Une journée de pêche (maryline18)
Lilouenn admire l'une des toiles de Simon Lucien. c'est un vieil homme portant un jodhpurs. Quand même, ils ne manquaient pas d'élégance, les anciens, prenant fièrement la pause, pense-t-elle... Puis en voilà une autre, une famille en balade sur un petit bateau. Immédiatement, elle repense à la promesse que lui a faite, Jude : Bientôt, il abandonnera son élevage de chevaux quelques jours à son père et ils iront tous les deux pêcher le congre, au large de l'Ile aux Moutons. Cette pensée la ravit. Leur ami Johan est marin pêcheur. Il les prendra sur son chalutier. Ensemble, ils amorceront les lignes de fond, de sardines odorantes et si la chance leur sourit, ils pourront prendre jusqu'à deux cent kilos de poissons ! Plus tard en saison, viendra le tour des soles et des rougets. C'est un passionné, Johan ! Elle aime l'écouter parler de son métier.
La nuit, ils se relaieront, lui et ses hommes, aux commandes du bateau. Just'avant l'aube, tous iront relever les palangres. Trop excités, ils oublieront leur fatigue et riront de tout, comme des enfants en avalant leur café. (Mais attention, les congres sont des prédateurs voraces ! Ils peuvent vous blesser de leur machoire puissante, parfois même après que vous leur ayez ôté les viscères ! Un système de cage fait de planches les retient, une fois pêchés, à la poupe du bateau). Johan et les autres pêcheurs, aguerris, les couteaux bien aiguisés en main, les videront pendant que Jude et Lilouenn les trieront par tailles.
A dix-sept heures, viendra la "criée". Ils finiront fourbus mais heureux d'avoir travaillé ensemble. Jude ferait un bon skipper, lui aussi, Lilouenn en est persuadée ! Et s'ils achetaient un bateau ? Elle le baptiserait : "Le goëland". Ils recruteraient des saisonniers qu'ils embarqueraient pour de si belles aventures. Malmenés par la gîte, par les vents, par les vagues venues se jeter sur le pont les jours de tempêtes, ils se redécouvriraient, plus vivants que jamais ! Ils s'épauleraient en repoussant toujours leurs propres limites !
Quand Lilouenn rêve, c'est toujours en grand, ses pensées prennent tout l'espace. Elle touche des doigts l'horizon.
-" Mademoiselle, ne touchez-pas les toiles s'il vous plaît !"
-" Oh... Pardon Messieurs !"
Le musée va fermer. La jeune femme se dirige vers la sortie mais laisse entre-ouverte la porte de ses songes. Elle reviendra...