On patauge dans la marmelade (Walrus)
Je sais pas ce qui m'a pris : emporté par la vague du moment, j'ai, comme je vous l'ai signalé, failli vous proposer "confinement". Mais inutile de retourner le fer dans la plaie et donc, sur la lancée du confi, je suis tombé sur confiture.
Un mec sous influence, quoi !
Maintenant que je dois m'y coller (normal avec la confiture), je suis confit de regrets et la confiture de regrets, c'est amer, pire que celle aux oranges !
Mais puisqu'il faut y aller, les confitures, ça m'évoque deux choses. Enfin, deux personnes :
Ma mère
Ma mère était femme au foyer (du moins à partir de son mariage, pour sa période ancillaire post adolescence, faudra attendre un autre billet). Si bien qu'à la saison des fruits, elle préparait des confitures.
Elle possédait une marmite ad hoc (c'est à dire en cuivre comme eût le sergent de la blague). C'était tout un boulot dont je me souviens parfaitement : laver, nettoyer, découper, peser les fruits ajouter le sucre (détail bizarre : elle employait du sucre en morceaux plutôt que du sucre en poudre, mais c'était son truc, je vais pas discuter). Faire cuire le machin, touiller, écumer et tester la consistance en laissant tomber un goutte du liquide sur une petite soucoupe (en porcelaine bleue). Mettre en bocaux, couvrir de film cellophane et stocker à la cave.
Mais le pire, ce n'était pas cette fabrication : au jardin, outre la rhubarbe, nous avions des poires, des pêches et des bigarreaux blancs mais elle n'en faisait pas de confitures, elle les stérilisait en bocaux. Donc, les fruits des confitures, elle les achetait et pour ce faire, elle prenait le tram jusque La Louvière ou parfois Mons, nous habitions à mi-chemin entre ces deux villes, et elle se coltinait les sacs à provisions, une vraie expédition, mais sans porteurs (Léopold II était mort depuis longtemps).
Ma fille
Ma fille avait voulu aller chez les louveteaux (oui, les meutes à la FEE étaient mixtes). C'est grâce à ou à cause d'elle (barrez la mention inutile) que j'ai replongé dans le scoutisme.
Lorsqu'elle rentrait du camp où elle s'était gavée de tartines à la confiture (vous avez déjà assisté au petit-déjeuner d'une meute ? Moi oui, quel spectacle enthousiasmant !), elle évoquait en extase les qualités de la confiote "Quatre Fruits" de chez Colruyt et nous implorait d'en acheter un grand bocal dans les plus brefs délais.
Makgré mon côté "tyran domestique", je cédais à sa demande avec pour résultat que dès la première tartine, elle découvrait à la couche collante et coulante de confiote un je ne sais trop quel manque de capacité évocatrice du temps béni du camp et c'est moi qui pouvais ma farcir le reste du pot de confiote Quatre Fruits...
J'ai horreur de la confiote Quatre Fruits, je hais la confiote Quatre Fruits, je vomis la confiote Quatre Fruits, Putain (comme dirait Célestine) !