Mon accordéon était plein de sable, et mon vieux chat moutarde exténué par la forte chaleur , commençait à montrer des signes de lassitude .
Je me sentais réduite à l’épi de maïs quand surgit sur ma route un unijambiste.
Hé petite me dit il en sautillant tu vas attraper une insolation si tu restes ici sur le bord de la route.
Dans un sens cette rencontre me convenait. Je suivais ce jouet détraqué qui tout en s’épongeant le front avait pris mon chat moutarde sur ses épaules.
J’appris qu’il était peintre et qu’il crevait de faim comme tous les artistes dans ce pays.
Dans son atelier il me fit découvrir ses croquis et je me disais au fond de moi que cette rencontre me faisait passer le temps.
Mes histoires le faisaient rire et mes chansons lui faisaient plaisir. IL tapait de son uniquement jambe le rythme sur le sol et nous partagions le gâteau au miel confectionné la veille .
J’avais toujours pensé être une noix dure à casser, mais devant son air bonhomme l’unijambiste avait réussi en un tour de main à m’apprivoiser moi et mon chat moutarde. Le lendemain Il avait semé des cailloux de couleur sur la route qui menait à la gare afin que je ne me perde pas.
Tout me remuait le cœur, il m’a fallu voir le train rentrer en gare pour comprendre que je ne le prendrai pas.
A mon retour les cailloux avaient disparu.
Je frappai à la porte de l’atelier Il était là perché sur sa canne. Pourquoi as-tu fait disparaitre les cailloux lui ai-je demandé inquiète.
Parce que tu connaissais le chemin du retour.