DYNAMITES (TOKYO)
Je tentais de me remettre de mes émotions, pour cela ne pas tomber à terre. Je ne pouvais rien faire d’autre que m’arrimer à la rambarde qui menait à la piste d’atterrissage des avions.
Mon mari était là soi-disant en voyage d’affaires. A son bras une cruche en talons hauts. Ce charmeur de serpent était bel et bien un enfoiré. J’avais dans le nez une étrange odeur, un mélange de moquette et de gorgonzola .je pouvais voir sa ridicule raie de côté et deviner son ton doucereux. Il était en train de déclencher une crise inédite dans mes neurones et mon système hormonal s’emballait.
J’étais la reine des connes et ma couronne commençait à peser. Je dévalais les escaliers et un hurlement aigu me pénétra à cet instant l’oreille gauche.
Quelqu’un criait. Elle va tout faire sauter, elle a un pain de dynamite à la main . « De quoi elle s’occupe celle-là » fut ma première pensée.
Bon c’est vrai on était très proche d’un scénario catastrophe, le dernier stade de la haine. Quand soudain je sentis une morsure à mon oreille. Quelqu’un venait de plonger ses dents dans le lobe délicat de mon oreille de princesse. Ce flic avait autant de chance de m’immobiliser que de trouver Elvis sur Mars ou de se voir réincarné en olive.
Le gaillard était tout ébouriffé. J’ai juste eu le temps de le traiter de sale gosse et de lui assener des coups de bâton de dynamite sur son crane d’œuf. On dit que la vidéo des deux gifles que je lui ai mises est devenue virale depuis. Un flic, ça pèse au moins 80kg. Je vous mets au défi d’avancer un pain de dynamite à la main alors qu’il s’accrochait au lobe de mon oreille.
Sur fond d’horloge qui égrène les minutes les passagers de l’aéroport étaient suspendus à la scène.
Pour eux le pire c’était l’incertitude. Mon époux et sa cruche devaient avoir été frappés d’un décalage horaire ils s’éloignaient inexorablement vers la piste d'envol sans avoir rien vu de la scène. J’enrageais.
Les gens s’interpellaient, ils parlaient par-dessus ma tête. On aurait dit qu’ils échangeaient des nouvelles comme des voisins par-dessus un muret. Puis ce fut la déflagration. La baie vitrée qui donnait sur la piste vola en éclat. Le destin m’avait choisie, il avait frappé à ma porte . Mon mari était étendu sur le sol sa cruche séchait maintenant au soleil. Tout était parti en cacahouète. « J’avais une tension insoluble, monsieur le juge. » . J’arborais au tribunal un e T-shirt flamboyant MARIAGE MON CUL. Je sautillais à la barre j’enchainais les directs et les crochets et le proc commençait à être agacé. Vous ne regrettez pas votre geste Madame. Vous savez que vous faites des émules sur les réseaux sociaux. On compte depuis des incidents de ce genre dans les restaurants et même à la sortie de l’église. La préfecture vient de légiférer sur la vente de bâtons de dynamite. Pour ceux qui n’auraient pas suivi, le magazine Times a versé une somme considérable pour avoir les clichés du mari et de la scène d’adultère et du lancement des bâtons de dynamites. Cette scène culte à fait le tour du monde. Tremblez coureurs de jupons les femmes arrivent !!