Quatorze juillet (Val)
Ses amies avaient insisté pour qu’elle vienne passer la soirée au bal du quatorze juillet avec elles. Rien d’excitant pourtant: une piste de danse en parquet, posée sur la pelouse du stade, un orchestre local, une buvette, et des tables faites de tréteaux.
Et elle avait accepté. Elle ne sait pas bien pourquoi. Probablement pour entretenir sa liberté. La fête serait sans intérêt probablement. Les copines sans discussions passionnantes. La musique assez mauvaise. Rien de prometteur. Mais c’était l’occasion encore une fois d’asseoir une sorte d’affranchissement qu’elle chérissait tant.
La liberté, c’est si fragile. On oublie de faire ce que l’on veut pendant un mois, et ça devient une habitude pour l’entourage, qui bientôt semble exiger ce qu’il n’aurait pas osé réclamer si on n’avait pas eu cette faiblesse de se laisser diriger quelques temps. Elle savait cela d’expérience. Alors, elle s’évertuait à sortir seule, parfois même sans envie.
Et elle était là, assise au milieu d’elles. Elle n’avait pas envie de danser. Elle avait chaud. Elle avait déjà bu un orangina. Elle écoutait vaguement plusieurs conversations alentour mais tout lui semblait imbéciles : les gens, la musique, les lampions, les conversations... sa présence ici.
Elle s’ennuyait. Voilà la vérité. Elle n’avait pas envie de danser. Au vu entrain. Une vague lassitude. Et elle regrettait de s’être laissée convaincre, finalement. Une soirée de lecture perdue. Pour rien. Cela la désolait, au fond.
Bien sûr, elle aurait pu se barrer. Rentrer chez elle, mettre sa tenue de nuit, ouvrir un livre... mais il aurait fallu se justifier, avouer que ces soirées ne lui apportaient rien. Elle s’y refusait également.
Tout l’agaçait. La musique était bien trop forte. Ses amies bien trop alcoolisées (c’est toujours le problème quand on est la seule à ne pas boire d’alcool). Rien n’allait. Elle s’irritait seule, assise, dans le bruit.
Soudain, elle sentit vibrer son téléphone, rangé dans la poche de sa veste en jean.
Elle pris l’objet sans conviction. Qui pouvait bien lui écrire à cette heure tardive? Celles qui avaient ces habitudes étaient toutes là...
Elle ouvrit le message et lut un seul mot, qui balaya tout l’agacement accumulé depuis le début de la soirée.
« Viens! ».
Elle sourit malgré elle. Se leva. Déclara qu’elle rentrait, prétexta la fatigue.
Elle marche d’un pas rapide et tremblant jusqu’à sa voiture.
Elle sourit encore une fois au volant, et démarra.
Sa soirée commençait.