« C'est nouveau cette pierre bleue ? » Germaine soupire en tripotant la petite pierre qui orne son nombril : »C'est une agate, c'est pour mon bien-être moral et physique » « Et ça fonctionne ? » « Euh … non » « C'est sensé faire quoi quand ça marche ? » Germaine soupire encore : « Me reconnecter avec moi-même » « Te reconnecter ? » « Parfaitement ! Et retrouver la sérénité face aux tensions du quotidien » « Et ça marche ? » « Euh … non » « Et est-ce que ça soulage les maux de tête ? » Germaine me lance son regard noir : « Pourquoi tu dis ça ? » « Pour rien »
Assise sur le rebord de la baignoire, Germaine allume la radio. On entend Mick Jagger chanter 'Agate the blues for you, yeah' Germaine pleurniche maintenant : «Tu vois … ça marche pas»
Oui, "Réparer les vivants" me semblait une lecture insurmontable à sa sortie l'an dernier.
Non, "Canoës" ne m'a pas effrayée mais m'a attirée dès que son auteure en a parlé dans l'émission "La grande librairie".
L'architecture de ce livre de nouvelles organisées autour d'une nouvelle centrale qui, telle une pierre précieuse se trouve enserrée dans sa gangue qu'on a joie et surprise de découvrir.
J'ai sauté de "canoës" en "canoës", entendu des "voix" toutes si uniques et si authentifiables, découvert le sous-sol, l'histoire, la géographie et la sociologie de Golden, cité minière qui tire son nom de son fondateur, M. Golden, chercheur d'or.
J'ai suivi des parcours de vies qui en croisent d'autres, tels des filons aurifères ou non à travers le livre précieux de Maylis de Kerangal, poli comme une agate.
M'attend, prometteur, le "Noir diamant", peut-être plus sombre...
C’est dans la gaîté Des cours de récré Qu’on rencontre Agate.
Elle est jolie, ronde, Tout en transparence, Vous tape dans l’oeil.
On rêve d’aller Dans sa chambre jaune Goûter ses mystères
(Son père, pâtissier, Fabrique des glaces !).
Tiquette, deux billes ! La vie vous sépare, Vous emmène dare-dare
Pour d’étranges noces Mener chez le Tzar De sombres intrigues,
Chez les Bohémiens Aventures farouches, Dans des châteaux noirs Hanter des fauteuils, Des vies ténébreuses, Revenir de loin Ou de l’opéra Quelque peu fantôme.
Et puis tout s’arrête De ces tournoiements De différents temps.
Le sable a coulé Entre vos doigts fins En n’y laissant rien De bien constructif.
Alors qu’on respire Le parfum malsain D’une dame en noir Qui vient vous saisir Avec le mot « fin »,
Comme au vieux traîneau Du citoyen Kane On pense soudain A ce souvenir D’une enfance enfuie Et on se demande :
- Et toi, pauvre Agate, Dans toutes ces bisbilles Comment as-tu roulé ta bille ?
Le pays Natal : découvert par Vasco de Gama le 25 décembre 1497 (nommé de la même façon que l'Ile de Pâques, découverte le jour de Pâques).
"Zulu" en anglais, comme le titre du thriller du même nom de l'auteur français Caryl Férey.
Comme le fait remarquer Pierre Lemaître dans son "Dictionnaire amoureux du roman policier" (amoureux dans le sens où il résulte de ses choix subjectifs personnels et avec lesquels je ne suis pas forcément d'accord, normal) dans les pages 229 à 233 qui sont consacrées à cet auteur : quel choix de prénom étonnant pour un français né dans les années 60 !
Me renvoit comme un écho à la chanson de Nicolas Peyrac, tube des années 70, "So far away from L.A." dans laquelle le Caryl américain est évoqué ... Donc Caryl Férey porte ce prénom choisi par ses parents et il a prénommé sa fille Emma en l'honneur d'Emma Peel (cette Emma, c'est moi, comme Emma Bovary c'était Flaubert, ou se plaisait-il du moins à le dire) !
Et que dit le livre "Les langages de l'humanité", à l'entrée "zoulou", page 305 ? Qu'il y a tant de dialectes bantous, pas facile... Par ailleurs tant de guerres, évoquées par la chanson "reggae" de Serge Gainsbourg "Bana basadi balalo" qui les dénonce.
Serge, prénommé Lucien à sa naissance, s'étant d'abord choisi Julien comme nom de scène (Lucien/Julien) puis le prénom Serge pour ses consonnances russes, rappels de son enfance... Et Serge a prénommé son fils Lucien (oui, Lulu, fils de Bambou).
Quid de Johnny Clegg, surnommé le "Zoulou blanc"
Et sa lutte contre l'Apartheid, sa musique, ses chansons... Johnny, à la naissance prénommé Jonathan...
Comme George Sand (c'est pas moi), prénommée à l'origine Amantine (oui, Aurore aussi mais d'abord Amantine), Lionel Shriver est une femme américaine (prénommée Margaret Ann jusqu'à l'âge de quinze ans), écrivaine et journaliste, roman de la rentrée (pas policier du tout) tellement génial et plein d'humour que je n'ai pas pu le lâcher, victime aussi d'addiction mais quant à moi à la lecture !
Grâce à l'évocation du mot "zoulou", je pars bientôt pour la Sibérie avec "Lëd" avec Caryl Férey, qui saura dépeindre tout le charme de Norilsk puisqu'il y est allé !
Dans l'ordre des alphabéticiens le Zoulou se situe entre le Zouave dont la culotte est réputée pour avoir été visitée par la main de ma sœur et le Zut, interjection proche de la flûte, de la crotte et de la saperlipopette. Le Zoulou étant donc confortablement installé entre ces deux vocables tout comme moi sur le siège de velours râpé de mon cinéma de quartier, j'éteignis mon dictionnaire portatif et connecté tandis que le générique du film défilait sous mes yeux. Il n'y a pas mieux que les cinémas de quartier pour diffuser des films des années 60 et je me régalais d'avance de cette baston entre zoulous et rosbifs mais plus attiré par la belle suédoise Ulla Jacobsson que par Michael Caine … On pourrait croire que 200 rosbifs ne firent pas le poids contre 4000 zoulous mais c'était sans compter sur la magie du cinéma et le génie de Cyril Endfield. Pourtant malgré le vacarme du combat en dolby digital multicanal je réussis à m'endormir.
« Adjani » Je m'éveillai en sursaut, avachi sur l'épaule de ma voisine – une jeune et jolie africaine – qui insista « Adjani ». Je pensais qu'elle s'était trompée de salle mais j'apprendrais plus tard qu'elle disait Unjani qui veut dire Comment allez-vous en zoulou.
Devant ma gêne elle ajouta : »Hugues solo ». J'étais en solo, je ne m'appelais pas Hugues, elle avait dit Uxolo qui signifie Excusez-moi et j'étais toujours aussi gêné. Devant son sourire, je l'excusai aussitôt. Le film était terminé depuis longtemps mais elle n'avait pas voulu me déranger dans mon sommeil ; je lui proposai d'aller prendre un café et de m'initier au zoulou. C'est ainsi que j'ai découvert que Bese ne veut pas dire Baiser mais Et puis. J'ai appris aussi que Hue ciseaux n'est pas une position du Kama Sutra mais c'est Usizo qui veut dire Au secours.
J'osai faire le malin en lui parlant de Johnny Clegg le roi des zoulous mais elle éclata de rire et m'informa que leur tout nouveau roi s'appelait Misuzulu Zulu et n'avait rien d'un chanteur de rock. Pour m'excuser je l'invitai chez elle – c'est plus pratique – et nous refîmes en quelque sorte la bataille de Rorke's Drift… Parée de colliers de perles et les seins nus elle entonna des chants traditionnels ponctués de cris aigus qui m'envoûtèrent. J'avais l'air d'une nouille dans cette peau de léopard trop courte à mon goût. J'ai crié Usizo ! Mais c'était déjà trop tard.
Le proverbe touareg made in Breizh ne suffit plus à ce fou de Joe Krapov qui exige maintenant qu’on y fixe un pangramme !
Qui retentit dans la savane sans ménager ni bafouer passé et futur ? L’écho !
Une joie éléphantesque formidable : la glace à la vanille. Mais personne ne songe jamais à lui en offrir.
Si l’hippopotame enkysté dans la vase vous mange des yeux, c’est pour mieux vous becqueter. Fuyez, jolies proies et autres wapitis !
Plus le rhinocéros va de l’avant, plus il se figure que jamais il ne verra de la vie autre chose que le bout de sa corne.
La girafe a beau se trouver muette, chacun doit admettre qu’au jeu du paraître elle est élégante.
Chaque animal se débrouille pour éviter la figure et le rire jaune de la hyène. On se décarcasse comme on peut.
Palabrer sous le baobab n’empêche pas que le lion dévore la gazelle mais cela fait jaser, en wolof, le bavard.
Quand le disque du soleil est rayé d’un nuage le zèbre chagriné met fin à sa java et retrouve son problème : ses rayures sont elles blanches ou noires ?
La panthère jamais ne songe que beaucoup de femmes des pays lointains veulent lui faire la peau.
La résistance du dromadaire est proverbiale, certes, mais figurez-vous qu’on est mieux calé, là-haut, juché entre les deux bosses d’un chameau.
Quand le temps est changeant le caméléon en son for intérieur traite le météorologue de jobard vicieux.
Chaque fois que tu es face à un tigre de papier, vérifie bien que tu n’es pas toi-même une tranche de jambon blanc... en papier !
Que la chandelle brûle le papillon par les deux bouts, soit ! Le muséologue fait mieux de s’acheter un joli filet, une valise et des épingles.
Le docteur Schweitzer joue du Bach à Lambarené. On a la salle Gaveau qu’on peut ! Le concert finit à minuit.
Ces charlots de complotistes blancs affirment que l’alligator a caïman disparu du Sahara. Faux ! J’en ai vus dans mon dernier mirage.
Marcel Proust vaque la nuit et débine le jour les belles figures de la haute.
Dans la jungle, beaucoup de monde valide le fait que «C’est du chiqué, Marcel Proust !».
Marcel Proust ? Dandy ? Ephèbe ? Giton ? Faux-jeton qui vit en reclus !
Ni vieux zébu ni jeune yack ne se défient chaque samedi pour glorifier Marcel Proust. Etonnant, non ?
La sœur du chef du Mozambique ne galéje qu’avant la pluie. Autant dire qu’elle ne plaisante jamais.
Chaque proverbe bantou contient son lot de magie, de joie et de finesse.
Ce zoulou gonflé de Joe Krapov - qui s’imbibe rarement de vieux whisky - vous souhaite une bonne semaine !
Zoulou, zouave sont des substantifs (et adjectif pour zoulou) que j'ai entendus quand j'étais gamine et qui n'étaient dits gentiment mais comme des critiques à l'encontre de personnes ou de choses (la musique par exemple) qui étaient sauvages (zoulou) en son sens négatif ou excentrique de façon péjorative comme un zouave. Aujourd'hui, cet emploi de ces mots serait qualifié de discriminatoire pour le peuple d'Afrique australe ou les soldats algériens. Mais peut-on considérer que les personnes qui proféraient ces "jugements négatifs" faisaient un usage politiquement incorrect de la langue ou même étaient racistes. La culture woke juge le passé à l'aune du présent et ça m'inquiète même si je partage certaines de leurs opinions concernant le genre qui me paraît à moi aussi une construction sociale. Combien de fois ai-je entendu que j'étais un garçon manqué , que je n'étais pas une femme ou que mon mari était une femme car si nous avons les attributs sexuels de nos sexes, nos comportements sociaux ne sont pas conformes à ce qu'on attend d'une femme ou d'un homme. Avec le recul, je suis heureuse de ne pas être une femme qui était marié à une "femme"; un "chaud lapin" marié à un garçon manqué qui mettrait sa "main dans la culotte d'un zouave". Je crois que je serais fière qu'on me traite de "zoulou" comme on m'a dit "sans tabou." C'est celui qui dit, qui est, disait-on quand j'étais gamine. Alors, zoulou, va!
Dans la masse éthérée de l'ombre sans limite un timbre se résout à l'ultime abandon qu'aspire, aveugle et sourd, le lointain horizon où viennent s'abîmer la prière et l'invite à jamais dévolues aux insignes désastres
Là, vibrante ironie, un songe se prépare à défaire le lit d'émérites labeurs Rendus à leur oubli, sonnée la dernière heure ils pourront se griser d'un nouvel avatar dans le soir fait exprès
Je viens pendre mon quart à l'unique crochet perçant la canopée de son pâle sourire Pour l'instant, je me tais; je n'ai rien à en dire qui ne m'arrache, au mieux, qu'un sinistre hoquet vers nulle oreille amie
M'entraînant à pas lents vers le port et ses cris placide compagnie, le fleuve me talonne Un saule offre ses pleurs au souffle de l'automne Le rejoignent en chœur l'onde et son clapotis J'y verse mon écho
Sur les quais chahutés, je dérive bientôt La garce y est futile et le verbe incertain L'allure ni le front n'ont plus le pied marin On me donne du "viens !", me harangue : "Eh, Julot ! Va, je te paye mon coup."
La chanson m'est connue, quoiqu'en vaille le coût ! J'entre dans la partie, entouré de mes pairs... Arguant de t'honorer, chacun lève son verre et fait claquer du poing son chapeau de zoulou sifflant sa Mort Subite
Je n'ai jamais rencontré de Zoulou en vrai (sauf à l'insu de mon plein gré comme disait l'autre).
Par contre, en bon Belge colonialiste malgré moi (à l'époque, même la loterie était coloniale chez nous), il ne m'a pas fallu attendre longtemps pour rencontrer mon premier noir.
Il vendait des carabouillas sur le marché de Charleroi. Ces friandises noir charbon étaient emballées dans de petits sachets coniques disposés sur un grand plateau. L'individu portait le plateau de la main gauche, à l'instar d'un garçon de café. De l'autre, il saisissait un des cornets au moyen d'une sorte de pince à sucre et le fourrait dans vos mains. Par réflexe, vous vous en saisissiez et le gaillard vous réclamait le paiement de votre "achat".
Ce n'était pas un Zoulou, c'est la seule certitude que je puisse avoir de son origine ethnique, il faut comprendre que notre colonie de l'époque, vaste comme quatre fois la France, comptait environ 250 ethnies.
Mon premier Zoulou, il était d'encre et de papier, magistralement dessiné par Jigé dans les aventures de Baden Powell
Bon, je me pose quand même la question de l'uniforme du compagnon de BP qui m'a plus l'air d'un tirailleur sénégalais ou d'un membre de la force publique du Congo Belge que d'un auxiliaire de l'armée anglaise, mais passons, je ne suis pas un grand spécialiste de la guerre anglo-zouloue.
Le deuxième, c'est mon copain André, grand amateur de jazz, qui me l'a fait écouter: Satchmo, King of the Zulus !
Bon, en réalité, personne ne semble savoir si Louis Armstrong est issu de l'ethnie zouloue, ce titre de "King of the Zulus" lui a été donné lors de son élection à la tête d'un groupe (The Zulus) du carnaval de La Nouvelle-Orléans en 1949. Ce qui l'avait amené, lui déjà bien foncé, à se grimer en "blackface" soulevant déjà à l'époque les mêmes controverses que nous ne connaissons que trop bien aujourd'hui à propos des pères fouettards, noirauds de Bruxelles et autre sauvage du carnaval d'Ath.
Peut-être aurais-je dû, pour rester ethnopoliticoéthiquement correct décrire mon marchand de carabouillas comme blanc foncé plutôt que noir.
De toute façon, dans ma jeunesse, personne ne traitait ces personnages de noirs ou de nègres. Comme tous ceux que nous rencontrions venaient du Congo, nous les appelions bêtement (on n'est pas Belges pour rien) des... Congolais (même quand il s'agissait de l'un ou l'autre GI américain de couleur ayant survécu au débarquement).