Belynda, (maryline18)
*Oratoire dédié à Notre-Dame de Bonlieu.
"LAB ! Oratoire en vue ! Regarde là haut, ton but ne se trouve plus qu'à quelques centaines de mètres, à vol d'oiseau !"
"LAB" est un diminutif de : Louison/Alias/Belynda. Sa petite voix intérieure, Louison l'entend fréquemment : "Allez LAB ! Respire, tu y es presque ! Allez LAB, encore quelques dizaines de mètres et tu feras une halte ! Tu lui raconteras ton parcours à Notre-Dame de Bonlieu, tes efforts pour rester... dans la course et puis ce virage à quatre-vingt-dix degrés que tu vas devoir négocier au mieux ! Tu vas y arriver LAB ! Personne n'a misé sur ton cheval mais tu sens sa fougue monter en toi. Ne lache rien, ta monture a des ailes, crois moi, les obstacles tu les survoleras !
Elle n'était encore que Louison quand pour clore la fin de l'année, elle osa proposer la chorégraphie de la fameuse chanson de Claude François, Bélynda, à son institutrice. La danse eut un tel succès, que toute la classe la rebaptisa ainsi, puis, "LAB" pour faire plus "fun" ! Elle se souvient encore du podium de la kermesse, de sa jupette de crépon et de ses bottes recouvertes d'une fine peinture argentée ! Une vraie Claudette !
Quelle idée lui est passé par la tête, pourquoi avoir emmener ce sac qui pèse une tonne sur ses épaules ? Elle le pose au sol et l'ouvre pour en sortir la brique de jus d'orange. Un tas de choses qu'elle y a fourrées l'empèche de s'en saisir : Un Bob, un briquet, de la crème solaire, un gilet de laine, un baume à l'arnica, un antiseptique, des pansements, un canif, un manuel sur les plantes comestibles, des ameçons...Tiens, après avoir tout raconté à la Sainte Dame, elle ira essayer de taquiner le poisson ; Elle a lu que le lac regorgeait de perches, de chabots, de rotengles...
La nature lui donne des envies de Robinsonne ! Elle pourrait faire un feu et en cuire un, juste pour rire !
"Eh !"
"Quoi ?"
"Range-moi tous c'barda, tu veux et avance ! Tu sais très bien que faire du feu ici et pêcher sans un permis, c'est interdit !"
"Oui, bon, ça va ! C'était juste une idée !"
("Elle me fait suer celle là !")
...Louison troue la brique et aspire le jus encore frais. Elle sourit et dit :
"Alors, LAB ! Elle n'est pas belle la vie ?" Puis elle aspire le fond bruyamment. Elle est heureuse. Elle a envie de rester un peu encore dans le sous bois ; Tiens, voilà de l'aubépine, ses jeunes pousses peuvent se manger, c'est précisé dans son livre. Elle approche une tige de son visage et l'attire dans sa bouche comme le ferait une girafe. C'est bon ! Son visage s'illumine, elle sourit à nouveau. Elle se souvient d'une journée au Zoo de Vincennes, il y a si longtemps déjà...Elle avait pris son gros poupon et toute sa layette, refusant, à grands cris, de le laisser seul à la maison. Elle l'avait installé confortablement sur la banquette avant d'aller à la rencontre des animaux, si beaux, si gros, si terrifiants aussi, pour certains !
Elle se relève un peu à regret et reprend sa marche. Elle grimpe, humant avec délectation les fragrances des sapins massés à sa droite. Elle suit le chemin qui sépare les épineux des grands hêtres. Dans un élan spontané, elle s'approche de l'un d'eux et enlace son tronc bien lisse. Les yeux clos, elle se fond dans sa force, la joue posée sur l'écorce grise. Alors qu'elle le caresse doucement, il lui demande de le regarder. Elle cherche son regard à travers son feuillage et découvre sa lumière bruissonnantes, piaillante jusqu'au faîte. Elle tend encore un peu plus son cou jusqu'à voir sa cime, baignée de soleil. Elle y est . Ses yeux sont bleus. Elle se sent forte et légère, abandonnée et confiante. Ses peurs s'évanouissent, tombent, poussée par des oiseaux complices qui plongent pour les noyer dans le lac en contre-bas. Alimenté par de nombreuses sources aussi souterraines que mystèrieuses, ses rives de toubière, de calcaire et de marne le peignent d'un bleu sombre, grave, magnifique ! Avec le ciel pour édredon, il semble plongé dans un sommeil imperturbable, que surveille le Massif de Trémontagne . Louison aimerait s'enrouler dans la douceur de cette nature amie jusqu'à s'endormir.
Elle avance de plus en plus lentement au fur et à mesure que le chemin se rétrécit. Elle aurait du apercevoir la grange depuis longtemps, celle just'avant le belvédère.
"_Dis LAB ! On se s'rait paumées qu'ça n'métonnerais pas hein !?"
"_LA FERME !" Son coeur s'accélère.
"_... On ne devait pas prendre à gauche, tout-à-heure à la patte d'oie ? T'as pas pris ton manuel sur : " comment survivre en forêt ? As-tu seulement déjà pécher UNE seule fois ? J'ai faim, j'ai peur, dis LAB qu'est-ce qu'on va devenir ? T'as pris une torche ? Le soir tombe vite en forêt !
-"Ecoute, on va dormir, on va juste s'endormir et demain il fera jour ! Reste avec moi...mon ange !"