Participation de Clio101
Hypnotisée, Cassandre observait le guitariste assis en tailleur devant les quais de la gare de Nîmes. Sans prêter attention au va et vient incessant de la foule et aux annonces sonores qui rythmaient les arrivées et les départs des trains le musicien fixait un capodastre au manche de son instrument. Toute son attention était fixée sur les cordes.
D'un geste aussi doux qu'une caresse il effleura les cordes de la guitare pour en tester les sonorités. L’attention extrême portée à la sincérité du mouvement donnait à la scène une tonalité presque sensuelle. En cet instant rien n'existait pour l’homme que de faire résonner ses cordes pour en sortir le son juste. Ni les mouvements des autres, ni les sons ni les odeurs ne venaient le distraire de sa tâche.
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Cet homme est libre, songeait Cassandre. Il n’a de compte à rendre à personne d'autre qu'à lui-même.
Contrairement à toi, murmurait sa petite voix intérieure.
Son regard se voila et ses yeux s'embuèrent. Qu’est-ce qui lui avait pris de tout quitter, de partir seule, loin de ses repères ? Elle qui n’avait eu pendant un temps de seule véritable amie que Sophie, saurait-elle créer du lien avec un groupe d'inconnus ? Et que deviendrait-elle à son retour ?
Un instant sa détermination flancha et son regard chercha le prochain train pour Paris.
Au même instant le guitariste se mit à jouer un air entraînant et joyeux de ceux qui vous portent et vous invitent à danser et sourire, une marche qu'on fredonne et qui met du cœur à l'ouvrage. La mélodie titilla les oreilles de Cassandre, s'engouffra dans son esprit, s'empara de ses sombres pensées et les attira dehors, à la manière d'un joueur de flûte.
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Si je n’essaie pas, je ne saurai jamais ce dont je suis capable. J'ai décidé de partir à l'aventure, je suis arrivée jusqu'ici c'est trop bête de faire demi-tour maintenant.
Son sourire revint, sa volonté s’accrut et elle marcha d'un pas ferme vers le TER qui se rendait à Villefort.