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Le défi du samedi
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2 janvier 2021

Lise, Lison, Liseron (Yvanne)

 

Elle s'appelle Lise mais on la surnomme Lison ou le plus souvent Liseron depuis sa prime enfance. Et elle porte bien ce dernier surnom je ne dirais pas le contraire. Ah ça non ! Petite fille, elle grimpait dans les arbres pour échapper aux punitions de ses parents ou aux camarades à qui elle avait fait quelques farces dont ils se souviendraient longtemps.

Aujourd'hui, Liseron est une belle jeune femme dont j'ai le bonheur d'être l'époux. Le bonheur, mouais. Au début, tout allait bien. J'avais rencontré Liseron chez des amis. Ce fut un véritable coup de foudre. Au moins pour moi. Comment ne pas tomber en amour pour ce brin de fille élancée et souple comme une liane ? Il émanait d'elle cependant une fragilité d'apparence qui évoquait la Dame aux Camélias. Cela me troublait. Elle, elle ne me voyait pas, trop occupée à aller de l'un à l'autre, avec une aisance remarquable, tel un papillon frivole. Elle portait ce jour-là une jupe corolle couleur lilas qu'elle prenait visiblement plaisir à faire tourbillonner autour d'elle. Elle souriait et ses magnifiques yeux pervenche effleuraient l'un ou l'autre sans vraiment se poser. Dans son sillage, une fragrance aux notes hespéridées subtiles et suaves de jasmin et de violette attirait tous les hommes qui se retournaient sur son passage.

Alors qu'elle évoluait près de moi, je fis un pas en avant et l'abordai. Je n'avais pourtant pas l'habitude de conter fleurette à la première venue. Comment avais-je osé, moi réputé timide ? Je ne sais pas. Elle s'arrêta, intriguée, me tendit un verre tulipe empli de champagne et daigna m'écouter.
- Pardon Mademoiselle. Mademoiselle... ? bafouillai-je, rouge comme une pivoine.
- Lise. Je ne vous connais pas.Vous êtes nouveau dans mon cercle d'amis.
- Oui. Je suis un collègue du maître de maison. Et vous ?
- Suivez-moi.

Je n'hésitai pas une seconde. J'étais déjà à ses pieds. Elle se dirigea vers le jardin où nous nous installâmes sous une petite tonnelle à l'abri des regards. Nous fîmes plus ample connaissance et dès ce jour, nous ne nous sommes plus quittés. Je nageai littéralement dans le bonheur. Elle habitait chacune de mes pensées. Je ne sais comment, je me retrouvai bientôt devant Monsieur le Maire. Époustouflante, ma femme dans sa jolie robe immaculée au buste étroit souligné de boutons de roses. Elle tenait dans sa main gantée un bouquet tout simple de volubilis. Elle avait choisi ces fleurs qui rappelaient son prénom disait-elle à ceux qui s'étonnaient de la singularité de cette gerbe plutôt champêtre.

Je regarde cette photo de notre mariage il y a à peine un an. Quel air idiot dans ce costume sombre, un œillet blanc à la boutonnière ! Cela me donne de l'urticaire aujourd'hui de contempler cet imbécile heureux qui sourit béatement. On m'avait pourtant prévenu : méfie-toi, Liseron est tellement attachante que tu ne pourras plus t'en défaire. J'avais si bien mordu à l'hameçon que je n'imaginais pas une seconde l'emprise que cette femme prendrait sur moi dès qu'elle aurait la bague au doigt. Sous le prétexte fallacieux d'entourer tendrement son petit mari comme elle le laisse entendre, elle m'étouffe m'encombre m'exaspère. Je ne sais comment me débarrasser de cet amour toxique. De plus, elle est sexuellement insatiable. Une nymphomane qui m'épuise. Ça ne peut plus durer.

Liseron, liseron...une plante envahissante pour les jardiniers il me semble. Peut-être que. Allons donc voir comment ces derniers en finissent avec cette herbacée volubile. Utiliser une griffe pour arracher les racines qu'ils nomment boyaux du diable. Elles se propagent profondément dans le sol et c'est l'invasion assurée dans le potager. C'est tout à fait ça. Si je n'y prends garde, Liseron aura bientôt raison de moi tout entier. Y compris de mon esprit.

Ben voilà ! J'ai trouvé. Mon Liseron à moi ne supporte pas la vue du sang. Pendant nos ébats où elle s'enroule autour de moi jusqu'à m'asphyxier, je vais labourer son dos, ses cuisses...enfin sa peau fragile jusqu'à ce qu'elle s'affole et demande grâce, jusqu'à ce qu'elle s'étiole à petit feu.

C'est décidé je vais commencer à semer mes petites graines dès ce soir afin que mon plant euh...mon plan réussisse rapidement. Ça tombe bien, c'est son anniversaire. Un gros bouquet de volubilis en guise de préliminaires.

 

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Commentaires
Y
Merci à vous qui m'avez lue et commentée. <br /> <br /> Je vous souhaite une belle année 2021 avec pour chaque semaine un nouveau mot de notre inventif et toujours fidèle Walrus.
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M
Le choix du vocabulaire est subtil ...<br /> <br /> La position "tête-bèche" serait à expérimenter ! :)
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P
J'aime bien le "conter fleurette" et le bouquet de fleurs semées tout au long de ton texte... Bon anniversaire à Liseron ! :-)
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L
on ne végète pourtant pas par ici...
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V
D'attachante à étouffante... La progression est assassine! Sourire
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J
J'aimerais lire cette histoire du point du vue de Lise. M'est avis que le narrateur se plante. ;-)
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W
Et tu commences par une œillade assassine ?
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L
Comme Kate, J'ai eu les mêmes paroles qui me venaient à l'esprit en lisant ton texte !
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K
Une jolie fleur....................dans une peau d'vache ! Mais la vengeance promet d'être terrible !
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