Nous ont apporté un petit parfum de Côte d'Azur
Laura ; Joe Krapov ; TOKYO ; maryline18 ;
Lecrilibriste ; Vegas sur sarthe ; joye ; Pascal ;
Walrus ; Adrienne ; Kate ; JAK ; bongopinot ;
Le soleil de Sablé par bongopinot
Le mimosa dans le jardin
Donne la couleur à l'hiver
En fleurs à chacun de tes anniversaires
Lui est toujours là et je me souviens
De ses floraisons odorantes
Te redonnant le sourire
Ça te faisait oublier le pire
Sous ses branches réconfortantes
Je n'aimerais pas oublier
Tous nos rires d'après-midi
Emmitouflées et bien à l'abri
Le regardant en sirotant notre café
Tu es partie depuis plus de dix ans
Mais il continue de s'étoffer
Donnant de l'or jaune étoilé
Et c'est pour toi chère maman
C'était ton soleil d'hiver
Tu aimais tant l'admirer
Et regarder les bébés mimosa pousser
Et lorsque je suis devant lui je me sens moins amer
Quand le mime osa (JAK)
Là, sur l’esplanade le mime inlassablement mime les gestes des passants.
Je le regarde avec attention.
Il scrute mon regard, le mime, alors devin, y discerne
mon sentiment.
Et lors au lieu de m’imiter, il a pris la parole
Et là ,sur l’esplanade, devant la foule intriguée
le mime osa me dire : moi aussi je vous aime.
Du mimosa aux masques (Kate)
Du mimosa
Cours Saleya
Des pan bagnas
Des pizzas Margherita
Cannes la Bocca
On s'interpelle
On se hèle
Avec ta soeur Maria
De Sainte Agnès à Sospel
Jusqu'à la villa
Ephrussi de Saint Jean Cap Ferrat
Sur les hauteurs de Grasse
Mille effluves se massent
Rose Centifolia
Violette Victoria
Iris Pallida
Trop de bourrasques
De masques
Tout se détraque
L'on perd nos marques
Notre légèreté
Au profit de l'anxiété
Généralisée
(photos de l'auteur, février 2020)
M comme mimosa (Adrienne)
Quel bonheur, un livre!
Le cœur de mini-Adrienne fait des bonds. Il n'est même pas nécessaire d'ôter le papier, c'est un livre, elle le sent, et c'est le principal! Elle s'élance pour embrasser sa Tantine.
La couverture est vert pâle. 'Boule d'Or et sa Dauphine', dit le titre.
La Dauphine, mini-Adrienne connaît, c'est le modèle de voiture qu'a le vieil Hector. Exactement de ce même vert délavé.
Et Boule d'Or? ce sont les cigarettes que fume le grand-père. Les rouges sans filtre.
Une auto et des cigarettes, se dit mini-Adrienne, du haut de ses huit ans, voilà qui sera une lecture intéressante!
Alors elle y commence tout de suite. Mais il n'est question ni de Renault ni de tabac:
"C’est aujourd’hui chez nous la cueillette du mimosa que les gens de la ville viennent chercher ce soir. Papa a besoin d’aides ; qui est-ce qui vient avec moi ? " lit-elle à la page 10.
Cueillette de mimosa, fête du mimosa, bouquets de mimosa, gerbes de mimosa, une montagne de mimosas... et la Reine du Mimosa!
Qui s'appelle Marie-Antoinette.
Voilà.
C'est comme ça qu'à huit ans mini-Adrienne a su que la future reine de France portait un nom de voiture :-)
Comme le disait Fernand Raynaud "Vous allez voir comme les gens sont méchants !" (Walrus)
C'est toujours pareil avec moi : j'établis à l'avance des listes de mots pour les prochaines échéances et, le moment venu, pour un oui, pour un non, je laisse tomber et j'en utilise d'autres.
Dans le cas qui nous occupe, une émission de la RTBF nous montrait, à l'occasion du carnaval de Binche, un reportage sur une famille des Alpes Maritimes qui cultivait du mimosa dont une partie de la production était destinée à cette manifestation folklorique.
Il est en effet d'usage pour les habitants de la cité de Marie de Hongrie d'épingler à cette occasion sur leurs vêtements un petit bouquet de ces fleurs ensoleillées autant que parfumées.
J'ai donc oublié mégalomane au bénéfice de mimosa.
Ensuite, il a fallu écrire et là, j'ai eu les boules (de mimosa) ! Qu'allais-je bien pouvoir raconter ?
Puis, ce matin, ça m'est revenu !
Vous vous souvenez de Madame Chérie ?
Je sais, vous ne lisiez sans doute pas mon blog personnel en 2008 (ni aujourd'hui d'ailleurs) mais le billet auquel je fais référence, je l'ai déjà évoqué ici à au moins deux reprises si j'en crois les commentaires de l'Adrienne et de bongopinot.
Eh bien, j'avais oublié un détail en vous contant cette histoire : cette dame avait un mari que personnellement j'appelais "Monsieur Capon" parce que lui-même employait ce terme de façon affectueuse à mon égard, un mari que ses voisins moqueurs surnommaient "Monsieur Mimosa" parce qu'il ramenait régulièrement des fleurs à son épouse, une pratique qui détonnait et étonnait dans le quartier ouvrier où nous habitions à l'époque.
Mimosa (Pascal)
Quand on sortait, le dimanche après-midi, mon père savait toujours nous trouver un petit coin de verdure, à la campagne. Au coin d’un champ, à l’orée d’une futaie, au bord d’une rivière, on étalait la couverture, celle de la banquette arrière, celle dont le tissu avait les motifs écossais mais dont le tartan savait si bien me piquer les cuisses et les jambes. Ne pouvant pas rester en place, entre autres explorations, j’allais butiner les fleurs alentour.
Comme tous les gosses, j’en cueillais de quoi remplir ma menotte, et je fonçais voir ma mère avec ce bouquet éphémère ; bien sûr, elle s’extasiait devant les quelques fleurs déjà fanées que je lui tendais en offrande sincère. Telle une émérite goûteuse de sensations, elle mettait le nez au milieu du petit bouquet, elle fermait les yeux comme pour en extraire les meilleures senteurs, et elle rendait son verdict de grande connaisseuse des fleurs et des parfums. Même si elle en rajoutait, même si son extase était feinte, même si sa pâmoison était théâtrale, j’étais fier d’une gloire incommensurable. Tout rempli d’un courage de petit chevalier courant à l’aventure, je repartais à la conquête du graal, des fleurs plus sauvages, plus lointaines, plus aptes à réjouir ma mère.
C’est elle qui m’a donné l’envie de respirer dans les bouquets ; d’aussi loin que remontent mes souvenances, mimétisme de petit singe, comme elle, je mettais mon nez dans les fleurs pour les respirer. M’man, avec son engouement, elle savait développer mes sens par l’apprentissage de tout ce qui m’entourait. De fait, je ne voyais plus les choses de façon pragmatique mais avec un sixième sens, constamment exacerbé par les cinq autres.
Ces quelques fleurs cueillies, on devait absolument les ramener à la maison ! Les mettre dans un verre d’eau parce qu’elles avaient soif ! Il fallait les placer en évidence, dans la maison, parce qu’elles étaient belles à regarder et, qu’en échange, elles nous rappelaient ce beau dimanche après-midi à la campagne !...
Au printemps, quand mon père revenait de ses tournées, il avait parfois un grand bouquet de lilas blanc dans les bras ; tel un vainqueur de quelque exploit sportif régional, il rentrait dans la cuisine avec son trophée, et c’était comme si toute la maison s’embrasait de ce parfum si capiteux. Sournoises, si elles existaient, les tensions et les contrariétés s’estompaient, tant l’embaumement du lilas occupait toutes nos respirations avides. Ce jour-là, à la maison, il faisait plus beau que les autres jours.
M’man s’empressait de trouver un vase pour abreuver toutes ces branches si fleuries de lourdes grappes odorantes. Cérémonieuse, elle allait le placer sur le manteau de la cheminée, à la salle à manger, pour que tout le monde en profite. Mes sœurs, mon frère, comme à la procession, nous allions tous inhaler le précieux parfum.
Au hasard de mes jeux, je passais « par le lilas » ; subrepticement, j’allais le respirer ; c’était un shoot, un moment d’intense volupté où tout mon être était conquis par ces étourdissantes fragrances. Debout sur une chaise, je tentais d’aller humer les petites fleurs à peine ouvertes, pour avoir la primeur de cet enivrement.
À croire que dans cette maison, on savait distiller les fleurs : le brin de muguet, la lavande séchée, le buis du crucifix, même les feuilles de laurier pendues dans le placard sentaient bon…
Selon la saison, quand j’allais rendre visite à mes vieux parents, je n’oubliais jamais de rapporter un petit bouquet de mimosa à la maison. Et m’man plantait son nez dans le bouquet ! Elle fermait les yeux pour mieux le respirer, comme si le chemin de ses perceptions était mieux éclairé par cette seule olfaction impérieuse ! Elle disait qu’il y avait le soleil caché à l’intérieur ! Elle s’approchait si près que je pensais toujours qu’elle voulait se réchauffer contre les fleurs !
Toute tremblante de je ne sais quel souvenir exhumé, empressée, elle cherchait quel vase serait le plus digne de recevoir ces magnifiques fleurs ! Dangereusement, elle escaladait le haut des placards pour trouver l’idéal ! Il n’y avait pas d’or à la maison mais il y avait du bonheur.
M’man, son visage au milieu des fleurs, c’est comme cela que je me rappelle le mieux d’elle. Avec mes sens, elle m’a appris à voir le monde à ma mesure, elle m’a appris à n’en prendre que le nécessaire, elle m’a appris à être heureux avec ce que j’ai. Quelqu’un qui se penche pour respirer une fleur n’est pas si mauvais, et m’man m’a appris à respirer les fleurs…
Chaque début d’année, entre deux frimas d’hiver, je vais la voir au cimetière ; je n’oublie jamais d’apporter un petit bouquet de mimosa. Posé sur la pierre froide, il est comme un petit rayon de soleil vivifiant, un pied de nez à la rigueur ténébreuse de l’endroit. M’man, avec toute sa pudeur d’éternité, je sais qu’elle attendra que je sois parti pour aller respirer ses fleurs préférées…
Honteuse femelle (Vegas sur sarthe)
En lui offrant ça j'étais bien conscient que je lui offrais une légumineuse, alors j'ai dit pour faire plus romantique « C'est une sensitive, ma biche ».
La fleuriste antillaise avait été nettement moins sensible pour une fleuriste, elle appelait ça une honteuse femelle, une herbe mamzelle mais je me suis dit que Germaine aimerait quand même ça car elle n'était pas jaune … Germaine a horreur du jaune.
Elle m'avait rencardé sur ce machin et j'avais noté des termes comme pétioles Doudou, pennes Doudou et folioles Doudou.
J'avais lu des trucs surprenants, comment ça refermait ses feuilles au moindre choc ; même que ça fermait ses feuilles la nuit tout comme Germaine à l'hôtel du cul tourné !
C'est une technique pour se défendre contre les prédateurs nocturnes ; ainsi, Germaine était nyctinastique et moi par voie de conséquence un prédateur nocturne, bref.
La fleuriste avait ponctué nyctinastique par un « I pa bon ».
J'évitai le sujet avec Germaine, me contentant de lui tendre le bouquet.
J'avais lu aussi que la sensitive pouvait infester les cultures – un peu comme Germaine – mais j'évitai aussi de le préciser tout comme son caractère toxique du à la présence de nombreux alcaloïdes.
De toute façon Germaine n'avait pas l'habitude de brouter les bouquets que je lui offrais … enfin, rarement.
« Quelque chose à te faire pardonner ? » a t-elle questionné en cherchant un vase.
J'ai réfléchi quelques secondes ; non, je n'avais rien à me faire pardonner ce jour-là.
Germaine était toujours méfiante à propos des cadeaux gratuits.
Pour l'entretien la fleuriste antillaise m'avait conseillé une douche deux fois par semaine … mais je me gardai bien de lui avouer que j'en prenais chaque matin.
C'était bien la première fois qu'une fleuriste me parlait d'hygiène corporelle à moins que cette plante ne soit vraiment malfaisante.
Germaine avait posé le vase sur le buffet : »Si c'était pas bleu, j'aurais juré que tu me ramenais du mimosa »
« Je connais tes goûts, ma biche » ai-je rétorqué en me gaussant.
« C'est pas de la peinture au moins ? » a t-elle insisté en reniflant les inflorescences bleutées.
« Tu le sauras vite » ai-je répondu « la fleuriste préconise deux douches par semaine »
« Tu sentais si mauvais que ça ? De quoi elle se mêle cette fleuriste ? » a rugi Germaine.
« Je suis bien d'accord avec toi » ai-je rétorqué « de quoi elle se mêle ? »
« ça sent bon » a conclu Germaine.
La fleuriste aurait dit « I bon » mais je n'ai rien ajouté.