Le cathèdre (TOKYO)
On avait retrouvé sous les gravats un homme assis sur cette cathèdre.
Sous des tonnes de béton il était là assis, il souriait.
La centrale nucléaire dans son souffle avait tout emporté de la ville sauf lui.
Sa voix était enrouée comme prise par des tonnes d’encre
Jamais aucun homme n’avait porté ce visage radieux malgré que son souffle soit rabattu par le souffle de la centrale.
Il disait s’appeler François j’étais la seule à le croire.
François d’Assise était là devant moi et il murmurait de belles choses à mon oreille.
Il est ici et impose par son sourire le silence aux fous aux puissants et même à Dieu qui parle trop fort.
Je le suis maintenant il marche dans un paysage irradié par la centrale.
Nous sommes des mies de pain dans la grande galaxie, des grains de farine sur le chemisier de l’univers.
Ça je l’ai appris de lui, comme j’ai appris à cogner sur tous les matins du monde pour que l’alouette nous revienne.
Sans elle que le monde est triste.
J’ignorai combien le chant de l’alouette m’était aussi essentiel que la lumière.
Ce matin la cathèdre était recouverte d’oiseux locataires du monde dont on avait été expulsés par le souffle de la centrale.
J’ai appris que le monde n’était pas rien que pour nous ça vous tombe sur la nuque dessus comme du plomb cette compréhension-là.
Ce qui est fatigant depuis c’est de pouvoir le dire de le faire entendre avant qu’on ne veuille plus de nous chez nous