Misogyne (TOKYO)
J’ai mon premier rendez-vous professionnel
Avec un magnat du pétrole.
A peine arrivée je descelle un regard libidineux qui pourrait décoller le papier velours de ma vertu.
Si jamais pendant l’entretien d’embauche il se manque je crie comme un putois.
Ça fait un an qu’il me faut des lunettes, alors ce poste il faut que je le décroche.
Je pense qu’on devrait s’asseoir et parler me dit il tranquillement.
Dans toute la mesure du possible j’évite son regard
Mais pas assez pour que celui-ci m’échappe.
Il a une barbe drue de plusieurs jours qui pointille comme du seigle dans les creux de ses joues et de son menton.
Sa longue chevelure se balance comme la queue d’un étalon arabe sortie d’une écurie après une langoureuse saillie. Il a négligé de changer sa vielle veste de cuir qui semble grasse comme la peau d’un bouc et sa boucle d’oreille en argent sertie d’émeraudes me cligne de l’œil.
Il y a une cadence syncopée dans sa façon de parler , il aligne des chiffres ,des rendements , il parle d’efficacité de vision futuriste.
Puis il se penche sur mon CV. Il me fait l’aumône d’un sourire empreint de pitié Je suis rouge de la tête au pied.
Je suis dans un tel état que je crois que je n’ai pas trop envie de savoir si j’ai à faire à un misogyne ou à un génie du bisness qui se moque de la jeune femme sensible et belle que je suis .
Je me dis ma fille pense à ta paire de lunette et cesse dans ton propre intérêt de chercher à savoir où se loge sa libido et ça dans ton propre intérêt.
Le problème c’est que ça fait des plombes que je joue avec une trompette bouchée et que là va falloir se faire entendre.
Alors avec l’assurance de celle qui n’est plus une débutante , jouant de la blancheur du signe , l’éblouissant de mon propre reflet , comme un rayon de miel neigeux élaboré par les anges .( Je vous l’accorde à cet instant rien de ma démonstration n’a un lien avec le profil lié à l’extraction du pétrole ou du pouvoir )je lui expose une vision futuriste un nouveau filon à exploiter .
Soudain je me sens un peu gênée et irritée à l’idée d’emporter ce poste. Il y a surement des gens qui trouvent un réconfort à dégotter un job .
Mais pour moi cette notion est déconcertante, accablante, horrible même.
Soudain il aborde ma future rémunération, je sursaute et il me semble avoir été projetée hors de mes chaussures trempées. Mes mains tremblent et je me demande comment je vais finir mon lait à la vanille sans le renverser.
La somme est astronomique.je vais pouvoir m’acheter une brouette de paires de lunette.
Je l’entends dire / qu’en pensez-vous Mademoiselle scott.
Ma première réaction a été de répondre/ comment osez vous vous approchez de moi afin de me soudoyer avec une telle somme espèce de misogyne.
Il agite deux morceaux de sucre comme si c’étaient des dés.
Je refuse d’amplifier vos instincts de prédateur, . Une couche de supplémentaire de fraises remonte sur la surface de mes joues.
Je rassemble tout mon courage pour le regarder droit dans les yeux. Ses yeux sont d’un bleu profond son sourire merveilleusement agréable, je perds pieds.
La partie professionnelle terminée, j’ai décidé de rester devant son sourire craquant et nous avons eu un entretien privé mais celui là ne se partage pas.