Pourtant, la mer est belle ([ Fabrice ])
L'azur est un royaume où les rêves s'achètent
Au prix d'une existence acculée aux écueils,
D'une vie en sursis que les vents déchiquettent
Sur la houle taillée en milliers de cercueils.
Pourtant, la mer est belle.
Pourtant, le ciel est chaud.
L'espoir, une chandelle
Qui brille fort et haut.
L'azur ouvre les bras. Comme Saint-Pierre, à Rome ;
Saint-Pierre et tous les saints qui fermeront les yeux
Quand les mortels bien nés croqueront dans la pomme
De leur indifférence, ou diront faire au mieux.
Pourtant, la mer est belle.
Pourtant, le ciel est chaud.
L'espoir, une chandelle
Qui brille fort et haut.
dessin : Capdevilla
L'azur n'est qu'un mirage, un passeur qui fabule,
Un vautour écumant les rives de l'enfer ;
Il s'efface, repu, devant le crépuscule
Qui pousse les rafiots aux portes de l'hiver.
Et si la mer est belle
Dans les reflets du soir,
Le Pré de l'Asphodèle
Vient d'enfermer l'espoir.