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Le défi du samedi
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27 avril 2019

Défi #557


J'ai pensé un instant vous proposer Doudou,
mais je me suis rappelé avoir écrit quelque chose
là-dessus à l'occasion du défi #115
(une époque où, vous le constaterez, les défis étaient
un rien plus compliqués que ceux d'aujourd'hui).

Alors, je vous file un truc où même le CNRTL
ne vous sera d'aucun secours :

Déjanté

 

5571

 

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27 avril 2019

Se seraient-ils mis sur la ...

27 avril 2019

Je m'en bats les ...castagnettes? (Laura)

 

Je suis loin d'être un modèle de beau langage; j'utilise beaucoup le mot de Cambronne et s'y mêle souvent des termes faisant allusion au sexe féminin ou au plus vieux métier du monde, peut-être parce que je suis passée par le sud. Bref, je ne suis pas prude non plus, loin de là.

Mais lorsque j'entends dans la cour des lycées où je travaille dans la bouche des filles, je m'en bats les c....les! ça heurte mes oreilles comme les "fuck" du cinéma anglo-saxon en VO. Ne me demandez pas pourquoi mais je trouve ça moche comme les joggings en molleton hors de chez soi ou de la salle de sport.

Alors pourquoi ne pas dire plutôt, Je m'en bats les ...castagnettes?

 

27 avril 2019

Duel (maryline18)

 

...À la pagaille d'une castagne, je préfère les duels. Un autre style, me direz-vous, mais quelle classe ! Le rendez-vous est donné ou alors improvisé, pour les yeux d'une belle, dont la beauté ensorcelle...

...Au désordre d'une castagne, je préfère les duels. Pas de mobilier cassé, mais un jeu de cape et d'épée où seule l'adresse et l'agilité permettent de gagner, de garder la vie et l'amour de la bien aimée.

 ...Aux cris confus d'une castagne, je préfère le souffle qu'Eleanor retient, car bien sûr, son coeur appartient déjà au beau Stewart Granger. Gagnera -t-il son amour ou perdra-t-il la vie? Ce défi me donne l'envie de revoir Scaramouche !

...Aux coups désordonnés que distribuent une castagne, je préfère imaginer le bras, fièrement prolongé par l'épée, qui ira peut-être se loger, dans la poitrine du rival...Atteindre le coeur, celà peut faire très mal, mais n'oublions pas l'élégance, qui pardonne, à mon sens, bien des impostures. 

...Aux lendemains calamiteux d'une castagne, je préfère la personnalité révélée, des protagonistes d'un duel. L'un est éteint (mort), l'autre est brillant (vivant). Le plus gracile, le plus subtile, le plus intelligent, a  pris l'avantage. Il y a, vous vous en doutez, plus d'une façon de mener un duel et d'autres armes que l'épée bien sûr...   

27 avril 2019

Castagne familiale (Adrienne)

Mini-Adrienne a une Tantine qu'elle aime beaucoup ainsi qu'un tout nouveau Tonton qui ne parle pas le français mais qui est gentil quand même.

C'est avec le sérieux qu'on lui connaît qu'elle a porté les deux anneaux d'or, noués sur un coussinet blanc, de la maison jusqu'à l'église et pendant toute la cérémonie, jusqu'au moment où il a fallu les confier au prêtre pour la bénédiction. Elle n'a d'ailleurs lâché le coussinet qu'après avoir reçu l'accord formel de sa Tantine.

Mini-Adrienne a été heureuse et soulagée de voir enfin briller les précieux anneaux au doigt des mariés, qui avaient l'air très heureux aussi.

Puis il y a eu la fête et bien d'autres émotions dont il ne sera pas question aujourd'hui.

Quinze jours plus tard, Tantine est revenue de son voyage de noces. Elle avait un cadeau pour mini-Adrienne.

- Ça vient d'Espagne, lui dit-elle, mais la petite n'avait que cinq ans et aucune notion de géographie.

Dans la boîte, il y avait deux machins noirs d'une forme bizarre, noués par une cordelette. Tous les adultes présents ont voulu faire une démonstration sur la façon de bien les tenir en main pour les faire claquer. Aucun n'y est vraiment parvenu.

Mini-Adrienne était impatiente de pouvoir essayer, elle aussi, mais elle a dû attendre que parents, grands-parents, oncles et tantes les aient eus entre les mains.

Elle a même eu peur qu'on ne les lui abîme, tant la tension et l'émulation allaient grandissantes.

- Les grandes personnes sont décidément très bizarres, s'est dit mini-Adrienne, chose que lui a confirmée sa lecture du petit Prince, six ans plus tard.

 

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27 avril 2019

Oh Toulouse ! (Walrus)


Vous connaissez Toulouse, la ville rose ?

Et Nougaro ?

C'est à une chanson de ce dernier qu'un journal local avait emprunté son sous-titre :

SATIRICON, Lou Journal des mémés qui aiment la castagne.

Bon, cet espèce de Canard enchaîné local a disparu en 2012 faute d'avoir accepté de survivre à coup de publicité.

Il était bien dans l'ambiance du patelin.

J'y suis allé une fois : le temps de faire, sur les insistances de mon épouse et malgré mes réticences, un petit tour le long du canal du Midi, on nous avait chouravé tout ce qui dans la voiture portait une poignée (valises, sac de voyage, coffret à CD et même un sac plastique contenant des restes de sandwiches à l'omelette). Il ne restait qu'un bac rempli de bières belges et de pralines de chez Neuhaus, l'essentiel quoi !

Je vous raconte ça parce qu'après ma visite déclaratoire au commissariat de police local j'ai assisté sur le boulevard encombré à une scène apparemment courante puisqu'elle ne semble avoir étonné que moi.

Dans la lente circulation deux mecs à la tête près du bonnet commencent à s'engueuler pour une raison qui m'échappe toujours. Est-ce que le gusse à pied a frôlé la rutilante carrosserie de celui en bagnole ? Toujours est-il que le ton monte, monte et finalement, le mec au volant envoie une mandale (faudra que je vous le propose ce mot-là) au piéton et, profitant d'un peu de dégagement dans la circulation, redémarre. C'était sans compter sur le réflexe de l'autre qui s'était accroché au montant de la portière d'une main tout en envoyant une châtaigne de l'autre. Il est resté accroché à la bagnole pendant plusieurs mètres avant que la file de voiture ne s'arrête à nouveau.

Je n'ai pas assisté à la suite parce que ma file à moi s'est mise à dépasser la leur...

Toulouse ? Plus jamais ! Ils sont fous ces Wisigoths !

27 avril 2019

Faut pas trop me chercher ... (Vegas sur sarthe)


J'étais un gringalet c'était une montagne
Castagnettes et castagne
Il était espagnol, je venais de Bretagne
Castagnettes et castagne

Il était torero bouffeur de coucougnettes
Castagne et castagnettes
Je l'ai vu par le petit bout de la lorgnette
Castagne et castagnettes

J'avais eu le malheur de mater sa compagne
Castagnettes et castagne
et de lui renverser sa coupe de champagne
Castagnettes et castagne

J'en ai fait des rillettes, andouillettes et  mouillettes
Castagne et castagnettes
Faut pas trop me chercher ...
Castagne et castagnettes

 

27 avril 2019

Castañuelas é Castanyols, Olé ! (Lecrilibriste)


Le numéro d' flamenco
commençait derrièr' l'rideau
cinq claquettes de castagnettes
et le silence s'installait
et le rideau se levait
dans la lumière s'avançait

au son des casta
des castañuelas
et des castanyols
Olé !

Celle qu'on appelait Carmen
cheveux noirs ornés d'un peigne
le dos joliment cambré
rouge fourreau  volanté
créol' dansant à l'oreille
bras pliés ou bras levés
en  gracieuses envolées
tourbillons d' jupons dentelle
comme un' corolle autour d'elle
éclairs blancs dans les guibolles
frappés roulants d' castanyols
talons martelant le sol

au son des casta
des castañuelas
et des castanyols
Olé !

C'était la reine, la vedette
avec son jeu d' castagnettes
qu'elle maniait comme personne
l'insurpassable  Espagnole
tous les yeux la poursuivaient
dans l'rond de lumière ambrée
habitée avec audace
d' virevoltes de volte-faces
au son d' ses castañuelas
et la foule transportée
et la foule enthousiasmée
ponctuait d'olé rythmés

le son des casta
des castañuelas
et des castanyols
Olé !

27 avril 2019

La veuve Smith (Val)

 

Ça castagnait dur dans la rue principale de la petite ville de Pueblo. 

Juste devant le saloon. Les hommes volaient par les portes battantes, jetés dehors par le patron. Les prostituées hurlaient, pas tant de peur que pour encourager leurs clients favoris à cogner fort, à faire mordre la poussière à d’autres. D’ailleurs, dans ces rues en terre, il était bien facile de la mordre, la poussière. Cette petite ville d’un territoire à peine colonisé, pas assez civilisé pour être un état, ne l’était pas assez non plus pour paver ses rues, ni même encore pour renoncer aux saouleries, et aux bagarres.  

La veuve Smith, dans sa voiture à cheval, tout de noir vêtue, tentait de se frayer un chemin parmi de la castagne. 

Les hommes, quand ils la virent, cessèrent aussitôt de se battre, ôtèrent leurs chapeaux pour la saluer respectueusement. Et lui ouvrirent la route qui menait à l’Eglise. 

La petite femme très brune et très maigre, d’à peine trente ans, dont la robe noire faisait ressortir la pâleur, leur sourit dignement, c’est à dire légèrement, avec un hochement de tête seulement. C’est ainsi qu’on lui avait appris à se conduire avec les hommes: de manière toujours convenable, afin de ne pas paraître effrontée. 

Et elle n’était pas dupe. Elle savait qu’elle était un bon parti à présent. Fraîchement veuve, encore jeune, sans enfant à charge, elle disposait d’une ferme et d’un bon troupeau de bétail à elle, légués par son défunt mari. De surcroît, c’était une femme humble, pieuse, respectable, qui n’avait pas même l’effronterie de monter à cheval. Une femme bien. De celles qu’on épouse. Les hommes se battraient pour elle. Bien sûr, il se disait dans la ville qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfants. C’était là son seul inconvénient. Mais plusieurs hommes, dont des veufs avec déjà une marmaille à charge, s’en accommoderaient très bien. 

L’office fut célébré en l’honneur de son défunt époux, enterré la veille. Elle parut digne durant tout le sermon du révérend, qui saluait également son courage, sa dignité d’honnête femme. 

À la sortie de l’Eglise, les femmes du groupe de tricot lui tendirent des pains de viandes, des tartes, et toutes sortes d’attentions culinaires. C’était ainsi dans cette petite ville. On était solidaires. Surtout envers les veuves. Être une femme seule en ces territoires hostiles n’était pas simple. La vie y était dure, le travail harassant. 

Elle reprit la route en sens inverse. Ça ne castagnait plus, en ville. Tout le monde était au pique-nique dominical.

Sauf Les prostituées, qui prenaient une pause bien méritée, assises sur les marches du saloon. La jeune veuve, qui portait le deuil dans une robe très stricte et convenable, se surprit à leur envier leurs décolletés si indécents, et leurs effets de maquillage inconvenants. 

Quand elle arriva enfin devant sa propriété, elle sourit enfin. Plus personne ne pouvait l’observer. 

Elle s’occupa de son cheval, puis alla ôter ce déguisement de deuil au profit d’une robe maintes fois raccommodée et d’un tablier de travail. La tâche serait ardue, elle le savait. Diriger seule une ferme, sans mari, il y aurait du travail à abattre. Mais enfin, elle préférait ça à la castagne.

Depuis son mariage, elle n’avait connu que les coups. Robert Smith avait été un très mauvais époux. Méchant et revêche. Et alcoolique. Elle n’avait connu, de son mariage, que les coups, les injures, les privations et les humiliations. Et elle n’était pas sterile, non. Son cher époux avait provoqué maintes fausses couches par des coups de pieds dans son ventre. 

Comme elle avait été malheureuse! 

Mais c’était fini, à présent. Il était mort. D’une belle mort! À lui, la moindre souffrance avait été épargnée. Il ne s’était pas vu mourir. 

Elle se remémora ce soir-là. 

La nuit était tombée déjà . Il n’avait pas dîné avec elle. Il était revenu du saloon, ivre mort, encore une fois. Elle avait su ce que ça voulait dire: elle serait battue fort. Peut-être à mort. Un jour, il la tuerait, avait-elle songé. 

Il était en train de  pisser debout devant le porche de leur maison, dos tourné, quand cette idée folle lui était venue. 

Elle s’était emparée du fusil toujours chargé, posé sur la petite étagère derrière la porte d’entrée, avait attendu qu’il ait terminé de se soulager, lui avait laissé le temps de reboutonner son pantalon et avait tiré deux coups. Dans le dos. 

Il était tombé raide. Mieux valait mourir pendue que sous les coups de cet homme! 

Elle s’était ensuite assise dans le rocking-chair sous le porche, le fusil déposé à ses pieds, et avait contemplé le cadavre de son mari en se balançant, toute cette longue nuit de pleine lune. 

A l’aurore, elle avait entendu des chevaux approcher de la ferme. Elle avait blêmi. Ils étaient probablement venus la chercher. Elle serait pendue. Son courage de la veille avait soudain disparu. La peur l’avait saisie. 

Le groupe de cavaliers s’était approché. Le shérif en tête, suivi du révérend, du patron du saloon et de quelques agriculteurs des environs. Elle n’avait pas bougé. N’avait préparé aucun mensonge, aucun défense. 

Les hommes étaient descendus de cheval et leurs regards s’étaient tournés vers le cadavre. Le shérif s’était approché d’elle et lui avait demandé doucement: 

« Que s’est-il passé, Mme Smith? »

Elle s’était sentie comme paralysée. Incapable de répondre. La mort lui avait fait très peur à ce moment-là. Elle avait montré d’un doigt tremblant le cadavre de son époux et avait bredouillé fébrilement :

« C’est le.... j’ai eu... peur... j’ai tiré... »

Le shérif, à sa grande surprise, l’avait prise par les épaules, l’invitant à se lever. Le révérend s’était approché à son tour et lui avait pris la main.

« Nous savons, Mary. C’est l’ours, n’est-ce pas? Nous sommes à sa recherche depuis hier. Il a déjà tué un fermier et en a blessé un autre. Vous avez voulu l’abattre pour sauver Monsieur Smith, mais je présume que vous n’aviez jamais touché un fusil de votre vie? »

Maria avait alors aperçu une issue favorable à sa situation. Elle avait hoché la tête, tout simplement. 

Les hommes avaient emporté le cadavre avec eux en ville. Et ils avaient envoyé des femmes la chercher afin qu’elle ne reste pas seule. 

Elle avait, le jour de l’enterrement de Smith, était félicitée pour son courage  et sa grande dignité. 

Et aujourd’hui, en tenue de travail, devant sa propriété, elle se sentait forte. Très forte. Elle avait gagné la castagne, cette fois! Plus jamais elle ne serait frappée. Et le monde lui appartenait. 

Le lendemain, c’était décidé, elle monterait l’étalon de son défunt mari.

 

27 avril 2019

Le permis de pêche (Pascal)


Les bras en balancier, les doigts joints, la bâche sur le front, la vareuse rentrée dans le pantalon, d’un pas alerte et décidé, je traversais la Cour d’Honneur. Dans cette École, au vu et au su de tous, il n’était jamais bon de traîner seul, au milieu de cette esplanade…

Cet endroit si plat, si rectiligne, si aéré et, paradoxalement, tellement rempli d’embûches, était un pré de joutes occultes. Il s’y lançait des regards noirs, des défis, des « On va se retrouver… ». Approcher trop près un banc d’une région autre que la sienne, c’était signer son arrêt de mort. Les plus anciens cherchaient la castagne, les gradés revêches venaient s’y faire respecter en réclamant des saluts protocolaires ; tels des chefs de meute, les bagarreurs estimaient leurs éventuels adversaires en crachant la salive de leur adrénaline un peu partout…
Un appel ? Une invective ? Une bousculade ? Ne pas se retourner, ne pas répondre et filer au plus vite. Surtout, ne pas sortir la tête des épaules, regarder le sol, marcher vite, comme si on était sûr de là où on allait, c’était le meilleur des laissez-passer…  
Même les officiers ne traînaient pas, comme s’ils avaient peur des attroupements des pirates, ici et là ; sur l’étal du rapt, au cours des ficelles en or, ils pesaient le poids de leur rançon… Imaginez six cents révoltés, les plus baraqués en tête, séquestrant le pacha de l’École ! Il faudrait déployer un sacré contingent de saccos aguerris pour les déloger de ce fort brigandage ! Oui, l’air y était franchement malsain ; pour marcher droit, il fallait éviter tous les coups tordus…
J’avais mes lourds brodequins d’atelier aux pieds et, malheureusement, je ne pouvais pas empêcher leur martelage sur le bitume ; cycliques, mes talons tambourinaient l’allée avec des échos de grosse caisse ; ce n’était pas un jour de fanfare, ni un jour de défilé…  
Forcément, à mon grand désarroi, j’éveillais l’attention de ceux qui n’attendaient que le petit grain de sable à leur simili-quiétude, pour prouver leur grandissime bêtise…

Gamin, quand j’allais à la pêche, d’étude en curiosité, je m’étais aperçu que nombre de poissons attaquaient le leurre, non pas pour le bouffer, mais seulement à cause du dérangement qu’il occasionnait dans les alentours de leur tanière. Mauvaises vibrations, tranquillité perturbée, gêne rémanente, gueule ouverte, ils sautaient sur l’artifice en le croquant de toute leur mâchoire… Au bruit de mes godasses, ce grand échalas qui arrivait droit sur moi, c’était un brochet dérangé par mon déplacement…

« Hé, toi, là-bas ?!... » Je n’en menais pas large ; je sais des trous de souris dans lesquels je me serais caché en oubliant de respirer ; je sais des nuits où j’aurais pu m’éclipser sans allumer la lumière ; je savais mes castagnettes aussi grosses que deux petites olives, dans un slip bocal beaucoup trop grand…
J’accélérai le pas, il fit de même ; il me rattrapa. « Hé, l’apprenti, je te parle !... » Tel un mur insurmontable, il se planta devant moi ; stoppé net dans mon élan, je devais faire face… « T’es sourd ou quoi ?... » Enfin, je levai les yeux sur lui ; en signe de bienvenue, il me cracha sa fumée dans la figure…

Quand le carnassier était piqué à l’hameçon, le jeu du chat et de la souris s’inversait ; le prédateur devenait le chassé. Entre ses cabrioles et ses départs fulgurants, entre mon matériel et mes aptitudes à la pêche, je bataillais pour garder l’équilibre. Parfois, je parcourais la moitié du tour de l’étang pour ne pas casser ; parfois, je rentrais dans l’eau, jusqu’à la ceinture, pour ne pas le perdre. Je glissais sur la berge, je dérapais sur les cailloux, je m’enfonçais dans la vase.  
La lutte était âpre et cruelle, elle était naturellement désespérée, pour lui, et inespérée, pour moi. Plus rien ne comptait que cette capture, le chemin de l’épuisette et le cri de victoire lancé à Dame Nature…

Tout à coup, d’une calotte ajustée, il fit tomber ma bâche ; quand je voulus la ramasser, il donna un coup de pied dedans pour l’éloigner… Ça le fit rigoler ; il regarda son banc pour voir s’il amusait la galerie de ses bleds affalés, dans l’inactivité contemplative…  
Mon bâchi, avec le nom de sa légende, traînant à terre, encore bousculé par un autre de ses coups de pied, me blessa comme une entaille profonde plantée dans mon ego.
Comment dire ? J’en ch… tous les jours avec ces pénibles heures d’atelier, cette bouffe approximative, l’éloignement de ma famille et de chez moi ; aussi, cette bâche, c’était ma couronne de roi, celle qui me prouvait que je m’accrochais encore et que je pouvais gagner le pari d’être ici…

Après une lutte homérique, quand le gros poisson était dans la nasse, loin du bord, je le sortais avec précaution, je l’admirais un instant, lui et sa robe d’argent. Comme il ne faut pas faire souffrir les animaux, je le tuais sans façon, avec un grand coup de bâton derrière la tête ; résidus nerveux, le temps de quelques soubresauts, les ouïes ouvertes, il s’immobilisait définitivement dans ma main…

Le mauvais garçon insista avec sa blague de mauvais goût ; il aurait voulu me faire effectuer le tour de la Cour avec ses shoots de footballeur. Il était le brochet jouant avec son pêcheur. Quand il fut à ma portée, et avant qu’il n’esquive le moindre geste, je lui décochai un coup de gourdin… de brodequin, pile dans un tibia ; tenaillé par l’intense douleur, je vis tomber le grand escogriffe, un peu comme un échafaudage qui s’écroule sur lui-même.
Je ramassai ma bâche et je revins vers lui ; recroquevillé sur sa jambe, il avait tellement mal qu’il ne me voyait même pas, dans le faux jour. Il fallait l’achever, ne pas faire souffrir une pauvre bête ; je me plantai devant lui, ne sachant pas comment tuer un con, et puis je me barrai, le laissant à ses souffrances…  
La bâche sur la tête, je ne vous raconte pas le plaisir intraduisible que j’avais en plantant mes talons sur le goudron de l’allée principale.  L’équipée de son banc ne savait pas trop quoi faire ; il m’avait cherché, il m’avait trouvé, nous étions quittes…

Le petit héros courageux repart vers d’autres aventures et, à l’inverse, le méchant se retrouve puni avec sa guibolle irrémédiablement cassée : ce serait trop bien, si toutes les histoires pouvaient finir comme cela…
Des marches du perron, un gradé avait tout vu ; quand j’ai passé à sa portée, avec l’index recourbé et frétillant, il réclama ma présence devant lui. Ça n’était pas fini, les emmerdes… Hein ?!... Quand je vous disais que, dans cette Cour mal famée, il ne fallait pas y traîner !... Arrivé à six pas, je le saluai comme on salue un amiral ; attendant ses réflexions, je me figeai dans l’attentisme le plus militaire possible…

Un jour, alors que je rangeais un beau brochet dans mon carnier, je vis débouler un garde-pêche, comme un ours à qui on a subtilisé sa proie ; il semblait tombé d’un arbre. Il avait enregistré toute la scène, celle de ce prélèvement dans son étang. Plus zélé qu’un flic au bord de la route du dimanche, il mesura mon poisson, il réclama mon permis de pêche, il fouilla dans ma gibecière, il demanda avec quoi je l’avais pêché ! Pour lui, ce n’était pas normal qu’un gamin comme moi sorte pareil poisson de l’eau ! On aurait dit qu’il était jaloux de ma prise ! En désespoir de cause, j’ai cru qu’il allait vérifier le bon éclairage de mon vélo, si les freins fonctionnaient bien, et si les pneus étaient assez gonflés !... Enfin, n’ayant rien à me reprocher, à regret, il me laissa m’en aller…  

J’espérais seulement que ce gradé ne me demanderait pas de lui présenter mon permis de pêche ; je n’en avais pas pour les gros bras qui croisaient… dans la Cour d’Honneur…  

27 avril 2019

morceau de baffée (joye)

savate

C'était Anne de Castagne, tireuse de savate,
Revenant de ses conquêtes, en savate, c’est pas bête !
Ah ah ah ! Vivent les savates de joie !

Revenant de ses conquêtes, tireuse de savate,
Entourée de belles andouilles, en savate, ouille-youille-youille
Ah ah ah ! Vivent les savates de joie !

Entourée de belles andouilles, tireuse de savate,
Voilà qu'aux portes de chez Joe, en savate, ohé-ého
Ah ah ah ! Vivent les savates de joie !

Voilà qu'aux portes de chez Joe, tireuse de savate,
L'on vit trois beaux tireurs, en savate de boxe, buerre de babeurre
Ah ah ah ! Vivent les savates de joie !

L'on vit trois beaux tireurs, tireuse de savate,
Offrir à leur Champagne, en savate de boxe, dondaine
Ah ah ah ! Vivent les savates de joie !

ilhame-raguig-savate-boxe-francaise-soufflenheim

Offrant à leur Championne, tireuse de savate,
Un coup de pied dans son grand nez, de savate oh ! ohé, ohé !
Ah ah ah ! Vivent les savates de joie !

Un coup de pied dans son grand nez, tireuse de savate,
Qui bagarre bien sera la reine, de savate, diga-dondaine !
Ah ah ah ! Vivent les savates de joie !

Qui bagarre bien sera la reine, tireuse de savate,
Elle a gagné, en savate ouilleyouilleyouille
Ah ah ah ! Vivent les savates de joie !

Elle a gagné, en savate, tireuse de savate,
Anne de Castagne fila des châtaignes, en savate, dis, dondaine !
Ah ah ah ! Vivent les savates de joie !

Anne de Castagne fila des châtaignes, tireuse de savate,
Les concurrents sont dans la peine, en savate dis, dondaine !
Ah ah ah ! Vivent les savates de joie !

Les concurrents sont dans la peine, tireuse de savate,
Ils n'ont plus de dents (la haine !), en savate, dis, dondaine
Ah ah ah ! Vivent les savates de joie !

Ils n'ont plus de dents (la haine !), tireuse de savate,
Car Anne gagnait toute castagne, en savate oh dis, dondagne
Ah ah ah ! Vivent les savates de joie !

tireur

 Images de savate retrouvées chez Google images

27 avril 2019

CASTAGNETTES!! (Venise)


J’ignore encore si c’est la malchance, ou si cette mésaventure était uniquement le fait du hasard.
Toujours est -il que je me suis retrouvée dans un stage de Flamenco au cœur de la belle Andalousie.
Mes origines ibériques découvertes sur MY HERITAGE.ADN m’obligeaient !
Impossible de me ranger aux abonnés absents, il me fallait renouer avec mes racines .v1


Quoi de plus normal de plonger dans l’expression la plus forte . Certes une mission humanitaire aurait été plus utile, mais une étrange passion soudaine envahissait tout mon champ neuronal à l’idée d’embrasser cette danse.
Les ennuis ont commencé quand on m’a confié des castagnettes.
 

v2


Qu’est-ce qui m’avait laissé croire que le maniement des
Castagnettes serait un exercice facile et dénué de difficultés.
He bien c’est une blague !! il y avait même quelque chose d’épique là-dedans une vraie tragédie grecque.
J’aurais pu m’éprendre d’autre chose que du flamenco, je crois même que l’apprentissage de la cornemuse aurait été plus accessible, mais voilà je n’ai pas une once d’ADN irlandaise !!
Je devais être la goutte dans ma généalogie, celle qui fait déborder le vase au son des castagnettes.
Si je devais résumer ce stage je dirais échec, échec zéro pointé
 Les castagnettes ont atterri dans un fracas sur le mur.
Si je voulais comprendre la culture ibérique, je savais qu’il fallait que je la subvertisse c’était donc plus dans le flamenco , ni dans la sangria et encore moins dans la paella que je ferais vibrer ma corde ibérique .
Peu à peu je me suis mis dans l’idée, de célébrer Garcia Lorca .
J’ai avancé dans la pénombre du couloir du cour de flamenco et j’ai clamé tout haut un chant de Garcia Lorca.
C’est peut-être mon imagination, mais j’ai senti la terre trembler de toute l’ANDALOUSIE.v3

 
Sa langue antique me faisait jouir de son éternité.
Ce n’était pas le fait d’être ailleurs à travers sa langue, mais de saisir cette intimité avec mes ancêtres. C’était du sur mesure, alors que les castagnettes me laissaient froide et nauséeuse.
Depuis j’ai cessé de voyager et ce sont les œuvres écrites qui me portent.
Quelques fois j’entends le son des castagnettes qui parle à travers moi et je souris à L’Espagne.

27 avril 2019

Un joli voyage par bongopinot

b

 

Je rêvais de voir le monde

Des croix sur ma mappemonde

Voir dans mon caméscope

Quelques villes d’Europe

 

Et l'envie me gagne

Me voilà en Allemagne

Puis sans marron ni castagne

Je découvre la Pologne

 

Mon sang ne fait qu'un tour et vise

J’ouvre les yeux sur la tour de Pise

Et le chant des cigales

M’éveille au Portugal

 

Un petit coup de castagnettes

L’Espagne dans ma lorgnette

Dans mes nuits secrètes

Je fuis vers la crête

 

Je danse en macédoine

Et t’écris depuis Vienne

Et je tourne la page

Sur la place rouge

 

Mon cœur ne sera plus gris

Au ciel de la Hongrie

Car j’ai repris mon magot

Sous le rocher de Monaco

 

 

20 avril 2019

Défi #556

Pour vous proposer ces sujets que vous appréciez certainement à leur juste valeur, j'ai pris l'avance et établi une liste qui couvre encore une cinquantaine de propositions à venir.

Régulièrement bien sûr, au moment de poster le sujet, je change d'avis et en choisis un autre, on ne se refait pas.

Ce sera le cas aujourd'hui encore jugez-en plutôt : la liste stipulait "Cathèdre". Comme je ne veux pas foutre le feu au blog, je vous laisse choisir :

Castagne ou castagnettes

Et si vous pouvez associer les deux, ce sera encore mieux.

5563

20 avril 2019

Ont choisi leur bastringue (ou pas...)

20 avril 2019

C'est la java bleue (Laura)

 

C'est la java bleue, 
La java la plus belle, 
Celle qui ensorcelle 
Et que l'on danse les yeux dans les yeux, 
Au rythme joyeux, 
Quand les corps se confondent. 
Comme elle au monde 
Il n'y en a pas deux, 
C'est la java bleue. 

 

Celle que ma grand-mère

Avait dansé avec mon grand-père

Un jour dans un bastringue,

Un  bal musette où est née leur idylle.

Celle que ma grand-mère

Tenta de m’apprendre à danser ;

Avec mes talons à la mode

Je perçais son lino, mettant à nu

Le parquet : une marque du souvenir.

 

Eh Monsieur, une cigarette 
Une cibiche, ça n'engage à rien 
Si je te plais on fera la causette 

Cette cibiche que fumait mon grand-père.                                                                                 

Des paquets de quatre de l’époque, des P4.     

Cette cibiche que je fumais pour me donner confiance

Pour oublier ma timidité et mes angoisses.

Une cibiche que je fumais à la fenêtre de ma grand-mère

En cachette de mes parents.

 

Leur idylle, ses cibiches

Qu’elle me racontait.

Mes idylles, mes cibiches

Que je partageais avec elle.

Notre relation

Quoi qu’ils en disent

N’étaient  qu’à nous.

 

 

La chanson d'origine:http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2017/01/09/c-est-la-java-bleue-5894278.html

 

20 avril 2019

Ouatelse (Vegas sur sarthe)



"Refile moi un calva, Marcel, cette histoire m'a coupé les pattes."
« En tout cas ça t'a pas coupé le gosier »
« Si j'm'attendais à ça ... »
"On en a rien à foutre mon vieux, personne connaissait ce Georges Clounet dans l'quartier."
"Quand même Marcel... depuis des mois qu'y sortait d'son immeuble sans jamais une égratignure ni même un pli à son froc, et Vlan !!"
"Ben ouais, c'est la vie mon vieux : t'as tout pour être peinard, une belle gueule, des nanas, du boulot et pis y a un piano qui t'arrive sur la tronche sans que t'aies l'temps de voir la marque."
"Ouais, c'est fort de caoua! Un putain d'bastringue qu'on saura même pas qui l'a balancé... savait pas ce Clounet-qui-sait-tout qu'on sort jamais dans la rue le jour du ramassage des encombrants ?"
"Mon vieux, de nos jours les gens ont plus l'courage de descendre leurs merdes alors faut pas s'étonner qu'les pépins arrivent..."
"J'crois bien que c'était un Yamaha."
"T'es sonné mon vieux, j'te dis que c'était un piano, pas un scotaire !"
"Un bastringue ou un scotaire ça change quoi ? il est dessous à c't'heure! Bon sang, remets moi un calva Marcel."
"Tu devrais arrêter mon vieux..."
"Tu sais bien qu'y a qu'ça pour me remonter le moral, Marcel."
"Hum. J'voulais dire que tu devrais arrêter d'regarder les réclames à la téloche."
"Ca m'revient Marcel ! C'était un Ouatelse! C'est l'dernier truc qu'il a eu l'temps de dire ! Et Vlan ..."
"Tu t'fais du mal à refaire le film mon vieux. Essaie d'oublier tout ça et rentre chez toi avant qu'la Germaine te passe une avoinée."
"T'as p't'être raison, la marque du bastringue on s'en fout... y a qu'les pétomanes qui s'intéressent à ça" 
« Mélomane mon vieux, pas pétomane »
« T'es sûr ? »
« Ouais … le pétomane ça fait pas l'même son »
« T'en as déjà entendu des pétomanes ? »
« Euh … j'suis un peu pétomane moi-même mais en dilettante »
«Dilettante ? Connais pas … Tu vois Marcel, c'est pas la marque qui m'intéresse dans l'caoua c'est c'qui le pousse après. Tiens, remets en un p'tit dernier ».

20 avril 2019

Siùl a Ruìn (HenryWar)


            L’orchestre jouait ses airs sur l’estrade, sous le grand barnum blanc municipal presque entièrement ouvert sur la nuit d’été, place du champ de foire. C’était des airs irlandais surtout, confondus avec d’autres d’Écosse, la plupart rendus un peu criards et faux, des morceaux que j’avais le malheur de connaître sous de bonnes versions. Le violoniste jouait toujours trop serré, le percussionniste trop vite ou trop lentement, et la guitare avait deux cordes mal réglées. Ce n’était pas précisément un massacre, plutôt de l’amateurisme, mais c’était quand même assez pénible pour mes oreilles fragiles et bien entraînées.

            Les gens nombreux ne semblaient pas s’en apercevoir, cependant. Une foule épaisse de campagnards buvait sur les tables autour des bières pression, parmi les lampions rougeoyants et bon marché, discutant dans le bruit, en habits probablement élus, en vêtements publics. Le pincement des instruments inondait ce tableau comme une averse sale, et la chaleur compacte donnait à toute cette compagnie une allure bovine et moite.

            À l’extérieur, de jeunes enfants en fuite s’amusaient avec des ballons. D’autres plus âgés attendaient probablement par groupes épars le moment de se glisser derrière les grands arbres pour se rouler des pelles, en masquant leurs émois et en frimant un peu de leur seconde bière avalée.

            Personne ne dansait devant l’orchestre, ce bastringue. C’est sans doute ce qui expliquait la fébrilité des musiciens : ils faisaient de leur mieux pour motiver leur public, les inviter à de joyeux épanchements, mais ils n’avaient pas encore l’expérience de savoir qu’on joue toujours assez mal quand on joue de son mieux.

            Je ne sais pas pourquoi j’étais venu. Ou plutôt je ne le sais que trop : le poème, ce soir, avait pris une mauvaise direction, une tournure impossible et improvisée, une sorte d’impasse surréaliste et déplaisante. Ma chambre de surcroît me paraissait étroite et sombre depuis des jours, étrangement et cruellement vide, une zone d’asphyxie où moi-même je n’étais plus sûr d’être. Rien qu’un noir improductif et terne occupait mes pensées, une survie monotone, un spectre éteint, quelque chose comme l’existence diffuse en moi d’un coma. Il y avait eu alors, surgissant de la torpeur, cet air de musique où j’avais jeté un regard par la mansarde : des silhouettes étaient apparues de l’autre côté de la rue, traversant le macadam et glissant sous la grande tente, un groupe au milieu duquel m’oublier un moment, de quoi observer extérieurement, de l’au-dehors de moi-même, un peu de place parmi laquelle disparaître – qui sait, pour mieux renaître ensuite ?

Sans conviction. Une curiosité bête simplement, peut-être. Regarder des choses, des gens. Le temps de prendre enfin une décision.

            Pas d’alcool, jamais, rien qu’une boisson sucrée pour me confondre au troupeau. C’était, je croyais, un de mes jours néfastes : j’appelle ainsi tous les jours où je me sens particulièrement invisible à autrui, où nulle conversation, nul propos que je puis tenir n’éveille jamais l’intérêt de quelqu’un ; des jours où j’erre à peine comme une ombre, quoi que je fasse ; des jours « à-côté ». J’avais donc mis des habits élégants pour parfaire le camouflage – un vêtement sans défaut inspire toujours la plus grande indifférence, les regards glissent dessus comme sur une forme lisse mais noble d’aspect, c’est-à-dire convenable, et là retombent les jugements et même les attentions les plus élémentaires. Je m’étais assis avec un verre, placé à une table de coin (cette expression n’est pas à prendre au sens littéral et géométrique : une « table de coin » est celle que l’on n’aperçoit pas à première vue, qui n’est pas située pour susciter l’intérêt et d’où, en somme, on peut regarder idéalement sans être vu), et j’adoptais depuis une heure ma posture d’insignifiance, une relative immobilité de confort, ponctuée d’une mine neutre comme un point déclaratif sec, de sorte que plus personne, semblait-il, n’avait pour moi le moindre égard.

            Un jour parfaitement « néfaste », donc.

            Toute cette foule entrait et sortait pesamment sous la toile, envahie de discordances et d’ivresse, grégaire à loisir, foncièrement désœuvrée et trouvant là de quoi feindre quelque occupation sociale et rassurante. Des hommes, parfois, lançaient en un cri pareil à toute espèce d’aboiement une remarque où se concurrençaient leurs statuts, rivalisant et se répondant par alternances courtoises mais aussi provocantes, veillant instinctivement à leur prédominance sur la meute. Les femmes acquises entendaient sans illusion ce chahut de mâles en goguette et en conquête, attentives toutefois aux changements de maître, prêtes à se renverser au plus fort et désireuses au fond de ces combats virils qui font toujours penser à des duels profonds. Les discussions inutiles et pleutres couraient sur le bois des tables et des bancs qui n’avaient jamais entendu, du long temps où ils avaient été arbres, tant de bêtises concentrées en si peu de minutes ; tout criaillait et grognait et musait et se plaignait dans le malheur humain des fêtes et des rires sinistres ; toute une tripotée d’individus identiques et stupides, déformés de stupeur lourde, du lisier d’homme ordinaire et vil parmi la campagne épanouie et belle d’une chaude nuit d’été.

            Cette multitude commune, je l’avoue, ne m’inspirait que des tripes et des sels. Mais peut-être avais-je délibérément adopté cette humeur opaque et bilieuse, belliqueuse même, où toute beauté, toute transcendance, nous évoque une ironie injuste. J’étais seul, il est vrai, et il y a dans toute solitude une désespérance contaminante. Mon œuvre inachevée ne pouvait, de toute façon, me laisser une sensation d’enthousiasme : elle sourdait, cette œuvre encore brouillonne et piètre, malgré tous mes esprits en recherche de divertissement, et inapte comme toujours à ne point me plonger dans deux songeries à la fois, je m’imaginais en loin comment améliorer cette pièce poétique sans devoir la déchirer toute entière, et je ne trouvais rien. C’était, à bien réfléchir, un travail de hasard, quelque chose de petit, d’accoutumé et de formel, et voilà pourquoi j’étais tout imprégné de déception et comme reclus de petitesse.

            C’est une réalité qu’un scientifique démontrera un jour certainement : il suffit que vous vous sentiez sombre, et objectivement tout ce qui vous entoure perd à vos yeux en luminosité d’autant de degrés. Objectivement, j’ai dit : les lunettes de soleil sont un outil superflu pour tout dépressif véritable.

            Cris gras, rires affreux, odeurs repoussantes de bière et d’aisselles, stridences pénibles et harmonies grossières, lueurs interlopes de vieille maison close, impression universelle de sexe plombé et inassumé, une gigantesque baisure salissante et vulgaire, monotone et bête. Même pas de quoi satisfaire un artiste cynique en quête d’étonnements louches à la façon d’un Baudelaire : trop déjà-vu, de l’exploré rebattu, de l’ordinaire insipide. Tout ce qu’on inhale trop souvent disparaît aux sens et perd de son pouvoir d’évocation : et pas la moindre intention d’exhumer cette disparition ; pouah !

            Mon verre finissait. Bon sang ! me répétais-je, pas même un enfant pour danser sur la piste ! Pas le moindre vermisseau de parent digne pour enseigner avec générosité l’art de l’émerveillement et du bonheur d’oubli. Les gamins rares se terraient, à moitié endormis presque sous les tables, ignorés comme des fardeaux restants de jour, tandis que les adultes gueulaient leur contentement manifestement un peu trop fort pour être sincères.

            Une lassitude lancinante achevait de poindre en moi. C’était une soirée propice, je jugeai alors, pour saisir le tiroir de mon bureau et m’emparer du vieux révolver à l’intérieur. On ne peut pas toujours gagner – voilà ce que je me disais. Parfois, il faut savoir laisser la place aux plus nombreux que vous, sans chercher à toutes forces à convertir. Voir ainsi une foule humaine, c’est comprendre combien tout est définitivement immobile et veule. Contre ça, il n’y a pas d’effort concluant, nul espoir de triomphe ou même de réussite partielle. Oui, en finir, plutôt. Sans tristesse. C’est bien : tu ne peux rien faire décidément, alors tu décides que tu ne feras plus jamais rien. Un succès, presque, d’admettre cela, un espoir, un soulagement : accepter enfin de ne plus désirer l’impossible.

            Et puis elle est apparue, cette femme un peu ronde, au milieu de la piste, avec des gamins autour – quatre. Je ne pense pas qu’elle était sous la tente avant cela, ou bien j’aurais aperçu au moins les enfants qui semblaient frais et accueillants – de bons gosses à l’ancienne, sans les occupations idiotes et les trucs virtuels. Les musiciens ont aussitôt souri, j’ai vu. Ils ont dû sentir un regain de confiance, l’agrément de jouer enfin pour la considération de quelqu’un, alors le violon a un peu desserré son crin, le percussionniste a retouché sa cadence, et la guitariste a compensé ses mauvaises cordes avec des accords différents et plus justes. Ça demeurait assez piètre, mais c’est devenu potable ainsi rehaussé de satisfaction et d’entrain, comestible même pour un palais de connaisseur comme le mien.

            Les gamins semblaient contents auprès d’elles : bambins charmants et rieurs comme tout, de différents âges, drôles, bien éveillés. Elle portait un chignon serré et des lunettes fines, l’air pas crâne du tout ni apprêtée, et surtout une belle bouche blanche et superbe, rayonnante – oh ! quelle bouche ! Vraiment, à voir cette bouche, il vous venait un irrépressible sourire de sympathie et de douceur, un cœur d’amour immense : c’était une bouche pleine de santé et de liberté comme on n’en voit guère, une bouche qui se fout des regards, et lumineuse aussi comme celle des gens ni aveuglés ni abrutis. Et elle se mit à bouger pour les enfants, sans pudeur, le regard épanoui, dans son léger embonpoint, sans coquetterie d’aucune sorte, et la petite fille à ses pieds riait tant que c’était beau comme une étincelle dans le noir, et les deux grands garçons fixaient vers elle des prunelles épatées et admiratives, et bien qu’elle ne sût danser au sens mécanique de l’expression, au sens artistique je veux dire, elle s’agitait assez bien pour paraître déliée et fluide, heureuse et vive, communiquant à ses jeunes partenaires une euphorie qui les emplissait d’évidentes délices. Ses mauvaises chaussures frappaient le sol avec assez de rythme étrange, et ses bras tendus vers la gamine en une ronde tournoyante ne paraissaient plus si épais dans l’emmêlement salubre et vital qu’ils faisaient avec les mains si fines et minuscules de l’enfant.

            Et moi, je buvais ce spectacle comme un extravagant, effaré de surprise et de bonheur – honoré presque ! – d’apercevoir tout à coup ce magnifique matériau humain, ému et concentré ; et autour de moi des gens hésitants tournaient la vue vers cette piste encore vide où poussaient tout à coup des gestes et de l’animation : je sentais en eux une tentation un peu rauque où résistait cependant la convention obstinée de s’être une fois assis résolument sans l’objectif de danser, et je crus entendre le nom de « Béatrice » susurré par un groupe de femmes à ma gauche qui regardaient nettement de son côté (mais ce nom n’était encore qu’un souffle pour moi, rien de concret ni de symbolique, rien en somme qui ne se liât en moi phonétiquement avec de l’affection ou de la littérature), et, observant de nouveau cette femme tendre que ne camouflait plus quelque vacarme atroce (le bastringue, décidément, reprenait forme humaine !), je devinai combien la solitude inévitablement la rendrait bientôt embarrassée et confuse au milieu de tous ces regards imbéciles et brutaux, même en dépit des gosses insouciants : fatalement, les gosses eux-mêmes distingueraient leur intrusion et leur anomalie parmi cette troupe immobile et hagarde, et avec la pudeur retardée qui est celle de tous les enfants se sachant agir d’une façon qui ne ressemble à rien de ce que fait leur entourage, ils achèveraient de se trouver envahis de honte et gâcheraient la pureté de cette fête que la femme avait si joliment improvisé pour eux. Et Dieu ! moi, je ne savais pas danser, j’étais le dernier des gesticulants ridicules sur une piste, mais aussi mon verre était fini, qu’aurais-je fait d’autre après cela, et est-ce qu’on fait un jour ou une nuit la moindre petite chose au monde si l’on résiste toujours à l’impulsion du moment ?…

            Je me levai, décidé, vide de tout mais pas de résolution, m’avançai vers l’orchestre où naissait, il me semblait bien, quelque fébrilité prometteuse, et puis m’approchai de la femme, cette probable « Béatrice » improbable, au moment même où l’un des enfants commençait à examiner autour de lui pour mesurer si son humeur était partagée ou disparate : elle me vit – c’était la seconde fille, plus âgée que la première entre les mains de l’adulte, huit ans environ ou peut-être un peu plus, qui me découvrit venir vers elle en pas comiques et dandinants et chaloupés de j’ignore-à-peu-près-quoi qui la firent rire d’une communicative lumière, et dans les airs de Siùl a Ruìn que l’orchestre avait rendu bizarrement entraînant, je ne parviens toujours pas à savoir pourquoi je me mis à chanter – était-ce pour lui plaire, elle ? était-ce par provocation contre eux tous, pour les faire chier avec leur bouserie ignoble ? et je chantai à tue-tête :

« I wish, I wish, I wish in vain,
I wish I had my heart again,
And vainly think I'd not complain,
Iss guh day thoo avorneen slawn. »

de ma voix ferme et désinhibée cependant qu’un reste de pudeur peut-être idiote m’aliénait toujours le regard de la femme, et l’orchestre n’était plus du tout un bastringue mais quelque chose comme l’extension d’une certaine âme, et l’atmosphère n’était plus chargée de tout ce dégueulis atroce et de cette pisse merdique où se baignaient naguère des larmes et des révolvers, mes chaussures vernies frappaient la cadence en bon rythme sûr comme dans les pubs étrangers d’autrefois, et j’étais fasciné tout entier dans cet œil vert de petite fille qui me donnait sa main et qu’il suffisait d’accompagner en joie simple et naturelle, et je crois que je riais aussi, tout en chantant ce macaronique des défaites de le bataille de Culloden, et, ce refrain gaëlique exhalé par moi dans la poussière et les sueurs enivrantes, je le livrai en témoignage et comme un hymne de fin du monde au terme duquel devront s’éteindre, mais le plus tard possible, toute la joie et toute la vie et tout l’espoir des hommes quels que soient leur nature et leur cœur :

« Shule, shule, shule aroon,
Shule go succir agus, shule go kewn,
Shule go dheen durrus oggus aylig lume,
Iss guh day thoo avorneen slawn. »

            Et quand la musique s’acheva – ce fut si vite arrivé ! –, d’autres gens dansaient déjà autour de nous et prenaient la suite de l’air qui venait : nombre d’entre eux avaient imité en animaux moutonniers l’entraînement satisfait de nos pas curieux, et je n’avais pas osé encore regarder la femme dans les yeux, et je n’avais pas non plus renoncé au tiroir et à la fin du monde, la petite fille avait glissé sous mes pieds, les garçons je les avais perdus de vue eux aussi, je décidai de retourner à ma place en songeant que ma place justement était dehors à présent, tout au-dehors de tout, et l’air où je m’engouffrai était bon et tiède sur les pelouses grasses du champ de foire, je m’arrêtai quelques secondes, il faisait une nuit idéale de confort et d’étoiles rutilantes comme des échos d’acier, les grands arbres immobiles y ajoutaient un vertige inappréciable, et je trouvais que j’achevais enfin ma ronde d’une belle manière – je songeais à cela en pensant au révolver –, c’était tout ce qu’il fallait de mieux pour terminer une inexistence de vains efforts et de cris inutiles jetés en pâture à des bêtes sans faim, et je jure, je jure vraiment, que je l’aurais fait cinq minutes après si, à cet instant précis, je n’avais pas senti sur mon épaule une étonnante main, et si, retourné comme par réflexe, je ne l’avais pas vue, elle, souriante, à ma poursuite, avec cette bouche magnifique et radieuse défiant tout l’univers miroitant loin au-dessus des hommes.

            « Vous êtes… le poète ? » me dit-elle alors d’une voix chaleureuse, solaire, où figurait un reste de fêlure.

            Elle avait les yeux clairs et portait un bijou très fin au visage. J’aperçus alors son cou et sa poitrine généreuse, de vrais seins de femme belle et entière, et je ne veux pas du tout cacher que j’eus envie d’y plonger fiévreusement les lèvres, avec ardeur et comme un esclave d’amour, si elle avait voulu et si j’avais eu ce droit-là. Que pouvais-je faire face à de telles pensées : on a de ces velléités, quelquefois, qui sont des restes désespérés et amoraux de vitalité venus du fond des âges et de soi.

            Je répondis simplement à sa question par un : « Oui », et cette seule parole m’engagea plus alors que je n’aurais voulu dire, en cet instant banal et merveilleux.

            Oui, j’étais redevenu poète. Et elle me regardait avec… avec… mais se pouvait-il bien que ce fût déjà un commencement de – d’admiration ?

20 avril 2019

Cendrillon (Pascal)


Après dix-sept heures, quand les bus de l’arsenal nous avaient déposés devant la Porte Principale, on s’essaimait en courant, vers la liberté. En début de mois, quand nos poches avaient les quelques billets de la solde, les bastringues de la basse ville de Toulon, véritables lieux de perdition, étaient naturellement nos quartiers généraux. Le Jean Bart, le Richelieu, le Sous-marin bar, le Savannah, pour ne citer qu’eux, avaient pignon sur rue, dans Chicago, le quartier mal famé de la ville.  
Nous déferlions dans les venelles, nous en devenions l’agitation, nous étions le sang dans les veines de la dépravation érectile ; nous étions la rumeur, les cris, les rires, les chansons à boire ; nous étions les exactions, les bagarres, les punitions, le tintamarre…  

Ces bataclans de troisième zone étaient nos soupapes de sécurité ; nous en avions besoin, après l’enfermement du bord. C’était vital ; plus que tout, dehors, il nous fallait empoigner, harponner, re-sacraliser ce que les règlements nous interdisaient, dedans ; à vingt ans, on dévorait tous les fruits de la jeunesse, avec les pépins et les noyaux, et on ne laissait rien qui puisse se regretter un jour. Là, dans le tumulte ambiant, dans la chaleur moite des confidences braillées, il s’y retrouvait des bordées de marins, des filles à matelots pour les accueillir, et des bières, et des bières, pour rincer tous les gosiers des assoiffés…

On avait nos serveuses préférées, les attitrées, ces belles adulées, qu’on espérait toujours, à un moment ou à un autre, blottir dans le creux de notre épaule ; on ne les voulait plus que pour nous mais elles étaient pour dix, pour cent, pour mille !...  
On les accaparait ! On recommandait sans cesse, dans le bleu de leurs yeux, de quoi leur soupirer ce que leurs sourires indécents nous inspiraient.
Évanescentes sirènes sur la plage de nos délires infinis, pépites scintillantes dans les reflets des bouteilles, mirobolantes ingénues, chimères en chair appétissante, elles remplissaient d’un côté, elles sirotaient, toujours à notre santé, de l’autre…
Entre le mascara débordant, les paillettes clignotantes, les ombres flatteuses, les crissements prometteurs des bas-résilles, pour une œillade, une cigarette partagée, des tabourets contigus, nous étions les chevaliers de leurs mouchoirs presque brodés…  
Et tant pis si Déborah, c’était Lucette, si Sonia, c’était Simone, si Maéva, c’était Raymonde ! Là, dans les vapeurs de l’alcool, la musique tintammaresque, la fumée opaque, la sueur adipeuse, notre imagination d’aventuriers insatiables débordait la réalité…  
Vahinés, elles étaient l’exotisme de nos fantasmes fous ; pétroleuses et naufrageuses, elles nous descendaient en flammes ou bien, elles nous ravivaient avec une seule grimace de briquet ; mystérieuses, fausses pudiques, princesses imprenables, mais vraies joueuses, hydres nuiteuses, impudiques ensorceleuses, elles aiguisaient nos stratagèmes, trémoussaient langoureusement leur corps et nous nous obstinions dans cette chasse au trésor…  

Tout à coup, une nouvelle marée de tournées nous emportait plus loin que tous les posters jaunasses du bastringue ; la mousse aux lèvres et le feu aux tempes, l’alcool aidant, les blondes étaient blondissimes, les belles étaient magnifiques ; puisque tout n’était qu’illusion, ici, elle était palpable ; l’écho des miroirs obliques était notre réalité infernale. Sans vergogne, licencieux, on mesurait la profondeur des décolletés, on matait les cuisses, l’arrondi des hanches, et on surveillait toute cette gestuelle maligne qui fait d’une femme, une fieffée séductrice. On voulait leurs faveurs, la clé de leur piaule, finir la nuit dans leur lit, et même pire ! Nous étions tous fiers et courageux, forts et beaux, ténébreux et comestibles, sous les acclamations tarifées de ces cajoleuses…  

Parfois, on arrivait à guincher avec l’une d’elles, entre les tables de l’estaminet. Sous les regards jaloux, le chahut ambiant, conquête illusoire, d’approche en dérobade, on la prenait dans nos bras, quand la faveur de la musique nous permettait cette estocade.
Enlisés dans le charme de leurs parfums tièdes, hypnotisés par leurs talents de soubrettes, amoureux des apparences, je crois que nous étions heureux au milieu de toutes les bousculades…  
Par cet allant sans condition, on devait prouver à notre jeunesse qu’on était capables de l’assumer. On conjuguait passion avec instinct ; on avait des secrets et des mensonges, des certitudes et des illusions, on pleurait en riant, ou bien c’était le contraire, on noyait des chagrins dont on avait oublié le malheur. On fumait trois clopes à la fois ; sur le zinc, on avait des chopes d’avance qui attendaient notre pépie rémanente ; la bâche en arrière, montés sur nos pompes à bascule, on discutait avec l’une et avec l’autre, en leur tenant des discours à haute teneur philosophique. On refaisait le monde, et nos rires, c’était des rivières, nos cris, c’était des continents, nos postillons, des frontières, nos emportements, des volcans, nos éructations, des nouvelles fondations, nos bras agités, des moulins à vent…   

Ego froissés, mauvais regards, visages empourprés, souvent, il se distribuait quelques coups de poing et quelques coups de pied ; parfois, les tables volaient dans le bastringue et les canettes de bière les accompagnaient comme si elles cherchaient à s’y reposer.
Au tohu-bohu général, c’était la débandade, le départ précipité vers la sortie, avant les flics et le panier à salade…

Quand ce n’était pas nos poches vides, l’aube, entre les mailles du rideau du bar, avait le pouvoir de rassembler les esprits encore valides. Quelquefois, par les ruelles livides, je ramenais Colette, une brunette de Paimpol, surnommée la reine des bières sans faux col, jusqu’à sa modeste chambrette ; bras dessus, bras dessous, nous étions comme deux oiseaux de nuit fatigués d’avoir trop volé ; on arrivait pourtant à gazouiller des banalités d’étoiles, sur nos horoscopes…  
En dehors de son bastringue, Colette, elle avait perdu nombre de ses paillettes ; le rimmel de ses yeux avait coulé comme si elle avait pleuré des larmes de nuit ; elle sentait la sueur de la bière et la clope froide ; son déhanché, sur les pavés humides, ressemblait à ses chaussures trop serrées et à ses pieds gonflés. Pourtant, elle était ma Cendrillon, celle que j’avais une fois de plus enlevée à tous les regards des convoiteux lubriques…  
Colette, je crois qu’elle m‘aimait, moi, et surtout les cent balles que je laissais sur sa tablette. Mes fringues de taf sur la chaise, la légende de ma bâche me supervisant, au tintamarre des vieux ressorts, j’épuisais mes vingt ans…  

20 avril 2019

Pari risqué (Walrus)


Parmi les nombreuses acceptions (j'ai eu un copain qui confondait allègrement ce terme avec "acceptation", mais c'est normal, il était prof de... français) du terme bastringue, je me suis demandé si l'un ou l'autre participant se pencherait sur celle relevant de l'argot (cf le point B du lien ci-dessus).

Et j'ai parié que non !

Mais finalement, aujourd'hui, connaissant la hardiesse sournoise et décontractée de quelques uns d'entre eux, je me demande si je ne vais pas l'avoir dans le...  et raviver ainsi le souvenir ancien d'une certaine biopsie de la prostate.

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Le défi du samedi
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