chant le plus pur .
Mais très vite je fus coincée, ce cri était si étrange. Mon avion était prévu pour 11h j’étais à 2h de l’aéroport.
Malgré la grande curiosité que j’éprouvais pour ce cri je m’étais rendu compte que faire une tournée sur ce projet c’était réveiller la vindicte du peuple américain.
Sur un coup de tête j’étais rentrée en France, je rêvais de me réfugier dans un arbre.
Cependant progressivement pour le meilleur ou pour le pire je me suis réconciliée avec Molière.
Prudente comme le merle qui tire sur un ver de terre j’étire les tirades d’un youyou bien envoyé.
A la fin de la représentation, malgré cet itinéraire tortueux et les reproches du metteur en scène qui m’exhorte de renoncer au you you dans les tirades prétextant que si je veux une villa en toscane il va falloir revisiter mon interprétation je continue sur les conseils de mon singe André qui adore le youyou.