Première, et moi... (tiniak)
À quelque endroit que je me trouve
en classe ou en bas de chez elle
plein de doucereux décibels
flotte ce vide qui m'éprouve
et m'éluge, à bord d'une transe
Qu'importent montagnes, vallées
trottoirs plus sales qu'encombrés
coule vers ma salle d'attente
le tourment d'une peine aimante
et pas moyen d'en réchapper...
Pire que ça ! Je la cultive
cette douleur adolescente
avec, là, au bout de sa pente
mon cœur embarqué, sans dérive
arborant son doux pavillon
À l'horizon point ma quinzaine
et la sienne a déjà sonné
au clocher de notre quartier
en son chapelet de semaines
à l'immuable rigodon
J'ai beau savoir d'où vient le vent
il est trop vaste l'océan
qui me porterait à lui dire
comme j'aime l'aimer - sans rire !
mais je suis seul et je me tais
Le silence est mon seul ami...
J'aime son oreille avertie
réfutant l'heure et sa menace
Il me regarde, bien en face
et me dit : va, et danse !
On s'est aimés
trois ans après
Je l'ai cru, puis j'ai déchanté
Que l'heure avance...
Je la dépense
en buvant son bol à l'or rance