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Le défi du samedi
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15 janvier 2022

Dans la forêt (Yvanne)

 

Des personnages insolites ont donné à mon enfance une saveur particulière. Et inoubliable. Qui croirait que dans un village perdu de la campagne corrézienne abritant quelques 60 âmes, aient pu exister des hommes et des femmes surprenants, au mode vie tellement curieux qu'il a alimenté mon imaginaire d'alors, fantasque et débordant.

C'était les vacances de Pâques. Mon frère et moi plongions du bois dans le hangar attenant à la maison familiale. Elle était – et est toujours - située au bord de la route communale desservant le hameau. Nous vîmes arriver une moto pétaradante qui s'arrêta devant nous. Le conducteur nous demanda où il pourrait trouver un certain Jean vivant au château. Immédiatement je trouvai à cet homme juste entrevu un air bizarre sans pouvoir m'en expliquer la raison.

Nous lui indiquâmes la direction à prendre mais pendant que mon frère courait raconter la nouvelle à nos parents, je m'avançai jusque au pied de la colline où se situait le manoir pour tenter d'apercevoir le bonhomme. Il parlait avec Jean dit Jeantou, le régisseur-gardien-homme à tout faire des lieux. Jeantou, un célibataire original et acariâtre à la botte des châtelains. J'exécrais Jeantou. Mais c'est une autre histoire.

Nous apprîmes que les « bourgeois » avaient embauché un bûcheron pour effectuer une importante coupe de bois. Jeantou gardait jalousement les renseignements qu'il possédait sur le nouvel arrivant au grand dam des villageois. Nous ignorions tout sur le personnage qui débarquait chez nous : son nom, sa provenance etc... Une énigme savamment entretenue par le régisseur qui devait jubiler devant les mines avides des uns et des autres. Ma curiosité n'en fut dès lors que plus exacerbée et je n'eus de cesse d'en apprendre davantage. Je savais où se situaient les forêts du châtelain et je m'y rendis, seule, les jours suivants.

Les coups de cognée me guidèrent et je vis – de loin bien sûr - le bonhomme occupé à construire une grande cabane. Puis Jeantou arriva avec sa vieille guimbarde et ensemble ils déchargèrent un lit, une gazinière, une table, deux chaises et d'autres accessoires nécessaires à l'installation du bûcheron. Pas possible : l'individu allait demeurer là. Et c'est bien ce qu'il fit durant près de deux ans. Il ne venait jamais au bourg et vivait en ermite. Jeantou lui apportait des vivres une fois par semaine et était le seul à le côtoyer. De temps à autres cependant on le voyait passer sur sa moto mais il ne faisait jamais halte dans le village.

J'allais chercher les champignons dans ces bois. Un matin, occupée à ramasser des cèpes je ne vis pas arriver l'homme. Lui non plus ne m'avait pas aperçue. Nous nous fîmes face aussi stupéfaits l'un que l'autre. Je laissai tomber mon panier de saisissement. J'eus très peur en découvrant un personnage hirsute, au visage tout couturé. Avec sa grande taille, sa carrure impressionnante et sa hache à la main, il était tout à fait semblable à l'image que j'avais de l'ogre dans l'histoire du Petit Poucet. Je pris mes jambes à mon cou et déguerpis.

Cet homme n'était sans doute qu'un pauvre bougre qui cachait sa misère au fond des bois. Dans ma tête de gamine de 8/10 ans en quête d'originalité il n'en fallait cependant pas plus pour alimenter un esprit bouillonnant.
Je ne suis pas retournée dans cette forêt par la suite durant de nombreuses années. D'autant plus que le bûcheron s'était suicidé dans sa cabane. Le mystère étant resté entier l'endroit était maudit pour moi.

 

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15 janvier 2022

La petite fille et l’ogre (Clio101)

 

       On l'avait répété cent fois à Samira. La forêt est très dangereuse ; il ne faut y aller sous aucun prétexte. Il y règne des créatures mauvaises qui t'enlèveront pour te tuer ou faire de toi leur esclave. N'y va jamais ou tu pourrais ne jamais revenir.

      Il fallait particulièrement se méfier de l’ogre de la forêt. Il avait tout le gibier des bois à sa disposition mais son plat préféré était sans conteste le rôti de petite fille. L’ogre rôdait dans les bois pour s’emparer des petites filles imprudentes qui s’aventuraient sur son territoire. Après les avoir attirées chez lui par des paroles enjôleuses il les endormait et les faisait cuir dans son four avec des pommes de terre et des oignons tendres.  On le reconnaissait à la peau de sanglier qu’il portait en permanence sur lui et aux bois de cerf qui couvraient son crâne.

      Une petite fille ordinaire aurait sagement obéi aux adultes. Elle n’aurait pas discuté et n’aurait jamais songé à aller dans les bois puisque cela est aussi dangereux. Mais Samira n’était pas une petite fille ordinaire. Quand on lui donnait un ordre elle voulait exactement faire le contraire. Ou plutôt elle n’aimait pas acquiescer aveuglément mais voulait expérimenter par elle-même les conséquences de ses actions. Par exemple si on lui disait : « n’approche pas ta main de la marmite, tu vas finir par te brûler », elle tendait la main vers la marmite pour mieux sentir l’intense chaleur sur sa paume.

      Alors quand on lui dit de ne pas se rendre dans la forêt un vif désir la saisit de l’explorer pour découvrir si toutes les créatures mauvaises qui y habitaient existaient vraiment. Un après-midi où toute sa famille faisait la sieste après un long déjeuner, elle lui faussa compagnie et se dirigea vers ce lieu mystérieux.

      Au fur et à mesure qu’elle pénétrait dans le couvert des arbres Samira contemplait avec étonnement le spectacle qui s’offrait à elle. Les taillis, sous-bois, mousses et feuilles de toutes formes formaient une palette de verts touffue et bigarrée. La lumière perçait entre les feuilles des plus hauts arbres et dessinait une myriade de paillettes d’or qui n’en finissaient pas de se recomposer. Le regard de Samira scintillait à l’unisson de ce jeu de lumière et le froufrou des feuilles et le claquement des branches mortes sous ses pieds lui donnaient le sentiment que son cœur battait à l’unisson de la forêt. À ce paysage venait s’ajouter le chant des oiseaux et des animaux qui lui souhaitaient la bienvenue dans ce monde : la trille de l’alouette comme un babillement incessant, le son aigu de l’épervier, une note qui montait à intervalles réguliers vers le ciel, le brame du cerf, le sifflement du loriot et le grognement du sanglier au loin. Au milieu de ce concert de salutations résonnaient les trois notes de la huppe, comme un avertissement. Samira n’y aurait pas prêté attention si elle n’avait entendu, comme mêlé à ces sons, la plainte lugubre d’un chagrin que rien ne parviendrait à combler.

      Portée par son instinct et toutes ces voix bienveillantes elle suivit la trace de ce sanglot jusqu’à parvenir à une maison en bois. Une maison en bois tout à fait ordinaire, pareille à celles de son village, à deux détails près. A l’exception du toit, tout était délabré, comme si quelqu’un avait fracassé tous les murs à coups de poing. Assis devant la cabane se trouvait un homme vêtu d’une peau de sanglier et coiffé de bois de cerf.

      Samira se recula et se prépara à fuir. C’était l’ogre de la forêt.

      Ses pieds refusèrent de lui obéir.

      Un torrent de larmes ruisselaient sur les joues de l’ogre.

 

8 janvier 2022

Défi #698

 
Bon appétit !

 

Ogre

 

6981

8 janvier 2022

Sont rentrés de voyage

8 janvier 2022

On the road again (Walrus)

 
Un beau jour, lassé du camping sous tente dont les montages et démontages sont de solides freins aux déplacements, j'ai proposé à mon épouse de nous équiper d'une caravane.

Les enfants ne venaient plus en vacances avec nous, nous allions pouvoir parcourir l'Europe et vivre des septembres nomades ! (Oui, moi, l'été, le soleil et la mer : rien à cirer !)

Nous avons donc acheté un petit modèle pas plus large que la voiture, ce qui nous permettrait de passer partout. Pour ne pas sacrifier la robustesse nous avons opté pour un truc comme seuls les Allemands peuvent en produire : chassis en acier et tout et tout !

La première année, question de ne pas nous précipiter, nous nous sommes installés à Chimay et avons exploré à fond tous les alentours, principalement la Thiérache, ses églises fortifiées, sa boulette d'Avesnes et ses tartes au Maroilles avec bol(s) de Poiré.

Cette première expérience nous a permis de constater qu'une petite caravane, c'est bien, mais un brin exigu ce qui vous oblige à transformer chaque soir votre coin à manger en lit et vice-versa le matin. Nous lui avons donc adjoint un auvent/tente latéral·e (mouarf).

Et, comme le serpent qui se mord la queue, nous nous sommes retrouvés avec l'incovénient typique des tentes : le montage et le démontage.

C'est pour cette raison que, pendant une vingtaine d'années, nous nous sommes installés sous le même pommier d'un camping de Sankt-Vith et avons exploré l'Eifel. Et si vous dégotez dans cette merveilleuse région un burg que nous n'ayons pas vu, je vous y paie un séjour de deux semaines !

P1030679

 

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8 janvier 2022

Nomade (TOKYO)

 

Avant de partir j’avais décidé de découper ma photo dans tous les albums photos.

 Cela faisait longtemps que je ne me sentais pas à ma place ici.

J’ai toujours été un cheval dans une course truquée mais la s’en était trop.

Mais je n’abandonne pas , le nomadisme me conduira jusqu’à la ligne d’arrivée.

Et je me débrouillerai toute seule.

Depuis ma vie est dingue, je ne suis quand même pas sur cette terre pour uniquement payer mes traitres.

 Le nomadisme me va comme un gant.je suis entrain de me transformer complètement.

 Sans domicile fixe, je me suis approprié un charriot de carrefour et j’y ai mis toute ma fortune.

J’ai un sacré pouvoir sur les automobilistes surtout quand je traverse hors des passages cloutes.

Dire que je voulais être ingénieur quelle bourde !!Je laisse aux imbéciles les mauvais choix.

Je me sens essentielle à l’intrigue du monde. Je sais maintenant qu’on peut déjouer le destin, l’autorité, le mensonge du progrès, de croître ou crever.

Je veux faire triompher le rire sur le dogme.je sais que vous me prenez pour une snob, amis croyez-moi j’en ai fini avec ça .

D’ailleurs venez me retrouver quand je cherche les toilettes alors que tous les accès sont interdits aux nomades.

 C’est un moment créatif qui demande beaucoup d’habileté je méconnaissais mes ressources en stratégies.

La seule chose que je regrette dans cette vie de bohème c’est ma robe de mariée mexicaine, avec plusieurs couches de dentelles et plusieurs épaisseurs de fanfreluches. Et ces rangées de boutons de nacre et ces rubans de couleurs vives.je ferme les yeux les mains rives au chariot de carrefour je rêve à ma robe de mariée.

En raison de ce satané rêve j’ai abandonné ma vie de nomade j’ai rendu le chariot à carrefour. Bon les conséquences ont vite été désastreuses mais ça c’est une autre histoire.

v1

8 janvier 2022

Participation de JAK

 

Ce soir je suis damnée, je ne peux pas terminer mon billet sur Nomade.

Au moment où  je relis, et émonde mon texte de Sam ‘défi,
péniblement scribouillé, à la lumière  d’une  LED A67 ,
v’la qu’ un démon fait  surgir  d’elle, un  immense éclair en zigzag,.
Etincelle pas dans mon crâne hélas, mais au plafonnier.

Chuis dans le noir

Mon chien Ado hurle,

Nulle en électricité, je mande aussitôt un spécialiste sur les ondes,

Il m’assure que c’est une histoire d’anode

C’est quoi ? lui demandé-je

Problème avec votre Conducteur relié au pôle positif d'une source de courant continu,
m’affirme-t-il

J’en conclus dans ma p’tite tête que mon courant est devenu nomade, et que je ne suis pas près de voir clair dans la maison, d’ici un bon moment. !

Alors je m’affale sur le canapé, et pour être davantage dans le noir, je mets un masque,
Dans mes mains, je serre, un galet  zen relaxant et nomade- lui aussi- , mais qui  fonctionne sous batterie.

gallet nomade

 

8 janvier 2022

Vieux routard que j'aimais (Vegas sur sarthe)

 

En ces temps dérangés il faut être nomade
voler par la pensée vers des contrées plus vertes
faire au fond de nos lits de belles découvertes
sentir nos cœurs ardents qui battent la chamade

Courir le guilledou au rythme des saisons
fourrager au buisson sans souci des épines
surprendre à son terrier l'agile salopine
ou l'oie blanche alanguie jusqu'à la plumaison

Oublier d'où l'on vient pour mieux y revenir
et jouer les routards sans guide ni contrainte
sur la carte du tendre ouvrir des labyrinthes

Jalonner nos parcours d'intrépides conquêtes
et quand nous aurons bien éculé nos baskets
rentrer fiers et repus, gavés de souvenirs

 

8 janvier 2022

Dans nomade il y a 'no' et 'mad' (Adrienne)

 

Le 10 mai 1940, comme bon nombre de Belges, les quatre futurs grands-parents de l’Adrienne étaient prêts à se jeter sur les routes en direction de la France.

Côté paternel, à la chapellerie, chacun était paré : les deux gamins portaient fièrement leur petit sac à dos de scout et le plus jeune se trouvait investi de la mission de confiance, le transport du pique-nique. Du pain, du saucisson.

Prêts à partir à pied pour l’aventure.

Mais au dernier moment, alors qu’ils étaient déjà tout harnachés au seuil de la porte, le père a changé d’avis : tous ces pauvres gens qui remontaient sa rue en direction du sud avaient l’air d’être déjà en bout de course, exténués et hagards. Ce n’étaient plus les belles voitures du début, ni les attelages, mais des charrettes à bras et de tristes baluchons. Comme le leur.

Alors il est rentré et a déclaré qu’ils resteraient là, finalement.

C’est le gamin au saucisson qui en a été le plus déçu.
Il avait 12 ans.

De l’autre côté de la ville, chez grand-mère Adrienne, on ne cessait de peser le pour et le contre : en fait, grand-père était pour, grand-mère était contre. Elle s’imaginait la soldatesque allemande dans sa maison et cette idée lui était intolérable :

- Il n’est pas question, déclara-t-elle finalement, il n’est pas question que je leur laisse ma machine à coudre toute neuve !

Une Singer qui venait précisément tout droit des usines berlinoises.

C’est ainsi que des deux côtés de la famille de l’Adrienne on a continué à faire ce qu’on faisait très bien depuis des siècles : ne pas quitter la ville où on était né.

 

8 janvier 2022

Voix nomades (Joe Krapov)

 

Une hypothèse un peu morbide :
Il se peut qu’un jour on décède...

Est-ce le temps qui le décide ?
Trois Parques souffrant d’hémorroïdes ?
Au bout de combien de décades ?
Qui juge qu’on est passé de mode ?
Qui met les peuples à l’amende ?

Que l’on soit tribus en exode,
Vieil aède rêvant de saine solitude,
Nous voilà tous humains nomades
A parcourir le vaste monde
Pour cueillir ses offrandes,
Ses citrons, ses amandes,
Fabriquer limonade
Et chanter à la cantonade
Les beautés dont il abonde...
Ou fuir des contrées incommodes.

Nos saisonnières escapades,
Nos déplacements de bipèdes,
Cette quête qui nous obsède
D’éphémères béatitudes,
En ferons nous quelques ballades,
Des contes de Schéhérazade
Ou de somptueux interludes ?

En écrirons nous, des salades ?
En remplirai-je, camarades,
Des cahiers d’écriture nomade ?

2022-01-07 - 285 19

Oui ! Oui ! Ecrire à toute blinde
Comme on avale un vieux remède,
Comme souffle le vent d’Ostende,
Comme s’entortille la ronde,
Comme tourne la sarabande !

Oui ! Oui ! Tant qu’on me le demande !
Tant que j’aurai de la faconde,
De l’aptitude à la débride,
La joie et l’appétit solides,
Et l’envie de taquiner l’oud !

Qu’on chante et danse, ami·e·s nomades !
 

8 janvier 2022

Sac matelot et camping car (Kate)

 

Nomadisme : luxe de ceux qui savent que c'est provisoire... ou évidence de ceux qui, tels que bien des héros et héroïnes de Douglas Kennedy pensent qu'ils pourront refaire leur vie, loin, anonymes, prêts à tout instant à s'enfuir et qu'une modeste pièce repeinte en blanc agrémentée de quelques vêtements et articles de base leur suffiront ? Mais, il y a un "mais", sinon il n'y aurait pas d'histoire et si loin qu'on aille, etc.

Le nomadisme, s'il n'est pas un mode de vie réellement choisi ne sera que générateur d'angoisse et de tension et le passé ressurgira forcément et c'est là tout le talent de l'écrivain qui arrive à nous entraîner et nous impliquer !

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Ivan Jablonka, historien, m'avait emballée avec son livre si personnel "En camping car" où il y raconte l'engouement de ses parents pour ces longues équipées à travers l'Europe. Il m'avait aussi émue avec son étude sur les enfants de l'Assistance, abandonnés dans le XIVème arrondissement ou ailleurs qui allaient servir dans les fermes d'Auvergne ou ailleurs, telle ma grand-mère paternelle. Mais c'est une autre histoire, où le "nomadisme" est subi et où les chances de bonheur sont faibles...

Philippe Jaenada, découvert lors de la sortie de "La serpe", qui retrace son enquête autour de vies en lien étroit avec l'histoire contemporaine, m'a réembarquée cet automne avec "Au printemps des monstres". Qualifié d' "orpailleur du fait divers" (par Cyrille Falisse, librairie Lo Païs, Draguignan), cet écrivain passionne par son enquête tout en racontant sa vie personnelle et quotidienne en même temps. Parisien ancré dans son quartier, ne se dépare jamais de son éternel sac matelot. Nomade dans l'âme, nomade à ses heures, il passe des jours à fouiller et analyser des archives et toutes les sources documentaires possibles et loue soudain une voiture pour partir dans quelque endroit qu'il veut voir pour son enquête, toujours muni de son iconique sac matelot, quoi qu'il arrive, ville ou campagne, mer ou montagne.

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Michel Bussi, géographe, m'a fait passer comme par enchantement de 2021 à 2022, à un rythme effréné, sur les pas de Maurice Leblanc et d'Arsène Lupin par tous les moyens de transport possibles pour essayer de déchiffrer le "Code Lupin" : nomadisme échevelé et haletant à travers la Normandie sur fond de carte IGN, comme quoi...

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Oui, j'ai délaissé Deleuze, j'en ai eu marre, hein, et à bord du "Peace and Love", équipée de mon sac matelot, j'ai retrouvé des lieux de Normandie que je connaissais et j'ai eu envie d'en découvrir bien d'autres, dès que possible...

8 janvier 2022

Une amie de passage (Yvanne)

 

C'était juste après la rentrée scolaire de septembre. J'avais huit ans. Dans la classe, la maîtresse dispensait ce matin-là sa leçon de morale journalière. Elle fut interrompue par l'irruption d'un homme et d'une petite fille à peu près de mon âge. Nous regardions tous, bouche bée ces deux personnages insolites qui s'étaient avancés jusqu'au bureau de Madame Briard. Le père, un grand sec, poussait devant lui sa gamine. Elle, les yeux baissés, résistait, semblait clouée sur place.

Après un bref entretien le bonhomme repartit non sans nous avoir jeté, à nous les enfants un coup d'œil qui en disait long. Un coup d'œil que nous avions facilement pris pour un avertissement. Je compris pourquoi plus tard. La petite n'avait toujours pas bougé d'un pouce. La maîtresse tenta vainement de lui enlever une veste informe qu'elle serrait convulsivement sur son ventre. En désespoir de cause, l'institutrice la prit par la main et la guida à travers la salle jusqu'au bureau que j'occupais seule. Elle finit par s'asseoir sur l'insistance de Madame Briard.

C'était un vieux pupitre en bois à plan incliné, de deux places avec un banc accolé. Ma nouvelle voisine se tenait tout au bout, la tête penchée en avant, ses cheveux tombant en mèches raides et noires sur sa poitrine. Je fus immédiatement surprise par l'odeur qu'elle dégageait. Un mélange de sueur, de fumée et surtout d'urine forte.

La maîtresse nous indiqua que notre camarade se nommait Rosalie. Des rires fusèrent. Rosalie ? La chienne du père Nussac portait ce nom. Les garçons se poussaient du coude et on entendait murmurer « baraquaine, c'est une baraquaine » terme péjoratif s'il en était. Mais le calme fut vite rétabli : il suffisait pour cela d'un coup de baguette asséné sur le tableau. Nous eûmes droit à une autre leçon de morale où il était question de tolérance. Et pour couper court la maîtresse décida que Rosalie serait Rosa.

Nous étions curieux et n'avions pas beaucoup de distractions. Aussi, la présence de Rosa nous occupa tous pendant quelques jours. Elle se tenait loin de nous, repliée sur elle-même pendant les récréations. Insidieusement cependant elle s'approcha petit à petit des groupes que nous formions pour nos jeux - sans pour autant participer - quand tout le monde l'eut oubliée un peu.

Quant à moi je m'étais si bien habituée à ma petite camarade que je lui proposai bientôt de l'aider pour ses exercices. Après avoir un temps refusé farouchement mon concours elle accepta sans mot dire. Je la vis se métamorphoser au fil des jours. D'abord physiquement. Elle était maintenant à peu près propre et les cheveux démêlés. Persistait cependant les remugles d'urine. Puis Rosa se mit à me suivre partout à l'école et aussi au dehors, à me parler, à se confier.

J'appris tout de sa vie nomade. Elle et sa famille – le père, la mère et deux autres enfants en bas âge – se déplaçaient au gré de leurs envies ou plutôt pour trouver quelque travail. Ils vivaient dans une roulotte. Elle était tout leur bien avec un cheval de trait. Rosa ne m'invita pas à venir dans la clairière où ils avaient établi leur camp. Mais je l'accompagnais jusqu'au bout du village. C'était la limite qu'elle me fixait. Elle me repoussait ensuite.

J'avais aperçu cependant leur campement et toute étonnée je l'interrogeai sur ce lit incongru posé entre les roues de la roulotte. Rosa m'expliqua que ses parents dormaient là par manque de place à l'intérieur. Elle partageait sa couche avec ses petits frères « qui faisaient tout le temps pipi ». Je compris alors qu'elle m'avouait implicitement d'où venait cette odeur dont elle n'arrivait pas à se débarrasser. Je ne l'en aimais que davantage. Elle me raconta leurs déboires dans les villages où ils n'étaient pas les bienvenus et comment son père devait chasser les enfants qui leur lançaient des pierres et des insultes. D'où le regard appuyé du bonhomme aux élèves le premier jour de classe de Rosa.

Puis un jour, avant Noël, ma petite amie n'est plus venue à l'école. Et la clairière est restée désespérément vide. J'eus beaucoup de chagrin. Chaque année, juste après la rentrée, je l'attendais, je l'espérais mais je ne la revis pas.

 

8 janvier 2022

Alors les nomades?! (Laura)

"Alors les nomades?!"

Voilà l'apostrophe interroga/exclama-tive qui nous accueillait sur un ton ironique là où nous allions voir mes parents parce que si nous avions attendu qu'ils viennent, nous en serions comme aujourd'hui: 2 ans sans se voir, jusqu' à 3 en fait... comme lorsqu'on m'a appelé pour me dire que... tu étais mort. Je les ai appelés par faiblesse alors que tu m'avais fait promettre justement de ne pas les appeler s'il t'arrivait quelque chose. Je t'ai trahi... par faiblesse.           

Alors que tes parents à toi sont venus nous voir, eux, jusqu'à leurs 85 ans.. et encore, parce qu'on a pensé que c'était trop fatigant pour eux à 85 ans en train. D'autres n'avaient pas les mêmes scrupules. En plus mes beaux-parents seraient nous voir encore plus souvent si je n'avais pas déjà été aussi asociale.

En fait, mon père nous traitait de touristes mais pas dans le sens premier du mot, du Grand Tour. Non, nous étions des touristes, des gens qui n'arrêtaient pas de bouger parce que n'avions que ça à faire donc peut-être même l'inverse des nomades dont c'est le mode de vie de bouger. Nous voyagions pour voir les gens que nous n'avons jamais vu chez nous ou si peu; ils bougeaient ailleurs mais pas chez nous. C'était ç cause du travail, de la tante, du chat etc. En fait, ils n'avaient pas envie de nous voir, nous. Je leur demande juste aujourd'hui de le reconnaître q, qu'ils m'aiment moins ou pas au lieu aujourd'hui de se trouver d'autres excuses comme l'âge ou la maladie.

Les gens extérieurs nous trouvaient aussi nomades: nous faisions beaucoup de kilomètres pour voir nos familles à travers le pays alors que ces mêmes venaient chez nous quand ça leur chantait avec forces criques

Alors que nous, prévenions longtemps à l'avance de notre venue et tout le monde n'était pas là.

8 janvier 2022

Rêve éveillé (Lecrilibriste)

 

Un beau matin

Je partirai sur les routes nomades

Sans savoir où mes pas vont me porter

Semée de doutes, l’âme tourmentée

Mais décidée à ne pas renoncer

À l’aventure, Je partirai

Oubliant la géométrie des tours

et l’univers obscur de l’ailleurs

de ces coins de terre que j’ignore

La mue déjà craquelle la peau

De la fin de ce monde fracturé

Un loup dort encore, prêt à mordre

Dans la profondeur des steppes

Mais l’enfant élu

Caresse les branches du pommier en fleurs

Loin de la démesure humaine

Loin de la toute puissance

Loin des jeux pervertis du monde

Son regard se perd vers un horizon neuf

Au-delà du ressac des illusions figées

Sa vague de jeunesse balayera le monde

Alors je partirai rassurée

 

8 janvier 2022

Nomade, no cry (joye)

L’intellect de Naomi devint nomade longtemps avant la naissance de son dernier petit-fils. 

Mais, comme tant de belle-filles, la jeune mère était trop occupée, trop stressée, trop chargée, pour se douter de ce départ.

Voilà pourquoi, en passant récuperer son fils ce soir-là, Caroline était surprise de retrouver Naomi, seule, muette, perchée sur un tabouret dans la cuisine obscure. La table n’était pas mise, il n’y avait rien sur le petit réchaud à gaz.  Lorsque Caroline alluma, Naomi commença à fredonner une chanson sans mélodie.

- Naomi, il est où, notre Alain ? demanda la jeune femme.

- Alain, Alain, bambin, bambin, murmura Naomi.

- Naomi, il est où, notre Alain ? redemanda sa mère, qui commença à regarder partout dans l’appart’.

- Il est où, bambou, bambou l’est où, chantonna Naomi, immobile sur son tabouret. Dans sa tête, elle parcourait encore à cheval les steppes eurasiennes de naguère.

Caroline eut une envie sauvage de secouer la vieille absente devant elle, de la gifler, mais elle se retint. Il ne fallait pas paniquer. Cela ne servirait à rien. 

Elle saisit son portable et fit le numéro de son mari. Ayant sa messagerie, elle arriva à expliquer la situation avant que les sanglots ne pussent écraser les mots qui voltigeaient bizarrement au bout de ses lèvres rouges et crispées. 

Son message terminé, Caroline resta figée encore quelques secondes, ne sachant quoi faire après. Le réflexe de faire le 17 était repartie comme une grande rapace de passage, un oiseau rare dont les ailes battaient douleureusement dans sa poitrine.

Naomi répétait ses dernières syllabes ; les sons résonnaient dans la petite cuisine.

- Rappelle-moi, moi, moi, ra, pelle, moi…

Le visage blanchi, Caroline rattrapa ses clés et quitta le petit appartement en courant.

Avant d’arriver au bout de l’escalier, le talon de sa botte se cassa, et Caroline s’envola comme un petit faucon grisé par la vitesse d’une pourchasse violente.

Naomi, égarée par le bruit dans l’escalier, se leva lentement pour aller voir. 

Caroline, atterie sur le palier, entendit à peine les vagues pépiements de sa belle-mère qui la fixait du haut dans les nuages sombres qui se rassemblaient, peu à peu.

- Cassa coucou le cou le cou, cassa le cou, pauvre coucou…

8 janvier 2022

NO MADE ( maryline18 )

 

Dans un magasin de souvenirs, on y entre acheter l'objet qui matérialisera pour toujours le parfum des beaux jours : Un bol, un vase, un verre, une carte, un porte-savon et peu importe qu'il soit fabriqué en Chine ou à Tataouine, l'important est ailleurs.

La boutique est tout en désordre alors, chercher cet objet me prendra plus de temps que prévu. Comment faire ? Je ne sais pas où poser mon regard. Me vient alors une idée : J'arrête le balancier de l'horloge de Grand-Mère trônant au beau milieu du bric-à-brac.

Je vide l'une des étagères encombrées et j'en contemple le vide, celui qui pourrait me permettre de tout recommencer, de tout réorganiser d'une façon plus hamonieuse, plus satisfaisante...Je pose sur leur tranche chaque livre. Le dictionnaire à été recouvert d'un papier adhésif identique à celui de l'intérieur des armoires de la cuisine, avec des carreaux jaunes et oarngés. Je me souviens de ces quelques livres d'histoires et de leurs illustrations, tant regardées qu'elles en ont perdu un peu de leurs couleurs.

(Aimait-t-elle me regarder quand j'étais là, de ses yeux si gris ?)

Je dépose, déçue, les cahiers de l'année. J'en ai arraché toutes les vilaines pages raturées. Je voulais mieux faire... En dessous, un pot de crème bleu pour me graisser le visage avant de partir à l'école et puis une bouteille d'eau de cologne. Arriverais-je à remettre assez d'odre pour retrouver ce que je cherche ? Voilà un bonnet et une écharpe beige à grosses mailles et puis la robe de chambre cousue sur la machine à pédale, devant la fenêtre. < Regarde maman, je sais coudre !> L'odeur du tissu neuf est partout. 

L'horloge perd patience et reprend son tic-tac insolent qui remplit aussitôt la pièce. Le commerçant, agacé m'interroge :

_" Je peux vous aidez Madame ? Quel genre de souvenir cherchez-vous ? "

_" Je ne sais pas au juste, une preuve, un signe...

_" J'ai ce que vous cherchez, tenez ! "

Il me tend sa paume soutenant un contenant vide et totalement invisible. Je le secoue pour en deviner le contenu mais ne s'agite qu'un silence assourdissant. Je le retourne et y lis l'inscription :

NO MADE

 

1 janvier 2022

Défi #697

 
Allez, on se bouge !

 

Nomade

 

6971

 

1 janvier 2022

Ont eu du pot

1 janvier 2022

L 'arbre à mastic (JAK)

Défi #696

1 janvier 2022

Frénésie (Yvanne)

 

Chic ! Un mot qui tombe à pic : mastic. Si je pouvais m'en coller sur les yeux et les oreilles pendant les fêtes de fin d'année...

 

y

 

Comme la boule, si je pouvais me casser...au fond des bois...

 

y2

 

Je dis non à la fureur (obligatoire) des fêtes de fin d'année.

 

 

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Le défi du samedi
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