Le xylophone est un jeu d'enfant (Kate)
Chère Marianne,
Ta lettre m'a enchantée, charmée et quand même étonnée...
Il t'envoie des fleurs
T'écrit des mots
Tu pardonnes son erreur
Tout ça est très beau
(Je résume...)
J'ai moi-même suivi
Tant de chemins
Qui ne menaient à rien
Poursuivi
Tant de chimères
Au parfum amer
(Je te prie de m'excuser pour cette sortie de route...)
Que je ne peux rien te dire de valable, je crois, si ce n'est que notre vie est faite d'essais et d'erreurs, de tas de choses qu'on n'aurait pas dû faire et que pourtant les pires regrets concernent souvent les choses qu'on n'a pas faites, surtout celles qu'on s'est empêché soi-même de faire. Allez, j'arrête, tu sais tout ça !
J'avais commencé à t'écrire il y a quelques jours et mes notes sont restées à l'état de brouillon et je les retrouve : je ne résiste pas à l'idée de t'en faire un résumé et tu verras à quel point notre état d'esprit est variable et fluctuant.
Voilà, en plus lisible :
Chère Marianne,
Tu te souviens de "Neume joue pas du pipeau !" ?
Maintenant qu'il te couvre de fleurs, tu écoutes son chant des sirènes !
Dis-lui que tu n'es là pour personne
Que ton nouvel amant joue du xylophone
Qu'il te laisse réfléchir
Avant de s'arrêter pour te voir en allant bosser à Carcassonne
Peut-être a-t-il raison ?
Non, pas encore ?
Tu es bien allée dîner dans sa maison
Alors invite-le à déjeuner avec toi
Plus de flûtes ni hautbois
Greg a tout repris la dernière fois
Reste un xylophone
Qui trône au salon...
Ce reliquat fera un sujet de conversation (ou pas) : tu diras que bientôt il sera rendu à son propriétaire, que ta console sera ainsi libérée et que tu vas refaire toute la déco (et hop, un autre bon sujet, ou pas !)...
Bon, tu vois, je "balance" ma première version en deuxième, match nul, la balle au centre ?
Plus concrètement, hier Grégory m'a téléphoné alors que j'étais plongée dans l'histoire des jouets au XXème siècle et plus précisément dans le catalogue d'une exposition de 1978 que mes parents avaient vue à Paris. Il m'a appelée pour avoir de mes nouvelles car on ne s'était pas revus depuis ma visite à la la fameuse clinique. Je l'ai rassurée, tout est rentré dans l'ordre, ma vie s'efforce d'être un long fleuve tranquille... Mais la rencontre de Pacôme en a un peu bouleversé le cours. Je suis en effet, sur son invitation, allée boire un thé chez lui et nous avons discuté une bonne heure mais non, je n'ai pas fait comme Vincent Delerm.
Tu me diras, à raison, pourquoi lui ai-je raconté tout ça ? Mystère, il a en effet une petite "musique" à lui qui fait qu'il y a un échange et que, peut-être, j'avais envie de lui faire partager un moment de joie, même si j'imaginais bien qu'il m'appelait pour me parler de toi...
Et puis, oui, il m'a demandé de tes nouvelles et je ne lui ai bien sûr pas parlé de Nestor, d'ailleurs que lui aurais-je dit ? Tu travailles, ta mère va bien, la routine.
Il m'a dit "tant mieux". Il est sur un nouveau projet au Pays Basque, pas à Carcassonne. Toujours sur la flûte, cette fois la flûte basque et aussi d'autres instruments locaux dont le xylophone. J'ai cru qu'il plaisantait et il m'a parlé d'un xylophone basque. Justement, je lui ai parlé du catalogue de l'exposition sur les jouets américains que j'avais retrouvé et d'un xylophone en jouet charmant et aussi du fameux téléphone de Messieurs Fisher et Price qui avait enchanté notre enfance.
Il a bien ri et m'a raconté que pour le Noël de ses quatre ans, il avait reçu de ses grand-parents, qui ne s'étaient pas concertés, une trompette et un tambour ! Ses parents n'étaient pas ravis mais lui si !
En résumé, il va aller sur un chantier au Pays Basque et tu pourras lui rendre son xylophone s'il s'arrête chez toi.
Voilà, chère Marianne,
Bises de ta cousine,
Sarah