La partie de cartes (TOKYO)
J’avais pris la rue Mouffetard, , j’arrivais maintenant devant la rue de la Montagne Sainte Geneviève .vers la place Maubert .
On m’attendait tous les soirs à 18H pour ces fameuses parties de cartes.
C’était le quartier le plus pauvre de Paris, l’hiver dernier il manquait de bois et on trouvait des marmots jetés comme des sacs dans la rue.
Puis au milieu des grands parapluies rouges des marchandes de poisson j’ai vu Léon.
Tu vas aussi à la partie de carte m’a -t-il dit ?
On a poursuivi notre route vers le pont saint Michel , pour rentrer dans des rues étroites et sales.
Qu’il fasse beau ou qu’il pleuve on se retrouvait tous rue saint honoré à 18H pétante.
J’avais joué au creps, au passe dix , au trente et un ,au biribi , mais las bas on servait du punch flambé et on jouait au whist toute la nuit.
C’était un tripot connu de peu de monde. Quand on entrait dans la maison de jeu on commençait par vous dépouiller de votre chapeau.
Le soir les filles se mêlaient aux joueurs. Ce n’était surement pas le café des colonnes dont la patronne avait une beauté que tout Paris raffolait.
Les esprits délicats s’abstenaient de venir ici , on les trouvait flânant dans le parc . Il arrivait que Gerard de Nerval se joigne à nous.
Je l’imaginais plutôt lisant la bible sur les hanches cambrées d’une femme nue qui dort.
Avec son regard mélancolique, il emportait souvent la partie. Il était impossible de se consoler quand on partait plumer comme un faisan.
Avec sa bobine de satyre retraité le patron servait le punch flambé. Il riait et répétait d’un air malicieux ; malheureux aux jeux heureux en amour.
Je remontais la rue saint Denis, pour rentrer chez moi. A hauteur de saint Nicolas des champs je bifurquais à gauche et la nuit m’avalait.