TU AURAS DU BÂTON ! (Joe Krapov)
Un bâton de berger et tout le monde saucissonne ;
Un bâton de colle et tout un univers surréaliste naît à partir des coups de ciseaux de Jacques Prévert ;
Un bâton de pèlerin et tout le monde composte son billet puis chemine en godillots vers un autel à Saint-Jacques ;
Un bâton de pluie et tout le monde écoute la comédie du riz qui bruite la nature ;
Un bâton de rouge à lèvres et tout un désir s’allume ;
Un bâton de sourcier et tout le monde espère la fin de la sécheresse ;
Un bâton de gendarme et tous les enfants crient pour prévenir Guignol ;
Un bâton d’encens et tout plane pourvu que la musique soit des années 60 ou 70 ;
Un bâton de théâtre qui frappe les trois coups et tout le monde se tait, la pièce peut commencer ;
Un bâton de craie et toute une classe attentive à son crissement attend de découvrir le sujet de la rédaction ;
Un bâton de marche nordique (ou deux) et tout un troupeau de moutons de Panurge envahit en caquetant le chemin de halage (oui, ces moutons-là caquètent !) ;
Un bâton de magicien et c’est l’enchantement de « Demons and wizards » ;
Un bâton de majorette et tout le village est en fête ;
Un bâton de ski (ou deux) et toute la montagne est blanche ;
Un bâton merdeux et tout le monde se le refile ;
Un Bâton-rouge en Louisiane et tout le monde s’étonne du nombre de « s » et de « i » dans Mississippi ! Si, si, Sissi !
Un bâton de dynamite et tout mon poème explose.
Aussitôt je prends la fuite : les volées de coups de bâton, très peu pour moi !