03 juillet 2021

Défi #671

 

Au prix de patientes recherches,
nous pensons avoir mis la main
sur la photo du chihuahua
redouté par l'Adrienne

 

2018_07_29_034

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En Suisse par bongopinot

6701

Un pont de bois couvert
Sur le lac des quatre-cantons
Avec ses deux cents quatre mètres de long
A traverser été comme hivers

On écoute l'histoire de Lucerne
De l'époque du moyen-âge
Jusqu'à nos jours pas toujours sage
Les gens tranquilles s'y promènent

Passer d'un coté à l'autre
Sentir le poids du passé
Admirer les tableaux accrochés
Et les personnages illustres

Il y a des rides sur l'eau
Car un cygne y fait sa toilette
Non loin de la chapelle
Le temps semble si beau

Un paysage qui transporte
Au loin une montagne
L'envie de voyage me gagne
Je me retrouve devant ma porte

 

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2021, L'Odyssée estivale (joye)

transmission de la palnet estival ver la terre

Les Terriens, à l’autre bout de ma galaxie, appellent ma planète la Trappist-1D, mais chez moi, on l’appelle Estivale. Nous, ses habitants, nous appellons les Estivaliens.

Notre soleil, connu comme  2MASSJ23062928-0502285 chez les scientifiques primitifs de là-bas, s’appelle, en réalité,  Solfi. Solfi est une naine rouge ultra-froide, mais nous les Estivaliens vivons très bien, au contraire des pauvres Terriens qui se font brûler par leur soleil ou qui se font geler lors de son absence. Autant que nous sachions, certains se noient lors des inondations brutales et d’autres meurent de soif. C’est vraiment très curieux qu’ils restent là-bas, à mon avis.

Notre ciel à nous ici sur Estivale est peuplé de Solfi et de six autres planètes-soeurs.  Les Terriens pensent qu’il y en a une huitième, mais ils se trompent. Cela nous fait rire, et surtout mon papa. Lui s’appelle √Egleb, et il est documentaliste universophysicien.  Il a fait plus d’un million de voyages exploratoires à travers cet univers. En ce moment, il visite la Terre, dans une région qui s’appelle Lassouïce en estivalien.

Ma mère est spécialiste technordinataire. C’est elle qui a développé les logiciels dur-abstrait  qui permettent à notre population de se promener dans l’univers entier et aussi de compacter le temps. Normalement, il aurait fallu cinquante-quatre années lumières pour que mon papa fasse un aller-simple jusqu'en Lassouïce, mais grâce à ma mère, HannavaS1*·º,  il peut y aller dans une seule journée estivalienne, c'est-à-dire quatre jours terrestriens.

Vraiment, je ne sais pas comment ils font, ces pauvres Terriens incapables. Je n’en connais pas personnellement, mais ils doivent tous être très vieux et très faibles physiquement et mentalement. Et laids. Ils doivent être super laids, avec seulement deux yeux gluants et ce grand trou rouge au milieu de la tête qu’on appelle une /bouche/ là-bas. Euh !!

Moi, c’est Enaicir. Je suis née il y a trois jours estivaliens. Ma peau est encore bleue. J’ai ce qu’il faut pour voir et parler. Tous les Estivaliens parlent plusieurs langues et dialectes dès la naissance et nous apprenons les maths avancées pendant notre gestation.

Bon, il est temps que j’aille consulter l’Écran. Papa a promis de m'astrotransmettre une image de son départ de Lassouïce. 

ΣAux ÉtoilesΣ, comme nous disons ici sur l’Estivale. Enfin, c'est la traduction approximative en français de « À la prochaine ! »

la fusee de mon papa

fin de ransmission

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Puissance et légèreté . (maryline18)

 

Sous un vieux pont, glissait un cygne

- " Où vas-tu ? " S'enquit le premier.

- " Voir la vie ! " Cria le dernier,

Traçant sur l'eau, deux blanches lignes.

 

Un instant, dos à l'horizon,

Jambes et bras tenus au sol,

Il envia sa course folle,

Lassé, de ne voir que le fond.

 

Un jour, il en eut plein le dos

Qu'on lui marcha dessus, sans fin,

Et il s'affaissa, tout chagrin,

Laissant hébétés, les badauds.

 

Le cygne déjà loin alors,

Rencontra en chemin, Viviane,

Déprimée et toxicomane,

Dépendante à la verge d'or...

m18

Elle voulu le suivre en Toscanne

Puisqu'elle avait laissé Médor

Se faire pourlécher à Andorre

Par une chienne nymphonane.

 

Pas toqué, le cador s'enfuit,

Laissant délirer la cane,

à la recherche de gentiane

Pour soigner... vous l'avez compris,

 

Des flatulences incommodantes !

Avait-elle trop bu de tisanes

De bardane ou de valériane ?

...C'est bien, plein gaz et divagante,

 

Qu'elle alla manger une pizza

Chez l'Martin pêcheur en cabane,

Dingue de musique tzigane

Mais aussi de Zarathoustra !

 

Attablé, il lui expliqua

La puissance des cannes légères,

La traitant de nouille, au dessert !

Trois ou quatre cannes à la fois...

 

Quel goujat ! (Pensa t-elle, vexée).

Et, refusant toute connivence

Et, rejetant toute concurrence,

La plume sèche, s'en est allée.

 

Elle pestait à contre-courant

lorsqu'elle s'écrasa sur le pont

D'un bateau grouillant de nippons

Venus là, pêcher le Hareng.

 

Ils n'étaient donc pas au courant

Qu'il n'y avait plus ni pont

Ni poissons en rangs ou en bancs ?

Ils s'en retournèrent au Japon.

 

Remise à l'eau, elle dériva

Jusqu'à la cabane...du pêcheur,

Qui la sauva, ( à la bonheur ! )

Avec des tisanes à tout-va !

 

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Et là où tout se révèle (Clio101)

 

Corentin et Sophie se dirigeaient vers le logement de Cassandre sans échanger un mot.

Lui d’un pas assuré et triomphal.

Elle plongée dans son agacement et ses réflexions.

Il ne leur fallu pas longtemps pour se trouver devant la porte cochère d'un immeuble haussmannien du 17ème arrondissement. Sophie allait sonner à l’interphone quand la porte s'ouvrit sur Charles, engoncé dans son éternel costume trois pièces et cravate.

Habituellement il avait un air perpétuellement indécis, incapable d'avoir la moindre idée personnelle. Aujourd’hui il semblait plutôt désemparé.

-          Salut Sophie, dit-il d’un ton lugubre. Tu es venue pour  Cassandre j’imagine. Tu auras sans doute plus de chances que moi. Elle ne veut voir personne. Et celui-là c’est qui ?

Charles venait de s’apercevoir de la présence de Corentin. Celui-ci, après l’avoir toisé de haut en bas, allait ouvrir la bouche quand Sophie lui coupa l’herbe sous le pied.

-          Charles, je te présente Corentin, un gars qui était à la soirée avec nous. Corentin, voici Charles le fiancé de Cassandre, répondit-elle en appuyant bien sur le terme.

Charles sourit tristement.

-          Oh, fiancé est un bien grand mot pour le moment. Je ne pense pas que Cassandre soit encore prête à se marier.

En entendant ces paroles Corentin se rengorgea, prêt à annoncer à son rival que le cœur de Cassandre lui était désormais dévolu. Mais encore une fois Sophie l’interrompit.

-          Je sais. Cassandre m'en a parlé au téléphone, murmura-t-elle. Et toi Charles, comment vas-tu ?

Charles soupira.

-          J’ai été un peu désemparé c’est vrai. Mais ça m’a fait réfléchir. Nos parents nous poussent à ce mariage mais si je suis totalement honnête avec moi-même je dois avouer que je ne me sens pas prêt non plus. J’aime beaucoup Cassandre, mais de là à m’engager à l’aimer toute ma vie… Je ne sais pas si c’est le bon moment.

Génial, songea Sophie, le mariage est dans un mois, tout est organisé et les deux fiancés ont des doutes. Ils ne pouvaient pas y réfléchir avant non ?

-          Jusque là toutes nos rencontres ont été organisées par nos parents, sous leur surveillance. C’est trop convenu, nous avons à peine réussi à échanger des paroles personnelles. Je rêve de l’emmener loin d’ici, au milieu des montagnes, à Lucerne par exemple. On déambulerait dans la ville, on visiterait l’église des Jésuites, on irait se promener dans la nature. Le soir après dîner on se poserait sur le Kapelsbrücke. Rien que nous deux, dans la majesté des montagnes protectrices et le doux abri du pont couvert. Ou on resterait assis toute la journée sur le pont en discutant de tout, de nous et de tous les mots que nous n’avons pas pu nous dire. On regarderait la couleur du lac passer du bleu du ciel aux teintes douces orangées du soir qui tombe. Ce serait notre monde rien qu’à nous et nous y apprendrions l’art d’aimer.

Corentin avait perdu tout son orgueil.

Sophie restait silencieuse. Ce discours était le plus long de tous les discours de Charles. En l’entendant elle se disait prête à le défendre auprès de Cassandre. Quelle femme n’a jamais rêvé de se voir offrir de telles paroles ?

Elle en était à ce point de ses réflexions quand la porte de l’immeuble s’ouvrit et laissa place au sujet de toutes les conversations de ce matin.

Cassandre salua tout le monde d'un geste de la main. Son sourire était doux, un peu triste, de celui qui adoucit les nouvelles désagréables. Elle avait la mine chiffonnée des nuits sans sommeil, mais aussi celle des réflexions, où on passe des torrents de larmes à la décision.

Lorsqu’elle avait raccroché avec Sophie quelque chose s’était déclenché en elle. Jusqu’à présent elle avait trop subi ; elle devait se prendre en main et décider ce qu’elle voulait faire de sa vie. Elle avait pesé le pour et le contre, effectué quelques recherches. Le chemin ne serait pas facile mais l’épreuve lui permettrait d’évoluer. Le plus dur serait de convaincre ses parents, le reste viendrait ensuite.

Charles, Sophie et l’inconnu l’observaient avec inquiétude. Il était temps de leur annoncer ces nouvelles.

-          Mes amis, vous vous inquiétez pour moi et je vous remercie du fond du cœur. Je vous connais depuis plus ou moins longtemps et  chacun à votre manière vous m'avez aidée à avancer. Aujourd’hui ma vie prend un nouveau tournant et j'ai besoin de votre appui.

Cassandre prit une pause pour reprendre son souffle.

-          Cette soirée et ce matin m’ont aidée à réfléchir sur la vie que je voulais vivre. Jusqu’à présent j’ai beaucoup écouté mes parents me dicter ce qui était bon pour moi. Aujourd’hui je ne veux plus de ça. Je veux pouvoir décider quoi faire dans le temps qui m’est imparti Charles, poursuivit-elle en lui prenant les mains, tu as toujours été bon envers moi, je sais que je peux toujours compter sur toi. Mais nos rencontres sont trop marquées du sceau de nos parents pour que je puisse envisager de t’épouser. Il faut que je m’éloigne de toi, pour un temps du moins.

-          Cassandre, je…

-          Je  ne dis pas qu’un jour, si les circonstances nous rapprochent, cela ne se fera pas. Mais j’ai besoin de vivre par et pour moi-même.

Cassandre se tourna ensuite vers l’inconnu du bar.

-          Moi c'est Corentin, bredouilla l'intéressé tant ce qu’il vivait là différait de ce qu’il avait imaginé.

-          Corentin, j’ai passé un bon moment avec toi hier et je n'en ai aucun regret. Il m’a permis de me rendre compte que la vie qui se présentait devant moi n’était pas celle que je voulais vraiment. Pour ça tu as toute ma reconnaissance. Cependant je ne peux pas détruire une relation de plusieurs années pour en reconstruire une autre après une rencontre de quelques minutes et quelques verres de trop.

-          Moi non plus je ne regrette rien, sauf peut-être que notre histoire s’arrête aussi vite, marmonna t-il. Je pensais qu'on pouvais poursuivre la soirée d'hier mais si tu veux autre chose je serais le pire des imbéciles de vouloir t'en empêcher

-          Mais alors, s’écria Sophie, que vas-tu faire ?

Cassandre lui sourit tristement. C’était la partie la plus difficile.

-          Je ne peux plus vivre ici, sous le toit de mes parents, persuadés que ce qui est le meilleur pour moi est de rester enfermée dans une bulle et de suivre leurs directives. J’ai besoin de vivre autre chose, de rencontrer de nouvelles personnes, de me poser et de faire le point sur ma vie. J’ai trouvé un groupe de jeunes de nos âges qui reconstruit un hameau en Ardèche. On travaille, on échange et on s’aide à avancer, ensemble. C’est exactement ce qu’il me faut pour commencer. Après je verrais. J’irais sans doute voir quelques membres de ma famille qui me comprennent un peu mieux et qui pourront m'aider à construire mon projet.

-          Mais, tenta de s’opposer Charles, le train, les bagages, le matériel, comment vas-tu faire ? C’est un long périple à faire seule.

-          J’ai travaillé par ci par là et à force de rester la majorité du temps à la maison, j’ai quelques économies qui me permettront de payer le séjour et le trajet. Quant à voyager seule, je me débrouillerai. Aller en Ardèche n’est pas très dangereux.

-          Je pourrais peut-être t’accompagner, proposa timidement Sophie. Le laboratoire ferme cet été, comme ça tu ne serais pas seule je pourrais t’aider à discerner.

-          Non, je dois partir seule. J’ai besoin d’un regard neuf sur ma vie. Tu es une de mes plus proches amies, tu m'as aidée à prendre confiance en moi et à vraiment commencer à vivre, susurra Cassandre pour adoucir la sècheresse de sa réponse. Mais pour avancer il faut que je me retrouve face à moi-même.

-          Mais…, tenta de nouveau son amie.

-          Maintenant ça suffit, dit Corentin d’un ton ferme. Si Cassandre estime que c’est ce qu’elle doit faire, nous devons respecter son choix et la soutenir. Elle n’est pas une petite chose fragile et incapable, elle est une femme courageuse qui ne craint pas d’affronter ses problèmes pour choisir sa voie. Je ne te connais pas depuis très longtemps mais j’ai la certitude que tu y arriveras.

Cette longue tirade de soutien venue d’un quasi inconnu laissa Cassandre muette mais ses yeux brillaient de reconnaissance. Sophie et Charles ne trouvèrent rien de plus à ajouter ou à contredire et l’affaire paraissait entendue. Un point d’importance subsistait encore cependant et il eut été difficile de passer à côté.

C’est un peu gênée que Cassandre clôtura son discours.

-          Je n’ai pas besoin de l’autorisation de mes parents mais je dois les avertir sur l’annulation du mariage et ce projet. Est-ce que vous pourriez venir avec moi et m’aider à les convaincre ?

Personne n’osa refuser et bientôt tous se retrouvèrent dans le grand salon. La discussion dura plusieurs heures. Il fallu expliquer, réexpliquer, argumenter, rassurer et répondre aux inévitables questions sur la sécurité et l’opportunité d’un tel voyage. En fin d’après-midi les parents de Cassandre lâchèrent prise avec l’assurance plusieurs fois répétée que Sophie accompagnerait leur fille tout le temps du séjour.

Quelques jours plus tard Cassandre se tenait sur un quai de la gare de Lyon, un grand sac au dos, Sophie à son côté. Celle-ci lui fit promettre de lui donner des nouvelles de temps en temps, toutes deux s’étreignirent une dernière fois puis Cassandre monta dans le train.

Tout lui restait à découvrir mais le bruit du train sur les rails lui donnait confiance et espoir.

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Participation de Vanina

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B comme belliciste (Adrienne)

 

- Et qu’allons-nous faire aujourd’hui ? demande Madame après les salutations d’usage.

- Aujourd’hui on va s’entraîner à écrire ! répond petit Léon.

- D’accord… et on fait quoi, exactement ? Une dictée ?

- Non ! Vous me montrez une image ou vous me donnez une phrase et moi je dois inventer une histoire.

- Ah ! Bon !

Madame a pris la première chose qui lui tombait sous la main : un épais fascicule publicitaire reçu avec son magazine. On y voit des familles, heureuses de faire du camping à mille milles de toute région habitée, entourées d’un tas de matériel utile et inutile.

- Voilà, fait-elle, en lui proposant une photo de paysage idyllique, avec de la verdure, une montagne au loin, un beau soleil couchant. C’est bon ? Ça te va ?

- C’est très bien, approuve petit Léon avec tout le sérieux de ses onze ans.

Et il se met à écrire.

- Fini ! crie-t-il tout joyeux, trois minutes plus tard.

Madame lit. Des extra-terrestres sont venus, la famille a été pulvérisée et des zombies sont sortis de terre. Petit Léon est content de lui et Madame est assez perplexe.

- Bien, bien, fait-elle. Tu en as, de l’imagination ! Mais pourquoi ils sont tous morts ?

Quelques explications et corrections plus tard, petit Léon réclame une autre photo. 

Et bien, croyez-le, que vous lui montriez le sable du Sahara, une vue de la mer du Nord, des palmiers au soleil ou un pont de bois à Lucerne, petit Léon vous inventera chaque fois le même genre d’histoire : le pont explosera, des zombies sortiront du sable, des soucoupes volantes déverseront des hordes d’aliens hostiles et les derniers humains deviendront cannibales…

- Moi j’aime les films d’horreur, explique-t-il.

 

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Vamos a la plagiat ! (Joe Krapov)

Longtemps il s’était couché de bonne heure. Le corps apaisé d’une journée où il n’avait encore rien foutu de sa corée, comme on dit dans le Nord où ce mot n’a absolument rien à voir avec Kim Il Sung, Kim Jong Un, Kim Basinger ou Kim Novak, pas plus avec la Corée qu’avec la chicorée des maisons Leroux, Lestarquit ou Williot et où peut-être on pouvait trouver, à la rigueur, à ce mot "corée" - synonyme de corps ? - un rapport lointain avec la chorégraphie bien qu’on ne pratiquât pas plus la danse classique dans les corons que le boogie-woogie avant la prière du soir, il cherchait le sommeil en se plongeant dans quelque livre qu’on appelle de chevet parce qu’il est difficile, justement, au lit, de les achever, soit que l’on s’endormait dessus d’ennui, soit que, passionnant à outrance, ils était lu avec cette voracité telle qu’elle donna naissance à l’expression « dévorer un livre » et lors, la sagesse et la folie étant ce qu’elles étaient, on allait au bout de ses possibilités et, même si on avait tenu jusqu’à une heure du matin, les forces physiques n’étaient plus là, les paupières tombaient, les yeux se fermaient, on ne comprenait plus ce qu'on lisait, on éteignait la lampe, vaincu par sa fatigue et l’épilogue tant attendu était remis au lendemain. 

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Lui n’allait pas jusque-là et ne l’atteignait pas facilement pour autant, le pays des songes : un chapitre ou deux lui suffisaient pour arriver à ce moment de l’extinction mais c’était alors que surgissait le cauchemar. Une fois la lumière éteinte, il se tournait, se retournait, cherchait son trou, sur le côté gauche, sur le droit, sur le ventre, sur le dos, la tête tournée vers la droite, la tête à gauche et qu’eût-ce été s’il avait porté barbe longue, la poser sur ou sous le drap, situations horripilantes à souhait. Il aurait pu en tartiner, des pages, sur sa recherche du temps perdu ainsi à rechercher le calme, la position fœtale, la zénitude, la sensation d’être «ben aise», la chaleur des bras de Morphée, l’entrée dans le monde des rêves, le possible assommoir du sommeil régénérateur.


Et puis, à un moment donné, les fantômes arrivaient.

DDS 670 Lucerne aquarelle

C’étaient de parfaits inconnus, aucun n’avait le visage d’une de ses connaissances dans la vie réelle. Ils n’étaient pas les mêmes chaque nuit mais leur élégance était parfaite et le décor était toujours identique. C’était un pont de bois couvert qui joignait les deux rives d’une large rivière. Le pont était coudé en son centre et de l’endroit où il se trouvait, il apercevait une tour pointue de forme hexagonale dont aurait pu croire les fondations enfoncées dans l’eau-même. Plus loin une église baroque arborait deux clochers à bulbes qui lui rappelaient ce pays disparu dans les limbes, la Tchécoslovaquie dont il se rappelait les lettres disposées au cul des véhicules : CZ ainsi que le nom de Pilsen, une ville dans laquelle on fabriquait de la bière. Au-delà de ce décor une chaîne de montagnes aux sommets enneigés confirmait cette impression que tout fout le camp dans les Balkans et qu’on est con sous un balcon.

DDS 670 Albertine-1Les fantômes venaient se rassembler autour du banc sur lequel il était assis mais ils ne lui adressaient pas la parole. Ils parlaient entre eux, sans élever le ton, avec dignité mais sans chercher à éviter qu’on ne les entendît pérorer ou écoutât médire. A peine, de temps en temps, l’un d’eux jetait-il un œil dédaigneux sur ce scribe étranger qui prenait soigneusement note dans un cahier de leurs conversations. Personne ne s’en offusquait. Dans leur monde, on se fichait pas mal de ce que pouvait être la littérature. Il n’y en avait peut-être pas. La transformation du réel en fiction pour mieux saisir la réalité du monde, les fantômes s’en fichent, ils savent que rien n’a de réalité et que la vie elle-même est une fiction. Leurs noms n’étaient-ils pas des pseudonymes à consonance modianesque ? Tantôt venaient du pont couvert Odette Dejeux, Madame Lordurhin, le cheik d’Arabie Swan Lawrence, le baron Jean Chwalrus, la duchesse Albertine Troussecotte, tantôt palabraient près de lui le comte d’Argentcourt, le docteur Pascal, Vanina von Faffenheim-Munsterburg-Weinigen, les cousines Marianne et Sarah De Kat. La plus intrigante de toutes ces dames était la marquise Adrienne de Franquetot, laquelle portait immanquablement une longue cape rouge et tenait en laisse deux danois et un chihuaha.

Dans la vie comme dans le rêve, nous promenons toujours des attelages bizarres.

De toute façon, au réveil le lendemain, il ne retrouvait aucun cahier, aucune note et les conversations s’étaient enfuies dans la nuit de l’oubli.

Car après les fantômes, il y avait l’envahissement par Richard W. qui venait s’asseoir sur le banc, lui prenait le bras et lui racontait avec un enthousiasme forcené comment il avait trouvé le bonheur ici à Tribschen de 1866 à 1872 et comment auparavant il avait été sauvé par des biscottes. Si, si, des biscottes salvatrices, ça existe !

DDS 670caricature-of-richard-wagner-anonymous

- Figure-toi, mon petit Marcel, lui disait-il, que j’étais en panne d’inspiration sur l’acte III de «Tristan et Isolde». Mais en panne à un point qu’un aviateur dans le désert aurait pu me dessiner des moutons sans que ça ne me donne plus que ça d’idées pour avancer ou d’envie de becqueter des côtelettes. Alors pour oublier je canotais sur le lac des quatre Canetons, je m’épuisais en ascensions du mont Pilate et du Rigi, j’allais au musée des glaciers et même au Festival de la Rose d’or pour écouter des chansonnettes et ça n’y changeait rien. En panne, en panne, en panne ! Plus aucune musique à venir ! Tu ne sauras jamais grâce à quoi ça c’est décoincé !

Dans son endormissement Marcel ne répondait pas mais Richard n’en avait cure. Il était de ces locuteurs qui n’ont besoin d’une paire d’oreilles extérieures que comme faire-valoir, l’exemple même de l’Emetteur contemporain de pouces baissés plutôt que levés, qui twitte son avis sur tout, intervient partout et ne sait même plus que les oiseaux, lorsqu’ils ne sont pas bleus, chantent bien plus joli que le son du streaming. Ce genre de gens qui ignorent qu’au milieu des villes coule une rivière et que l’on peut murmurer à l’oreille des chevaux sur la route de Madison ou qu’on peut vivre plus proprement avec un portable éteint en permanence.

 

DDS 670 Zwieback

- Les Zwieback, Marcel ! s’esclaffait Wagner car c’était bien lui, les plus perspicaces de nos lecteurs et lectrices l’auront identifié sans peine. Je logeais alors à l’hôtel Schweizerhof et un jour où je contemplais le ciel gris avec un parfait désespoir je reçus par la poste, envoyée par Mathilde Wesendonck, de Zurich une boîte de biscottes (Zwieback). Enfant ! Enfant ! Enfin ! Les zwieback ont produit leur effet ; grâce à eux, j’ai franchi certaine mauvaise passe où je restais empêtré depuis huit jours, n’ayant pu avancer dans mon travail musical notamment pour trouver la transition du vers "ne pas mourir de désir" au voyage en mer de Tristan blessé. Quand les zwieback arrivèrent, je pus me rendre compte de ce qui m’avait manqué : ceux d’ici avaient un goût beaucoup trop amer. Impossible qu’ils me donnassent l’inspiration ! Mais les bons vieux zwieback, trempés dans du lait, remirent tout dans la bonne voie. Et ainsi je laissai de côté le développement du début, et continuai la composition à l’endroit où il est question de la Guérisseuse lointaine. Maintenant je suis tout heureux : la transition est réussie au-delà de toute expression par l’union absolument splendide des deux thèmes. Dieu, ce que les bons zwieback peuvent produire ! Zwieback ! Zwieback ! Vous êtes le remède qu’il faut aux compositeurs en détresse – mais il faut tomber sur les bons !?

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***

Au réveil, Marcel ne se souvenait plus que de cette histoire de biscuit trempé. Fallait-il qu’il en parle à son ami Jacques qu’il accompagnait à l’accordéon tous les après-midi dans son tour de chant aux jardins du casino afin que ce récit de rêve le réconcilie avec sa maudite Mathilde à lui ou devait-il lui conseiller de ne plus rien attendre de Madeleine de Commercy ?

N’était-ce pas là une façon de tendre des verges pour se faire battre ? Son propre problème de tentative de record nocturne d’échec en identification de paysages au palais insomnisports de Bercy ne primait-il pas sur son amitié pour le Belge ?

Le Jacky ne l’avait-il pas accueilli hier, au kiosque à musique, avec ce méchant sarcasme :

- Hé ben mon vieux Marcel, à force de te coucher de bonne heure et pas dormir, t’en as une chouette tête de décavé ! Si tu voyais ta tronche de déterré éthéré et Lucerne que t’as sous les yeux ! On dirait que tu t’es fait battre par la Suisse à l’Euro ! Allez, enfile tes bretelles et chauffe-nous ça !

Et tout en appuyant sur ses touches, il éliminait : Vierzon ? Vesoul ? Pas de clocher à bulbe par là, ça ne colle pas. Varsovie, peut-être, à cause des remparts ou alors Montcuq ?

DDS

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Étape 1 : Lucerne (Kate)

 

Et bien oui, ça y est : on part en vacances !

En Suisse, lac et montagnes, ville et campagne, en train, en bateau, en voiture...

Qu'y ferons-nous, à part de belles promenades et de saisissantes photos ?

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Des parties d'échecs improbables, comme l'an dernier

Peut-être assisterons-nous à des concerts

Pour écouter du Wagner

Des lectures

Bien sûr

"La Montagne magique"

s'impose dans ce cadre grandiose et alémanique.

(J'ouvre une parenthèse, mais oui, pourquoi pas :

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- Quoi ? La Finlande ! Une envie, comme ça, d'ailleurs tout à fait comblée par ce roman qui se déroule pourtant essentiellement en plein coeur de Londres, dans le Shard, exactement... Et surtout un voyage dans la vie et les rapports des quatre personnages principaux, Finlandais, amis, aisés... et très buveurs, etc.

Je ferme la parenthèse, d'autant plus que la Suisse est en Europe et très proche, plus que la Finlande où cependant l'Euro circule, polar écrit par un journaliste ayant deux passions : la littérature et la Bourse et sûrement bien d'autres...)

Revenons sur les bords du lac... non, pas celui d'Annecy tout à fait enchanteur où "Le genou de Claire" raconte la beauté, l'été, les sentiments (l'amour, éventuellement, le fait de parler de sentiments, surtout), l'absence de tout souci matériel, l'atmosphère de Rohmer qui magnifie ce lieu avec ce conte d'été tout en légèreté d'un été comme on n'en voit plus...

Quelle sera la prochaine étape ? Parions pour l'Allemagne et les souffrances du jeune Werther. Non, bien sûr, ça sera une surprise et d'ailleurs, en route pour l'étape 2 !

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