L'artichaut (maryline18)
Je lui ai dit :
- je vends ! Vous croyez pouvoir en tirer un bon prix ?
Il m'a regardé d'un air dubitatif et m'a lancé :
- j'chais pas, moi, faut voir...!
- Faites pas la fine bouche, elle a encore sa place sur le marché !
- Vous me faite visiter ? ( Il avait l'air pressé. )
- Allons-y !
- Le coeur n'est plus tout neuf, à ce que j' vois, il s'effrite, regadez, il part en feuilles, ( il le touche), et...il est chaud, bien qu'encore vert ! Bon, continuons !
- Les jambes, non mais regardez moi ces jambes ! Elle sont bien trop près du cou, un mauvais coup sur la jugulaire et hop...plus personne !
- Les bras...bien trop courts ces bras, mais bon, il n'enserrent plus que du vide, c'est un moindre mal, n'est-ce pas ?
- Les mains...oh, elles sont douces...mais tâchées hélas, dommage !
Je n'ai pas pu tenir ma langue :
- Mais elles rendent encore bien des services et elles ont de l'expérience !
( Là, il a pouffé de rire ) :
- De l'EXPERIENCE, dites-vous ! Mais les futurs acheteurs ne recherchent pas le savoir faire, mais la beauté, Madame, oui, la beauté ! Poursuivons, voulez-vous ?
Quand j'ai entrouvert la porte du haut, il a fait un pas en arrière.
- Vous déménagez ! C'est quoi tout ce désordre, et ces cartons éventrés là !?
J'ai eu honte, d'un seul coup..."Pardonnez moi, je n'ai pas fait le ménage. Là, gisent des vieux souvenirs que je n'ai pas eu la force de jeter et ici, des cartons d'illusions complètement périmées.
- Et ça ? Cette valise à moitié pleine...ou à moitié vide !
- Oh, c'est celle de la chance, il n'en reste plus qu'une moitiè, l'autre s'est faite la malle.
Un peu agacé de ne rien trouver de grande valeur, il poussa la porte du fond et alors, un rayon de lumière arriva jusqu'à nous, en faisant danser des milliers d'étoiles emprisonnées dans son faisceau éblouissant. Mon cri sortit simultanément :
"NONNNNN!"
Le vent produit par celui-ci fit se refermer la porte aussitôt.
Il me regarda abasourdi :
- Mais qu'elle est cette pièce mystérieuse et tellement lumineuse, laissez moi y entrer voyons !"
( Je lui barrais le passage, prête à en découdre ).
-Non ! il faudrait pour cela que vous me passiez sur le corps ! C'est mon jardin secret, le cadeau bonus réservé à l'acheteur du lot.
- Et bien, vous auriez dû me faire entrevoir cette pièce au début de la visite, nous aurions gagné du temps !
- Mais, j'ai tout mon temps...et il me reste un peu de sel pour relever le goût de la vinaigrette... celle, pour accommoder le reste de mon coeur d'artichaut !