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Le défi du samedi
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12 février 2022

Contribution de Clio101

 

La Garde royale, des hommes et femmes, vêtus de verts et or, qui avaient dédié leur vie et leur intelligence à la défense et au rayonnement de l'Empire. Quand ils se croisaient, ils échangeaient de mystérieux saluts faits de gestes de mains, chaque fois différents.

Varim les voyait tous les jours : sur le chemin de l'école, en allant faire une course pour sa famille ou en arpentant les rues d'Arménia avec ses amis.

Fasciné par la tranquille assurance qu'ils dégageaient et désireux de les rejoindre dès qu'il aurait l'âge de se présenter aux épreuves, Varim s'arrêtait souvent de longues minutes à les observer dès qu'il en croisait un et tentait de mémoriser leurs mouvements de mains. Une fois chez lui il s'entraînait à les reproduire, se croyant, l'espace d'un instant, un membre de la Garde à part entière.

Un jour qu'il se trouvait dans le parc des Milldors il s'amusa à réaliser certains gestes qui lui plaisaient plus que les autres.

            - Dis donc toi !

Varim se figea. Entièrement absorbé dans sa tâche, il n'avait pas remarqué l'homme qui était entré dans le parc et avançait vers lui à grandes enjambées. Le soldat le saisit par le col et le souleva, de façon à le placer à quelques centimètres de son visage.

            - Je vais t'y reprendre à réaliser notre schibboleth ! Pour la peine tu vas recevoir une bonne leçon et tu me feras le plaisir de ne plus croiser mon chemin à l'avenir ou tu auras de gros ennuis.

Varim devint blême. Ses jambes se mirent à trembler de façon incontrôlable et son visage se couvrit d'une sueur épaisse qui vint bientôt recouvrir tout son corps. Sans paraître le remarquer, l'homme leva la main et se prépara à flanquer la correction que méritait ce garçon indiscipliné.

            - Que se passe-t-il ici ?

L'homme suspendit son geste. Il se retourna lentement, sans lâcher sa proie. Son interlocuteur, grand, bien bâti et sans une once de graisse, habillé du même uniforme que lui à l'exception des trois bandes jaunes à son bras, vint à sa rencontre.

            - Capitaine de Tramines, se mit-il à dire d’une voix obséquieuse, ne vous souciez pas de cela. Ce n'est qu'une petite vermine qui a osé réaliser notre schibboleth. Je m'apprêtais à le punir pour qu'il ne recommence pas

            - Ce n'est qu'un enfant, asséna le capitaine. Il ne pensait sans doute pas à mal. Nos principes interdisent la violence gratuite et font de la protection des plus faibles une priorité. Repose ce petit sur-le-champ et laisse-nous.

            - Mais, mon capitaine....

            - Ton zèle t'aurait-il rendu sourd ? Pose ce garçon à terre et rejoins la caserne. Tu viendras me voir à mon retour.

L'agresseur de Varim le posa en ronchonnant puis s'éloigna d'un pas vif. Nul doute que l'enfant venait de gagner un ennemi pour le restant de ses jours.

Encore sous le coup d'une violente émotion Varim tenta de partir en courant mais ses jambes refusèrent de lui obéir. Il serait tombé si le capitaine ne l'avait pas retenu. D'une main à la fois ferme et emplie d'une certaine douceur le capitaine de Tramine le guida vers un banc tout proche.

            - Ne pars pas si vite mon garçon. Il est des choses que nous devons discuter.

            - Oui mon seigneur, balbutia l'enfant d'une voix tremblante comme s'il allait se mettre à pleurer.

            - Ne t'affole pas, tu n'as presque pas fait de mal. Comment t'appelles-tu ?

            - Varim, mon seigneur. Je viens d'avoir 10 ans.

            - Varim, sais-tu quelle est ta faute ?

            - Non, mon seigneur.

            - Il est strictement interdit à quelqu'un qui n'est pas membre de la Garde royale d'en réaliser le schibboleth. Tes parents ne t'en ont pas averti ?

            - Non, mon seigneur.

            - Et pourquoi cela ?

            - Parce qu'ils ne savent pas que je sais réaliser les gestes, mon seigneur. Je me dissimulait à eux pour ne pas que quelqu'un se moque de moi.

            - Pourquoi réalisais-tu ces gestes ?

            - Parce que j'admire la Garde royale et qu'en faire partie est mon rêve, mon seigneur.

            - La première vertu d'un soldat de la Garde royale est l'obéissance. Tu ne dois exécuter ces gestes en aucun cas c'est bien compris ?

Varim sursauta. La voix du capitaine de Tramines avait résonné aussi tranchante qu'une lame de couteau.

            - Oui mon capitaine, murmura-t-il.

La voix du capitaine s'adoucit.

            - Si tu veux un jour prétendre à intégrer la Garde, sois curieux et attentif. Instruis-toi et reste sensible aux mouvements du monde. Et adopte en permanence un comportement honorable et irréprochable.

Instinctivement Varim s'était levé, comme pour laisser ces paroles le pénétrer jusqu'aux tréfonds de son être. Il n'était plus le garçon fou qui imitait ses aînés sans réfléchir mais un homme en devenir, avide de savoir et prêt à tout faire pour réaliser ses rêves.

Le capitaine quant à lui observait avec tendresse cette jeune pousse qui buvait ses paroles comme une plante assoiffée. Il ne connaissait pas ce garçon mais devinait en lui les prémisses d'un caractère exceptionnel.

D'un air grave l'homme d'expérience et l'homme à naître se serrèrent la main, scellant un pacte pour la durée de leur vie.

Tout à leur échange de promesses aucun d'entre eux ne vit l'homme qui les contemplait depuis l'entrée du parc, le visage déformé par une haine profonde.

 

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12 février 2022

... sauf quand ils oublient leur mot de passe (Joe Krapov)

 

- Amalia ! Amalia ! Qu’est che qué ch’est tou as fichou avec lé carnet des mots dé pache ? Yé né lé trouvo plous !

- Ch’ai pas touché tes affaires, Pablito !

- Et ch’est quoi lé mot dé pache dé l’ordinator ? Ché mé souviens plous !

- Tou mé l’as chamais dite, qué tou dis cha doit rechter oune chécrète, même por bibi. Qué tou n’as pas bisouane del controule parentale. Qué yé té soupchonne dou coup d’aller chour des chites cochonnes !

- Qué cha commence par oune « sch » et qué cha ché manche, yé mé rappelle !

- Chauchiche ? Choucroute ? Chalchifi ?

- Qué ch’est vert auchi !

- Flageolets ? Espinaches ? La chalate ?

- Oui ! Qué ch’est les pétites cherbes qué tou mets dans la chalate !

- Yé vois pas ?

- Qué ch’est auchi lé titre d’oune opérette avec trois hommes nous chour la schène ? Qué ch’est lé compliche dé Marchel Proucht qui a écrit la mousique dé ché trouc ! Reynaldo Hahn !

- Hé Pablito, cha chouffit ton yeu des mille euros ! Qué y’ai ma couichine à préparar !

- Qu’est-che tou fais de bon ?

- Des « accras de morue à la ciboulette » !

- Shibboleth ! Lé voilà lé mot dé pache que yo cherchais ! D’ailleurs y’ai rétrouvé moun carnette.

- ...

- Qu’il était tellement bien ranché à cha plache qué yé lé voyais plous !
 

12 février 2022

Historique du Schibboleth (Passion Culture)

 

L'histoire du schibboleth commence au XIIe siècle avant Jésus-Christ, au temps de Jephté, Juge à Galaad en Israël pendant six ans. Par manque de temps, je vous passe tout le contexte politico-militaire de l'époque.

Galaad occupa les gués du Jourdain. Chaque fois qu'un fuyard d'Ephraïm voulait passer, on lui demandait : "Es-tu d'Ephraïm ?" Il répondait "Non. " "Eh bien, disaient-ils alors, prononce : Shibboleth." Et l'homme disait "Sibbolet", sans parvenir à prononcer correctement. Ils l'appréhendaient alors et l'égorgeaient près des gués du Jourdain.

Juges 12, 5-6 (Bible de Maredsous)

Un schibboleth désigne depuis lors un signe de reconnaissance verbal.

Plusieurs schibboleths sont intervenus d'une manière similaire tout au long de l'histoire de l'humanité. Impossible de les évoquer tous, cela nous occuperait trop longtemps. Je voudrais juste en évoquer trois.

En 1301, le roi de France Philippe le Bel conquiert la Flandre. Le 18 mai 1302, les Brugeois se révoltent. Les « matines de Bruges » désignent le massacre survenu cette nuit là, dans leur chambre à coucher, d'un millier de partisans du roi de France, dont la garnison française logée chez l'habitant. Pour savoir qui massacrer les rebelles demandaient de prononcer correctement « schild en vriend » (bouclier et ami). Ceux qui n'y parvenaient pas furent égorgés.

Un autre exemple de schibboleth, plus proche de nous et surtout moins sanglant s'est déroulé vers la fin du mois de mars 2010. Un peu partout dans le monde, on voyait des centaines de touristes errer dans les aéroports. Lorsqu'ils se croisaient, l'un d'eux demandait "Eyjafjallajökull ?" , un autre répondait "Eyjafjallajökull ! " et, tombant dans les bras les uns des autres, ils se mettaient à pleurer leurs avions cloués au sol.

Le dernier exemple en date s'est produit pas plus tard qu'hier. Je voulais aller au restaurant, cela faisait longtemps que je n'y étais plus allé. A l'entrée, un cerbère au regard mauvais m'a baragouiné quelque chose que j'ai pas compris. Lui demandant de répéter, il m'a semblé entendre "Quo vadis ?" et j'ai aussitôt répondu "Henryk Sienkiewicz" . Mais ce ne devait pas être la bonne réponse, car il a refusé de me laisser entrer. Je suis resté quelque temps près de l'entrée et je crois que j'ai enfin compris le schibboleth de notre époque. Le cerbère demande "Quovidesaiffetiquette ?" et il suffit de répondre "Quovidesaiffetiquette !" Quand je dis qu'il suffit de répondre cela, je me trompe : il faut aussi montrer son smartphone, mais je n'ai toujours pas compris pourquoi. Bref je suis rentré chez moi manger la tartine de pain rassis qui me restait :-( .

 

12 février 2022

Juges 12: 4-6 (joye)

illustration

C’était Jordan qui eut l’idée d’un mot de passe.  

Jordan, c’était notre lideur : grand, blond, stylé. On lui obéissait sans hésitation, nous sa petite bande de larbins. Il n’avait qu’indiquer un pauvre type en K-Way au coin à la récré et nous irions taper de ouf sur ledit cheum.  

- Ziva les gars, dressez-le ! et nous tomberions dessus, les poings fermés.  

Nous étions nombreux, personne n’osait nous dénoncer. Tout le monde savait qu’il ne fallait pas cafter. Les cafteurs, ça chopait pire, c’était bien connu. 

Bon, j’avoue que je tapais beaucoup moins que les autres, faut dire que ça me filait des reflux de voir un nez peté, une dent brisée ou du sang craché. 

Mais je cachais bien mon malaise. Si Jordan avait flairé ma trouille, il m’aurait cueilli et je serais devenu sa tête de Turc personnelle. Je faisais gaffe, je voulais rester le sous-chef de sa petite assoce. 

Donc, le jour  Jordan proposa un mot de passe afin qu’on prenne pitié sur les non- initiés, nous pensions tous que c’était hyper-génial, comme toutes les idées de Jordan.

- Alors, ce sera quoi ? murmura-t-on autour de lui. 

- Du calme, les gueux, du calme, répondait-il en allumant sa vape. D’ailleurs, c’est Gary qui vous le dira. 

Au son de mon prénom, jétais sous le choc, je  fus comme figé. Moi, je savais bien piquer les clops, filer des antisèches, lui dégoter une pouffe vraiment timpe, des trucs banals, du coup, mais là, prendre vraiment l’autorité de déterminer quoi que ce soit, j’étais traqué comme un con. 

- Euh, commençai-je, pour gagner du temps.

- Le mot de passe, c’est EUH ? cria la bande, tout de suite furax.

- Putain ! C’est quoi ??? 

- L’est taré, ce Gary ?  Hein, nul !  Les murmures se multipliaient. 

Finalement, ils n’osaient pas trop me charrier, sinon Jordan aurait vite fait un de ses appels à l’ordre dont personne ne sortait indemne, même pas Jordan. Je le surpris une fois, il pleurait dans l’allée après une bagarre particulièrement rude. Quand je lui tins la main, automatiquement, il me tourna le dos et partit. 

D’un coup, ce jour-là, je sentis que j’allais payer cette faute. Il me fixait de ses yeux bleu acier, et j’y vis l’étincelle d’une cruauté joyeuse juste avant de l’entendre crier d’une voix étrangement rauque : 

- Ziva, les gars, dressez-le ! 

 

12 février 2022

[...]l'instruction est le shibboleth qui ouvre toutes les portes 1 (Laura)

 

Je remercie l'équipe du samedi d'avoir cherché pour moi(nous) la définition du mot du samedi et j'en ai profité pour utiliser en titre un des exemples qui m'a fait penser à une discussion dans le train hier soir avec un jeune étudiant qui a cherché mon regard par rapport à d'autres passagers du train. Et nous avons évoqué cette génération(très proche de la sienne pourtant) que nous ne comprenons pas. Cette génération native par rapport aux portables et autres progrès techniques. A beaucoup pour nous, il manque cette shibboleth qui pour nous est culture, lecture qui est gratuite(ou moins chère que les Smartphones et vêtements de marque) en médiathèque et autres lieux culturels.

1 Coppée, Franc-parler I, 1894, p. 152 in https://www.cnrtl.fr/definition/schibboleth

 

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12 février 2022

Participation de TOKYO

 

J’ai servi une assiette de schibboleth au chocolat.

Ils étaient carbonisés. Peut-être parce que je les avais faits moi-même.

Alors que mes invites mâchouillaient les schibboleths carbonisés, j’ai eu envie d’aller aux toilettes.

J’ai laissé mes invites devant ce plat de charbon et quand je suis revenue les schibboleths avaient disparus.

J’avais pourtant l’impression d’avoir passé peu de temps dans les toilettes.

Comment avaient-ils pu ingurgiter autant de schibboleths sans avoir la nausée.

 Je rêvais qu’un commissaire-priseur mettent aux enchères mais schibboleths carbonisés.

 J’aurai peut-être fait des affaires juteuses

Apres tout on casquait bien 3 millions de dollars pour un tableau de van Gogh.

Je m’étais mise à la suite de cette soirée dans un état chamanique.

 Je décidais de planquer tous mes futurs schibboleths dans un coffre à la banque.

A présent dois je vous poser la question avais-je tort de croire en mes talents ?

 

12 février 2022

Schibboleth (petitmoulin)

 

Toi qui pleures sur ton ombre
Et accroches un souvenir
Au tremblement de tes mains
Pour quand il n'en restera plus
Connais-tu KakKaRente
Toi qui regardes tes enfants
En baissant les yeux
Parce que ta chemise
Sent la sueur ancienne
Et l'impayé
Et qui cent fois
Traversas la rue
N'y trouvant que le poids
Lourd
De l'amertume
Dans le cloaque de la spéculation
Connais-tu KakKaRente

KakKaRente
C'est le Schibboleth
Qui ouvre les portes
D'un monde
Qui vous est inconnu
Un empire où résonnent
Les trompettes du profit
Le grand orchestre des finances
Un monde qui vous est inconnu
Et se nourrit
De votre assiette
Vide

 

 

5 février 2022

Défi #702

 
Un mot imprononçable ?

 

Schibboleth

 

7021

 

Quoi ? Si, ça existe : je l'ai trouvé à la page 126
d'un des derniers bouquins recommandés par l'Adrienne !
Le Papistache le connaissait
Et d'ailleurs, il figure au CNRTL, alors...

 

 

5 février 2022

Ont potassé leur Asimov

5 février 2022

Poudre d’escampette (Jean-Patrick)

 

02-11-Eukalyptus

Quand le patron nous l’a annoncé, on s’est dit que ça nous faciliterait la tâche. Quand il nous l’a apporté, on a regardé le truc avec des yeux larges comme des soucoupes ; on n’en croyait pas nos yeux ! Le patron nous a dit l’organisation qu’il voulait à partir de ce moment-là : le robot aspirateur fera le couloir pendant que nous, on fera les chambres. Super. Surtout que contrairement à Coco, la petite nouvelle, le patron nous a dit qu’il est pas bruyant : on ne l’entend pas, il aspire la poussière sans raconter sa vie du matin au soir. Pas un bruit. Le collègue comme je les aime.

Après, le patron nous a montré comment ça marche : le matin, on met le robot aspirateur en route et il avance tout seul. Quand il tape sur une plinthe, il fait demi-tour, et de demi-tour en demi-tour, il aspire tout le couloir. Ça de moins à faire pour nous, on a le temps de s’occuper des chambres. Et quand on a fini la journée, on vide le sac, on le branche au compteur et il se recharge toute la nuit. Et pas question de l’emporter chez nous, il ne reconnaît que son branchement de l’hôtel ; chez nous, il tomberait en panne au bout de quelques jours et ne servirait plus à rien.

Coco, elle s’est crue plus maline que tout le monde : elle se vantait qu’elle prendrait bien le robot en main et qu’elle brancherait volontiers sa petite prise chaque soir. Nous, on s’est pas occupé de ses histoires, on est retourné faire notre travail pendant que le robot aspirait le couloir du rez-de-chaussée.

Au bout d’une heure, j’étais dans la 12, la chambre où il y a le couple du mardi, et la gouvernante vient me voir. Elle me fait comme ça :

— Il est où ?

Je savais pas de quoi elle parlait, alors je lui fais :

— Qui ça ?

Avec un signe de tête, elle fait voir le couloir et elle me fait :

— Bah, le robot aspirateur !

On va voir toutes les deux où il est passé… il est nulle part !

— Oh, merde ! que je fais comme ça.

— Attention, que me fait la gouvernante, s’il y a des clients !

On cherche le robot aspirateur partout, dans les coins, les recoins, sous les rideaux, dans les placards du couloir. La folle de la 18 ouvre la porte et demande ce que c’est que ce ramdam. Heureusement que la gouvernante était là pour lui répondre, parce que moi quand la 18 m’engueule et qu’en plus, elle est à poil, ça me met de mauvaise humeur. Surtout que là, on cherchait le robot qui avait disparu sans crier gare.

Bref, pour gagner du temps, je préfère dire qu’il nous en a fait perdre : il était nulle part, l’aspirateur. Le patron venu à la rescousse était de mauvais poil, il piaillait qu’on lui avait perdu son robot, qu’on aurait dû fermer les portes des chambres, que l’appareil pouvait être parti sous un lit, partout :

— Fouillez les chambres, celles où vous êtes passées et celles qui restent.

Et tout seul dans son coin, il parlait encore :

— Sinon c’est un bricoleur qui l’a embarqué, un qui s’y connaît en électronique pour le détourner !

Avec la gouvernante, on lui a pas parlé de la 18 ; il aurait été capable d’aller la fouiller lui-même, avec la nudiste à l’intérieur. On a passé notre temps à chercher l’appareil ; je peux vous dire que notre boulot, il avançait pas.

En fin de journée, macaque ; pas plus de robot dans l’hôtel que de cervelle dans la tête de la 18. C’est l’expression de Coco, le jour qu’elle a vu la 18 pour la première fois :

— Quand elle ouvre le bec pour gueuler, on voit qu’elle a rien dans le ciboulot.

 

Le lendemain, quand je suis arrivée pour mon service, l’histoire du robot qui avait disparu occupait toutes les conversations. Tu parles : une machine qui a dû coûter bonbon et qu’on a piquée au bout de seulement une heure de boulot, y a de quoi être dégoûté. Surtout le patron qui l’a payée.

Au milieu de la matinée, j’étais à faire la 16, le lit, la salle-de-bain, je zieutais dans le placard, les tables de chevet, les tiroirs, au cas où qu’on aurait planqué le robot dedans, quand tout d’un coup, j’entends du raffut dans le jardin. Je regarde, c’était Paulo qui appelait parce qu’il venait de retrouver le robot aspirateur. Incroyable mais vrai : il était dans le jardin, comme qui dirait planté sous un thuya. Le patron avait dit à Paulo d’aller tondre les haies, enfin les tailler, les couper quoi ? Et Paulo, il tombe sur le robot qui était là à attendre, arrêté, moteur éteint. Toutes les filles sont arrivées dans le parc, le cuistot et aussi la réceptionniste. Personne ne comprenait ce que le robot faisait là, même Coco n’avait pas une idée pour éclairer le phénomène. Le patron dit à Paulo de regarder s’il marche encore, tout semble normal, comme le jour où il est arrivé : le robot, pas Paulo ! Et le patron est retourné dans son bureau se renseigner auprès du fabricant pour avoir des explications, parce qu’il y a quand même des questions à se poser : une machine, ça peut pas se planquer sous les thuyas sans que personne l’aide ! S’il faut, il appellerait la police et porterait plainte pour détournement… avec un drone, un bug ou tous ces machins-là.

À la pause, ça continue à discuter sec. Coco avait cogité dans son coin et elle racontait que le robot devait être syndiqué, qu’il voulait fuir les cadences de travail à l’hôtel. On lui a dit qu’elle disait n’importe quoi.

— Si ça se trouve, c’est la bonne femme de la 18 qui en avait marre du bruit et qui l’a foutu dehors !

Alors là, on était tous d’accord ; on se demande parfois si elle fait pas des coups comme ça. Elle est mauvaise après nous depuis que le patron l’a virée de la salle du petit-déjeuner où elle s’est pointée à poil.

— Madame, il avait dit, votre tenue peut choquer. Surtout si des familles qui viennent, avec des enfants…

— Bah justement, y en a pas ! qu’elle a fait.

Le patron a pas lâché le morceau, il l’a habillée avec une de nos blouses, il l’a renvoyée dans sa piaule et il lui a livré le petit-déj à domicile. Depuis ce jour-là, quand elle peut nous faire une entourloupe, elle s’en prive pas.

On lui raconte pas tout au patron, sinon il s’en débarrasserait et elle risquerait de faire du scandale à l’extérieur. Mais je crois qu’il peut pas, parce qu’il paraît que c’est un « cas social ». Presque intouchable. Elle a le maire et l’assistante sociale qui la soutiennent.

Paulo, il a eu une idée qui a fait marrer tout le monde. Il s’imagine que c’est le robot qui s’est enfui à cause d’une chatte à son goût qu’il a repérée dans le parc ; ils ont passé ensemble. Il raconte qu’un jour, en faisant la haie, il retrouvera peut-être une portée. On a rigolé : un petit robot avec une tête de chat qui fera la pelouse en miaulant.

— Non, qu’a fait la gouvernante, le robot, il est pour le ménage, pas pour le jardin !

Oh, les blagues. On a rigolé. Sacré Paulo, va.

En tout cas, on s’est tous demandé ce qui s’était passé pour de vrai : la machine mal réglée, un défaut d’usine ou un programme avec un bug. La seule explication raisonnable, c’est le patron qui l’a trouvée dans la documentation. Il explique que le robot vient de l’étranger et qu’il a peut-être pas ses papiers. À la télé, on voit des émigrants qui viennent et qui se cachent dans les terrains vagues, c’est bien connu. Pourquoi pas celui-là, sous la haie ? Après, il a fait remarquer que les robots sont pas équipés de passe sanitaire ; pourtant ils bossent comme nous, qui doivent en avoir un. Alors, l’aspirateur a sans doute eu peur et il a préféré prendre la poudre d’escampette, en plus de celle du couloir.

La gouvernante, elle le croit pas. Elle dit que le patron est un pince-sans-rire. C’est vrai qu’on le voit pas souvent se marrer, mais je l’ai jamais vu pincer quelqu’un, pas moi en tout cas. D’un autre côté, même si je comprends pas tout aux explications du patron, je serais pas étonnée que son histoire de robot, il a raison quand même !

 

5 février 2022

robots tueurs (Emma)

em1

références

le petit peuple      CLIC      

les dames du lac     CLIC    



5 février 2022

Mon robot et moi (TOKYO)

 

Mon robot et moi sommes allés au restaurant.

Mon robot n’aime pas sortir avec moi, il dit que je lui fais honte. Il me dit que chaque fois que j’attaque un plat de côtes de porc on dirait un épaulard qui se glisse dans un banc de saumon.

Il est toujours entrain de me parler de mon niveau de cholestérol. Et par-dessus le marché il me planque mes cigarettes car il compare mes poumons à des nappes de goudron.

 Mais la goutte qui a fait déborder le vase c’est sa remarque sur un ton très ironique/

On pourrait supposer qu’une telle femme, une liseuse professionnelle de tarot accorde un certain intérêt à la diététique. Alors là je me suis dit qu’il allait un peu loin

 Je me suis retournée et je lui ai rétorqué je mange et je fume que cela te convienne ou pas.

Ton obésité m’a-t-il répondu te procure une certaine protection, c’est une enveloppe supplémentaire qui réduit ta vulnérabilité.

il lit  Freud le bougre !!

Laisse-moi au moins avaler en vitesse une portion de pudding au tapioca. On ne trouve plus de pudding au tapioca de grand-mère.

Tu souhaites faire un commentaire dis-je avec mon sourire en regardant mon robot.

 Il se lève et règle l’addition en mâchonnant un cure dent. C’est étrange un robot qui mâchouille un cure dent !!La caissière nous regarde tous les deux.

C’est la dernière version me demande -telle ? oui dis-je il commence à être obsolète.il n’a aucun savoir vivre et il me procure une instabilité émotionnelle trop grande.

Il m’a fusillée du regard et m’a rétorqué achète donc une planche à repasser.

v1

5 février 2022

À coups de rabots (Kate)

 

 

À coups de rabots

Il sculpta le robot

Qu'il nomma Pinocchio

Se non è vero, è bene trovato

 

À coups d'os et de matériaux

Victor rescapé sur son traîneau

Entouré de glace et d'eau

Recueilli à bord du bateau

Raconte son histoire de pseudo robot

Réussie au-delà de tous les maux

 

À coups de stylos

On visualise les manteaux

Alourdis de fardeaux

Portés par les filles de Monroe

La pluie comme un rideau

Annihilant tout cerveau

0 2

À coups de dicos

Traquer les mots

Des plus costauds

Aux plus falots

Les priant de raconter

Leur histoire

Leur géographie

Un copeau de leur vérité

Aussi bien dérisoire

Qu'empreinte de philosophie

Parfois teintés d'acrimonie

Mais souvent riches de leur trajectoire

De Saxo Grammaticus à Umberto Eco

De Platon à Barthe en passant par Giordano Bruno...

 

5 février 2022

Un robot aux archives (Clio101)

 

Il était une fois le robot I-Raven

A obéir aux antiques lois édictées par les sages

Il avait été programmé.

Consciencieusement, fidèlement, diligemment

Le jour durant

Il circulait dans les magasins

Jamais le nez au vent.

Il rapportait les documents demandés

Par des lecteurs de savoir affamés.

La série M, la série A et même la section Fi

N'eurent bientôt plus de secrets pour lui.

A force de chercher, circuler, écouter, enregistrer

Il en vint à deviner

Quels documents pourraient compléter

Le travail par les chercheurs réalisé.

Toutes les demandes, invariablement

Étaient enrichies, d'une ou deux boîtes.

Lecteurs, archivistes, visiteurs, en eurent bientôt la bouche coite.

Une pétition fut signée et au ministre envoyée

Demandant d'intégrer I-Raven au service.

Surpris de cette demande incongrue

Le ministre fit une visite impromptue.

Il vit, il pâlit, il rougit et, sur-le-champ

Signa l'arrêté d'intégration.

Et depuis ce jour

Aux archives du Morbihan.

Travaille I-Raven, un agent très surprenant.

 

5 février 2022

Évolution (Walrus)

 
Depuis que je lui ai ajouté un couche d'IA, mon robot tique :
quand je lui donne un ordre, il veut que je m'explique...

5 février 2022

C’est moi, le petit robot (Laura)

 

Je me connecte dès le réveil aux réseaux sociaux

Je reçois des notifications sur des sujets idiots

 

Moi, je suis branché

Et toi, t’es branché [1] ?

 

J’ai plein d’amis que je ne connais pas

Alors que je ne connais pas certains de mes proches

 

Je suis Nono, le petit robot

5 février 2022

Les robots (Lecrilibriste)

 

Regardez-les agir, les robots

Ces automates, ces marionnettes

Ce monde à qui un génie a prêté vie

Pour faciliter la vie des êtres

Ils n’ont pas d’yeux, mais avancent sans hésiter

Ils te parlent,  mais ne t’entendent pas

Ils obéissent électriques et réagissent automatiques

selon la fonction éclectique que la conscience inspirée

d’un cerveau en ébullition a tenté de leur inculquer.

Il a fallu pour cela

Imaginer, dépasser ce qui existe, créer

Car Imagination et création sont illimitées

Il a fallu observer, cogiter, rêver

essayer, échouer, recommencer

partant parfois d’une intuition

jusqu’à ce que  naisse l’éclair de génie

qui va simplifier votre vie

C’est ainsi qu’on se voit dotés

D’aspirateurs, de robots, de batteurs

D’élévateurs, de moteurs à explosion

d’ordinateurs et de télévisions

Qui agrémentent les conditions

On leur attribue même des fonctions humaines

Mais ils n’ont pas d’âme et pas de sentiment

L’intelligence artificielle poussée à son paroxysme

Jusqu’où ira-t-elle ?

Car ils ne sont que robots obéissant à un cerveau

Pourtant

Des esprits maléfiques détournent leur action

En destinations perverses

Mais chaque création a sa part d’ombre

Et l’ombre et la lumière toujours se combattront

Jusqu’à la fin des mondes

 

5 février 2022

Robot tics spots - tiniak


Ranger tout
Ranger tout
Ranger tout
Ranger tout*

Obéir
Obéir
Obéir
Obéir

Baiser ? en rêve
Baiser ? en rêve
Baiser ? en rêve
Baiser ? en rêve

Oublier
Oublier

Oublier...
Oublier ?

Tic, tac, tic toc...

"Ici, c'est bien pour un pic-nic; non ? ma chérie."

C'était hier ou aujourd'hui, la Belle Époque ?
- Tsi, hi ! -

Stock : pots...
spot : tox...
(qui veut quoi ?)

*Sur l'air de l'excellent Michel Jonasz : "Changez tout"
(not' mond' ne tient pas debout !!)
 

5 février 2022

quand la robotique (joye)

carpe dialogue

5 février 2022

Espoir. (Yvanne)


    - Dis Monsieur pourquoi t'es triste ?
    - Je ne suis pas triste.
    - Alors pourquoi tu ne souris pas ?
    - Je ne sais pas sourire.
    - Tout le monde peut sourire.
    - Pas moi.
    - Tu es bizarre toi. Je t'ai déjà vu quand Mine l'infirmière m'amène ici. Tu ne bouges pas et tu me regardes tout le temps.
    - C'est ça, je ne bouge pas et je regarde.
    - Tu es malade ?
    - Non.
    - Alors pourquoi tu restes ici si tu n'es pas malade ?
    - Je travaille.
    - Mais tu n'as pas de blouse blanche comme Jérome. Tu connais Jérome ?
    - Oui.
    - Ça alors ! Tu sais c'est Jérome qui me soigne. Tu ne veux pas savoir pourquoi il me soigne ?
    - Je le sais.
    - Mais non. Tu me racontes des salades. Tu ne peux pas savoir que j'ai une formation cardiaque à mon cœur.
    - Malformation.
    - Tu m'énerves. Tu ne peux pas parler comme tout le monde ?  Et puis d'abord t'es pas drôle comme Pipo le clown qui me fait tout le temps rire.
    - Je ne suis pas drôle.
    - Tu répètes toujours ce que je dis. Comme un robot.
    - Je suis un robot.
    - Ben oui, t'es un robot. J'avais compris figure-toi. T'as un nom ? Moi je m'appelle Lucas.
    - Je sais.
    - Oh tu sais toujours tout. Alors réponds moi c'est quoi ton nom ?
    - Espoir.
    - Mais c'est pas un nom ça ! Pourquoi tu t'appelles comme ça ?
    - Parce que je suis là pour guérir les enfants.
    - Je comprends : tu aides Jérome à opérer les cœurs. C'est ça ?
    - Oui Lucas.
    - Alors je te prête mon cœur. Mais tu me le rends hein ? Et bien réparé ?
    - Promis mon garçon.
   
Lucas n'a pas rêvé : Espoir lui a fait un clin d'œil et un grand sourire.
 

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